Revue de presse du 24 octobre 2023

Après le coup d’État, les États-Unis suspendent la totalité de leur aide au Gabon
Les États-Unis ont coupé lundi 24 octobre l’intégralité de leur aide au Gabon en réponse au coup d’État du 30 août dans le pays d’Afrique centrale, indiquant cependant être prêts à revenir sur leur décision en cas de progrès démocratiques. Washington, qui avait déjà stoppé une partie de son aide étrangère fin septembre, a formellement déclaré qu’un coup d’État avait eu lieu au Gabon, ce qui implique selon la loi américaine de mettre un terme à toute aide non humanitaire. « Nous la reprendrons en même temps que des actions concrètes du gouvernement de transition vers l’établissement d’un régime démocratique », a indiqué dans un communiqué le porte-parole du département d’État, Matthew Miller…Le 30 août, l’armée gabonaise a renversé le président Ali Bongo Ondimba au pouvoir depuis 14 ans, un coup d’État dénoncé par la communauté internationale. L’ancien chef de l’État avait été proclamé vainqueur d’une élection présidentielle largement critiquée pour des irrégularités. France 24

Mali: Inquiétudes des civils à l’approche du retrait de Kidal
Lundi (23.10.23), la Minusma a cédé le camp d’Aguelhoc dans la région de Kidal. C’est le second retrait dans la région de Kidal et le septième dans le pays. Il survient après que la Minusma a déjà quitté le camp de Tessalit, toujours dans la région de Kidal. Prévu pour être cédé en novembre, le camp stratégique de Tessalit a été livré ce week-end à l’Etat malien. Mais tous les regards sont désormais tournés vers Kidal, fief des ex-rebelles touaregs, où l’emprise des forces onusiennes sur place devrait tomber entre les mains de l’armée malienne. Ce sont de violents combats qui opposent depuis plusieurs semaines l’armée malienne et une partie des groupes signataires des accords de paix, regroupés au sein du cadre stratégique permanent, le CSP, pour la récupération des camps de la mission onusienne, dans le nord du pays. Des affrontements qui ont, selon les acteurs humanitaires, provoqué des déplacements de certains habitants de la ville de Kidal…Avec cette accélération, pour des raisons sécuritaires, du calendrier de la Minusma dans la remise des camps à l’armée malienne, la situation humanitaire dans le nord du pays risque de s’aggraver dans les jours à venir en raison des combats qui pourraient survenir entre les FAMa, l’armée malienne, et les éléments du CSP, pour le contrôle de la ville de Kidal. DW

Des forces de défense rwandaises ont fait une incursion en RDC, selon les autorités
La République Démocratique du Congo accuse une nouvelle fois le Rwanda d’apporter son soutien aux rebelles du M23. Mardi 24 octobre, dans un tweet, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya a publié quelques images de drones, qui semblent indiquer des incursions des forces armées rwandaises dans la cité de Tongo et Rutshuru dans le nord-Kivu, dans l’est de la RDC pour soutenir des éléments du M23. Les rebelles du M23 se sont emparés l’année dernière de pans de territoire qu’ils continuent d’occuper dans la province du Nord-Kivu. Kinshasa reproche à Kigali son soutien à cette rébellion majoritairement tutsi, Kigali accusant en retour Kinshasa de collusion avec les FDLR, un groupe armé d’origine hutu rwandaise. Ces zones connaissent une recrudescence de la violence depuis le 1er octobre dernier selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU, OCHA. Près de 85 000 personnes ont dû fuir diverses localités pour trouver refuge notamment dans les endroits comme Mweso, Nyanzale, Kitshanga, Kalemba, Pinga, Kibachiro, Kahira, Ngingwe, Kyatembe et d’autres localités situées dans le territoire de Masisi…L’ONU s’est récemment inquiétée d’un risque de « confrontation directe » entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, à couteaux tirés depuis la réapparition fin 2021 dans l’est congolais de la rébellion du M23. Africanews

RDC, Nord-Kivu : des présumés ADF tuent 26 civils à Oicha
Au moins 26 personnes ont été tuées le 23 octobre dans la nuit à Oicha, chef-lieu du territoire de Beni au Nord-Kivu, par des présumés rebelles ADF. Ce bilan est encore provisoire, notent les officiels sur place qui annoncent que des recherches se poursuivent pour retrouver des habitants qui manquent à l’appel. Parmi les victimes figurent 7 membres d’une même famille tués par ces assaillants dans leur maison. Les jeunes ont entassé les corps devant le bureau de l’administrateur du territoire. Ces corps ont par la suite été conduits à la morgue de l’hôpital général de Oicha. Les ADF ont fait incursion aux environs de 21 heures locales à Pas Mal et Kafeza, deux cellules du quartier Masosi dans la commune d’Oicha. Ils ont tué par machette et hache 7 membres d’une même famille à Pas Mal, 8 autres civils dans la cellule Kafeza ainsi que d’autres dans les périphéries de ces deux cellules…Une forte tension est observée depuis ce lundi matin dans la cité d’Oicha…Des manifestants en colère, principalement des jeunes, ont incendié des véhicules contenant de l’aide humanitaire. Ces véhicules de PAM transportait les vivres pour les déplacés. Radio Okapi

De la répression du journalisme indépendant à la veille des élections en République démocratique du Congo
En République démocratique du Congo, la pression sur les journalistes augmente de plus en plus à la veille des élections générales qui doivent avoir lieu le 20 décembre prochain. En cette période préélectorale, des journalistes sont menacés, arrêtés et incarcérés. Des opposants sont aussi réprimés. L’arrestation et détention le 8 septembre dernier de Stanis Bujakera, correspondant à Kinshasa du magazine Jeune Afrique et collaborateur de Reuters, alimente les débats…En juillet, l’organisation Journaliste en Danger (JED) a exprimé ses « très vives inquiétudes face à la montée des actes d’intolérance et de violence physique à l’encontre des journalistes par des militants politiques. » Une dizaine de médias en ont été victimes au cours du premier semestre de l’année et même les états généraux de la communication et des médias tenus début 2022, n’ont pas amélioré les choses malgré les promesses du président Félix Tshisekedi…Et une nouvelle loi sur le numérique promulguée en mars dernier met des journalistes actifs sur les réseaux sociaux face à une autocensure suite à son caractère  » de plus en plus répressif. » RTBF

Un tribunal kenyan prolonge la suspension du déploiement de policiers en Haïti
Un tribunal kényan a prolongé mardi une décision de justice suspendant le déploiement d’un millier de policiers en Haïti, plongé dans le chaos et la violence des gangs, dans le cadre d’une mission soutenue par l’ONU. Le pays des Caraïbes connaît de « nouveaux records » de criminalité, a alerté lundi l’ONU, trois semaines après avoir donné son feu vert au déploiement d’une mission multinationale non-onusienne dirigée par le Kenya pour venir en aide à la police haïtienne. La décision du gouvernement kényan de déployer des policiers en Haïti a suscité de nombreuses interrogations et critiques dans ce pays d’Afrique de l’Est. La Haute cour de Nairobi avait suspendu le 9 octobre cette décision dans l’attente de l’examen d’un recours déposé par l’avocat et opposant Ekuru Aukot, qui soutient que ce déploiement est inconstitutionnel. Initialement prévue mardi, l’audience sur le fond a été repoussée au 9 novembre…Les détails de la mission en Haïti, soutenue les Etat-Unis, ne sont pas encore finalisés et le Parlement ne l’a pas encore votée, comme l’exige la constitution. Le gouvernement kényan a affirmé le 13 octobre avoir « ratifié » le déploiement et avoir envoyé le texte au Parlement. Mais selon M. Aukot, cette annonce constitue un outrage au tribunal. « Ils (le gouvernement) font du nettoyage et demandent des approbations après que nous ayons obtenu l’injonction du tribunal », a-t-il souligné. AFP

Nigeria: la Cour suprême examine un appel de l’opposition contre le résultat de la présidentielle
La Cour suprême du Nigeria a commencé à examiner un appel déposé par le candidat de l’opposition Atiku Abubakar, visant à contester la décision de la Cour d’appel de l’élection présidentielle d’Abuja, qui avait validé la victoire du président Bola Ahmed Tinubu lors de l’élection présidentielle de février dernier. Atiku Abubakar, candidat du parti démocratique du peuple (PDP), a déposé sa demande d’appel affirmant que le jugement délivré le 6 septembre par la justice nigériane serait « une grave erreur. » Pour l’opposition, et de nombreux électeurs qui dénoncent des fraudes massives, cet appel sera leur dernière chance de contester la victoire du président Bola Ahmed Tinubu. Les sept juges devraient se prononcer dans les semaines à venir. Près de 25 millions de Nigérians ont voté fin février lors d’un scrutin qui a été marqué par des retards dans le décompte des voix et des défaillances dans le transfert électronique des résultats. A 71 ans, le candidat du Congrès des progressistes (APC) et ex-gouverneur de Lagos, Bola Ahmed Tinubu, avait été déclaré vainqueur de la présidentielle Nigériane avec 37% des suffrages. Africanews et AFP

Mozambique: confusion autour des résultats des élections municipales
Au Mozambique, la confusion règne alors que le pays attend toujours les résultats définitifs des élections municipales du 11 octobre 2023. Les premiers résultats partiels donnent le Frente de Libertação de Moçambique (Frelimo), le parti au pouvoir depuis l’indépendance en 1975, largement vainqueur avec 64 communes remportées sur 65. Une performance contestée par la Resistência Nacional Moçambicana (Renamo) et le Movimento Democrático de Moçambique (MDM), principaux partis d’opposition, ainsi que les observateurs de la société civile. Certains tribunaux de district ont demandé le recompte des voix et la rue mozambicaine s’anime. À Maputo, la capitale, Nampula dans le Nord, et Quelimane dans le Centre, des milliers de militants de la Renamo ont ainsi battu le pavé le 22 octobre 2023. La veille, ce sont les rues de Maputo qui se sont couvertes de rouge, la couleur du Frelimo, lors d’ « une marche de la victoire »…Plusieurs coalitions de la société civile comme Sala de Paz, Mais Integridade ou la Commission mozambicaine des droits de l’homme ont rapporté des irrégularités lors du scrutin. Elles contestent l’écrasante victoire du Frelimo, qui ne laisserait que la ville de Beira au MDM. Alors que la Renamo qui gérait sept municipalités auparavant, n’aurait rien remporté. Dans une lettre ouverte, publiée la semaine dernière, Samora Machel Junior, le fils du père de l’Indépendance mozambicaine, et membre du comité central du Frelimo, dénonce lui-même un scrutin biaisé et « des actions antipatriotiques ». RFI

Egypte : Négociations sur le barrage éthiopien de la Renaissance
Le ministère égyptien des Ressources en Eau et de l’Irrigation a annoncé le lancement d’un nouveau cycle de négociations tripartites de niveau ministériel concernant le Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD). Dans un communiqué officiel, le ministère a informé que ces pourparlers ont débuté au Caire en Égypte, avec la participation de délégations égyptiennes, soudanaises et éthiopiennes…La réunion tripartite actuelle est basée sur un accord entre les trois pays visant à accélérer l’élaboration des règles pour le remplissage et l’exploitation du barrage GERD, suite à la rencontre entre les dirigeants égyptien et éthiopien qui s’est tenue le 13 juillet. Lors de cette rencontre, le président égyptien Abdel-Fattah Al-Sissi et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed avaient convenu, en marge du sommet des pays voisins du Soudan, de lancer des négociations d’urgence pour parvenir à un accord sur le GERD dans un délai de quatre mois. Le 10 septembre 2023, le Premier ministre éthiopien a annoncé l’achèvement du quatrième et dernier remplissage du réservoir du GERD. Cette action a suscité des inquiétudes en Égypte, qui a considéré cela comme une violation de la Déclaration des principes signée par les trois parties en 2015. L’Éthiopie a commencé la construction du GERD en 2011, affirmant que ce projet hydroélectrique géant générerait plus de 6 000 mégawatts d’électricité. Cependant, l’Égypte et le Soudan craignent que cela ne réduise leur part d’eau du Nil. Sahel Intelligence

Somalie : « Bilan », le premier média 100 % féminin qui brise les tabous
Six jeunes femmes…forment la rédaction de Bilan (« lumière », en somali), le premier média exclusivement féminin de Somalie, lancé en 2022 avec l’aide financière des Nations unies. La petite équipe est hébergée dans les locaux de Dalsan Media, l’un des principaux groupes médiatiques somaliens, qui a intégré Bilan au sein de sa rédaction. Plusieurs fois par semaine, elle produit des reportages télévisés et des articles sur des sujets de société qui passent habituellement sous les radars, tels que l’addiction à la drogue dans les rues de Mogadiscio, ou pour soulever des tabous, comme les questions d’hygiène menstruelle à l’école…Le pays figure à la 141e position (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF). …[C]’est l’une des zones les plus dangereuses au monde pour les journalistes…Parce que le média a un parti pris assumé pour les sujets liés aux femmes et parce qu’il est financé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), « des internautes nous ont accusées d’être trop occidentales, de travailler contre les intérêts de l’islam, de vouloir changer la culture à la demande des Nations unies… », égrène la rédactrice en chef, Fathi Mohamed Ahmed…Mais en un an et demi, la petite rédaction a aussi engrangé de beaux succès. Certains reportages de Bilan cumulent plus de 200 000 vues sur les réseaux sociaux et ses journalistes collaborent occasionnellement avec des médias internationaux. Le Monde