Revue de presse du 22 octobre 2024

Repenser le rôle de l’Afrique dans les relations sino-africaines : les leçons du FOCAC 2024
Alors que l’attention se porte sur la mise en œuvre des résolutions du neuvième forum sur la coopération sino-africaine (Forum on China-Africa Cooperation ou FOCAC), des questions se posent quant à savoir si les pays africains ont la possibilité de façonner cette relation à l’avenir. De nombreux observateurs africains s’inquiètent du fait que le FOCAC reste profondément asymétrique, la Chine exerçant un contrôle plus important et dictant donc l’ordre du jour. Les pays africains sont perçus comme étant en retrait ou comme se ralliant le plus souvent aux positions chinoises, même si celles-ci risquent de porter atteinte aux intérêts fondamentaux de l’Afrique…Pour garantir la mise en œuvre des engagements du FOCAC et promouvoir les intérêts africains, des efforts accrus et soutenus seront nécessaires pour corriger les déséquilibres dans les relations entre l’Afrique et la Chine jusqu’au prochain sommet. Centre d’Études Stratégiques de l’Afrique

Élections au Mozambique: les observateurs de l’UE notent des «irrégularités» lors du scrutin
Au Mozambique, la mission d’observation de l’Union européenne reconnaît ce mardi 22 octobre des « irrégularités » dans le processus électoral du scrutin du 9 octobre. Cette déclaration intervient au lendemain de la répression d’une manifestation destinée à dénoncer les fraudes électorales, et quelques jours après l’assassinat de deux opposants. La tension politique monte au Mozambique, alors que les résultats définitifs des élections générales sont toujours attendus. Ce mardi, les observateurs de l’UE indiquent avoir relevé des « altérations » des résultats du scrutin…Ces déclarations donnent du grain à moudre au candidat et opposant, Venancio Mondlane. Dans une vidéo postée sur sa page Facebook mardi matin, il appelle à deux nouvelles journées de mobilisation les 24 et 25 octobre, « pour paralyser le pays » et dénoncer des « résultats profondément faux ». RFI

Au Sénégal, l’opposant Bougane Guèye écroué pour « rébellion et outrage »
Un opposant sénégalais candidat aux législatives du 17 novembre a été écroué pour « rébellion et outrage », lundi 21 octobre, après avoir tenté de forcer un barrage de gendarmes pour se rendre sur les lieux de graves inondations dans l’est du pays, a dit son avocat. Bougane Guèye sera jugé le 30 octobre en flagrant délit, a ajouté Me El Hadj Diouf, joint au téléphone. Il devrait manquer le début de la campagne électorale, qui s’ouvre le 27 octobre. Chef d’un petit parti membre d’une coalition d’opposition, homme d’affaires et propriétaire d’un groupe de presse, Bougane Guèye s’est signalé comme un détracteur fougueux des nouvelles autorités, au pouvoir depuis avril. Il était aussi un détracteur virulent de l’ancien pouvoir. Il a été interpellé samedi alors qu’il tentait de se rendre à Bakel pour y distribuer des vivres et de l’aide aux victimes de l’importante crue du fleuve Sénégal. Le Monde avec AFP

Paul Biya, de retour au Cameroun après plusieurs semaines d’absence
Le président camerounais, Paul Biya, est arrivé, lundi 21 octobre, à l’aéroport international de Yaoundé après plusieurs semaines d’absence et de rumeurs alarmantes sur sa santé, selon des images diffusées par la télévision d’Etat, CRTV. « Aujourd’hui, le président est en chemin, cela va mettre fin aux spéculations », avait déclaré la présentatrice de la CRTV en lançant l’émission spéciale…Le 8 octobre, après une série de rumeurs alarmantes sur l’état de santé du président, le gouvernement camerounais avait assuré que Paul Biya se portait bien et rejoindrait le Cameroun « dans les prochains jours ». Le ministre de l’administration territoriale avait ensuite formellement interdit aux médias d’évoquer l’état de santé du président, en menaçant les contrevenants de poursuites. Le Monde avec AFP

Au Burkina Faso, Médecins sans frontières suspend ses activités dans la ville de Djibo
L’ONG Médecins sans frontières (MSF) a déclaré lundi 21 octobre suspendre ses activités à Djibo, importante ville du nord du Burkina Faso encerclée par des groupes djihadistes, pour des raisons sécuritaires, après des incidents ayant notamment visé les centres de santé et les locaux de l’organisation…Depuis plus de deux ans, les groupes djihadistes qui minent le pays encerclent Djibo, ville proche de la zone dite « des trois frontières » entre Niger, Burkina Faso et Mali, et y font des incursions. En juillet, le bureau de l’organisation avait été visé par des tirs qui avaient « détruit les points d’approvisionnement en eau », fournis par l’organisation, selon ce responsable. Le Monde avec AFP

Mali: des enfants tués dans des frappes de drone à Inadjatafane, dans la région de Tombouctou
Un bébé ensanglanté, tétanisé. Un enfant allongé en train d’être soigné, tant bien que mal. Des habitants d’Indjatafane, dans la région de Tombouctou au Mali, ont filmé les images terribles des victimes : cinq civils tués, parmi eux quatre enfants dont un nourrisson, et une vingtaine de personnes blessées. Un bilan provisoire, l’état de santé de certains blessés étant préoccupant, fourni par l’association de défense des droits humains Kal Akal, et qui correspond aux informations reçues par RFI de nombreuses sources locales, souvent membres ou proches de la rébellion du CSP. Selon ces sources, les frappes de drone attribuées à l’armée malienne ont eu lieu aux environ de 12 heures locales, pendant la foire hebdomadaire d’Indjatafane. Outre les victimes humaines, le marché de cette localité de la région de Tombouctou a été fortement endommagé. RFI

Dans le nord du Mali, les drones ukrainiens éclaircissent l’horizon des rebelles
Selon des sources concordantes, la coopération opérationnelle entre le renseignement militaire ukrainien et les rebelles maliens a démarré début 2024. Plusieurs membres du CSP se sont rendus en Ukraine – via Nouakchott, glisse une source proche de la rébellion, où une partie de son état- major politique et militaire s’est un temps réfugiée après avoir été chassée de Kidal –, afin d’être formés à la fabrication et au maniement de petits drones équipés de charges explosives, un domaine dans laquelle l’armée ukrainienne est devenue experte…De l’aveu d’un de ses cadres, le CSP utilise ses drones pour « viser prioritairement » le dispositif de Wagner au Mali…Pour plusieurs spécialistes, ces drones légers, dont la portée et la puissance de feu sont bien moindres que ceux de l’armée malienne, ne vont pas révolutionner les capacités militaires de la rébellion. Mais ils constituent une nouvelle arme précieuse à sa disposition, comme l’a montré la bataille de Tin Zaouatine…Dans les rangs de l’armée malienne, cette nouvelle menace aérienne est désormais pleinement prise en compte. « Ils ont acquis beaucoup de drones avec les Ukrainiens. C’est un changement important », concède un officier malien. Le Monde

Soudan: un général des FSR fait défection et rejoint l’armée
Au Soudan, c’est un coup dur pour les Forces de soutien rapide (FSR), dirigées par Mohamad Hamdane Daglo dit « Hemedti » en guerre contre l’armée soudanaise depuis plus de 18 mois. Le général Abou Akla Kikel, ancien officier de l’armée à la tête des forces appelées « bouclier d’Al-Jazira » et qui avait rejoint les FSR au début de la guerre, a fait défection. Il s’est rallié à l’armée soudanaise. Les FSR ont minimisé l’importance de cet événement qui pourrait pourtant changer le cours des combats dans l’État d’Al-Jazira situé au centre du Soudan…Selon des sources militaires les discussions avec Abou Akla Kikel pour réintégrer l’armée avaient commencé l’été dernier, avant son officialisation, le dimanche 20 octobre. Au début de la guerre, le chef des FSR lui avait confié la direction de ses forces dans l’État d’Al-Jazira. Tout comme les FSR, les forces du « bouclier d’Al-jazira » dirigé par Abou Akla Kikel ont été créées par les renseignements soudanais du temps de l’ancien régime afin de soutenir l’armée. RFI

Emmanuel Macron en visite d’Etat au Maroc du 28 au 30 octobre
Le président français, Emmanuel Macron, va effectuer du 28 au 30 octobre une visite d’Etat au Maroc pour relancer la relation bilatérale après trois années de crise aiguë, a annoncé le cabinet royal dans un communiqué…Le 30 juillet, la France avait ouvert la voie à un réchauffement bilatéral en apportant son soutien à un plan d’autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental…La France et le Maroc étaient notamment brouillés à cause d’une forte réduction, à l’automne 2021, des visas accordés par la France aux ressortissants maghrébins, des restrictions levées en décembre 2022. La politique de rapprochement engagée par le président français à l’égard d’Alger, où il s’était rendu à l’été 2022 pour sceller une période de réconciliation, avait également irrité Rabat. Le Monde avec AFP

RDC: nouvelle offensive entre les forces rebelles et les milices «Wazalendo» dans le Nord-Kivu
Les troupes de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), la coalition rebelle à laquelle appartient le M23, ont lancé une nouvelle offensive dans le Nord-Kivu, région déjà en proie à une instabilité chronique. Après de violents affrontements contre les miliciens pro-gouvernementaux, les « Wazalendo », deux localités stratégiques sont tombées sous le contrôle de l’AFC ce week-end, avant une contre-offensive des pro-gouvernementaux…Ces positions stratégiques, situées dans une région riche en carrières d’or et de cassitérite de l’est de la RDC, rapprochent les affrontements encore davantage de Pinga, la plus grande agglomération de la zone, située à une trentaine de kilomètres de ces localités. Des crépitements de balles étaient encore entendus ce mardi matin. RFI

RDC: nouvelle offensive entre les forces rebelles et les milices «Wazalendo» dans le Nord-Kivu
Samedi et dimanche 20 octobre, les forces rebelles ont occupé Kalembe et Ihula, deux localités distantes de moins de dix kilomètres l’une de l’autre, dans le territoire de Walikale. Ces actions arrivent en plein cessez-le-feu, signé entre Kinshasa et Kigali. Mais l’Alliance Fleuve Congo (AFC), par la voix de ses cadres, affirme ne pas se sentir liée par cet accord. Les troupes rebelles disent ne respecter que leur propre cessez-le-feu unilatéral, qu’elles avaient elles-mêmes proclamé…Ces mouvements militaires interviennent alors même que le président angolais Joao Lourenço redouble d’efforts pour relancer le processus de paix. Il s’était entretenu le week-end dernier par téléphone avec les présidents rwandais et congolais dans le but d’accélérer la recherche de la paix. RFI

Tchad: Succès Masra critiqué par une partie de l’opposition après l’annonce du boycott des législatives
Au Tchad, le dimanche 20 octobre, le parti Les Transformateurs de l’opposant Succès Masra a annoncé qu’il ne participera pas aux élections législatives et locales que le président Idriss Deby Itno vient de maintenir au 29 décembre malgré la demande insistante de son ex-premier ministre. Une décision très critiquée de toutes parts. C’est le cas du Groupe de concertation des partis politiques (GCAP) qui regroupe une quinzaine de farouches opposants au pouvoir tchadien, une plate-forme qui se dit « surprise » par la décision de l’ex-premier ministre Succès Masra et de son parti Les Transformateurs, de ne pas participer aux prochaines échéances électorales…Mais quel pourrait être l’impact du retrait des Transformateurs, considéré comme l’un des principaux partis tchadiens ? Pratiquement aucun, explique cependant le sociologue Gondeu Ladiba : « Ça ne va pas jouer sur la popularité, légitimité, des institutions en place. En réalité, qu’ils participent ou qu’ils ne participent pas, ça ne changera rien. Parce que, en réalité, ici, les gens ne prennent pas de gants par rapport à la question de légitimité, ça se voit clairement et advienne que pourra. » RFI