En Ouganda, des dizaines de personnes arrêtées lors d’une manifestation contre la corruption
Des dizaines de personnes ont été arrêtées à Kampala, mardi 23 juillet, et placées en détention pour avoir bravé une interdiction de manifester contre la corruption en Ouganda. Une soixantaine de personnes, dont un célèbre présentateur de radio-télévision et trois jeunes leaders de la contestation, ont été déférées en comparution immédiate et inculpées de plusieurs délits, notamment celui de « nuisance », ont dit leurs avocats. Le président Yoweri Museveni, qui dirige le pays d’une main de fer depuis 1986, avait adressé une mise en garde samedi et prévenu les manifestants qu’ils « jouaient avec le feu ». « Certaines personnes ont défié les directives de la police », qui avait demandé de « ne pas participer à la marche vers le Parlement », et ont été « interrogées », a déclaré à l’AFP le porte-parole de la police, Kituuma Rusoke, sans préciser le nombre de personnes arrêtées. Le mouvement, organisé hors de tout cadre politique, a pris forme sur les réseaux sociaux avec le mot-dièse #stopcorruption. Inspirés par le soulèvement de la jeunesse au Kenya, depuis le 18 juin, contre un projet de budget décrié, de jeunes Ougandais avaient appelé à marcher vers le Parlement. Les rassemblements étaient constitués de petits groupes épars de quelques personnes. La police antiémeute, massivement déployée à Kampala, avait érigé des barrages routiers dans le quartier d’affaires de la capitale et bouclé les alentours du Parlement. Le Monde avec AFP
Au Togo, une attaque d’ampleur rappelle la menace djihadiste
Le 20 juillet, au moins une centaine de djihadistes du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, affilié à Al-Qaida) ont attaqué le poste avancé de l’armée togolaise à Kpinkankandi, dans le nord du pays, près de la frontière avec le Burkina Faso…Trois jours après l’assaut contre le poste de Kpinkankandi, où huit soldats avaient déjà été tués en mai 2022, ni le gouvernement ni l’état-major n’avaient officiellement réagi…Dans ce pays dirigé depuis près de vingt ans par le fils de Gnassingbé Eyadema, qui fut lui-même au pouvoir de 1967 à 2005, le silence est la règle à tous les étages. Encore plus qu’ailleurs, l’armée y mérite son surnom de grande muette. L’omerta règne sur la situation sécuritaire dans le nord du pays, sous pression constante de groupes djihadistes venus du Burkina Faso depuis une première attaque, en novembre 2021, dans la région septentrionale des Savanes. Les autorités ne communiquent jamais sur leurs pertes hormis quelques rares déclarations, comme celle du président qui avait reconnu lors d’une interview, en avril 2023, qu’une quarantaine de membres de forces de défense et de sécurité et « à peu près une centaine » de civils avaient été tués. Pour tenter de contenir cette menace croissante le long de ses 120 kilomètres de frontière avec le Burkina Faso, Lomé a rapidement déployé un important dispositif militaire, l’opération « Koundjoaré » forte de quelque 2 000 hommes. Malgré cet effort important, le Togo pâtit de la déliquescence de l’Etat burkinabé, incapable d’enrayer la progression des groupes djihadistes sur son territoire. En conséquence, les incursions djihadistes se poursuivent sur le sol togolais, endeuillant l’armée et parfois les populations. Au grand dam de M. Gnassingbé qui a, assure son entourage, fait de ce péril extérieur sa priorité. Le Monde
« L’espace civique n’existe plus au Burkina »
Au Mali, au Niger et au Burkina Faso, des pays dirigés par des militaires putschistes, les activités des partis politiques sont quasiment suspendues et les leaders de la société qui dénoncent l’usurpation du pouvoir par les militaires sont soit arrêtés et emprisonnés, soit envoyés au front pour combattre. Binta Sidibé Gascon, militante engagée pour la défense des droits humains et le vivre ensemble au Burkina Faso, le constat est sans appel : l’espace civique n’existe plus dans son pays…DW : Votre ONG, madame Sidibé Gascon, s’engage dans la promotion des droits de l’homme au Burkina, Que pensez vous des restrictions imposées actuellement avec l’objectif affiché de rendre les populations patriotes? Binta Sidibé Gascon : Je dirais que, il y a quelque temps, on parlait, on pouvait encore parler de restriction d’espace civique au Sahel. Mais aujourd’hui, honnêtement, on pourrait dire que l’espace civique n’existe plus. Les activités des partis politiques sont suspendues. La presse est poussée à l’autocensure. Toute personne qui dénonce la situation nationale, par exemple au Burkina Faso, est susceptible d’être envoyée au front. Les enlèvements sont multipliés, les disparitions forcées… Il n’y a plus d’espace civique aujourd’hui ! En parlant spécifiquement du Burkina Faso, on est arrivé à une situation inédite. DW
Burkina Faso : la population de Djibo se sent abandonnée
Les habitants de cette ville du nord du pays ont manifesté samedi dernier pour dénoncer l’incapacité de la junte à sécuriser la région. Les autorités militaires gardent le silence sur ce mouvement d’humeur. Les habitants ont exprimé leur colère à la suite des attaques terroristes qui auraient eu lieu dans les 23 villages que compte le département de Djibo. Cette grogne sociale n’a été relayée ni par les radios ni les télévisions burkinabè…Ceux qui ont participé à la manifestation de Djibo ont notamment mis en cause le capitaine Ibrahim Traoré qui avait promis, juste après son putsch, de protéger tous les habitants du Burkina Faso. Selon des témoignages recueillis sur place à Djibo, il est même difficile de parcourir une distance de quelques kilomètres autour de la villesans se faire attaquer. Les habitants déplorent aussi l’absence de réseaux de téléphonie mobile. Djibo ne doit pas disparaître, alertent-ils. Les groupes armés détruisent en effet les pylônes du réseau de téléphonie mobile. Un militaire contacté sur place explique qu’il n’a pas pu joindre ses proches depuis plusieurs jours. DW
Africom : Retrait définitif des soldats américains du Niger prévu en Août
Le général Kenneth Ekman, du commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom), a annoncé mercredi que le retrait des soldats américains du Niger sera achevé en août. Lors d’un point presse à Abidjan, en Côte d’Ivoire, M. Ekman a souligné que le retrait se déroule bien et qu’ils sont en avance, grâce à la coordination efficace avec leurs homologues nigériens. Les soldats de la base de Niamey ont quitté le Niger début juillet, tandis qu’environ 200 éléments de la base de drones d’Agadez, dans le nord du pays, restaient encore à retirer. Le général Ekman a souligné les préoccupations sécuritaires régionales liées à cette décision, notant que la menace extrémiste violente au Sahel se renforce et menace de plus en plus les pays voisins, dont la Côte d’Ivoire. Il a également évoqué la possibilité de renforcer les partenariats avec les forces ivoiriennes dans le nord du pays, près des frontières avec le Burkina Faso et le Mali, où la menace jihadiste est particulièrement préoccupante. Sahel Intelligence
Un an après le putsch, le Niger entre quête de souveraineté et guerre contre les jihadistes
Un an après avoir renversé le président élu Mohamed Bazoum, le régime militaire au pouvoir au Niger a multiplié actes et discours pour rétablir la « souveraineté » de ce pays sahélien mais reste confronté aux attaques récurrentes de jihadistes. Depuis sa prise de pouvoir le 26 juillet 2023, le pouvoir dirigé par le général Abdourahamane Tiani, ex-chef de la garde présidentielle, a complètement revu ses partenariats internationaux…Un an après, les attaques de l’Etat islamique et Al-Qaïda dans la zone de Tillabéri (ouest) sont loin d’avoir cessé : les embuscades et affrontements sanglants entre armée et jihadistes ont fait sur ces seules dernières semaines plusieurs dizaines de morts dans les deux camps. Malgré un important déploiement militaire – et la promesse de quadrupler les effectifs de l’armée d’ici à 2030 – les civils ne sont pas non plus épargnés, mais les bilans officiels restent sporadiques et ceux indépendants, difficiles à obtenir. AFP
Le Nigeria double le salaire minimum
L’Assemblée nationale du Nigeria a adopté mardi 23 juillet un projet de loi visant à plus que doubler le salaire minimum, les autorités mettant en garde contre les protestations liées à l’augmentation du coût de la vie. Le salaire minimum mensuel devrait passer de 30 000 à 70 000 nairas (quelque 40 euros) une fois que le président de la République, Bola Tinubu, aura donné son accord au projet de loi, qui a été rapidement adopté par le Sénat et la Chambre des représentants. Les législateurs ont également ramené de cinq à trois ans la période de révision du salaire. Le coût de la vie a grimpé en flèche lorsque le chef de l’Etat a mis fin à une subvention coûteuse des carburants et a assoupli le contrôle des changes, après son investiture en mai 2023. L’inflation a atteint un niveau record de 34,19 % en juin, l’inflation des denrées alimentaires dépassant 40,87 %, selon le bureau national des statistiques…L’adoption du projet de loi intervient alors que des appels ont été lancés en ligne pour que les Nigérians se joignent en août à des manifestations contre les politiques de M. Tinubu. Le pays le plus peuplé d’Afrique a connu une série de grèves ces derniers mois, les syndicats réclamant une augmentation des salaires. Le Monde avec AFP
En Guinée, seize détenus libérés après plus de quinze ans de prison sans jugement
Seize détenus de la prison de Conakry, en Guinée, ont été libérés, mardi 23 juillet, après avoir passé entre quinze et seize ans de détention sans jugement, a annoncé le ministre de la justice, Yaya Kaïraba Kaba. Ils étaient emprisonnés depuis toutes ces années pour « des délits divers », a dit, sans plus de précisions, le ministre. Venu assister à leur remise en liberté, il n’a pas évoqué d’éventuelles compensations. « Quelque part, il faut le dire, il y avait eu des dysfonctionnements de l’appareil judiciaire. Des dossiers ont disparu, des prévenus sont là, que faire ? C’est ainsi que dans le souci du respect des droits de l’homme, il a été décidé au niveau du cabinet et avec monsieur le procureur général près la cour d’appel de Conakry de nous pencher sur cette situation et d’apporter une solution », a déclaré M. Kaba. Le Monde avec AFP
Disparitions de deux opposants en Guinée : le chef de la junte visé par une plainte en France
Les familles de deux opposants à la junte au pouvoir en Guinée, qui ont disparu après avoir été arrêtés selon leur collectif, ont porté plainte en France pour « disparition forcée » contre le chef de la junte, le colonel Mamadi Doumbouya, selon l’accusé de réception de la plainte consulté mardi 23 juillet par l’Agence France-Presse (AFP). Oumar Sylla, plus connu sous le nom de Foniké Menguè, et Mamadou Billo Bah sont deux responsables du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), un mouvement citoyen qui réclame le retour des civils au pouvoir en Guinée. Ils ont été arrêtés le 9 juillet, selon le FNDC, qui a dénoncé un « kidnapping »…La plainte pénale en France, datée de lundi, a été déposée auprès de la procureure de la République du tribunal de Paris par les avocats français de Hawadjan Doukouré, épouse de M. Sylla, et d’Assiatou Bah, épouse de M. Bah. Cette plainte pointe les « circonstances particulièrement suspectes » de la disparition des deux opposants, « directement en lien avec les agissements de la junte militaire au pouvoir »…MM. Sylla et Bah ont été arrêtés, le 9 juillet, au domicile du premier par des gendarmes et des soldats d’unités d’élite, selon le FNDC. Ils ont été brutalisés et conduits à la direction des investigations judiciaires de la gendarmerie, puis sur l’île de Kassa, au large de la capitale Conakry, où ils sont détenus au secret, affirme le FNDC. Cette arrestation présumée serait la dernière en date d’une longue série en cours depuis que le colonel Mamadi Doumbouya, aujourd’hui investi président et promu général, a pris le pouvoir par la force en Guinée en septembre 2021. Le Monde avec AFP
RDC : Au moins 35 personnes tuées à Ombele par les ADF
Dans la nuit de mardi à mercredi, des membres des Forces démocratiques alliées (ADF) ont lancé une attaque contre le village d’Ombele, situé dans la province du Nord-Kivu à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), provoquant la mort d’au moins 35 personnes. Ce bilan est provisoire et plusieurs personnes sont portées disparues, tandis que des recherches étaient en cours pour retrouver des victimes parmi les maisons incendiées, selon des sources locales et des médias. Sahel Intelligence
L’internet mobile rétabli en Mauritanie 22 jours après sa coupure liée
L’internet sur les données mobiles en Mauritanie a été rétabli mercredi matin après une coupure de 22 jours liée aux manifestations qui avaient suivi l’annonce de la réélection de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani à la présidence du pays, a constaté l’AFP. Le 1er juillet, les manifestations avaient fait officiellement trois morts à Kaédi (sud), quatre selon les familles et les médias locaux. Des actes de pillages et des dizaines d’arrestations avaient aussi été rapportés quelques heures après l’annonce des résultats provisoires donnant à M. Ghazouani une large victoire dès le premier tour de la présidentielle du 29 juin…Les autorités n’avaient pas communiqué dans l’immédiat concernant la coupure de l’internet des données mobiles…Les lendemains du scrutin de 2019, qui avait également vu la victoire de M. Ghazouani dès le premier tour, avaient été marqués par des heurts, l’interpellation d’opposants et de ressortissants de pays voisins accusés d’avoir participé à des manifestations, ainsi que par une coupure d’internet pendant une dizaine de jours. AFP