Revue de Presse du 24 août 2021

Zambie: l’opposant historique, Hakainde Hichilema, investi président
Plébiscité lors de la présidentielle du 12 août en Zambie, Hakainde Hichilema, l’éternel opposant finalement devenu président, prend mardi les rênes de ce pays enclavé d’Afrique australe rongé par une dette colossale, avec la promesse de redresser l’économie et de restaurer la démocratie. Des milliers de ses partisans ont passé la nuit dans le stade des Héros, à Lusaka, pour être certains d’assister à l’investiture de « HH » en fin de matinée. Plusieurs chefs d’Etat africains, mais aussi des figures d’opposition de la région, étaient attendus. Candidat une sixième fois à 59 ans, Hichilema – surnommé « Bally », terme affectueux désignant un aîné – a été élu avec près d’un million de voix d’avance et une forte participation (71%) contre le président sortant Edgar Lungu. Avec lui, la Zambie réussit une transition politique en douceur, fait assez rare en Afrique où seuls 17 pays ont élu à leur tête un opposant depuis 2015. … Lui-même arrêté à plusieurs reprises, HH a toutefois assuré à son rival déchu qu’il pouvait être tranquille: « Vous ne ferez pas l’objet de représailles, ne recevrez pas de gaz lacrymogène ». Dénonçant « le régime brutal » de son prédécesseur, il a promis une « démocratie meilleure » aux millions de Zambiens qui ont fait la queue, parfois jusqu’à l’aube, pour voter. AFP

Tunisie : le président Kaïs Saïed prolonge « jusqu’à nouvel ordre » le gel du Parlement
Alors que le gel du Parlement tunisien, décrété par le président Kaïs Saïed, le 25 juillet dernier, était initialement censé durer 30 jours, il est désormais prolongé « jusqu’à nouvel ordre », a annoncé, lundi, la présidence tunisienne. La levée de l’immunité des députés est elle aussi prolongée. … Les activités des députés sont suspendues depuis le coup de force du 25 juillet, qui a permis à Kaïs Saied de s’octroyer tous les pouvoirs. Kaïs Saïed « a émis un décret présidentiel prolongeant les mesures d’exception concernant le gel des activités du Parlement ainsi que la levée de l’immunité de tous les députés et ce, jusqu’à nouvel ordre », a indiqué la présidence dans un bref communiqué. Le gel du Parlement était initialement prévu pour durer 30 jours. Le 25 juillet, Kaïs Saïed a invoqué la Constitution pour s’octroyer les pleins pouvoirs, limoger le chef de gouvernement, Hichem Mechichi, et suspendre le Parlement. Depuis son coup de force, le président Saïed n’a toujours pas nommé de nouveau gouvernement ni dévoilé sa « feuille de route », réclamée par plusieurs partis politiques et organisations de la société civile. France24 avec AFP et Reuters

L’ancien président tchadien Hissène Habré est mort du Covid-19
Alors qu’il purgeait une peine de prison à perpétuité à Dakar pour crimes contre l’humanité, l’ancien dictateur tchadien Hissène Habré est mort du Covid-19 à l’âge de 79 ans. Un décès qui survient cinq mois après la mort d’un autre président tchadien : Idriss Déby, son ancien allié, devenu son rival. “Après avoir été contaminé au Covid-19, l’ancien président tchadien Hissène Habré (1982-1990) est finalement décédé dans un hôpital de Dakar ce 24 août 2021”, rapporte le site d’information tchadien Alwihda. Hissène Habré s’est emparé du pouvoir par les armes en 1982. En 1990, il est renversé par la rébellion dirigée par son ex-chef d’état-major, Idriss Déby Itno – mort quatre mois plus tôt au combat. Ses huit années au pouvoir sont entachées de nombreuses violences dont le bilan s’élève à 40 000 victimes. L’homme s’exile longuement à Dakar avant d’être finalement arrêté le 30 juin 2013, puis inculpé par un tribunal spécial créé par l’Union africaine et placé en détention provisoire jusqu’à l’ouverture de son procès, le 20 juillet 2015. En 2016, il est reconnu coupable de crimes contre l’humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement, puis condamné à la prison à perpétuité. Courrier International

Au Mozambique, le méga-procès du scandale de la «dette cachée» s’est ouvert
Un procès historique puisqu’il y a cinq ans, cette affaire de corruption avait plongé le pays dans la plus grave crise financière depuis son indépendance et mis en cause une partie de la classe politique mozambicaine. Sur le banc des accusés : dix-neuf personnes, poursuivies pour chantage, faux, détournement de fonds ou encore blanchiment, pour des montants de plusieurs millions d’euros. Tout commence en 2013 et 2014, lorsque trois entreprises publiques mozambicaines contractent près de deux milliards d’euros de prêts, officiellement pour des projets de chantiers navals et de surveillances maritime. En réalité, ils auraient couvert une vaste entreprise de corruption au profit de proches du pouvoir. En 2016, le scandale éclate, le gouvernement avoue avoir emprunté cet argent sans prévenir ni le Parlement, ni les bailleurs de fonds, qui stoppent immédiatement leur aide au Mozambique. Le pays ne peut rembourser ses dettes et sa monnaie, le metical, s’effondre. RFI

Amnesty enquête sur les armes utilisées au Sahel
D’où viennent les armes utilisées par les groupes armés au Sahel ? Une étude publiée ce mardi 24 août par l’ONG Amnesty International révèle que la branche sahélienne du groupe État islamique ainsi que le JNIM lié à al-Qaïda utilisent des armes de fabrication européenne et notamment serbe. Amnesty pointe aussi leur utilisation par des milices pro-gouvernementales et évoque des circuits illégaux d’armements de ces groupes. Amnesty International a analysé plus de 400 photos et vidéos diffusées par la branche sahélienne du groupe État islamique et par le JNIM (Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans) lié à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), mais aussi par des milices locales d’auto-défense – Dan na Ambassagou au Mali ou les VDP (Volontaires pour la défense de la patrie) au Burkina – entre janvier 2018 et mai 2021. La plupart des armes que l’on peut y voir sont de vieilles Kalachnikovs datant de l’ère soviétique mais Amnesty a également identifié douze cas dans lesquels les combattants avaient des armes plus récentes fabriquées par une entreprise serbe, Zastava. RFI

Mali : comment Bah N’Daw et Moctar Ouane veulent contrer Assimi Goïta
Les anciens président et Premier ministre maliens se sont lancés, via leur avocat Mamadou Ismaëla Konaté, dans une bataille juridique contre le patron de la transition. « Jeune Afrique » en révèle les détails. Entre l’ancien président Bah N’Daw, son Premier ministre Moctar Ouane et l’actuel patron de la transition malienne, Assimi Goïta, le bras de fer semble sans fin. Le 27 juillet, le greffe de la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a ainsi enregistré une requête déposée par Mamadou Ismaëla Konaté, ministre de la Justice sous Ibrahim Boubacar Keïta et avocat des deux personnalités politiques assignées à résidence depuis plus de trois mois. Selon nos informations, Bah N’Daw et Moctar Ouane ont saisi la Cour de justice ouest-africaine grâce à une demande introductive d’instance, laquelle leur permet de lister une série de faits devant aboutir selon eux à l’ouverture d’une procédure judiciaire. Les anciens président et Premier ministre ont déposé une requête en accéléré – permise par l’article 59 du règlement de la Cour – pour violation de leurs « droits fondamentaux », pourtant garantis par les instruments juridiques régionaux des droits de l’homme. Cette procédure doit permettre à la juridiction de la Cedeao d’examiner les cas de Bah N’Daw et de Moctar Ouane dans les plus brefs délais. Selon Me Konaté, elle vise à faire le constat des mesures d’arrestation, de « séquestration » et « d’enlèvement » de ses clients, ainsi qu’à leur « obtenir réparation sur le plan financier ». Jeune Afrique

Covid-19 : la vaccination en Ouganda ralentie par le manque de doses
Alors que l’Ouganda craint l’arrivée d’une nouvelle vague de contamination à la Covid-19, le processus de vaccination dans le pays est ralenti par la disponibilité des doses de vaccin contre le coronavirus. Le pays n’a reçu que 2 millions de doses du vaccin Astrazeneca et 300 000 doses du vaccin chinois Sinovac. Un nombre qui ne permet pas à l’Ouganda d’atteindre son objectif d’inoculer 22 millions de personnes. Dans les files d’attente devant les centres de vaccination, certaines personnes présentes pour une deuxième dose sont parfois renvoyées chez elles au profit des patients éligibles. Alors qu’il annonçait les derniers chiffres, le ministre ougandais de la santé a déclaré que la disponibilité continuerait de décider du rythme du déploiement national. AfricaNews

En Tanzanie, le déni persiste face à l’épidémie de coronavirus
Se faire vacciner contre le coronavirus ? La plupart des Tanzaniens ne veulent toujours pas en entendre parler. Leur pays a été l’un des derniers au monde – avec Madagascar, Haïti et le Burundi – à s’engager sur la voie de la vaccination. Seules l’Erythrée et la Corée du Nord, deux des Etats les plus fermés au monde s’y opposent encore. Résultat : un mois après le démarrage de la campagne ouverte en priorité aux personnes de plus de 50 ans et aux professionnels de santé, seuls 220 000 Tanzaniens sur 59,7 millions (0,4 % de la population) sont vaccinés, selon les données agrégées de la Banque mondiale. … « Il y a presque toujours eu un déni de la pandémie en Tanzanie », explique Aikande Kwayu, chercheuse tanzanienne en gouvernance politique à l’Université du Wisconsin-Madison, aux Etats-Unis. Pendant plus d’un an, d’avril 2020 à juin 2021, aucune donnée n’a été publiée sur l’épidémie. Depuis, les autorités tanzaniennes ont reconnu que le pays faisait face à une troisième vague de contaminations. Avec 858 cas et 29 décès officiels comptabilisés au 22 juillet, la hausse semble toutefois bien faible. Le Monde

Elections en Ethiopie: nouveau report du scrutin dans plusieurs régions
Les autorités éthiopiennes ont reporté du 6 au 30 septembre le scrutin des élections nationales prévu dans un cinquième des circonscriptions du pays, qui n’avait pu se tenir en juin en raison de violences ethniques et de problèmes logistiques. Le Parti de la Prospérité du Premier ministre Abiy Ahmed est d’ores et déjà assuré d’une majorité au Parlement, après avoir remporté 410 des 436 sièges en jeu dans les circonscriptions où le vote s’est déroulé le 21 juin. Ces élections, initialement prévues en août 2020 avaient été reportées à deux reprises en raison du coronavirus, puis de difficultés logistiques. Elles n’avaient toutefois pas pu se tenir le 21 juin dans un cinquième des circonscriptions, en raison des violences et insurrections armées dans certaines ou pour des problèmes logistiques dans d’autres, avaient expliqué les autorités. Dans la majorité d’entre elles, le vote avait été reporté au 6 septembre. Selon les habitants, une ambulance a été endommagée et démontée par des soldats érythréens dans une clinique médicale à Abi Adi, dans la région du Tigré, au nord de l’Éthiopie, mardi 11 mai 2021. … Le vote aura donc lieu le 30 septembre dans les régions de Somali, Harari et du Sud pour les élections nationales, ainsi que pour un referendum sur la création d’une onzième région dans le Sud-Ouest du pays. Aucune date n’est fixée pour les 38 circonscriptions de la région du Tigré, où une opération de « maintien de l’ordre » lancée par Abiy Ahmed en novembre pour destituer les autorités régionales dissidentes a dégénéré en un conflit dévastateur. AFP

Éthiopie: sanctions américaines contre un général érythréen accusé d’exactions au Tigré
Les États-Unis ont annoncé ce lundi 23 août des sanctions contre un haut responsable militaire érythréen, le général Filipos Woldeyohannes. Il est accusé par Washington d’exactions attribuées aux forces érythréennes dans le conflit au Tigré. Ces dernières sont intervenues dès le début du conflit dans cette province éthiopienne pour soutenir Addis-Abeba contre les rebelles du TPLF. Pour Washington, le général Filipos Woldeyohannes, « chef d’état-major des forces armées érythréennes, est responsable de graves exactions commises par ses troupes dans le conflit au Tigré », indique dans un communiqué le Trésor américain qui affirme que l’armée érythréenne y est accusée de massacres, de pillages et d’agressions sexuelles. Des soldats ont violé, torturé et exécuté des civils. Tous les biens appartenant à ce général aux États-Unis « sont désormais bloqués » et les citoyens américains ont interdiction de faire des affaires avec lui. Washington exhorte l’Érythrée à se retirer d’Éthiopie et appelle les parties au conflit à mettre fin aux violations des droits humains et négocier un cessez-le-feu. RFI

L’Ethiopie veut développer ses propres réseaux sociaux
L’Éthiopie entend développer ses propres plateformes de médias sociaux pour rivaliser avec les sites américains tels que Facebook et Twitter, a déclaré l’agence de renseignement et de cybersécurité du pays. L’Éthiopie souhaite être « autosuffisante » dans le domaine de ses communications, a affirmé le directeur général de l’Agence de sécurité des réseaux d’information (Insa), Shumete Gizaw, au média émirati en ligne Al-Ain en version amharique. « Le défi auquel nous sommes confrontés actuellement est que les plateformes de médias sociaux sont devenues des outils de stratégies politiques », a estimé M. Shumete dans un entretien à Al-Ain publié mardi. L’Ethiopie est emgagée depuis près d’un an dans un conflit avec les autorités régionales du Tigré, dans le nord du pays, qui a fait des milliers de morts et plongé des centaines de milliers de personnes dans des conditions proches de la famine. … En juin, Facebook a supprimé des dizaines de comptes éthiopiens, qu’il a qualifiés de faux liés à l’Insa, avant les élections générales qui ont vu le parti du Premier ministre Abiy Ahmed remporter une victoire écrasante. L’Insa a été créé en 2008 par Abiy Ahmed, qui avait débuté sa carrière militaire comme opérateur radio. AFP

RDC : l’ONU déplore une détérioration de la situation à Béni
Le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) a déploré, dans un bulletin d’information diffusé lundi 23 août, une « détérioration continue » de la situation à Beni, dans le Nord-Kivu, province de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) en proie à des attaques de groupes armés. Le Nord-Kivu et la province voisine d’Ituri sont depuis début mai en état de siège, mesure exceptionnelle décrétée par les autorités pour tenter de mettre fin à une violence qui dure depuis plus de vingt-cinq ans. « Nous devons soutenir l’état de siège pour ramener la paix et la sécurité », a déclaré le premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde, en déplacement lundi à Beni après avoir passé le week-end en Ituri. « Soutenons les policiers, les forces armées », a-t-il lancé, en appelant les jeunes à se détourner des groupes armés qui cherchent à les enrôler. Le Monde avec AFP

Au Cameroun, la cartographie participative, « puissant outil » de reconnaissance des droits des Pygmées
Dans la cour d’une maison en terre battue construite en plein cœur de Nomédjoh, un village Baka situé dans la région Est du Cameroun, une dizaine d’hommes, de femmes et d’enfants forment un cercle. Au centre, ils ont disposé à même le sol cinq cartes représentant leur territoire. Les yeux rivés sur ces documents abîmés par le temps et la moisissure, ils se courbent à tour de rôle et pointent du doigt « la rivière », « la forêt encore vierge », « le pont »… A y regarder de plus près, on ne voit pourtant que des points, des lignes, des légendes ou encore des chiffres colorés. « Ces cartes représentent les 1 950 hectares de notre forêt. C’est notre plus grande richesse », explique avec fierté Dieudonné Tombombo, le président de la forêt communautaire. « Nous gérons nous-mêmes notre forêt qui est pour l’homme Baka un supermarché, un hôpital et une banque, renchérit près de lui, René Ndameyong, 40 ans. Avant, on n’avait droit à rien. Les Bantous nous disaient que tout leur appartenait, alors que les peuples autochtones sont les premiers habitants de la forêt. » Le Monde