Revue de presse du 24 mars 2025

RDC : Les rebelles du M23 toujours visibles à Walikale malgré l’annonce de leur retrait
Les rebelles de l’AFC/M23 restent visibles dans le centre de Walikale, selon plusieurs sources locales, au lendemain de leur annonce de se retirer du territoire de Walikale au Nord-Kivu. Les habitants, contactés par Radio Okapi, dimanche 23 mars, rapportent la présence des rebelles au bureau du territoire et dans les rues, où ils ont été vus circulant à pied ou à bord de leurs véhicules. Les témoignages des habitants indiquent que les insurgés se seraient scindés en plusieurs groupes. Certains auraient pris la direction de Mubi, d’autres se seraient dirigés vers Ntoto, tandis qu’un troisième groupe aurait emprunté l’axe Itebero. Malgré ces mouvements, des combattants rebelles sont toujours signalés au centre du chef-lieu du territoire, en dépit de leur engagement à se retirer de Walikale et de ses environs. Dans un communiqué publié le samedi 22 mars, les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont dit prendre acte de ce repositionnement des rebelles. L’armée voit en cette initiative un pas vers la désescalade et un soutien aux processus de paix en cours. Cependant, les FARDC ont réaffirmé leur vigilance et leur mobilisation, précisant qu’elles se réservent le droit d’intervenir en cas de mouvements hostiles susceptibles de compromettre la trêve ou de menacer la sécurité des populations et l’intégrité territoriale du pays. Radio Okapi

Le président angolais annonce son désengagement en tant que médiateur du processus de Luanda
Le président angolais João Lourenço annonce ce lundi 24 mars son désengagement en tant que médiateur du processus de Luanda, consacré aux bons offices entre la RDC et le Rwanda pour résoudre la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC. Deux mois après avoir pris la présidence en exercice de l’Union africaine, Luanda estime qu’il est temps de se concentrer sur son mandat continental, en renonçant à cette médiation. L’annonce a été diffusée via le compte Facebook officiel de la présidence angolaise ce lundi. João Lourenco précise qu’avec le concourt de la Commission de l’Union africaine (UA), un nouveau médiateur sera désigné dans les prochains jours afin de poursuivre les pourparlers et trouver des solutions aux conflits entre ces deux pays voisins. « Ce médiateur sera appuyé par la SADC et l’EAC », annonce la présidence angolaise. Radio Okapi

Au Togo, l’opposition s’est réunie à Lomé contre la nouvelle Constitution
L’opposition au Togo a tenu dimanche 23 mars à Lomé un meeting pour protester contre la nouvelle Constitution adoptée en avril 2024, qui abolit l’élection du chef de l’Etat au suffrage universel et institue un régime parlementaire. La nouvelle Constitution est vivement critiquée par l’opposition et la société civile qui y voient un moyen pour l’actuel président, Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, de se maintenir indéfiniment à la tête de l’Etat. A l’appel d’un regroupement de deux grands partis de l’opposition et d’organisations de la société civile, des centaines de militants se sont retrouvés place Akassimé, dans le centre-ville de Lomé, écoutant tour à tour les prises de parole…Faure Gnassingbé a succédé en 2005 à son père, Gnassnigbé Eyadéma, resté au pouvoir pendant trente-huit ans. La précédente Constitution ne lui permettait que de briguer un dernier mandat présidentiel, en 2025. Avec la nouvelle réforme qui fait basculer le pays dans une Ve République, la fonction de président sera désormais honorifique et l’exercice effectif du pouvoir sera assuré par un président du conseil des ministres, qui est le chef du parti majoritaire à l’Assemblée nationale. Le poste du président de conseil revient alors à M. Gnassingbé, qui prêtera serment devant la Cour constitutionnelle avant son entrée en fonctions. Le Monde avec AFP

Soudan : une attaque des paramilitaires des FSR fait au moins 45 morts parmi les civils
Alors que des affrontements ont eu lieu à Kharthoum, à l’est du Soudan, la violence a aussi frappé le Darfour du Nord, à l’ouest du pays, où au moins 45 civils ont été tués lors d’une attaque des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) contre la ville d’Al-Malha. Le Comité local de résistance, un groupe pro-démocratie qui documente et organise l’entraide entre habitants, a fourni, samedi 22 mars, une « liste préliminaire des victimes du massacre d’Al-Malha », attribué aux paramilitaires, dont quinze personnes restent non identifiées…La vaste région du Darfour, à l’ouest du Soudan, est presque entièrement sous le contrôle des FSR, qui n’ont cependant pas réussi à s’emparer d’El-Fasher et ont subi un revers vendredi lorsque l’armée a repris le palais présidentiel à Khartoum, la capitale du pays perdue au début du conflit. Une coalition de groupes armés connue sous le nom de Forces conjointes, combattant aux côtés de l’armée, a repoussé les attaques des FSR et coupé des voies d’approvisionnement essentielles aux paramilitaires, en provenance du Tchad et de la Libye. Le Monde avec AFP

Au Burkina Faso, quatre autres membres du mouvement politique Sens ont été enlevés
« Samedi 22 mars, quatre autres membres de la coordination nationale, dont deux mères de famille, ont été enlevés et emmenés vers une destination inconnue », a écrit le mouvement politique Sens (Servir et non se servir) dans un communiqué. Mardi 18 mars, le journaliste Idrissa Barry, membre de la coordination nationale de Sens, était enlevé près de Ouagadougou, après que son mouvement a dénoncé des « vidéos insoutenables » de massacres de civils peuls à Solenzo (ouest) entre le 10 et le 11 mars, attribués à l’armée burkinabè et ses supplétifs civils sous couvert de lutte antijihadiste. Depuis l’arrivée au pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré par un coup d’État en septembre 2022, de nombreux cas d’enlèvements de voix considérées comme hostiles au régime militaire ont été rapportés à Ouagadougou et dans d’autres localités du pays. Des massacres de civils attribués aux militaires et à leurs supplétifs ont plusieurs fois été dénoncés notamment par les populations locales, des associations et l’ONG Human Rights Watch (HRW). Selon ces sources, ces tueries ciblent souvent l’ethnie peule, discriminée car accusée de fournir le gros des troupes jihadistes, ou de collaborer avec eux. La junte nie les tueries, mais la justice burkinabè a récemment ouvert une enquête en réaction aux multiples appels sur les réseaux sociaux à « l’extermination » d’une ethnie, qu’elle n’a pas citée. L’essentiel de ces messages visent la communauté peule. Le procureur du Burkina Faso a également lancé un appel à signaler les comptes concernés et leurs auteurs. Jeune Afrique avec AFP

Niger : au moins 44 civils tués lors d’une attaque djihadiste dans le sud-ouest du pays
Le Niger, vaste pays sahélien dirigé par un régime militaire, a de nouveau subi une violente attaque djihadiste, qui a fait au moins 44 morts dans le sud-ouest du pays. « Ce vendredi 21 mars, le village de Fambita, dans la commune rurale de Kokorou, a fait l’objet d’une attaque barbare par les terroristes de l’EIGS [Etat islamique dans le grand Sahara] », a déclaré le ministère de l’intérieur dans un communiqué lu à la télévision d’Etat, Télé Sahel…Le Niger est régulièrement confronté aux attaques de groupes djihadistes comme Boko Haram et de sa branche dissidente Etat islamique en Afrique de l’Ouest dans le sud-est du pays. Fambita est en revanche situé au sud-ouest, dans le département de Téra de la région de Tillabéri, plus largement dans la zone dite des « trois frontières », aux confins du Niger, du Mali et du Burkina Faso : un territoire devenu un repaire pour les djihadistes sahéliens affiliés à l’Etat islamique et Al-Qaida. A Tillabéri, immense espace enclavé, des combats opposent souvent les militaires nigériens de l’opération « Niya » aux djihadistes. En outre, les civils qui y vivent (Djerma, Touareg et Peuls) sont fréquemment visés par les atrocités commises par les djihadistes, qui entraînent d’importants déplacements d’habitants. Le Monde avec AFP

Mali: un défenseur des droits humains appelle à une réforme de la sécurité d’État
Au Mali, un défenseur des droits humains accuse la sécurité d’État – services de renseignements – de nombreuses arrestations extrajudiciaires. Souleymane Camara, Président du Réseau des Défenseurs des Droits Humains du Mali demande la judiciarisation de la branche des services de renseignements qui opèrent « enlèvements » et « arrestations » extrajudiciaires. Le Président du Réseau des Défenseurs des Droits Humains du Mali, se dit inquiet face aux arrestations extrajudiciaires selon lui de plus en plus nombreuses dans le pays. Souleymane Camara : « Nous soutenons qu’un climat de terreur est en train de s’installer au Mali. Des véhicules sans immatriculations effectuent des arrestations sans mandat judiciaire et conduisent les personnes enlevées vers des destinations inconnues. » Il pointe du doigt les services de renseignement du Mali, l’Agence nationale de sécurité d’État : « C’est l’œuvre de la sécurité d’État du Mali puisque les personnes victimes d’enlèvements, puis relâchées, l’ont toujours affirmés. » Différentes sources confirment des cas avérés de citoyens détenus sans jugement sur une longue durée dans les locaux des Services de renseignements. Le président du Réseau des Défenseurs des droits humains du Mali réclame un changement dans le fonctionnement de structure étatique qui a déjà notamment arrêté journalistes, activistes et hommes politiques. RFI

La présidentielle au Gabon opposera finalement huit candidats
Ils étaient quatre, les voilà huit en lice pour l’élection présidentielle prévue le 12 avril au Gabon. Axel Stophène Ibinga Ibinga, Alain Simplice Boungoueres, Thierry Yvon Michel Ngoma et Zenaba Gninga Chaning, la seule femme dans la course, avaient déposé un recours auprès de la Cour constitutionnelle et ont vu leur candidature repêchée, selon un reportage de la chaîne d’État Gabon 1ère diffusé vendredi 21 mars dans la soirée. Ils rejoignent ainsi l’actuel président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, le dernier Premier ministre du président déchu Ali Bongo, Alain-Claude Bilie-By-Nze, que la presse gabonaise présente comme son adversaire le plus sérieux, un juriste inspecteur des impôts, Joseph Lapensée Essingone, et un médecin, Stéphane Germain Iloko Boussengui. La campagne électorale doit commencer le 29 mars…Brice Clotaire Oligui Nguema avait promis de rendre le pouvoir aux civils au terme de la transition ouverte par le « coup de la libération » qui a renversé la dynastie Bongo après 55 ans de pouvoir. Une fois la nouvelle Constitution adoptée et le code électoral réformé, avec notamment une nouvelle clause autorisant les militaires à briguer un mandat, l’ancien chef de la Garde républicaine a officialisé sa candidature début mars, jour de son cinquantième anniversaire, en affirmant répondre aux « nombreux appels » du peuple et à celui de « l’Esprit Saint »…Le putsch, sans effusion de sang, a donné lieu a des scènes de liesse dans les quartiers populaires de Libreville. Depuis le 30 août 2023, l’ex-président Ali Bongo vit dans sa résidence privée de Libreville. Son épouse, Sylvia, 61 ans, et son fils Noureddin, 33 ans, ont été placés en détention avec des accusations de malversations financières. Jeune Afrique avec AFP

En Centrafrique, deux frères d’Henri-Marie Dondra ont été interpellés
Deux des frères du leader d’opposition politique Henri-Marie Dondra, considéré comme un candidat potentiel à la présidentielle en Centrafrique prévue fin 2025, sont soupçonnés de volonté d’assassinat en vue de renverser l’ordre constitutionnel, selon un communiqué du parquet de Bangui transmis vendredi 21 mars à l’AFP. Christian et Eusèbe Dondra ont été interpellés « dans le cadre d’une procédure relative à un projet d’assassinat de certaines personnalités publiques bien identifiées », a indiqué le procureur Benoît Narcisse Foukpio dans un communiqué, sans préciser qui était visé. Selon des médias locaux, ils fomentaient l’empoisonnement de responsables du parti au pouvoir. D’après le ministère public, l’objectif final était « le renversement de l’ordre constitutionnel ». Une manifestation de protestation s’est tenue jeudi 20 mars devant les locaux de l’Office central de répression du banditisme (OCRB), où les deux hommes sont retenus, et aux abords duquel un dispositif policier supplémentaire avait été déployé dans la matinée. Henri-Marie Dondra, 58 ans, ancien proche de Faustin-Archange Touadéra, a été successivement ministre des Finances et du Budget dès l’investiture de ce dernier, en 2016, puis Premier ministre de 2021 à 2022, au début de son deuxième mandat. Jeune Afrique avec AFP

Kenya: six policiers tués par des shebab, selon la police
Six policiers kényans ont été tués par des combattants islamistes radicaux shebab qui ont attaqué dimanche un camp de réservistes de la police près de la frontière avec la Somalie, a annoncé la police kényane. L’assaut, mené avec des « armes diverses », a eu lieu tôt dans la matinée à Biyamadhow dans le comté de Garissa, a indiqué un porte-parole de la police à la presse. Six morts ont été confirmés par la police, et quatre blessés transportés à l’hôpital. Le porte-parole de la police a également annoncé que deux combattants avaient été tués et un grièvement blessé. A Garissa, les shebab sont notamment présents dans la forêt de Boni, et affrontent régulièrement les forces kényanes dans la zone. Liés à Al-Qaïda, les shebab combattent depuis plus de quinze ans le gouvernement fédéral de Somalie, soutenu par de nombreux pays étrangers, et leur menace s’est intensifiée ces derniers mois. Le groupe a également mené plusieurs attaques meurtrières par le passé plus à l’intérieur du Kenya, en partie en réponse au déploiement de troupes kényanes contre lui en Somalie. AFP

L’ONU dénonce les « arrestations arbitraires » en Libye
Des avocats arrêtés, détenus arbitrairement et victimes de mauvais traitements : alors que deux gouvernements rivaux continuent à se disputer le pouvoir en Libye, la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) s’inquiète de la multiplication des arrestations « arbitraires », et appelle à la libération des détenus. Les Nations unies sont « alarmée[s] par la vague d’arrestations et de détentions arbitraires menée en Libye par les forces de l’ordre », indique la Manul dans un communiqué publié dans la nuit du 22 au 23 mars. « Les autorités exploitent leurs pouvoirs » pour cibler des individus « pour leurs affiliations politiques présumées », et « faire taire toute dissidence, portant atteinte à l’indépendance de la justice », ajoute l’ONU. Pointée également du doigt, la pratique « d’aveux filmés où des détenus sont contraints d’avouer des crimes présumés dans des vidéos publiées en ligne ». La Manul y voit un moyen d’ « intimider et humilier les personnes ciblées » et [sont] présentées comme des « preuves » qui devraient être déclarées « irrecevables, et leurs auteurs tenus pour responsables ». La mission onusienne a réclamé la « libération immédiate » des personnes arrêtées et la « poursuite en justice des responsables ». Ces « pratiques illégales » nourrissent un « climat de peur, réduisent l’espace civique et érodent l’état de droit » dans le pays, ajoute-t-elle. Jeune Afrique avec AFP