Revue de presse du 24 mars 2023

Dakar, nouvelle cible des trafiquants de drogue en Afrique de l’Ouest
Placée sur les nouvelles routes de la drogue, la capitale sénégalaise voit la consommation locale de stupéfiants flamber. A tel point qu’un centre de prise en charge des addictions, le premier du genre en Afrique de l’Ouest, y a ouvert en 2015. « T’as une seringue pour moi ? », lance d’une voix fluette une grand-mère filiforme. Elle tend ses longs bras maigres et attrape un kit dans les mains d’un médiateur social : des lingettes désinfectantes et une seringue conditionnée, pour les jours où l’appel de l’héroïne sera trop fort. Depuis sept ans, la femme aux lèvres tatouées soigne son addiction à la poudre blanche, qu’elle sniffait, et au crack. Comme près de 300 autres usagers de drogues injectables, elle suit un traitement à base de méthadone, un substitut aux opiacés, au Centre de prise en charge intégrée des addictions (Cepiad) de Dakar. Perdu au cœur du labyrinthique hôpital de Fann, dans la capitale du Sénégal, l’établissement public – premier du genre en Afrique de l’Ouest – accueille en cette matinée d’hiver quinze hommes et deux femmes dans leur cinquantaine. Ils arrivent en silence par une porte dérobée, à l’abri des regards curieux. Dans un pays où même la consommation de tabac vaut une forte réprobation sociale, la structure leur offre un espace de répit salutaire. Ici, on se charrie, on s’interpelle et on chahute quand une dose de méthadone se volatilise furtivement lors des groupes de parole. Le Monde

Alerter pour limiter l’impact des catastrophes climatiques
Inondations, sécheresses, fonte des glaces… La multiplication des événements extrêmes liés à l’eau est inéluctable mais des systèmes d’alerte adéquats prévenant jusqu’aux personnes les plus isolées pourraient au moins limiter les victimes et les dommages. Il y a un an, l’ONU s’était fixée l’objectif ambitieux que d’ici 2027, chaque personne sur Terre puisse être prévenue de l’imminence d’un événement météo extrême, un programme chiffré à 3,1 milliards de dollars. « Nous avons montré que vous récupérez au moins dix fois l’argent quand vous investissez dans ces services » qui ne sont présents que « dans la moitié » des pays du monde, a insisté jeudi Petteri Taalas, patron de l’Organisation météo mondiale (OMM), qui s’est engagée à l’occasion de la conférence de l’ONU sur l’eau à accélérer la mise en oeuvre, en commençant par les désastres liés à l’eau. Inondations et sécheresses représentent 75% des catastrophes climatiques, appelées à se multiplier encore sous l’effet du réchauffement. Le principe des systèmes d’alerte semble simple: évaluer les risques à partir de collectes systématiques de données, identifier grâce à des modèles de prévision météo, préparer la population en amont, et la prévenir quand le danger pointe son nez pour qu’elle adapte son comportement. VOA

Au nord du Burkina Faso, 14 morts dans une attaque terroriste
Mercredi matin, une attaque dans le nord du Burkina Faso a fait 14 morts dont quatre soldats. L’unité prise pour cible se trouvait à Zorkoum, à une dizaine de kilomètres de la ville de Kaya. Une dizaine de supplétifs civils et quatre soldats ont été tués mercredi lors d’une attaque près de Kaya, dans le nord du Burkina Faso, où le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, est en visite, ont indiqué jeudi 23 mars à l’AFP des sources sécuritaires et locale. « Tôt dans la matinée du mercredi, des groupes terroristes ont attaqué une unité mixte de militaires et de volontaires pour la défense de la patrie (VDP, supplétifs civils) à Zorkoum », localité située à une dizaine de kilomètres de Kaya (nord), a déclaré à l’AFP une source sécuritaire. « On déplore côté ami quatre soldats et une dizaine de volontaires tombés. Côté ennemi, une vingtaine de terroristes ont été neutralisés », a précisé cette source. France24

Pourquoi le Niger devient incontournable pour la sécurité au Sahel ?
Avec son implication dans la libération du journaliste français Olivier Dubois, et du travailleur humanitaire américain Jeffery Woodke, le Niger vient de montrer sa nouvelle position comme puissance dans la lutte contre l’insécurité dans le Sahel. Les moins attentionnés ne l’ont certainement pas remarqué, mais c’est au Niger que le journaliste français Olivier Dubois et le travailleur humanitaire américain Jeffery Woodke ont été aperçus pour la première fois après leur libération. Pourtant, c’est au Mali que le journaliste français avait été enlevé le 8 avril 2021. Tout comme l’avait été il y a 6 ans Jeffery Woodke. Mais, contrairement aux autres personnes souvent enlevées par des djihadistes dans les pays du Sahel, c’est la première fois qu’on observe qu’un otage enlevé dans un pays est officiellement présenté dans un autre pays juste après sa libération. BBC

Le Niger ciblé par une vague de désinformation
Attaque djihadiste meurtrière, coup d’Etat ou bombardement : des images choc censées prouver l’existence de récents bouleversements politiques ou sécuritaires au Niger déferlent depuis mi-février de manière apparemment coordonnée sur les réseaux sociaux. Cette série d’infox très virales apparues en l’espace d’une semaine – dont cinq ont été vérifiées par l’AFP – ciblent Niamey et souvent sa coopération militaire avec Paris à l’heure où d’autres pays de la région ont récemment pris leurs distances avec la France. « Des tirs nourris (…) autour de la résidence présidentielle à Niamey », annonce par exemple une présentatrice de France 24 dans une vidéo cumulant plus d’un million de vues sur TikTok et Facebook, sous laquelle de nombreux internautes critiquent acerbement le président nigérien Mohamed Bazoum et ses liens avec la France. … Cette soudaine vague de désinformation intervient en pleine guerre d’influence entre plusieurs puissances dont la France et la Russie en Afrique subsaharienne. Et accompagne un rejet croissant de la présence française dans ses ex-colonies. AfricaNews/AFP

Mali: une procédure judiciaire de dissolution engagée contre le parti PSDA
Ismaël Sacko, le président du Parti social-démocrate africain (PSDA), sera devant le justice le 5 avril 2023 pour des propos jugés « insultants à l’endroit des autorités de transition, notamment du Premier ministre par intérim ». Une procédure judiciaire de dissolution a été engagée à l’encontre du PSDA. Les autorités maliennes reprochent à son patron notamment ses déclarations diffusées sur RFI le 30 octobre 2022 au sujet de Choguel Maïga. Au Mali, une procédure judiciaire de dissolution a été engagée à l’encontre du Parti social-démocrate africain (PSDA). Il est reproché à Ismaël Sacko, le président du PSDA, d’avoir tenu des « propos insultants » à l’encontre des autorités de transition. Propos tenus sur l’antenne de RFI en octobre dernier. Le signal de RFI est coupé au Mali depuis mars 2022. C’est la première fois qu’un parti politique est menacé de dissolution depuis l’arrivée de la junte au pouvoir. RFI

Rébellion du M23 en RDC: des soldats ougandais déployés d’ici fin mars
Après les Kényans et les Burundais, les soldats ougandais de la force de la Communauté des Etats d’Afrique de l’est (EAC) vont commencer à se déployer d’ici fin mars dans des secteurs de l’est de la RDC actuellement occupés par les rebelles du M23, a annoncé jeudi un officier ougandais. « Nos troupes iront à Bunagana, Rutshuru, Mabenga et Kiwanja », a déclaré à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, le colonel Mike Walaka Hyeroba, venu rencontrer les autorités militaires de la province. « Elles vont commencer à se déployer d’ici la fin de ce mois », a ajouté l’officier, sans préciser leur nombre. L’armée ougandaise avait annoncé en novembre qu’elle était sur le point d’envoyer un millier de soldats dans le cadre de cette force. Les localités citées par le colonel ougandais sont situées dans le territoire de Rutshuru, au nord de Goma, où le M23 (« Mouvement du 23 mars ») s’est emparé de vastes zones depuis l’année dernière. La cité de Bunagana, carrefour commercial à la frontière ougandaise, était tombée le 13 juin 2022. VOA

La Tunisie criminalise les contacts avec les diplomates occidentaux
Est-il désormais devenu dangereux pour un acteur de la vie politique ou sociale en Tunisie d’échanger avec les chancelleries occidentales ? La question se pose depuis la récente vague d’arrestations en lien avec des accusations de « complot » qui a touché plusieurs personnalités politiques et médiatiques. Selon les premiers éléments de l’enquête, ces dernières sont soupçonnées d’avoir noué des contacts avec des diplomates dans l’intention présumée de porter « atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat ». Parmi ces diplomates figurent André Parant, actuel ambassadeur de France en Tunisie, et son prédécesseur, Olivier Poivre d’Arvor, en poste de 2016 à 2020. Les accusations, qui se réfèrent à une vingtaine d’articles du code pénal et de la loi contre le terrorisme et le blanchiment d’argent, sont graves bien que peu étayées : offense contre le président de la République, Kaïs Saïed, atteintes à la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat, terrorisme. Dans cette affaire, dix-sept personnes sont officiellement mises en examen et encourent jusqu’à la peine capitale. Une partie d’entre elles ont été arrêtées et placées en détention provisoire. Le Monde

Guinée équatoriale : au moins 20 morts du virus de Marburg, selon l’OMS
Le bilan de l’épidémie de maladie à virus de Marburg qui sévit depuis plus de deux mois en Guinée équatoriale atteint 20 morts, a annoncé jeudi l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Malabo ayant décompté six décès de plus en dix jours. Les cas recensés de cette fièvre hémorragique presque aussi meurtrière qu’Ebola ont débordé de la province de Kié-Ntem où elle avait provoqué les premiers décès connus le 7 janvier, jusqu’à toucher Bata, la capitale économique de ce petit pays d’Afrique centrale, pour partie insulaire et pour l’autre continentale. Cette expansion « laisse supposer une transmission plus large du virus » et nécessite d' »intensifier les efforts de riposte afin (…) d’éviter une épidémie à grande échelle et des pertes en vies humaines », prévient l’OMS dans un communiqué. AfricaNews/AFP

Sénégal : plus d’une centaine d’intellectuels dénoncent une restriction des libertés
[Vidéo] Dans un contexte politique tendu, à moins d’un an de la présidentielle, plus d’une centaine d’intellectuels ont signé une tribune adressée au président sénégalais. Notre invité, le sociologue Mahamadou Lamine Sagna, et les autres signataires, dénoncent « une instrumentalisation politique du système judiciaire par l’administration du président Macky Sall ». TV5Monde

En Côte d’Ivoire, moiteur de sauna, dialogue de sourd et du sursis pour les partisans de Laurent Gbagbo
Cette fois, c’est le soulagement. Les vingt-six militants du Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), le parti de l’ancien président Laurent Gbagbo, qui avaient été condamnés en première instance à deux ans de prison ferme, ont vu leur peine allégée en appel à deux ans de sursis. L’audience a été éprouvante – plus de 10 heures – avec un fort goût de déjà-vu. La même salle exiguë du palais de justice, d’une chaleur et d’une moiteur de sauna, la même équipe d’avocats et les mêmes accusés. Sortis pour l’occasion de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA) où ils sont détenus, ils apparaissaient tout de même en civil : les prisonniers ne portent pas d’uniforme. Seules leurs menottes et leur air épuisé rappelaient leur situation. Le Monde

Sénatoriales au Cameroun: «Une éviction totale du parti SDF en raison de distensions internes»
Au Cameroun, le parti du président Paul Biya (RDPC) a remporté l’ensemble des 70 sièges en jeu durant les élections sénatoriales 2023. « Pour gagner l’élection, il faut être en ordre de marche et le Rassemblement démocratique du peuple camerounais sait très bien le faire dans les grands moments », décrypte Stéphane Akoa, chercheur à la fondation Paul Ango Ela. Il met également en avant la défaite du parti d’opposition Social democratic Front (SDF) en raison de « dissensions internes ». Au Cameroun, victoire totale du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) aux élections sénatoriales du 12 mars 2023. Le parti présidentiel a remporté l’ensemble des 70 sièges mis en jeu dans ce scrutin au suffrage indirect. Les 70 sénateurs RDPC sont élus pour cinq ans, 30 vont être ensuite désignés par le président de la République. RFI

Que devient la Séléka, 10 ans après son coup de force ?
En Centrafrique, la Séléka, jadis dirigée par Michel Djotodia, n’est plus au pouvoir, mais a toujours son mot à dire dans la gouvernance du pays. Depuis le 24 mars 2013, date du coup de force de la Séléka, la Centrafrique ne cesse de courir derrière la paix. Celle-ci semble toujours inatteignable en raison du nombre élevé de factions rebelles crées en réaction à la Séléka, ou encore nées de l’éclatement même de cette coalition. Pourtant Michel Djotodia , qui a créé la Séléka, était optimiste et faisait le vœu de la paix. « Je suis venu aider le peuple centrafricain pour que peuple vive enfin en paix chez lui. C’en est trop. Et nous ne permettrons plus à personne de venir prendre les armes pour venir encore faire courir ces mamans, les enfants, les vieux en train de courir comme des fous à travers la République centrafricaine. Nous ne le permettrons pas. Même pas les rebelles qui sont dans la brousse » avait déclaré l’ancien chef rebelle et président putschiste en 2020 quand il était rentré dans son pays après six ans d’exil au Bénin. Mais le constat est triste dix ans après le coup de force de la Séléka : les inégalités sociales sont importantes, le développement du Nord qui avait motivé la prise du pouvoir par la Séléka n’a pas connu un début de commencement. DW

À Madagascar, la Haute Cour Constitutionnelle acculée par les parlementaires
L’instance a jugé que la présidente de l’Assemblée nationale avait eu raison de considérer irrecevable la motion de censure déposée contre le gouvernement par des parlementaires. Ceux-ci sont outrés. Le 7 décembre dernier, deux-tiers des députés déposaient une motion de censure à l’encontre du gouvernement. Le soir même, le président de la République réunissait une soixantaine de députés de son parti pour exiger qu’ils fassent machine arrière. Le lendemain, la présidente de l’Assemblée nationale annonçait que la motion de censure était irrecevable. Une violation claire de la séparation des pouvoirs, aux yeux de certains députés, qui ont fait déposer une requête auprès de la Haute Cour constitutionnelle. RFI

La vice-présidente américaine Kamala Harris en tournée en Afrique
La vice-présidente des États-Unis Kamala Harris entame dimanche une tournée dans trois pays d’Afrique afin de promouvoir la vision positive portée par Washington, qui voit dans ce continent l' »avenir du monde ». Le déplacement de Mme Harris au Ghana, en Tanzanie et en Zambie est la dernière initiative en date prise pour renforcer les liens entre les États-Unis et le continent, en grande partie ignoré durant le mandat de l’ex-président républicain Donald Trump, et longtemps considéré par Washington plus comme une région à problèmes que comme une terre d’opportunités. VOA