Revue de presse du 23 juin 2023

Élections générales en Sierra Leone: la campagne s’achève sous tension
C’est dans un climat tendu que la campagne a pris fin, ce jeudi 22 juin, à Freetown. Les militants du parti d’opposition APC ont manifesté hier devant leur siège. Ils dénonçaient l’opacité du processus électoral, et réclamaient la démission du président de la Commission électorale, Mohamed Konneh, jugé trop proche du pouvoir. La manifestation a été violemment réprimée, selon le porte-parole d’APC, Sidi Yayah Tunis, qui met en cause « des membres de la garde présidentielle ». « Des personnes ont été tuées, a-t-il déclaré à RFI, et le bureau de l’APC a reçu des grenades lacrymogènes et des tirs à balles réelles ». Le parti d’opposition a annoncé deux morts, la police dit n’en avoir recensé aucun. Du côté du parti présidentiel SLPP, Mohamed Rahman Swaray reconnaît « des épisodes de violence sporadiques » pendant la campagne mais promet que toutes les conditions sont réunies pour des élections crédibles et apaisées. Plusieurs instances internationales ont envoyé des représentants à Freetown pour observer le processus électoral, notamment la Cédéao, l’Union africaine et le Commonwealth. La Commission électorale a annoncé tenir demain « une marche pour la paix » pendant la journée de silence électoral, afin d’encourager les militants de tous les partis à aller voter samedi dans le calme. RFI

Référendum au Mali : les groupes armés du nord dénoncent une fraude
Le référendum pour la réforme de la Constitution qui s’est tenu au Mali dimanche a mobilisé 38% des électeurs maliens et les résultats n’ont toujours pas été annoncés. Ce 22 juin, les groupes armés du nord parlent déjà de fraude. Des groupes armés signataires d’un important accord de paix au Mali dénoncent des fraudes et des irrégularités dans la tenue du référendum sur la Constitution. Le Cadre stratégique permanent (CSP), réunissant ces groupes, met également en garde contre le « coup fatal » que le retrait de la mission de l’ONU (Minusma), réclamé le 16 juin par le gouvernement provisoire, porterait à l’accord de paix conclu en 2015. … Dans un communiqué consulté ce 22 juin sur les réseaux sociaux, le CSP écrit que, dans « la quasi-totalité des régions » du nord, « aucun vote ne s’est déroulé », à l’exception des principales villes des régions de Gao, Tombouctou et Ménaka « où les urnes ont été bourrées sans retenue ». TV5Monde

Mali : l’imam Dicko privé de son passeport diplomatique
Les autorités maliennes ont retiré son passeport diplomatique jeudi à l’imam Mahmoud Dicko, éminente personnalité religieuse et politique, et critique de la junte au pouvoir, a-t-on appris auprès de son entourage. Les autorités n’ont fourni publiquement aucune explication à ce retrait. Il survient quatre jours après un référendum sur une nouvelle Constitution, auquel l’imam s’est opposé frontalement, et six après une violente diatribe de sa part contre la junte. L’imam Dicko s’est fait retirer son passeport diplomatique à l’aéroport de Bamako à son retour d’une conférence en Mauritanie voisine, a rapporté un membre proche de son entourage qui s’exprimait sous le couvert de l’anonymat compte tenu de la sensibilité de cet acte à l’encontre d’une personnalité de premier plan. … Il s’est livré vendredi, lors d’une réunion publique pour le non, à une virulente sortie contre la junte qui a « confisqué la révolution du peuple » de 2020 selon lui. Africanews avec AFP

Tunisie: libéré, le journaliste Zied el-Heni veut poursuivre son combat contre «le retour de la dictature»
En Tunisie, moins de 48 heures après avoir été arrêté, le journaliste Zied el-Heni a été libéré jeudi. Un petit séjour en prison pour avoir tourné en dérision en direct à la radio un article de loi condamnant l’offense au chef de l’État. Libre de ses mouvements, il entend continuer son combat pour la liberté, dit-il à RFI, qui l’a rencontré alors qu’il vient tout juste d’être libéré. Devant le tribunal de justice de Tunis, Zied el-Heni se prête au jeu des interviews tout en sirotant un café ponctué d’accolades et de sourires. Il n’en revient toujours pas d’avoir été arrêté pour des propos tenus dans le cadre de son métier : « C’est une honte qu’un journaliste soit poursuivi pour la simple raison qu’il a discuté d’un article de loi et pour avoir dit que l’on est en train d’abuser de cet article. » RFI

Sommet de Paris : un accord signé pour restructurer la dette zambienne
Après de longues années de négociations avec ses créanciers, la Zambie vient de signer un accord pour restructurer 6.3 milliards de dollars de dettes envers d’autres gouvernements dont la Chine son principal bailleur officiel. Le président zambien Hakainde Hichilema a déclaré que cela marquait une étape importante pour le pays, sur la voie du redressement. L’accord prévoit le rééchelonnement de la dette zambienne sur plus de 20 ans, avec une période de grâce de trois ans pendant laquelle seuls les paiements d’intérêts sont dus. L’accord de restructuration conclu avec les créanciers officiels ouvre la voie à la réception par la Zambie d’une nouvelle tranche de 188 millions de dollars de la part du Fonds monétaire international, dans le cadre d’une enveloppe de 1,3 milliard de dollars approuvée en août 2022. Sur les 6,3 milliards de dollars de dettes dues aux organismes gouvernementaux, 4,1 milliards étaient dus spécifiquement à l’Export-Import Bank of China, ce qui, selon les analystes, souligne l’importance du soutien de la Chine à l’accord d’allègement de la dette. Africanews

Sénégal: plainte en France et demande d’enquête à la CPI contre Macky Sall pour «crimes contre l’humanité»
C’est un dossier « de 170 pages » qui a été transmis à la Cour Pénale Internationale, selon Juan Branco, l’avocat français de l’opposant Ousmane Sonko. Il affirme avoir reçu plus de 4 500 éléments de preuves sur des « crimes » commis au Sénégal depuis mars 2021. Il cite plusieurs dizaines de noms, au sein de la famille du chef de l’État, du gouvernement, ou encore de l’appareil sécuritaire. « Nous avons mené ces derniers mois une longue enquête avec la participation de centaines de Sénégalais qui nous a permis d’établir l’existence de 60 crimes, considérés comme des crimes contre l’humanité. Ces crimes ont été commis dans le cadre d’une attaque générale et systématique contre une population civile », a expliqué l’avocat devant la presse. RFI

Menace djihadiste : le Togo renforce son armée
Avec 126 kilomètres de frontière avec le Burkina Faso, le Togo n’est plus épargné par les attaques terroristes. En mai dernier, lors du 63e anniversaire de l’indépendance du pays, le président Faure Gnassingbé accusait l’Etat islamique et le Groupe pour le soutien à l’islam et aux musulmans, d’avoir déclaré la guerre au Togo. « Depuis novembre 2021, le nord du Togo, notamment la région des savanes, fait face à une multiplication d’attaques de la part de groupes extrémistes violents. Ces groupes ciblent les forces de défense et de sécurité mais ils attaquent aussi des villages et font des victimes au sein de la population civile », estime Jeannine Ella Abatan, chercheuse principale au bureau régional de l’Institut d’études de sécurité pour l’Afrique de l’Ouest. Pour la chercheuse, les terroristes, « ont aussi recours aux enlèvements de civils suspectés de collaboration avec les forces de sécurité et à la pose d’engins explosifs sur des axes routiers. On a aussi documenté des vols de bétail dans le nord du pays à la suite d’attaques. » Pour faire face à cette guerre contre les mouvements djihadistes, le Togo s’organise. Depuis 2019, le pays a mis en place un cadre institutionnel de lutte contre l’extrémisme violent. Au plan militaire, une opération de sécurisation dénommée Koundjoaré a été lancée en septembre 2018 dans le nord du pays. Des équipements militaires, notamment des véhicules blindés de transport des troupes et des véhicules tactiques légers, ont été acquis auprès des Etats-Unis, du Royaume-Uni et de la Russie. Des drones d’attaques ont aussi été achetés à la Turquie. DW

Dans le nord-est du Nigeria, les derniers camps de déplacés, submergés, sont menacés de fermeture
Depuis la fermeture par les autorités d’une dizaine de camps de déplacés dans le nord-est du Nigeria, les autres camps se retrouvent submergés. Aisha Usman a de plus en plus de mal à nourrir sa famille. Déjà huit ans qu’elle, son mari et leurs neuf enfants survivent difficilement dans le camp informel d’El-Miskin, qui compte environ 7 200 déplacés, à Maiduguri, capitale régionale de l’Etat de Borno. « Ils nous ont entassés à un seul endroit. Nous sommes assis sous des arbres à ne rien faire. C’est comme si nous étions en prison », dit-elle. Pourtant, pour Aisha, pas question de retourner à Gradaï, son village, situé à 200 km. En 2014, les djihadistes de Boko Haram attaquent sa maison. Ses voisins sont tués devant ses yeux. L’un de ses enfants est enlevé. Elle ne l’a plus jamais revu. « J’ai peur qu’ils reviennent nous tuer si je retourne chez moi, lâche-t-elle. Il y a la faim là-bas. Ils sont toujours dans la brousse, nos vies seront toujours en danger. » Dans le nord-est du Nigeria, un conflit sanglant sévit depuis quatorze ans entre l’armée et des groupes djihadistes, dont Boko Haram. Il a fait plus de 40 000 morts et déplacé plus de 2 millions de personnes, créant l’une des plus graves crises humanitaires du XXIe siècle. Alors, comme Aisha, ils sont plus d’une centaine de milliers ces dernières années à avoir trouvé refuge à Maiduguri sur un site protégé par des tranchées et gardé par l’armée. Le Monde avec AFP

Gabon: une partie de l’opposition critique les autorités sur le calendrier électoral
Au Gabon, l’opposition dénonce le flou entretenu par le pouvoir dans la publication du calendrier des élections générales prévues avant la fin de cette année 2023. Le pays doit en effet organiser une élection présidentielle, des législatives et des locales. Selon la constitution, la présidentielle doit par exemple être organisée au plus tard le 26 août prochain. Le 21 juin, c’est la Plateforme Alternance 2023, qui regroupe quatre candidats déclarés au prochain scrutin, qui a exprimé ses inquiétudes et mécontentements lors d’une conférence de presse. Face aux médias, ses leaders ont exprimé leur mécontentement suite à la non-publication du calendrier électoral. Paulette Missambo, membre influente de la Plateforme et candidate déclarée à l’élection présidentielle, lance : « À deux mois pratiquement des élections, personne ne sait si elles sont générales, si elles sont couplées… On n’en sait rien. On dit que c’est le Centre des élections (CGE), mais je suis sûre que le CGE consulte le gouvernement. Donc, nous attendons du gouvernement qu’il organise les élections parce que c’est son travail à lui, c’est son devoir. » RFI

À Madagascar, un deuxième dialogue organisé par la Céni «pour un processus électoral transparent»
À Madagascar, le Commission électorale nationale indépendante (Céni) réunit plus d’une centaine de personnes issues de partis politiques, d’organisations de la société civile, de communautés religieuses, en vue des élections, notamment de la présidentielle prévue à la fin 2023. La Ceni a organisé ce 22 juin 2023, avec le soutien du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), un second dialogue « pour un processus électoral transparent et inclusif ». Les différents représentants de la communauté internationale étaient aussi présents. Alors que le premier tour de la présidentielle doit se tenir le 9 novembre l’atmosphère politique est plutôt tendue et le montant du financement qui sera octroyé à la Céni pour l’organisation des scrutins toujours pas défini. RFI

Tchad: polémique après des révélations sur un audit du fichier électoral montrant plusieurs failles
Au Tchad, opposition et même certains partis de la mouvance présidentielle sont vent debout contre la Commission nationale d’organisation du référendum constitutionnel (Conorec), après les révélations de RFI sur le contenu d’un audit du fichier électoral qui vient d’être réalisé tout récemment. Celui-ci demande à cette Commission de réfectionner les locaux, mais aussi de faire réparer ou de remplacer une grande partie du matériel électoral, qui viennent de passer deux ans pratiquement à l’abri, sans maintenance. Ces partis dénoncent l’opacité qui entourent tout ce que fait la Conorec et disent aujourd’hui avoir perdu toute « confiance » dans son travail. RFI

Semaine des Nations Unies contre le terrorisme : les femmes au service de la lutte contre l’extrémisme violent
Zeinabou Maata, musulmane de Mauritanie, fait partie des 50 femmes qui servent en première ligne pour prévenir la propagation de l’extrémisme violent dans son pays, avec le soutien de l’ONU. « Notre religion est une religion vraie, honnête, qui traite les femmes avec justice et équité », dit-elle en se penchant en avant pour insister. Elle sait de quoi elle parle. Elle est la fille de Baba Ould Maata, un érudit mauritanien très respecté. Inspirée par son père, Mme Maata s’est lancée dans l’étude du Coran et d’autres textes traditionnels dès son plus jeune âge, obtenant un diplôme de la plus grande institution islamique de Mauritanie et étudiant le droit islamique au niveau du troisième cycle. Élevée dans un foyer musulman, Mme Maata estime qu’il est de sa responsabilité et de son devoir de rendre à sa communauté ce qu’elle lui a donné. Connues sous le nom de Mourchidates, les femmes ayant reçu une formation religieuse comme Mme Maata sensibilisent leurs communautés aux risques de l’extrémisme violent. Créé en 2021 avec le soutien de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), du ministère mauritanien des Affaires islamiques et de l’Association des femmes chefs de famille, le réseau des Mourchidates s’emploie à lutter contre l’extrémisme violent dans divers contextes, y compris les prisons, en Mauritanie. ONU Info