Revue de presse du 24 juillet 2025

Niger : Mohamed Bazoum, deux ans de détention sans inculpation ni procès
L’ONG Human Rights Watch appelle à la libération de l’ancien président nigérien Mohammed Bazoum, détenu arbitrairement depuis 2 ans par les nouvelles autorités militaires. C’est le 26 juillet 2023, que le conseil national pour la sauvegarde de la patrie, CNSP, a renversé le gouvernement de Mohamed Bazoum et l’a arrêté ainsi que son épouse, Hadiza Bazoum sans possibilité de voir les membres de leur famille ni parler à des avocats. Ce dernier n’est plus apparu en public depuis, il détenu au palais présidentiel à Niamey. L’ONG dénonce un mépris pour l’Etat de droit et des poursuites politiquement motivées qui discréditent toute prétention de la junte à un Niger plus démocratique. En effet, Mohamed Bazoum a vu en juin dernier son immunité levée par la Cour d’Etat à l’issue d’une procédure judiciaire contestée, et le pouvoir de Niamey a annoncé son intention de le poursuivre pour haute trahison. Pour le collectif des avocats qui le défendent, Mohamed Bazoum reste l’otage d’une junte militaire. Africanews

RDC : l’ONU déplore l’entrave à l’accès aux zones contrôlées par le groupe armé M23
Une mission d’enquête de l’ONU, qui se trouvait au Rwanda, s’est vu refuser l’entrée aux zones de la République démocratique du Congo (RDC) contrôlées par le groupe armé M23, a critiqué le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) des Nations unies mercredi 23 juillet. « Le refus d’accès aux zones sous contrôle du groupe armé M23 [Mouvement du 23 mars] entrave sérieusement le travail de la mission d’établissement des faits de l’ONU dans les [provinces kivus] », a dénoncé le HCDH sur le réseau social X. Le haut-commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk, « exhorte toutes les parties à coopérer » avec cette mission lancée en février par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU pour enquêter sur les exactions commises dans l’est de la RDC. L’équipe se trouvait « en mission officielle au Rwanda et avait l’intention de se rendre à Goma, en RDC », en vue de la publication de son rapport final en septembre, a expliqué une porte-parole du Haut-Commissariat à Genève, Liz Throssell, à l’Agence France-Presse (AFP). « Au poste frontière de Gisenyi-Goma, l’équipe s’est vu refuser l’entrée par les autorités de l’immigration nommées par le M23-AFC [Alliance fleuve Congo], alors que l’équipe avait informé le M23 à l’avance de sa visite et de l’objet de la mission », a-t-elle déclaré…Après la publication de son rapport final en septembre, la mission doit être remplacée par une commission d’enquête indépendante, le plus haut niveau d’enquête du Conseil des droits de l’homme. Le Monde avec AFP

Au Soudan, le manque de nourriture provoque des heurts entre l’armée et une milice alliée
Le manque de nourriture a provoqué des affrontements entre l’armée soudanaise et une milice alliée mardi 22 juillet à Kadougli, une ville du sud du Soudan assiégée et frappée de pénuries, selon plusieurs sources jointes par l’Agence France-Presse (AFP). « Hier, des personnes armées ont essayé de sortir de la nourriture des entrepôts pour nourrir les affamés », a déclaré à l’AFP Issa Kafi, un fonctionnaire de 33 ans, en soulignant que « le siège dure depuis trop longtemps » dans cette ville du Sud-Kordofan. Selon un autre témoin, anonyme pour des raisons de sécurité, « les forces de Kafi Tayara ont tenté d’ouvrir les entrepôts et les magasins du marché pour donner aux gens de quoi manger, mais des troupes de l’armée se sont opposées à elles ». La milice Kafi Tayara combat aux côtés de l’armée au Kordofan depuis que les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) se sont retournées contre leur ancien allié en avril 2023, ouvrant une guerre qui a fait des dizaines de milliers de morts…La région stratégique du Kordofan, où passent des routes de liaison cruciales, focalise les combats entre les deux camps qui se partagent le pays avec l’appui d’alliés locaux : l’armée contrôle le centre, le nord et l’est du Soudan, les FSR détiennent presque toute la région occidentale du Darfour, à l’ouest. Le Monde avec AFP

Soudan: les paramilitaires FSR mènent une importante attaque contre el-Fasher, en pleine catastrophe humanitaire
L’ONU a appelé une nouvelle fois mardi 22 juillet à une cessation immédiate des hostilités au Soudan et à la protection des civils et du personnel humanitaire. Alors que près de deux tiers de la population a besoin d’une aide d’urgence, les paramilitaires des Forces de soutien rapide ont mené une opération contre la ville d’el Fasher, qu’elles assiègent depuis 15 mois. L’armée régulière, qui contrôle la ville du Darfour, a réussi à repousser l’attaque. La ville d’el Fasher, assiégée depuis 15 mois, constitue la dernière ligne de défense de l’armée soudanaise au Darfour. Les Forces de soutien rapide du général Hemedti ont mené lundi leur 223ème attaque pour tenter de s’emparer de la ville, sans succès. Elles ont subi de lourdes pertes et ont laissé derrière elles leurs morts jonchant les rues du quartier sud-ouest de la ville. Pour cette attaque, les FSR avaient pourtant envoyé leurs combattants en masse, ainsi que des véhicules armés, dont certains de fabrication émiratie. Dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux par les paramilitaires eux-mêmes, apparait un blindé Spartan fabriqué aux Émirats arabes unis par la société Streit Group. Les FSR veulent à tout prix gagner le contrôle d’el Fasher pour étendre leur pouvoir sur toute la région du Darfour et utilisent la faim comme arme de guerre contre les habitants restés dans la ville. RFI

Le passage de Wagner à Africa Corps «consolide l’influence russe au Sahel», selon le Timbuktu Institute
Trois ans et demi après son arrivée au Mali, le groupe Wagner a officiellement été remplacé le 6 juin dernier par l’Africa Corps. « La Russie ne perd pas de terrain », avait alors assuré la structure, directement contrôlée par le ministère russe de la Défense, alors que Wagner était lié à Moscou, mais restait un groupe privé autonome. Un mois après cette annonce, le Timbuktu Institute analyse dans un rapport publié mercredi 23 juillet ce « repositionnement » qui, selon le centre de recherche basé à Dakar, « consolide l’influence russe au Sahel. » Le remplacement de Wagner par l’Africa Corps est à la fois une officialisation et une « institutionnalisation de fait » de la présence militaire russe en Afrique. Dans son rapport, le Timbuktu Institute évoque des « objectifs stratégiques plus larges » pour l’Africa Corps et en liste quatre : « protéger les régimes militaires, sécuriser l’accès aux ressources naturelles (comme la raffinerie d’or près de Bamako), établir des partenariats à long terme dans les infrastructures et l’énergie, et saper l’influence occidentale, notamment celle de la France. » Sur le terrain militaire, les missions semblent inchangées : opérations aux côtés de l’armée malienne, cogestion des postes de commandement, formations, renseignement…En termes d’opérations d’influence, le Timbuktu Institute pointe les « campagnes de désinformation » orchestrées notamment par l’agence russe African Initiative, via les médias locaux et les réseaux sociaux. Des campagnes qui « dénigrent la démocratie » et les puissances occidentales, tout en présentant la Russie comme « une force stabilisatrice. » RFI

Tchad: la famille d’un activiste s’inquiète après son enlèvement par des hommes en uniformes
Au Tchad, c’est une disparition inquiétante de l’activiste Abakar Adam Abakar, critique du pouvoir irritait par ses accusations très virulentes, selon plusieurs sources. Il a été enlevé par des hommes en uniformes samedi 19 juillet, selon ses proches. Depuis, sa famille qui a fait le tour de tous les services de police et lieux de détention connus de la capitale tchadienne, sans le retrouver, veut des nouvelles. À 40 ans, Abakar Adam Abakar, ancien des renseignements converti aujourd’hui dans la défense des droits de l’Homme, dérangeait par ses accusations. Il était qualifié d’acerbe par des proches du pouvoir, notamment sur des questions de sécurité, un sujet ultra-sensible au Tchad. Samedi 19 juillet, des hommes en uniformes militaires auraient débarqué devant sa concession située dans le quartier Dinguesou, dans le 8ème arrondissement de la capitale Ndjamena. « Il a été enlevé par les gens inconnus, vers 18h. On a cherché partout. Nous avons porté plainte lundi. On est toujours sans nouvelles », confie un proche de l’activiste. Jusqu’ici, le ministère de la Justice ne s’est pas officiellement saisi du cas, selon un haut responsable tchadien. Il en appelle aux parents de la personne disparue pour adresser « une dénonciation écrite », ce qui permettra d’ouvrir une enquête. « Il faut que l’on couvre nos arrières sur ce genre de dossiers plutôt délicat », a souligné la source. RFI

A Rome, Giorgia Meloni et Abdelmadjid Tebboune se félicitent de la qualité des relations italo-algériennes
La première ministre italienne, Giorgia Meloni, a reçu, mercredi 23 juillet, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, devant lequel elle a vanté une relation bilatérale d’un niveau « jamais atteint auparavant ». Celle-ci s’est traduite par la signature d’accords, notamment dans le domaine énergétique. « Nos relations bilatérales ont atteint un niveau d’intensité et de solidité jamais atteint auparavant », s’est félicitée Giorgia Meloni devant la presse au côté d’Abdelmadjid Tebboune, en visite officielle à Rome à l’occasion d’un forum économique italo-algérien…Après l’invasion russe en Ukraine, qui a contraint Rome à chercher de nouveaux partenaires pour réduire sa dépendance au gaz russe, l’Algérie est devenue le premier fournisseur de gaz de l’Italie et son premier partenaire économique sur le continent africain. Les deux pays ont aussi signé mercredi des accords de coopération dans les domaines de la défense, de la lutte contre le terrorisme et de l’immigration illégale. Giorgia Meloni s’était déjà rendue en visite en Algérie en janvier 2023. Ce rapprochement italo-algérien s’opère dans un contexte de tensions entre Paris et Alger, dont les relations diplomatiques traversent depuis l’été 2024 une crise sans précédent, marquée par des expulsions de diplomates de part et d’autre et un gel de toutes les coopérations. Le Monde avec AFP

Gabon: les procédures judiciaires contre Ali Bongo se multiplient au-delà des frontières
Les procédures judiciaires visant la présidence d’Ali Bongo ou initiées par ses proches au-delà des frontières du Gabon ne cessent de se multiplier. La famille du président déchu avait déjà déposé plainte à Paris pour séquestration et tortures contre les actuelles autorités gabonaises. Désormais, l’État gabonais devrait déposer plainte d’ici à la fin du mois à Libreville et à Paris contre la famille Bongo pour les mêmes motifs. Deux anciens opposants emprisonnés par le régime Bongo ont également annoncé des recours judiciaires. Landry Amiang Washington, cyberactiviste emprisonné pendant quatre ans de 2016 à 2020 pour « outrage au chef de l’État » et Bertrand Zibi Abeghe, ancien député et opposant à Ali Bongo, ont simultanément déposé des recours devant différentes instances à Londres, Washington, Bruxelles et prochainement Paris contre Ali Bongo. Pour Bertrand Zibi, ce sont désormais toutes les victimes du régime Bongo qui doivent obtenir justice. Ce dernier a été emprisonné pendant six ans en 2016 pour « violences et détention illégale d’armes à feu ». « Nous sortons d’une des pires dictatures. C’est un peuple qui, pendant 50 ans et 14 ans de magistère d’Ali Bongo surtout, a souffert et veut simplement que justice lui soit rendue. Il y a eu des spoliations. Il y a eu des meurtres arbitraires. Je peux vous dire que la liste est si longue que je ne sais pas comment Ali Bongo peut trouver le sommeil », témoigne Bertrand Zibi. RFI

Congo-Brazzaville: les avocats suspendent leur grève pour défendre un confrère arrêté
Les avocats du barreau de Brazzaville ont décidé mercredi 23 juillet de lever leur mouvement de grève qui a duré 12 jours. Cette décision permet entre autres de défendre leur collègue Me Bob Kaben Massouka, qui a été arrêté et déféré le 21 juillet pour « association de malfaiteurs ». Les avocats de la capitale se sont réunis en assemblée générale. La bâtonnière, Me Andrée Brigitte Nzingoula, résume ici les conclusions. « La principale décision prise, c’est déjà la levée de la suspension de nos activités. Nous sommes d’accord parce que ce que nous voulions que notre confrère soit déféré. Avec la pression que nous avions menée, il a finalement été déféré. Si nous devons le défendre, nous devons lever la suspension de nos activités pour le défendre », a-t-elle dit. Me Bob Kaben Massouka a été interpellé la nuit du 9 juillet dans un quartier populaire de Brazzaville. À l’époque, le barreau a dénoncé « un enlèvement et une séquestration » dans les locaux des services de renseignements…La grève est levée, mais la date du procès reste encore à déterminer. RFI

Centrafrique: publication des listes électorales à cinq mois des élections générales
La Centrafrique marque un pas décisif dans le processus électoral en cours. À cinq mois des élections générales de décembre prochain, l’Autorité nationale des élections a enfin publié les listes électorales provisoires. Celles-ci sont affichées dans différents centres de vote à Bangui et dans certaines villes de provinces. Lancées en décembre 2024, les opérations d’enrôlement ont pris du retard à cause de problèmes techniques, financiers et sécuritaires. Si certains électeurs saluent les efforts de l’ANE, d’autres ont relevé des imperfections pouvant remettre en cause la crédibilité des prochaines échéances. Ce 23 juillet en Centrafrique, le centre d’affichage du lycée de technique de Bangui accueille ses électeurs. Ils sont plusieurs dizaines, hommes et femmes en âge de voter. Figé devant le tableau, Jean-Marie vérifie ses informations. « J’ai retrouvé mon nom. Je trouve qu’ils ont fait une belle présentation, un bon boulot. Je vois ma photo qui est bien claire et il y a mon nom et prénom qui sont bien enregistrés ». Sur six millions de Centrafricains, environs 2 millions sont inscrits sur la liste électorale, selon l’Autorité nationale des élections. Dans presque tous les centres de la capitale, quelques électeurs ont signalé des cas d’irrégularités. RFI

En Gambie, des milliers de personnes manifestent contre la corruption
Des milliers de personnes ont manifesté mercredi à Banjul pour dénoncer, selon elles, la corruption et la mauvaise gouvernance dans le pays depuis l’arrivée au pouvoir en 2017 du président gambien Adama Barrow. Parmi les manifestants, certains brandissaient des banderoles ou des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: « Le système de santé est défaillant, les dirigeants se goinfrent! » ou encore « Les Gambiens ne sont pas les esclaves de la corruption ». Les manifestants ont également réclamé plus de justice dans le pays, accusant le pouvoir du président Adama Barrow d’être coupable de plusieurs scandales. Ils reprochent notamment au régime de Barrow la mort en 2022 de dizaines d’enfants à cause de sirops contre la toux frelatés importés d’Inde. Soixante-dix enfants âgés de 5 ans ou moins sont morts en 2022 après avoir pris ces médicaments en vente libre, ce qui avait provoqué un tollé national dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest peuplé d’environ 2,5 millions d’habitants. Des manifestants brandissent des drapeaux à Banjul, capitale de la Gambie, le 23 juillet 2025. Des milliers de personnes ont manifesté le 23 juillet pour dénoncer, selon elles, la corruption et la mauvaise gouvernance dans le pays depuis l’arrivée au pouvoir en 2017 du président gambien Adama Barrow. AFP