Revue de Presse du 23 mars 2022

Russie en Afrique
Des acteurs extérieurs actifs en Afrique, la Russie est sans doute celui qui a le plus accru son influence ces dernières années. Ses engagements passent de liens plus profonds avec l’Afrique du Nord, de liens eux aussi élargis avec la République centrafricaine et les pays du Sahel, à une relance de liens datant de la Guerre Froide avec les pays d’Afrique australe. L’approche russe est distincte de celle d’autres acteurs puisque Moscou s’appuie souvent sur des moyens irréguliers—d’ailleurs souvent extralégaux—pour étendre son influence, notamment en déployant, parmi d’autres cordes à son arc, mercenaires, désinformation, ingérence électorale, soutien aux coups d’État et des accords d’échange d’armes contre des ressources. Cette stratégie à bas coût, mais très influente cherche à promouvoir un monde diffèrent que les systèmes démocratiques et basés sur les règles auxquels la plupart des africains aspirent. Les résultats des interventions russes en Afrique auront donc de profondes implications sur les normes de gouvernance et la sécurité du continent. Voici une séries de nos analyses sur l’engagement de la Russie en Afrique. Centre d’études stratégiques de l’Afrique

Guerre en Ukraine. Le maréchal Haftar pourrait envoyer des combattants pour soutenir l’armée russe
Selon le ministère ukrainien de la Défense, le maréchal Haftar se serait engagé, lors de sa récente visite à Moscou, à fournir des combattants dont l’acheminement vers la zone de conflit serait assuré par le groupe Wagner et l’aviation militaire russe. Yevgeny Prigozhin, patron du groupe Wagner et proche de Vladimir Poutine, déploie ses combattants un peu partout sur le continent africain. Selon le site d’information Africa Times, une partie d’entre eux pourraient également rejoindre la “légion internationale” qui regrouperait au moins 16 000 volontaires étrangers prêts à combattre aux côtés des troupes russes, rapporte le journal Algérien Echorouk. Quelques jours après l’annonce par le Kremlin que des combattants syriens allaient rejoindre les troupes russes déployées en Ukraine, des informations ont commencé à circuler selon lesquelles le maréchal Haftar, l’un des principaux acteurs de la guerre civile en Libye, pourrait à son tour envoyer des mercenaires pour soutenir le président Poutine. “Haftar ne peut rien refuser à Vladimir Poutine à qui il doit de rester en place, tout comme Bachar El-Assad en Syrie”, indique Fayçal Cherif, un écrivain et analyste politique libyen interrogé par la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira. Courrier International

Guerre Ukraine – Russie : la terreur des étudiants africains à Kherson occupée par les Russes
Une centaine d’étudiants africains demandent de l’aide pour quitter la ville portuaire ukrainienne de Kherson, plus de deux semaines après sa prise par les forces russes. Ils se sont abrités pendant des jours dans des bunkers souterrains sur le campus par des températures glaciales, sans chauffage ni fournitures de médicaments. Ils se disent traumatisés et désespérés de quitter la ville du sud. Un étudiant a déclaré à la BBC qu’il pouvait encore entendre le bruit continu « terrifiant » des coups de feu, des explosions et des avions militaires. Cela pourrait être le bruit d’affrontements alors que les forces russes poussent vers le nord-ouest en direction de Mykolaïv. Des soldats russes ont également tiré sur des personnes qui protestaient contre leur occupation. BBC

Guinée : des Assises pour la réconciliation très critiquées
Les Assises nationales annoncées le 31 décembre dernier par le président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, se sont ouvertes ce mardi 22 mars, à Conakry, la capitale guinéenne. Dans son discours d’ouverture, le colonel Mamadi Doumbouya a précisé que ces Assises s’étaleront sur six semaines, soit jusqu’au 29 avril prochain. Le premier ministre est chargé de la mise en place d’un Comité national des Assises, « pour coordonner l’ensemble des activités durant cette période ». Mais à peine commencé, ce processus destiné, en principe, à réconcilier les populations guinéennes, est déjà critiqué par une partie de la société civile et de la classe politique. Les membres de la société civile y voient une diversion du président de la transition. … Depuis sa prise de pouvoir en septembre dernier, le CNRD, le Comité nationale du rassemblement pour le développement, présidé par le colonel Mamadi Doumbouya, multiplie en effet les initiatives « populaires ». Après les consultations nationales organisées en septembre dernier et la tournée de concertation du CNT, le Conseil national de transition, place aujourd’hui aux Assises nationales. Cependant, cet activisme peine encore à convaincre une partie de l’opinion guinéenne, qui y voit même une stratégie destinée à prolonger la transition. TV5 Monde

Mali: les autorités empêchent une autopsie indépendante du corps de Soumeylou Boubeye Maïga
En quelques mois, l’ancien Premier ministre avait perdu plus de vingt kilos et contracté une grave maladie. Transféré d’urgence dans une clinique bamakoise, les autorités n’avaient jamais autorisé son évacuation sanitaire, en dépit des recommandations successives. Un acharnement qui a suscité de nombreuses réactions, au Mali et dans toute l’Afrique. Cet acharnement s’est poursuivi autour de la dépouille de l’ancien chef du gouvernement. « Une persécution post-mortem », tels sont les mots d’un membre de la famille qui explique à RFI n’avoir pu accéder au corps de Soumeylou Boubeye Maïga que ce mardi, dans l’après-midi, soit plus de 24 heures après son décès. Et à quelle condition, puisque les autorités maliennes ont exigé que la famille de l’ancien Premier ministre s’engage à ne pas faire d’autopsie sur la dépouille. RFI

Nigeria : trente-quatre personnes, dont deux soldats, tuées par des hommes armés
Au moins trente-quatre personnes, dont deux soldats, ont été tuées dimanche 20 mars par des hommes armés au cours de plusieurs attaques menées au Nigeria, ont déclaré mardi les autorités locales. « Deux militaires figurent parmi les trente-quatre personnes tuées » dans les attaques menées par des « assaillants non identifiés » dans quatre villages situés dans la zone de Kaura, a déclaré le commissaire à la sécurité intérieure de l’Etat de Kaduna, Samuel Aruwan. Une personne est portée disparue et sept autres ont été blessées dans ces attaques survenues dans les localités de Tsonje, Agban, Katanga et Kadargo, a précisé M. Aruwan sur Facebook. Plus de 200 maisons et une trentaine de commerces ont été incendiés pendant les violences, selon les autorités. « Le gouvernement travaille sans relâche avec les forces de sécurité pour rétablir l’ordre dans la région », a assuré M. Aruwan. Le gouverneur de l’Etat de Kaduna, Nasir Ahmad El-Rufai, cité par M. Aruwan, a appelé les citoyens à « coopérer avec les agences de sécurité », en respectant notamment le couvre-feu instauré dans la zone. Ces violences sont les dernières en date imputées à des gangs lourdement armés, appelés localement « bandits », qui sévissent dans le nord-ouest et le centre du pays le plus peuplé d’Afrique, où ils pillent, kidnappent et tuent les résidents. Dimanche, le même jour, seize villageois ont également été tués dans une attaque dans l’Etat voisin de Zamfara. Le Monde avec AFP

Sénégal: l’armée fait un premier bilan de son opération en Casamance
Un soldat a été tué et huit autres ont été légèrement blessés depuis le début de l’opération militaire en cours en Casamance, au sud du pays. C’est le premier bilan publié par l’état-major à Dakar. Cette opération lancée il y a dix jours, le 13 mars 2022, vise, selon l’armée, à démanteler les bases MFDC de la faction de Salif Sadio, proches de la frontière avec la Gambie. … Pas d’indication pour l’heure sur le sort du chef rebelle Salif Sadio. L’état-major assure que « les bandes criminelles en déroute seront traquées jusque dans leurs derniers retranchements, à l’intérieur du territoire et partout ailleurs. » Sur le plan humanitaire, l’agence gambienne de gestion des crises fait état de plus de 6 000 personnes déplacées internes ou réfugiées ayant fui les violences dans le sud de la Gambie. RFI

Sur les traces des ADF en RDC : la désolation sur « l’axe de la mort » Beni-Komanda
Carcasses de véhicules calcinés, maisons incendiées, villages fantômes : c’est le spectacle qu’offre l’axe routier Beni-Komanda, théâtre d’attaques et embuscades meurtrières des rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF) dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Une colonne d’une centaine de véhicules de transport de troupes, précédée de tous-terrains surmontés de mitrailleuses, quitte Beni, dans le Nord-Kivu, pour la cité de Komanda, en Ituri, soulevant la poussière jaune de cet axe routier dangereux et angoissant de 105 km. RDC, un ennemi insaisissable pour les populations et pour l’armée. Sur cette route, stratégique pour les échanges commerciaux entre les deux provinces, des rebelles du groupe ADF, présenté par l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) comme sa branche en Afrique centrale (ISCAP), commettent depuis 2014 des exactions d’une extrême violence sur des civils, principalement à l’arme blanche. Le Monde avec AFP

RDC : Médecins sans frontières suspend ses activités
Médecins sans frontières a également décidé la fermeture de ses installations dans les villages de Nizi et Bambu, dans la province de l’Ituri, dans l’Est du pays. Il y a plus de quatre mois, en octobre 2021, un convoi humanitaire de Médecins sans frontières a été attaqué dans le territoire de Djugu par des hommes armés qui ont grièvement blessé deux de ses membres. Une situation sécuritaire qui pousse à la suspension de ses activités car les risques sont trop élevés, comme l’explique sur la DW Olivier Maizoué, responsable du programme MSF pour la République démocratique du Congo : « Le sens de cette suspension c’est à la fois un geste de solidarité entre collègues humanitaires mais c’est aussi un moyen d’alerter tant au niveau national qu’au niveau provincial et même au niveau local, tous les acteurs armés ou non armés pour bien faire comprendre que cette violence contre la mission médicale des hôpitaux, des centres de santé n’est pas une chose qui doit arriver. » DW

Somalie : fusillade en cours près de l’aéroport de Mogadiscio
Une fusillade est en cours dans la zone sécurisée de l’aéroport de la capitale somalienne Mogadiscio, ont indiqué des témoins à l’AFP, alors que les islamistes radicaux shebab ont affirmé mener une attaque sur le camp de Halane qui abrite notamment des ambassades. « Il y a des coups de feu dans les environs de l’aéroport et nous apprenons qu’il s’agit d’une attaque en cours impliquant des hommes armés (…) Les forces de sécurité sont en train de les engager maintenant », a déclaré à l’AFP Mohamed Ali, un membre de la sécurité de l’aéroport. AfricaNews avec AFP

Burkina Faso : au procès de l’assassinat de Thomas Sankara, des avocats de la défense invoquent la prescription
Le procès des assassins présumés de l’ancien président du Burkina Faso Thomas Sankara a repris mardi 22 mars après plusieurs semaines d’interruption, des avocats de la défense plaidant la relaxe de leurs clients. Le procès était suspendu depuis le 3 mars, à la demande des avocats de la défense qui s’interrogeaient sur la constitutionnalité du chef d’accusation d’« attentat à la sûreté de l’Etat ». Vendredi, le Conseil constitutionnel avait rejeté cette demande et le procès a repris mardi avec les plaidoiries de la défense. Elles ont débuté par celle de Me Issiaka Ouattara, avocat du médecin militaire Alidou Diebré, poursuivi pour « faux en écriture publique » pour avoir établi le certificat de décès de Thomas Sankara avec la mention « mort naturelle ». Evoquant une prescription des faits reprochés à son client, l’avocat a plaidé la relaxe car, a-t-il précisé, « M. Diebré n’avait aucune intention coupable ». Ensuite, Me Kopiho Moumouny, avocat de Kafando Hamadou, également poursuivi pour « faux en écriture publique », pour avoir produit un autre certificat de décès avec la mention « mort accidentelle », a également évoqué la prescription des faits et plaidé la relaxe. Le Monde avec AFP

Tunisie: échec de la consultation nationale en ligne voulue par le président Saïed
La consultation en ligne lancée en janvier et souhaitée par le président Kaïs Saïed a pris fin dimanche 20 mars. Pendant deux mois, les Tunisiens étaient invités à donner leur avis sur l’avenir de leur pays. Alors que les résultats de l’enquête ne sont pas encore connus, certains observateurs évoquent déjà un échec, car ils sont moins de 10% du corps électoral à avoir répondu à l’appel. Le gouvernement espérait trois millions de participants à la grande consultation en ligne sur l’avenir de la Tunisie. Ils ne sont qu’un peu plus de 520 000 à avoir répondu à l’appel. Régime politique, situation économique ou encore projets éducatifs, les Tunisiens, invités à donner leur vision de l’avenir du pays, ont boudé l’initiative. En plus d’être faible, l’échantillon qui s’est plié à l’exercice n’est que peu représentatif de la population, selon Selim Kharrat, analyste politique chez l’ONG al-Bawsala : « Le taux de participation des femmes ne dépasse pas les 30%, mais surtout j’ai envie de dire les jeunes, dont le taux de participation ne dépasse pas les 7,7%. Sachant que Kaïs Saïed a fait de la jeunesse dans son discours, la catégorie de la population privilégiée qui serait incitée à participer à cette consultation. » RFI

Forum mondial de l’eau : à Dakar, l’heure des « réponses » ?
Le président sénégalais Macky Sall a donné lundi le coup d’envoi du 9e Forum mondial de l’eau à la Dakar Arena, à Diamniadio, près de Dakar, en vue de « sonner l’alerte » sur la « raréfaction des ressources hydriques » dans le monde, en particulier en Afrique. Macky Sall, également président en exercice de l’Uniopn africaine, a souligné dans son discours d’ouverture que le forum se réunissait au Sénégal « alors que la raréfaction des ressources hydriques et la dégradation de l’environnement continuent de s’aggraver ». Pour le chef de l’État sénégalais, qui cite un rapport l’ONU, « la situation n’est pas rassurante », notamment car « deux personnes sur cinq dans le monde vivent dans des régions où l’eau est rare ». « Tout laisse croire que, si rien n’est fait, la situation ira de mal en pis », a-t-il dit en assurant que le 9e Forum mondial de l’eau était « l’occasion de sonner l’alerte sur la gravité de la situation ». Selon les Nations unies, seul un Africain sur quatre a accès à l’eau potable. Le Point