Conformément aux termes de l’accord passé entre Abdallah Hamdok et le général al-Burhan, des personnalités politiques ont été libérées comme Omar al-Digair, chef du Parti du Congrès soudanais ou encore Yasir Arman du Mouvement de libération populaire du Soudan, Faisal Mohammed Saleh, ancien ministre de l’Information, ainsi que Saddiq Saddiq al-Mahdi, du parti Oumma. Mais la plupart des détenus restent sous les verrous et des arrestations se poursuivent, selon des avocats. Min Hagak est un collectif d’avocats militants qui tente d’apporter un soutien juridique aux personnes détenues par les autorités. Pour Shaheen al-Sharif, l’accord signé dimanche ne donne aucune garantie : « Seuls six des représentants des partis politiques ont été relâchés. Mais un grand nombre d’entre eux sont toujours détenus. Certains sont visés par des charges graves. D’autre part, aucun membre des comités de résistance arrêté n’a été libéré malgré cet accord signé dimanche. Le même jour, de nouvelles arrestations ont eu lieu. La purge se poursuit. » Des militants, des fonctionnaires, des journalistes ou de simples manifestants, le collectif tente de recenser toutes les arrestations à travers le pays. RFI
Depuis le 21 novembre, Abdallah Hamdok est de nouveau Premier ministre du Soudan. Il a retrouvé ses fonctions après la signature d’un accord avec le général Burhan, l’auteur du putsch du 25 octobre qui l’avait pourtant destitué. Mais la société civile soudanaise ne se résigne pas à cet accord, considéré par le journal burkinabé Wakat Séra comme un moyen habile de légitimer rétrospectivement le pouvoir militaire. Après vingt-huit jours de détention et malgré la pression populaire, le Premier ministre de la transition Abdallah Hamdok a retrouvé son fauteuil [au Soudan]. Mieux, il est chargé par son ex-geôlier, devenu le seul patron de la transition, de former une équipe de technocrates pour la suite du processus qui devrait conduire à la remise du pouvoir, dans son entièreté, aux civils, à la suite d’élections libres et démocratiques. Mais quelle bonne foi accorder au général putschiste Abdel Fattah Al-Burhan qui a déjà failli plomber la marche des Soudanais vers la liberté après des décennies à survivre au régime du président déchu, Omar Al-Bachir ? Courrier International
L’émissaire américain pour l’Ethiopie a fait état mardi de « progrès naissants » en vue d’une résolution diplomatique du conflit, mais a prévenu que l' »escalade » militaire risquait de les rendre vains. « Il y a des progrès naissants dans la tentative d’amener les parties à passer d’une confrontation militaire à un processus de négociation », a déclaré Jeffrey Feltman à des journalistes, au retour d’une nouvelle mission à Addis Abeba. Mais après plus d’une année de guerre entre les forces gouvernementales et le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) soutenu par l’Armée de libération oromo (OLA), les combats se rapprochent désormais de la capitale, poussant plusieurs pays occidentaux, dont les Etats-Unis, à appeler leurs ressortissants à quitter l’Ethiopie. Le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, a même dit lundi vouloir aller sur le front pour diriger les soldats affrontant les rebelles — Jeffrey Feltman a assuré ne pas avoir été averti en amont de cette annonce. « Ce qui nous inquiète, c’est que les développements alarmants sur le terrain avancent plus vite que ces progrès fragiles », a souligné l’émissaire américain, évoquant « un risque élevé » en raison d’une « escalade militaire dans les deux camps ». AFP
À un mois du scrutin prévu en Libye, le représentant de l’ONU, Jan Kubis, vient d’annoncer sa démission. Le diplomate slovaque n’était en fonction que depuis janvier dernier. Il remplaçait Ghassan Salamé, après plus de dix mois de vacance du poste. L’ONU se dit consciente du mauvais timing, mais assure qu’elle fera tout pour trouver un remplaçant le plus rapidement possible pour assurer la continuité. Face à cette décision inattendue, il était difficile de cacher gêne et surprise mardi dans les couloirs de l’organisation à New York. Le porte-parole du secrétaire général n’a pu dévoiler encore la date de départ de Jan Kubis, il a toutefois laissé entendre qu’Antonio Guterres n’avait pas été si surpris que cela. Le secrétariat et le Conseil de sécurité plaidaient pour un transfert du poste de Genève à Tripoli, pour assurer une meilleure médiation. Le Slovaque était contre ce déménagement. RFI
Les « assises nationales » qui devaient se tenir en décembre au Mali et à l’issue desquelles la junte au pouvoir doit fixer une date des élections ont été reportées sine die, a annoncé la structure chargée de leur organisation, mardi 23 novembre. La junte avait précédemment annoncé que ces assises se tiendraient du 21 au 26 décembre, suscitant une large levée de boucliers au sein de la classe politique malienne. … Le 19 novembre, une coalition de partis politique, le Cadre d’échange, avait indiqué son refus de prendre part à ces assises. Elle avait exprimé ce refus en personne au colonel Assimi Goïta, au pouvoir depuis le putsch du 18 août 2020. Cette coalition réunit plusieurs partis et regroupements de partis, dont le Rassemblement pour le Mali, du président renversé Ibrahim Boubacar Keïta, et Yelema, de l’ancien premier ministre Moussa Mara. Le premier ministre installé par la junte, Choguel Maïga, insiste sur la tenue de ces assises pour décider des suites de la transition. Dans plusieurs interviews, il a notamment fait primer leur tenue sur celle d’élections censées garantir un retour à un pouvoir civil. Lors de ses prises de paroles publiques, Choguel Maïga a plusieurs fois indiqué vouloir créer via ces assises les conditions idoines pour que les élections ne soient pas contestées. Le Monde avec AFP
Le 17 novembre, le président Kaboré a annoncé le limogeage de deux chefs militaires et promis une « enquête » et des « sanctions disciplinaires sans exception ». Mais ces annonces ne semblent pas calmer le ressentiment, d’autant que les attaques se poursuivent. Dimanche, au moins neuf gendarmes et dix civils, dont un enfant, ont été tués à Foubé, dans le Centre-Nord. « Des groupes armés sont entrés dans le camp de déplacés pour attaquer le poste de gendarmerie, des civils se sont retrouvés au milieu des tirs au centre de santé », précise une source humanitaire. Lundi, des centaines de manifestants ont marché à Tougan, dans le nord-ouest du pays, pour dénoncer « l’inaction du gouvernement face à l’insécurité ». Dans ce climat, la suspension de la connexion Internet mobile depuis samedi soir, soit trois jours de coupure, un fait inédit dans le pays, complique encore la situation. Dans un communiqué, le porte-parole du gouvernement, qui n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations, invoque « des obligations de défense nationale et de sécurité publique ». Les jours précédents, de nombreux Burkinabés lançaient des appels à la « mobilisation » et à la « désobéissance civile » sur Facebook et WhatsApp. Un convoi militaire français, venu de Côte d’Ivoire et qui devait rejoindre le Niger en traversant le Burkina Faso, a été bloqué par des milliers de manifestants dans plusieurs villes du pays. « Armée française dégage », « Libérez le Sahel », pouvait-on lire sur les pancartes. Pour l’analyste politique Simon Pierre Douamba, le « silence » et la « mauvaise communication » des autorités se révèlent « risqués ». « Les coups d’Etat au Mali et en Guinée ont eu des échos jusqu’ici, de plus en plus de citoyens pensent que la solution à la crise sécuritaire passera par l’arrivée de militaires au pouvoir », prévient-il. Le Monde
Prisonniers des conflits, les enfants d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale sont les plus recrutés par les groupes armés et comptent également le plus grand nombre de victimes de violences sexuelles, indique un rapport publié mardi par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF). Depuis cinq ans, la région connaît une recrudescence des conflits dans lesquels plus de 21 000 enfants ont été recrutés par les forces gouvernementales et les groupes armés, indique le rapport. En outre, plus de 2 200 enfants de la région ont été victimes de violences sexuelles depuis 2016. Plus de 3 500 enfants ont été enlevés, ce qui en fait la région où le nombre d’enlèvements est le deuxième plus élevé au monde. « Les chiffres et les tendances sont extrêmement préoccupants pour les générations actuelles et futures d’enfants », déclare Marie-Pierre Poirier, directrice régionale de l’UNICEF. « Non seulement les violations graves contre les enfants perpétrées par les parties aux conflits n’ont pas cessé à travers l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, mais nous avons même constaté un pic au cours des cinq dernières années, avec une augmentation de 50% du nombre total de violations graves. » AfricaNews avec AP
Plusieurs entreprises françaises ont fourni des outils de surveillance numérique massive au régime égyptien, selon une enquête du média en ligne Disclose et du magazine Télérama. Selon les deux médias, Nexa Technologies, Ercom-Suneris et Dassault Systèmes ont contracté des accords avec l’Egypte à la fin de l’année 2014. Des ventes qui posent question, alors que le régime égyptien est accusé de violations des droits de l’homme : l’Egypte compterait quelque 60 000 prisonniers politiques, selon des ONG, depuis l’arrivée au pouvoir du maréchal Sissi en 2013. Nexa Technologies et son entreprise sœur – elles ont les mêmes dirigeants – Advanced Middle East Systems, basée à Dubaï, ont fourni un système de surveillance du trafic Internet appelé Cerebro, dans le cadre d’un contrat baptisé Toblerone et signé le 24 mars 2014 pour un montant de plus de 11 millions d’euros. Dans sa demande de licence d’exportation, transmise en mai 2014 au ministère de l’économie français et que Disclose et Télérama se sont procurée, Nexa mentionne un « système d’interception légale IP dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la criminalité ». L’implication de ces entreprises dans la vente à l’Egypte de matériels et de solutions de surveillance était déjà connue : leurs dirigeants ont d’ailleurs été mis en examen, en juin, pour complicité d’actes de torture et de disparitions forcées. Le Monde
Un accord de coopération sécuritaire a été signé ce matin entre le Maroc et Israël. À cette occasion, Benny Gantz, en visite à Rabat, a été reçu par le ministre de la Défense nationale marocaine. Après la signature, le ministre de la Défense israélien a pris la parole pour souligner l’importance d’un tel accord. Cela « nous permettra d’échanger nos opinions, de lancer des projets conjoints et de favoriser les exportations israéliennes jusqu’ici », a-t-il précisé. Un an à peine après la normalisation des relations diplomatiques entre les deux États, cet accord lance formellement leur coopération sécuritaire. Un tel réchauffement des relations entre les États hébreu et chérifien risque d’attiser la tension qui existe déjà dans la région. En effet, Alger voit cela d’un très mauvais œil pour plusieurs raisons. Tout d’abord, le rétablissement des relations entre Israël et le Maroc s’est fait en échange de la reconnaissance par Washington de la souveraineté du royaume chérifien sur le territoire disputé du Sahara occidental. Cet échange de bons procédés a été très mal accueilli par Alger qui soutient les indépendantistes sahraouis. Ensuite, l’Algérie apporte un soutien sans faille à la cause palestinienne depuis des décennies. RFI
En République démocratique du Congo, les deux derniers cycles électoraux ont coûté chaque fois plus cher à l’État congolais, et leurs résultats chaque fois plus contestés. Ces hausses vertigineuses des dépenses ont été justifiées par l’urgence des mesures à prendre, après des préparatifs bloqués pendant des mois par des crises politiques, et par une amélioration technique du processus. Mais la fuite de millions de documents et transactions à la BGFIBank révèle qu’au moins 3,8 millions ont été versés sur les comptes de sociétés liées à l’ancien président Joseph Kabila. Enquête réalisée avec Médiapart, PPLAAF, Public Eye, the Sentry. Le 21 février 2017, devant la presse à Kinshasa, Corneille Nangaa, président de la Commission électorale nationale et indépendante (Céni) de la République démocratique Congo (RDC), est venu faire une mise au point : le coût des élections – qui devait se tenir depuis fin 2016 et marquer la fin du deuxième et dernier mandat constitutionnel du président Joseph Kabila au pouvoir depuis 2001 – est ramené de 1,8 milliard de dollars, à 1,3 milliard. RFI
L’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a publié mardi 23 novembre son rapport annuel. La pandémie de Covid-19, le changement climatique et les conflits ont, cette année encore, eu des impacts importants sur la sécurité alimentaire notamment sur le continent africain. « La prévalence de la faim a progressé en Afrique du Nord », souligne le rapport « principalement en raison du niveau croissant de conflits et d’instabilité ». Le changement climatique est également en cause. En Afrique subsaharienne, plus de 80 millions de personnes pourraient ne plus être en mesure d’accéder à une alimentation saine en cas de nouveau choc, alerte la FAO. Dans ces pays, il est essentiel de répartir la dépendance entre la production nationale et les importations pour diminuer les risques, note l’organisation. Autre aspect mis en avant : la capacité des pays à transporter les produits alimentaires. La FAO a même crée un nouvel indicateur pour évaluer la résilience des réseaux de transports. En cas de fermeture d’un itinéraire d’importance critique par exemple : la part de la population impactée peut varier de 25% au Nigeria à 78% en Afrique du Sud. RFI
Macky Sall assumera, à partir de l’année prochaine, la présidence tournante de l’Union africaine et les défis sécuritaires, politiques, économiques et sanitaires ne manquent pas. Jusque-là épargné par le jihadisme et par les coups d’État, peu touché par le Covid-19, le Sénégal saura-t-il franchiser sa potion magique au profit du continent ? Au sein de la Cedeao, le Sénégal fait figure de double exception. Parmi les quinze pays qui la composent, il est en effet le seul, avec le minuscule et insulaire Cap-Vert, à n’avoir jamais connu de coup d’État depuis son indépendance, en 1960. Un statut de bon élève, dans une classe très agitée, qui lui vaut depuis toujours une aura internationale qui fait parfois grincer les dents de certains « cousins à plaisanterie » influents de la sous-région. Le Sénégal est aussi l’un des pays ouest-africains qui, malgré sa position géographique périlleuse – aux portes du Sahel – et une population à 90 % musulmane, sera parvenu jusqu’ici à tenir à distance la menace jihadiste quand le Mali, le Niger, le Burkina Faso, le Nigeria ou encore la Côte d’Ivoire n’ont pas eu cette chance. Jeune Afrique