Revue de Presse du 25 janvier 2022

Burkina Faso : des militaires annoncent « suspendre » la Constitution du pays
Des militaires en uniforme ont annoncé lundi 24 janvier à la télévision publique avoir pris le pouvoir au Burkina Faso et chassé le président Roch Marc Christian Kaboré, plongeant dans une nouvelle crise ce pays sahélien. Le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) « qui regroupe toutes les composantes des forces de défense et de sécurité, a ainsi décidé de mettre fin au pouvoir de M. Roch Marc Christian Kaboré ce 24 janvier 2022 », a annoncé le capitaine Kader Ouedraogo, entouré d’une quinzaine de militaires à la télévision. Conséquence de ce coup de force initié dimanche 23 janvier par des mutineries dans des casernes du pays, les frontières terrestres et aériennes seront fermées à partir de minuit, le gouvernement et l’Assemblée nationale dissous et la Constitution « suspendue ». La Croix

Burkina Faso : Macron « condamne » le putsch, l’ONU demande la « libération immédiate » de Kaboré
Au lendemain du coup d’État au Burkina Faso, la communauté hausse le ton contre les militaires, à commencer par le président français, Emmanuel Macron qui a condamné le putsch mardi, tandis que l’ONU demande la « libération immédiate » du président déchu Roch Marc Christian Kaboré. Le président français, Emmanuel Macron, a condamné mardi 25 janvier le coup d’État au Burkina Faso, où des militaires ont annoncé avoir chassé du pouvoir le président Roch Marc Christian Kaboré, dont l’ONU demande « la libération immédiate ». … Emmanuel Macron, répondant aux journalistes dans la petite ville de Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne), a souligné que le président Kaboré « avait été élu démocratiquement par son peuple à deux reprises ». … Le Haut-commissariat aux droits de l’homme de l’ONU a également réagi mardi, réclamant la « libération immédiate » du président burkinabè « ainsi que d’autres hauts responsables qui ont été arrêtés ». France24

Coup d’Etat au Burkina Faso : qui est le lieutenant-colonel Paul-Henry Sandaogo Damiba?
Le Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration a à sa tête le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Mais qui est celui qui a mis fin au régime du président Roch Marc Kaboré ? Le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, 41 ans, est un officier supérieur d’infanterie Burkinabè. Il était jusque-là commandant de la 3e région militaire qui couvre Ouagadougou la capitale. Le Colonel Damiba est un ancien du régiment de sécurité présidentielle, ancien garde de Blaise Compaoré qu’il a quitté en 2011 après une mutinerie de l’armée. En 2015, il fait partie des officiers qui s’opposent au coup des éléments de ce même régiment, dissout dans la foulée. Il a été cité comme témoin dans le procès qui a suivi pour avoir été en contact avec le général Djibril Bassolé. Depuis 2016, il est aux avant-postes de la lutte antiterroriste. … Paul-Henri Damiba a été chef de plusieurs régiments de l’armée dont Dori et Ouahigouya, région en proie à des attaques récurrentes. Le président du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration est promotionnaire de Emmanuel Zoungrana, mis aux arrêts le 8 janvier dernier pour tentative d’attentat à la sûreté de l’État. BBC

En Afrique de l’Ouest et au Sahel, la loi des colonels
Et maintenant le Burkina Faso… Sahel et Afrique de l’Ouest sont le théâtre depuis un an et demi d’une série de coups de force que des colonels justifient par l’inaptitude des dirigeants civils face aux jihadistes ou le discrédit des pouvoirs en place. … La prise du pouvoir par les militaires est le fruit d’une « très forte désillusion démocratique au sein des opinions publiques », dit Niagale Bagayoko, présidente du think-thank African Security Sector Network (ASSN). « Aujourd’hui, qui considère, à part les partis politiques eux-mêmes, qu’aller voter va avoir un impact sur la situation, autant individuelle que sécuritaire au Sahel ? », interroge-t-elle. … Le chef des putschistes guinéens, le colonel Doumbouya, citait, après le coup d’Etat, le défunt président ghanéen Jerry Rawlings, lui-même arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1981, selon lequel « si le peuple est écrasé par ses élites il revient à l’armée de rendre au peuple sa liberté ». Arrivés par les armes ou par les urnes, des militaires ou ex-militaires sont au pouvoir dans quatre pays d’Afrique de l’Ouest: en Mauritanie, en Guinée-Bissau, en Guinée, au Mali. Un fonctionnaire de l’ONU, travaillant dans la région sahélienne et s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, juge sèchement: « Il semble qu’une page est en train de se tourner pour les vétérans de la politique ouest-africaine aux politiques publiques non appliquées et aux promesses non tenues ». Mais, se demande-t-il, « est-ce que les militaires pourront faire mieux ? » VOA

Soudan du Sud : 32 morts dans des violences intercommunautaires (ONU)
Au moins 32 personnes ont été tuées dimanche, dans des attaques menées dans l’Etat oriental du Jonglei au Soudan du Sud, selon la mission des Nations unies au Soudan du Sud (Unmiss). Ces attaques visant deux villages situées dans la localité de Baidit, en proie à des violences intercommunautaires, ont été menées par des jeunes armés d’un groupe ethnique rival, qui ont ouvert le feu et incendié des maisons, faisant fuir les habitants, a indiqué l’Unmiss dans un communiqué. « L’Unmiss condamne fermement toute attaque contre des civils et exhorte les groupes et les individus à prendre des mesures immédiates pour éviter de nouvelles escalades qui mettront en danger les personnes vulnérables », a-t-elle déclaré. … Au moins 26 personnes, dont des femmes et des enfants, ont également été blessées et plusieurs autres sont toujours portées disparues. Sahel-Intelligence

Soudan : nouvelles manifestations meurtrières à Khartoum
Trois manifestants ont été tués, lundi, par les forces de sécurité soudanaises lors d’une nouvelle manifestations contre le coup d’État militaire. La mobilisation populaire ne faiblit pas depuis le coup d’Etat du 25 octobre en dépit d’une répression meurtrière et de nouvelles rafles. Les forces de sécurité soudanaises ont tué, lundi 24 janvier, trois manifestants qui participaient à Khartoum aux rassemblements contre le putsch militaire, ont indiqué des médecins. Le premier manifestant, non identifié, a été « touché par une balle réelle dans la poitrine », a indiqué le Comité central des médecins soudanais, un syndicat prodémocratie. Plus tard, les médecins ont annoncé la mort de deux autres manifestants. … Les manifestants réclament un pouvoir civil dans un pays quasiment toujours sous la férule de l’armée depuis son indépendance il y a 66 ans et dénoncent également la répression qui, depuis le coup d’État militaire mené le 25 octobre par le chef de l’armée, a tué 75 manifestants. France24

Libye: l’envoyée de l’ONU appelle à définir un nouveau calendrier pour les élections
La conseillère du secrétaire général des Nations Unies pour la Libye, Stephanie Williams, a appelé dimanche les membres de la Chambre des représentants (le Parlement libyen) à définir un nouveau calendrier pour les élections générales dans le pays. Mme Williams a tenu ces propos au cours de sa rencontre avec Aguila Saleh, le président du Parlement, dans la ville orientale d’Al-Gubba. « J’ai appelé tous les parlementaires à prendre part à la session en cours, à assumer leur responsabilité envers le peuple libyen et à fixer une nouvelle date et une voie claire vers les élections (…) dans les délais impartis par le Forum de dialogue politique libyen parrainé par l’ONU », a indiqué Mme Williams sur Twitter. La solution à la crise de légitimité des institutions nationales ne pourra être trouvée que dans les urnes, a noté Mme Williams. APS

Nord-Kivu : tentative d’incursion de présumés combattants de M23 à Kanombe
Des tirs ont été entendus la nuit de lundi 24 à ce mardi 25 janvier, dans la localité de Kanombe, dans le groupement de Kisigari en territoire de Rutshuru. Des sources militaires locales indiquent qu’un groupe de présumés rebelles du M23 a tenté une nouvelle incursion dans le territoire. Mais, ils ont été repoussés par l’armée. Le calme est revenu dans cette région, affirment les mêmes sources. Radio Okapi

Somalie : six morts dans une explosion dans le Sud
Au moins six personnes ont été tuées et dix autres blessées, lundi, dans une explosion dans le sud de la Somalie, rapporte la télévision nationale publique, citant des responsables sécuritaires. L’explosion s’est produite dans un salon de thé de la ville de Qalimow, dans la région du Moyen-Shabelle, à environ 35 km au nord de la capitale Mogadiscio, précise-t-on. Cet attentat n’a pas été revendiqué. La somalie a connu ces derniers mois plusieurs attaques meurtrières, revendiquées ou attribuées aux éléments terroristes du groupe jihadiste Al-Shebab. Sahel-Intelligence

Gambie : Deux militaires sénégalais meurent lors d’une patrouille
Deux soldats sénégalais ont perdu la vie en Gambie, lors d’une patrouille. « Lors d’une action de sécurisation au Sud de Bwiam, en Gambie, ce lundi 24 janvier, aux environs de 10 heures, une patrouille militaire du Detsen5/Micega a essuyé des coups de tirs de feu par des éléments armées supposés appartenir au Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) d’un volume estimé à deux groupes de combat à bord d’un camion transportant du bois. La perte initiale d’un sous-officier et d’un militaire du rang mortellement atteints est à déplorer». Cette annonce est d’un communiqué de la Direction de l’information et des relations publiques des Armées (Dirpa) parvenu à la rédaction hier, lundi 24 janvier 2022. Sud Quotidien

Tchad : incidents lors d’une manifestation à Abéché, principale ville de l’Est
Des manifestations ont éclaté lundi 24 janvier pour demander l’annulation d’un décret de nomination d’un chef de canton dans la province. La manifestation a été violemment réprimée selon des témoins sur place. Les associations de défense des droits de l’homme parlent de tirs à balles réelles et évoquent plusieurs dizaines de blessés. Les autorités apportent un démenti catégorique. Dès le matin, le ciel d’Abéché s’est teinté d’une épaisse fumée noire, explique un habitant. Des centaines de manifestants ont brûlé des pneus sur l’un des axes principaux de la ville. La foule a été très vite dispersée par les militaires. Des témoins parlent de tirs à balles réelles. … Le porte-parole du gouvernement, lui, dément l’usage d’arme à feu contre la population. RFI

Malawi : le gouvernement limogé sur fond de scandales de corruption
Le président du Malawi, Lazarus Chakwera, a limogé lundi l’ensemble de son gouvernement, une décision inattendue s’inscrivant dans le cadre de la lutte anti-corruption. « J’ai dissous l’ensemble de mon cabinet avec effet immédiat, et toutes les fonctions du Cabinet reviennent à mon bureau jusqu’à ce que j’annonce un Cabinet reconfiguré dans deux jours », a déclaré Lazarus Chakwera dans un discours national. Le gouvernement reconfiguré exclura le ministre des Terres, Kezzie Msukwa, qui a été arrêté le mois dernier dans une affaire de corruption. « Il s’agit de lui permettre de répondre aux accusations de corruption dont il fait l’objet devant un tribunal et d’y laver son nom », a déclaré Lazarus Chakwera. Cette décision inattendue fait suite à des réunions tenues la semaine dernière avec deux groupes influents, la Conférence épiscopale du Malawi et le Comité des affaires publiques, qui comprend des groupes religieux jouant le rôle de surveillance du gouvernement. Ces deux groupes ont exprimé leur inquiétude quant à l’indécision du président dans la lutte contre la corruption. L’ECM, une assemblée d’évêques catholiques du Malawi, a déclaré que les autorités devaient veiller à ce que personne ne soit « mis sous pression, intimidé ou influencé » dans sa quête de justice. AfricaNews/AFP

Mali-Cédéao : l’Union africaine à l’initiative pour relancer les négociations
Le président de la Commission de l’Union africaine doit rencontrer les autorités de transition malienne ce mardi. Et cela après une première étape au Ghana, lundi, au cours de laquelle il s’est entretenu avec le chef de l’Etat et président en exercice de la Cédéao, Nana Akufo-Addo. Cette initiative de l’UA vise à relancer les discussions sur la prolongation de la transition malienne et sur la définition d’un chronogramme pour le retour à l’ordre constitutionnel qui serait jugé « acceptable. » Et qui permettrait la levée progressive des sanctions imposées au Mali. Il doit rencontrer le président de la Transition, le colonel Assimi Goita, ainsi que le Premier ministre Choguel Maïga et le ministre des Affaires étrangères Abdoulaye Diop. Moussa Faki Mahamat veut les convaincre de relancer les négociations sans attendre. RFI

Au Nigeria, la présence d’anciens de Boko Haram « terrorise » en silence les habitants de Maiduguri
Des centaines de combattants « repentis » du groupe terroriste sont logés dans des camps de transit au cœur de la capitale de l’Etat de Borno. Des silhouettes désœuvrées sont assises à même le sol, au pied d’un panier de basket. Ces ombres immobiles que l’on distingue difficilement par-delà un mur surmonté de barbelés, sont devenues le cauchemar d’Ibrahim (un nom d’emprunt). « Personne ne nous a informés de ce qu’il se passait », explique ce professeur, qui enseigne dans l’école primaire attenante. « Puis nous avons compris que les autorités utilisaient ce terrain pour loger des gens de Boko Haram, lâche-t-il avec amertume. Ça nous terrorise, car nous savons bien qu’ils sont capables de tout ! » Les dortoirs qui servaient habituellement à héberger les pèlerins en partance pour La Mecque à proximité de l’aéroport de Maiduguri ont été discrètement réquisitionnés à la fin du mois de juillet 2021. Dans l’école d’Ibrahim, un mur a dû être élevé en urgence, pour cacher aux élèves les rangées de tentes blanches plantées dans le champ voisin. Elles ont été dressées à la hâte pour accueillir une partie des hommes toujours plus nombreux à sortir de la forêt de Sambisa, bastion de Boko Haram, dans le sud de l’Etat de Borno. Le Monde

Sénégal: Les femmes de la société civile magnifient une « victoire de la démocratie » aux locales
Les femmes de la plateforme de la paix « Etu Jamm », composée d’une soixantaine d’organisations de la société civile sénégalaise pour des élections libre et transparente, parlent d’une victoire de la démocratie sénégalaise à la suite des élections locales du 23 janvier 2022. Elle l’a fait savoir au cours d’une conférence de presse tenue ce lundi 24 janvier à Dakar. Le face-à-face avec les journalistes a permis à Mme Binta Diop, Envoyée spéciale de l’Union africaine et par ailleurs, présidente d’honneur de la plateforme a salué des élections libres et transparentes qui ont consacré la coalition de l’opposition (Yewi Askan Wi) dans plusieurs grandes locales du pays. A son avis, ces élections montrent que le Sénégal ne recule pas sur le plan démocratique et que le peuple garde ses acquis démocratiques. Et d’ajouter que les Sénégalais ont compris qu’on n’a pas besoin de prendre les armes pour changer les choses et que le pouvoir doit être partagé entre pouvoir et opposition. AllAfrica