La culture, la démocratie et la lutte contre l’extrémisme violent
L’aggravation de la menace sécuritaire à cause des groupes islamistes militants a fait du Sahel la région la plus vulnérable à l’extrémisme violent en Afrique et, selon certaines estimations, dans le monde. Cette insécurité a été utilisée pour justifier les coups d’État militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger – bien que les morts liés à l’extrémisme violent aient en fait augmenté sous chacune de ces juntes – sans qu’aucune fin ne soit en vue. Afin d’obtenir une perspective sur les alternatives pour répondre à la menace sécuritaire, le Centre d’études stratégiques de l’Afrique s’est entretenu avec le professeur Abdoul Karim Sango, l’ancien ministre de la Culture du Burkina Faso. Le professeur Sango observe que la propagation de l’extrémisme violent au Sahel est fondamentalement une crise culturelle qui nécessitera des solutions culturelles. Celles-ci sont étroitement liées au renforcement de l’identité nationale et des pratiques démocratiques de gouvernance collective et de responsabilité – des valeurs culturelles profondément enracinées dans les traditions africaines. Centre d’études stratégiques de l’Afrique
Des centaines de réfugiés soudanais expulsés illégalement d’Egypte, selon Amnesty International
Replongés dans une guerre qu’ils ont fuie. Entre janvier et mars 2024, au moins 800 réfugiés soudanais ont été arrêtés et expulsés illégalement par les autorités égyptiennes, selon un rapport d’Amnesty International paru mercredi 19 juin. D’après l’ONG, tous se sont vus refuser la possibilité de demander l’asile, y compris en s’adressant au Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), ou de contester les décisions d’expulsion. Depuis que la guerre a éclaté au Soudan, le 15 avril 2023, entre les Forces armées soudanaises (FAS) dirigées par le général Abdel Fattah Al-Bourhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdan Daglo, dit « Hemetti », près de deux millions de Soudanais ont quitté leur pays. Environ 500 000 sont partis vers l’Egypte, selon les données du HCR. Jusqu’à juin 2023, les femmes Soudanaises, les enfants de moins de 16 ans et les hommes de plus de 50 ans étaient exemptés de visa. Mais les autorités égyptiennes ont suspendu ces facilités issues des accords bilatéraux signés en 2004 entre Le Caire et Khartoum sur la circulation des personnes…Ces expulsions massives surviennent alors que l’Union européenne (UE) a signé en mars 2024 un « partenariat stratégique » pour 7,4 milliards d’euros avec l’Egypte. Le partenariat comporte un important volet migratoire : au moins 200 millions d’euros seraient destinés à renforcer les contrôles. Un accord qui a suscité l’inquiétude des défenseurs des droits humains. Le Monde
Au Kenya, le président, William Ruto, prêt à discuter avec la jeunesse en colère
Le président du Kenya, William Ruto, s’est dit prêt à « une conversation » avec les milliers de jeunes protestataires qui ont manifesté dans tout le pays la semaine dernière contre un projet de nouvelles taxes, les organisateurs du mouvement l’appelant à accepter leurs demandes. Malgré deux morts annoncées par des défenseurs des droits humains, M. Ruto a également salué dimanche 23 juin le pacifisme des jeunes…Les jeunes manifestants ont pris de court le gouvernement, au moment où le mécontentement s’accentue au sujet des politiques économiques de M. Ruto…Les manifestations ont été largement pacifiques, mais la police a fait usage de gaz lacrymogène et de canons à eau dans l’espoir de disperser le cortège près du Parlement…L’administration du président Ruto a défendu son projet de nouvelles taxes, qu’elle juge nécessaires pour redonner des marges de manœuvre au pays, lourdement endetté. Le chef de l’Etat a assuré dimanche que le projet incluait des mesures pour lutter contre le chômage des jeunes et faciliter l’accès à une meilleure éducation. Le Monde avec AFP
Ouverture de la campagne pour la présidentielle et les législatives du 15 juillet au Rwanda
La campagne de la présidentielle du 15 juillet au Rwanda s’est ouverte ce samedi. Neuf millions d’électeurs sont inscrits pour ce scrutin, couplé avec les législatives pour la première fois. Paul Kagame avait été élu président par le Parlement après la démission de Pasteur Bizimungu en 2000. Il a ensuité été reconduit au suffrage universel en 2003, 2010 et 2017, réunissant à chaque fois plus de 90% des voix. Le 15 juillet, il sera opposé aux mêmes adversaires qu’en 2017: le chef du Parti démocratique vert Frank Habineza et l’ancien journaliste Philippe Mpayimana. Il avait alors obtenu plus de 98,79% des voix, Philippe Mpayimana 0,73% et Frank Habineza 0,48%. Plusieurs figures de l’opposition, dont Victoire Ingabire et Bernard Ntaganda, n’ont pas pu se présenter en raison d’anciennes condamnations, car la justice a rejeté leurs demandes de restauration de leurs droits civiques. La commission électorale a invalidé la candidature de Diane Rwigara pour documents non conformes. Elle avait déjà été écartée de la dernière présidentielle. Mme Rwigara avait été accusée de falsification de documents et arrêtée. Elle avait ensuite été acquittée en 2018. VOA avec AFP
Rwanda: selon une université américaine, le régime de Kagame utilise l’IA pour booster sa communication
Le 15 juillet, les Rwandais seront appelés aux urnes. Paul Kagame postule à un quatrième mandat. Mais sa campagne sur le réseau social X n’aurait pas été organisée de façon fairplay. Les chercheurs en médias de l’université Clemson en sont sûrs. Le réseau pro-Rwanda a à la fois évincé les affiches et les messages critiques à l’égard du gouvernement mais aussi généré des messages apparemment indépendants en faveur de Kigali, en utilisant des outils d’intelligence artificielle et des modèles linguistiques étendus. Quatre cent soixante-quatre comptes du réseau social ont été passés au crible. Depuis janvier, ces derniers ont généré 650 000 messages et la moitié de ces posts soutiennent la position du Rwanda sur le conflit en République démocratique du Congo ainsi qu’aux rebelles du M23, soutenus par Paul Kagame. D’autres publications accusent Kinshasa de collaborer avec la milice des Forces démocratiques de libération du Rwanda à majorité hutue dans l’est du pays. Cette dernière est accusée d’avoir des liens avec les auteurs du génocide rwandais. Des clichés ont été photoshoppés à grande échelle, utilisant de l’IA mais aussi des retouches à la main, comme celui d’une réunion de militants anti-rwandais. Cette communication via des campagnes de désinformation va totalement à l’encontre des règles du réseau social. RFI
Mali: les opposants arrêtés le 20 juin attendent toujours de passer devant la justice
Au Mali, les opposants arrêtés le 20 juin 2024 attendent toujours de passer devant la justice. Ils étaient onze dirigeants politiques de l’opposition, arrêtés jeudi soir en pleine réunion. L’un d’entre eux a été libéré, mais pas les dix autres, tous membres de la plateforme d’opposition de la Déclaration du 31 mars, qui rassemble la quasi-totalité des partis politiques maliens. Ils devraient, selon la procédure, être présentés à un procureur mais pourtant ils attendent toujours…La durée légale de leur garde-à-vue est expirée. Ils devraient être présentés à un juge d’instruction que le président du tribunal de grande instance de la commune V de Bamako doit désigner, a priori dans la journée, mais ce n’est toujours pas le cas…Les opposants ont été interrogés sur des faits de « réunion non-autorisée » ou de « tentative de déstabilisation ». Mais, à ce stade, aucune infraction précise ne leur a été notifiée officiellement. Leurs avocats dénoncent « un dossier vide ». Tous avaient été arrêtés jeudi soir, « sans permis de perquisition, dans un domicile privé et par des agents n’appartenant pas à la chaîne judiciaire », précisent leurs conseils. Ces cadres politiques, dirigeants de partis et anciens ministres, travaillaient au règlement intérieur de leur plateforme et à un plan d’action – conférences de presse, rassemblements – pour réclamer la tenue d’élections et le retour à l’ordre constitutionnel. RFI
Le chef djihadiste malien Iyad Ag Ghali visé par un mandat d’arrêt de la CPI
Depuis sept ans, Iyad Ag Ghali est inculpé de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, mais le djihadiste malien l’ignorait. Vendredi 21 juin, la Cour pénale internationale (CPI) a levé les scellés posés sur le mandat d’arrêt délivré le 18 juillet 2017 contre l’homme considéré comme l’ennemi numéro un des Occidentaux au Sahel…Le leader djihadiste est également poursuivi pour l’exécution de dizaines de militaires et gendarmes lors de la prise d’Aguelhok. Au moins 40 soldats, selon le bilan du bureau du procureur – certaines ONG ont évoqué un bilan plus de deux fois plus lourd, avaient été retrouvés tués, mains liées dans le dos. Ce massacre avait frappé les esprits alors que l’attaque de cette ville décrite dans le mandat d’arrêt de la CPI comme « une place militaire stratégique » en vertu de « sa position géographique au nord du pays » avait marqué la reprise des combats par les groupes indépendantistes maliens contre le pouvoir central de Bamako. Iyad Ag Ghali avait « l’autorité, le pouvoir et les moyens de diriger et de coordonner l’attaque », selon le procureur. Le Monde
Crise Bénin-Niger: les deux anciens présidents Thomas Boni Yayi et Nicéphore Soglo en visite à Niamey
Le bras de fer entre le Bénin et le Niger se poursuit, avec peut-être un moyen d’apaisement grâce aux bons offices de deux anciens chefs d’État béninois. En effet, les services de communication de Nicéphore Soglo et de Boni Yayi annoncent que les deux anciens présidents se rendent à Niamey ce lundi 24 juin pour tenter d’apaiser les choses entre les deux pays…C’est le président Nicéphore Soglo qui avait évoqué le premier l’idée d’une médiation, quelques mois après la crise. Il voulait la mener avec le forum des anciens chefs d’État auquel il appartient avec le nigérian Olusegun Obasanjo. Cela ne s’est pas fait. Ce sera maintenant avec Thomas Boni Yayi, ancien chef d’État et président du parti d’opposition Les Démocrates. Le communiqué ne précise pas si les autorités béninoises sont informées officiellement de cette initiative. On attend aussi de connaître les prochaines étapes après Niamey. RFI
L’agression de la RDC par le Rwanda au cœur des échanges entre Felix Tshisekedi et André Flahaut
Le chef de l’État Félix Thisekedi a reçu, samedi 22 juin, le ministre d’État belge André Flahaut, en visite officielle en RDC. Les deux personnalités ont passé en revue plusieurs questions, notamment celles relatives à la coopération bilatérale entre les deux pays, l’agression de la RDC par le Rwanda dans l’Est du pays. Au sujet de l’agression rwandaise, André Flahaut a condamné l’existence de deux niveaux d’application du droit international, estimant « qu’il est important d’être porteur d’un message afin que l’Europe ne soit pas distraite face à la guerre dans l’Est de la RDC ». Devant la presse au sortir de son audience avec Felix Tshisekedi, le ministre belge a indiqué que l’objet de sa visite est de continuer à manifester le soutien de la Belgique à la RDC. Il a aussi insisté sur le fait que cette visite officielle rentre dans le cadre de la continuité des dossiers déjà entamés entre les deux pays, en ce moment où la RDC a un nouveau Gouvernement, qui a un programme chargé qui intègre toutes les priorités émises par le président de la République, notamment le désenclavement du pays, la sécurité, le numérique, l’économie, etc. André Flahaut a insisté sur le fait « qu’il est indispensable d’avoir de bonnes relations entre responsables ». Radio Okapi
Levée de la suspension des accréditations pour la presse étrangère au Togo
La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication du Togo a levé la mesure de suspension des accréditations pour la presse étrangère. Elle avait suspendu, le 15 avril, la délivrance des accréditations, à l’approche des législatives et régionales du 29 avril. La Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication du Togo a levé la mesure de suspension des accréditations pour la presse étrangère. Elle avait suspendu, le 15 avril, la délivrance des accréditations, à l’approche des législatives et régionales du 29 avril. L’institution de régulation avait justifié sa décision par « des manquements graves constatés dans la couverture de l’actualité politique sur le Togo » par des medias français, et par des problèmes liés au journaliste Thomas Dietrich « dans le cadre de la délivrance des accréditations ». Ce dernier a été expulsé mi-avril peu après son entrée au Togo. « La suspension de l’accréditation des organes de presse étrangers pour la couverture de l’actualité et des manifestations au Togo est levée à compter du mercredi 26 juin 2024 », souligne la HAAC, indique un communiqué du 21 juin. L’accréditation « est accordée à l’organe de presse qui désigne un journaliste professionnel ou un technicien des médias pour assurer la mission pour laquelle elle a été demandée, en qualité d’envoyé spécial », précise le texte. « Sa validité couvre la période de déroulement de la manifestation et la demande d’accréditation est adressée au président de la HAAC au moins 15 jours avant le déroulement de la manifestation sauf cas d’urgence ». Au lendemain de la mesure de suspension des accréditations, Reporters Sans Frontières avait dénoncé une « violation flagrante de la liberté d’informer ». VOA avec AFP
Somalie : Transfert de Base de l’ATMIS
La Mission de Transition Africaine en Somalie (ATMIS) a remis hier la base opérationnelle avancée de Ceel Eglow dans la région du Middle Shabelle à l’Armée Nationale Somalienne, marquant ainsi le troisième transfert de base dans la phase 3 du retrait des troupes ATMIS. Le Commandant du Secteur Cinq d’ATMIS, le Colonel Oscar Hatungimana, et le Général de Brigade de l’ANS, Ibrahim Yusuf Nuur, ont salué la collaboration entre ATMIS, les Forces Armées Nationales Somalienne, les résidents locaux et les partenaires internationaux dans la lutte contre Al-Shabaab dans la région. La base stratégique de Ceel Eglow, précédemment occupée par les troupes burundaises d’ATMIS depuis 2019, protège la Route Principale d’Approvisionnement Mogadiscio-Jowhar (MSR) et les zones environnantes. Par ailleurs, le Ministre de l’Intérieur, des Affaires Fédérales et de la Réconciliation du Gouvernement Fédéral de Somalie, Ali Yusuf Ali Hosh, a visité Buulo Haji, dans la région du Bas Jubba, une zone libérée des militants terroristes d’Al-Shabab il y a trois semaines, selon l’agence presse somalienne SNNA. Sahel Intelligence
Tunisie : L’armée sous contrôle des services sécuritaires de Kaïs Saïed
Le refus du président tunisien Kaïs, de renforcer et de moderniser les capacités de l’armée tunisienne, se heurte à une réalité tragique. Un nouvel accident d’hélicoptère militaire, survenu à la base aérienne de Gafsa, a coûté la vie à un membre de l’équipage. Ce drame rappelle le crash fatal de juin 2023, où quatre militaires ont péri lorsque leur appareil s’est abîmé en mer. La Tunisie vit sous la férule du président Kaïs Saïed, qui a infiltré toutes les strates de la société, y compris les forces armées, grâce à un réseau sécuritaire policier omniprésent et oppressif. Ces incidents soulignent les défis sécuritaires auxquels la Tunisie est confrontée, alors même que les discussions sur le renforcement de ses forces armées restent en suspens. Les services de sécurité, dotés de pouvoirs quasi illimités, surveillent constamment la population, s’assurant que toute dissidence soit rapidement réprimée. Les citoyens vivent dans la peur, sachant que chaque parole, chaque geste peut être surveillé et rapporté. Les arrestations arbitraires, les disparitions forcées et les procès expéditifs sont devenus monnaie courante. La méfiance règne entre les citoyens, la libre expression est étouffée, et toute tentative de protestation est brutalement écrasée. Les médias sont strictement contrôlés, ne diffusant que la propagande d’Etat. Le système éducatif est également utilisé pour endoctriner les jeunes générations, leur inculquant une loyauté aveugle à Kaïs Saïed. Sahel Intelligence
VIDÉO: la Mauritanie appelle à l’union contre le djihadisme
Le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani a appelé les pays d’Afrique de l’Ouest à s’allier à nouveau face à l’expansion du djihadisme. TV5