Revue de presse du 24 juillet 2023

Au Mali, la catastrophe s’accélère sous le régime de la junte
[Infographie] La menace de la violence perpétrée par des groupes islamistes militants au Mali continue de s’intensifier et de prendre de l’ampleur. L’exclusion durable des autres acteurs politiques nationaux par la junte et l’aliénation des partenaires sécuritaires à la fois régionaux et internationaux, rend la perspective de l’effondrement du Mali de plus en plus probable. Le Mali est en passe de subir plus de 1 000 événements violents impliquant des groupes islamistes militants en 2023, ce qui éclipserait les niveaux de violence record de l’année dernière et représenterait une multiplication par presque trois par rapport au moment où la junte a pris le pouvoir en 2020. Environ 6 150 km2 du territoire malien ont été atteints par la violence islamiste militante au cours des six premiers mois de 2023, contre 5 200 km2 au cours des six mois précédents (soit une augmentation de 18 %). Une grande partie du nord du pays est tombée sous la domination de fait de groupes islamistes militants. Centre d’études stratégiques de l’Afrique

Mali : l’armée et le groupe russe Wagner auraient exécuté des dizaines de civils
Les forces armées maliennes et des combattants étrangers, apparemment membres du groupe paramilitaire Wagner, lié à la Russie, ont exécuté sommairement et fait disparaître de force plusieurs dizaines de civils dans le centre du Mali depuis décembre 2022, a déclaré lundi l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW). Ces forces « ont détruit et pillé des biens appartenant à des civils » et « auraient torturé des détenus dans un camp militaire », souligne l’ONG dans un rapport. Entre le 1er mars et le 30 mai, Human Rights Watch a mené des entretiens téléphoniques avec 40 personnes qui ont eu connaissance des incidents survenus dans le centre du Mali. Il s’agissait de 20 témoins d’abus, trois membres de familles de victimes, deux leaders communautaires, cinq activistes de la société civile malienne, huit représentants d’organisations internationales et deux analystes politiques spécialistes du Sahel. L’ONG a également examiné une vidéo montrant des abus commis par des soldats maliens et des membres des forces étrangères qui leur sont associées. Belga

Burkina: un ex-ministre des Affaires étrangères accuse le pouvoir de «violation des droits de l’homme»
Au Burkina Faso, Ablassé Ouédraogo lance un cri d’alarme. L’ex-ministre des Affaires étrangères et président du parti Le Faso Autrement signe une tribune à charge contre la junte du capitaine Ibrahim Traoré et les autorités de transition. Ablassé Ouédraogo dénonce les cas de « citoyens menacés, muselés et enrôlés de force au sein des VDP (Volontaires pour la défense de la patrie) » pour leur liberté d’expression. L’ancien candidat à la présidentielle de 2015 s’inquiète particulièrement de la multiplication des disparitions dans la capitale Ouagadougou, notamment celle d’un ancien député-maire la semaine dernière. … Ablassé Ouédraogo affirme : « Si tout le monde baisse les bras, nous allons sombrer tous ensemble. Ce serait dommage pour un pays comme le Burkina Faso. Il n’y a pas de titre foncier du Burkina Faso qui appartient à un individu. Le Burkina Faso est un bien commun et nous devons le défendre ensemble. » RFI

La Russie remplacera les céréales ukrainiennes à destination de l’Afrique, assure Vladimir Poutine
Après l’abandon par le Kremlin d’un accord céréalier crucial pour l’alimentation mondiale, le président Vladimir Poutine a garanti, lundi 24 juillet, que Moscou remplacerait les céréales ukrainiennes à destination de l’Afrique. … Signé en juillet 2022 à Istanbul et reconduit à deux reprises, l’accord céréalier, qui a permis de rouvrir les exportations agricoles ukrainiennes par la mer malgré l’offensive russe, a expiré la semaine dernière. En un an, il a permis de sortir près de 33 millions de tonnes de céréales des ports ukrainiens, essentiellement du maïs et du blé, contribuant à stabiliser les prix alimentaires mondiaux et à écarter les risques de pénurie. Moscou a refusé de le prolonger, se plaignant de livraisons de céréales insuffisantes aux pays pauvres et d’entraves à ses propres exportations de produits agricoles et d’engrais. Mardi, l’Union africaine (UA) avait « regretté » le retrait russe de l’accord. « J’exhorte les parties prenantes à résoudre les problèmes pour permettre la reprise du passage continu et sécurisé des céréales et engrais d’Ukraine et de Russie vers les régions qui en ont besoin, notamment l’Afrique », avait déclaré le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, sur son compte Twitter. Le Monde avec AFP

Guerre au Soudan : des habitants lancent un appel aux dons pour survivre
Des habitants appellent aux dons de nourriture pour survivre au Soudan, pays ravagé depuis plus de trois mois par une guerre sanglante entre l’armée et les paramilitaires. En raison des combats incessants, en particulier à Khartoum, des millions d’habitants se retrouvent bloqués chez eux, pour certains privés d’eau, notamment dans la banlieue nord de la capitale. Ils n’ont de l’électricité que par intermittence et presque plus de nourriture, rapportent certains d’entre eux. Pour leur venir en aide, un comité de quartier à Khartoum a lancé dimanche 23 juillet un « appel urgent » à la population : « Il faut qu’on se soutienne les uns les autres, donnez de la nourriture et de l’argent à ceux qui sont autour de nous », a écrit le comité d’Al-Danaqla. La semaine dernière, le violoniste Khaled Senhouri, figure de la musique à Khartoum, est « mort de faim » à Omdourman, la ville voisine, ne pouvant plus sortir de chez lui pour s’approvisionner, ont rapporté plusieurs de ses amis sur Facebook. Le Monde avec AFP

Le PAM appelle à un soutien immédiat pour maintenir la stabilité en Afrique de l’Ouest et du Centre
Les effets de la guerre au Soudan se répercutent sur la faim et les mouvements de population en Afrique de l’Ouest et du Centre, épuisant rapidement les maigres ressources, mettant à rude épreuve la réponse humanitaire déjà sous-financée et exacerbant les tensions intercommunautaires, a alerté vendredi la cheffe du Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations Unies. Les retombées seront dévastatrices pour la paix et la stabilité dans une région déjà confrontée à des extrêmes climatiques, à l’insécurité et au déclin économique, a averti Cindy McCain, Directrice exécutive du PAM à l’issue d’une visite au Tchad, au Togo et au Bénin. La cheffe de cette agence onusienne basée à Rome s’est rendue avec la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Amina Mohammed, à la frontière du Tchad avec le Soudan. Dans cette région, quelque 330.000 personnes – dont la grande majorité sont des femmes et des enfants – ont déjà traversé la frontière pour échapper à la violence. Elles ont rendu visite aux équipes du PAM qui travaillent 24 heures sur 24 pour répondre à la situation d’urgence au fur et à mesure qu’elle se développe. ONU Info

RDC: un militaire tue 13 personnes, dont au moins neuf enfants, dans le nord-est
Les événements se sont déroulés dans le village de Tchomia, à une soixantaine de kilomètres de Bunia, chef-lieu de l’Ituri. Les détails sur les raisons précises qui ont poussé ce militaire à faire feu sont encore limités, mais d’après le porte-parole de l’armée dans la province, le lieutenant Jules Ngongo Tshikudi, le soldat n’aurait pas supporté que la famille de son épouse enterre le jeune garçon en son absence. En représailles, il a tiré à bout portant sur les membres de sa belle-famille, tuant donc 13 personnes, dont neuf enfants, selon l’armée et les témoignages d’organisations de la société civile locale. Le militaire fait partie de la force navale congolaise. Cette dernière est une unité affectée dans la localité de Gobu, non loin du village de Tchomia où le soldat s’est rendu suite au décès de l’un de ses enfants. RFI

Présidentielle au Gabon : 18 candidats face au sortant Ali Bongo
Le Centre gabonais des élections (CGE) a publié, lundi 24 juillet, une liste de 19 candidats à l’élection présidentielle du 26 août au Gabon. Pour l’heure, le président sortant, Ali Bongo Ondimba, fait figure de favori face à une opposition sans personnalité commune, mais qui dénonce en chœur de récentes modifications du code électoral. Le CGE a validé, dans la nuit de dimanche à lundi, 19 candidatures sur 27 enregistrées, cinq de plus qu’en 2016, mais quatre de moins qu’en 2009, dont celles d’importantes figures de l’opposition : notamment Alexandre Barro Chambrier, surnommé ABC, du Rassemblement pour la Patrie et la Modernité (RPM), et Paulette Missambo, de l’Union nationale (UN). S’il était élu le 26 août pour un troisième mandat, Ali Bongo pourrait atteindre les 19 ans à la tête de ce petit État pétrolier d’Afrique centrale. Le chef de l’État, 64 ans, a été élu pour la première fois en 2009 à la mort de son père Omar Bongo Ondimba, qui dirigeait le pays depuis plus de 41 ans, puis réélu de justesse en 2016. France24 avec AFP

Au Sénégal, le dispositif sécuritaire autour du domicile d’Ousmane Sonko a été levé
A Dakar, le dispositif sécuritaire dressé par les autorités sénégalaises autour du domicile de l’opposant Ousmane Sonko a été levé, a constaté une journaliste de l’AFP, lundi 24 juillet. Une information confirmée par Ousseynou Ly, porte-parole du parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), qui a précisé que l’opposant n’avait pas été arrêté. M. Sonko était bloqué chez lui par les forces de sécurité depuis le 28 mai. L’opposant a été condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme dans une affaire de mœurs, un jugement qui le rend inéligible en l’état, selon ses avocats et des juristes. Sa condamnation a engendré début juin les troubles les plus graves depuis des années au Sénégal, faisant seize morts selon les autorités, une trentaine selon l’opposition. Le leader du Pastef avait ensuite prédit dans un entretien un « chaos indescriptible » s’il était empêché d’être candidat à la prochaine élection présidentielle, prévue en février 2024. Le Monde avec AFP

En Afrique, un serpent peut en cacher 369 autres
Tout a commencé par un banal dîner dans la cour d’une maison à Brazzaville, au début des années 1980. Un serpent qui se faufile près de la table, des convives qui hurlent et, pour le médecin qui vient à peine de prendre ses fonctions dans la capitale congolaise, la révélation de la place occupée par cet animal, source à la fois de fascination et de frayeur. Une frayeur irraisonnée qui tient avant tout à une large méconnaissance. Lorsque Jean-François Trape se tourne vers les bibliothèques locales, il ne trouve que quelques publications scientifiques datées, mais aucun ouvrage de synthèse susceptible d’étancher sa curiosité. Lui-même ne s’est jusqu’alors jamais intéressé aux serpents. Tout juste a-t-il approché quelques couleuvres dans les Cévennes et lu un livre qui l’a beaucoup marqué sur la façon d’attraper les gigantesques serpents de Bornéo. Le champ d’investigation qui s’ouvre à lui est si vaste qu’il lui apparaît impossible de ne pas s’en emparer. … Sur les 370 espèces, moins d’une cinquantaine peuvent infliger des morsures mortelles, que le livre signale par une ou plusieurs têtes de mort. Car l’ambition de ce guide – dont la version en ligne sera gratuite d’ici deux ans – est aussi d’offrir un outil de prévention à ceux qui voudraient s’attaquer à ce problème de santé loin d’être anecdotique. L’incidence annuelle des morsures non suivies de décès, mais parfois à l’origine de séquelles graves, est estimée à 1 pour 200 à 400 habitants en zone rurale. Le Monde