Revue de presse du 22 novembre 2024

Propaganda Machine: l’offensive de la Russie contre l’information au Sahel
Depuis les coups d’État qui ont renversé les gouvernements élus du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la situation des médias s’est fortement dégradée. « Être journaliste au Niger c’est chanter les louanges de la junte, se taire ou s’exiler pour ne pas connaître les geôles », témoigne un journaliste sous couvert d’anonymat. Une fois les voix critiques muselées, le paysage médiatique de ces pays du Sahel s’est subitement métamorphosé : les contenus pro-russes et « anti-impérialistes » trônent dorénavant en une des journaux, inondent les ondes des radios et saturent les réseaux sociaux…Alors que les journalistes sont réduits au silence, de nombreux « proxys » (relais locaux) ont vu le jour. Leur mission : peser sur l’opinion publique pour faire avancer les intérêts russes dans le pays. « Ils ont commencé à passer des contrats avec des artistes, des activistes, leaders d’association, […] qui, du jour au lendemain, ont changé de discours », détaille un journaliste souhaitant rester anonyme. « Coopter des figures locales pour pouvoir s’en servir comme des relais » est une tactique qui a fait ses preuves, estime Maxime Audinet, chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM) au micro de notre partenaire RFI. Forbidden Stories

Ephrem Yalike: «La Centrafrique est un pays sous emprise des Russes, toutes leurs actions échappent au gouvernement»
À Bangui, on le croit dans les prisons des mercenaires russes depuis neuf mois, ou mort. Le journaliste Ephrem Yalike a été pendant près de trois ans un rouage de la communication du groupe Wagner en Centrafrique, jusqu’à ce qu’il soit soupçonné de traitrise après la révélation d’une bavure commise par les mercenaires. Mais il a pu fuir le pays avec l’aide la plateforme des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF). Dans une enquête du consortium Forbidden stories à laquelle RFI est associée avec neuf autres médias, il raconte comment fonctionne le système de désinformation à Bangui, entre placement d’articles contenant des fausses informations et manifestations montées de toutes pièces…RFI: Pourquoi avez vous décidé de quitter le pays, de raconter votre histoire et de lever le voile sur les opérations de communication qu’ils mènent dans votre pays? Ephrem Yalike : J’ai décidé de raconter ce que j’ai vécu et ce que moi aussi j’ai eu à faire, parce que je me suis rendu compte que les Russes en Centrafrique opèrent dans un mode où il n’y a pas le respect des droits humains. C’est pourquoi je me suis dit je ne peux pas rester silencieux, je dois dénoncer ce qui se passe dans mon pays pour que ça puisse aider et que les Centrafricains puissent comprendre réellement la présence russe en Centrafrique. RFI

Entretien VOA avec Samira Sabou, lauréate du Prix International de la Liberté de la Presse du CPJ
[VIDÉO] La journaliste d’investigation nigérienne Samira Sabou est lauréate du Prix International de la Liberté de la Presse du Comité pour la Protection des Journalistes, qui a récompensé quatre femmes en 2024. Elle a été emprisonnée plusieurs fois sous le coup de la loi de 2019 sur la cybercriminalité. VOA

Au Burkina Faso, la junte gèle les avoirs d’une centaine de militaires et d’opposants
La junte du capitaine Ibrahim Traoré, au pouvoir depuis fin 2022 au Burkina Faso, poursuit sa répression des opposants et des militaires suspectés de vouloir la renverser. Selon un arrêté signé mardi 19 novembre par le ministre de l’économie et des finances, Aboubakar Nacanabo, décision a été prise de geler, avec effet immédiat et pour une période de six mois renouvelables, « les biens et les ressources économiques » d’une centaine de personnes physiques et morales dont les noms sont listés un à un. Parmi ces individus, des djihadistes présumés ou certains de leurs soutiens financiers ou logistiques. Mais aussi une quinzaine d’officiers et de civils bien connus de leurs compatriotes, tous accusés de « participation à des actes de terrorisme et/ou de financement de terrorisme ». Premier d’entre eux, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, renversé le 30 septembre 2022 par le capitaine Traoré. Exilé au Togo voisin depuis sa chute, il est régulièrement accusé de velléités déstabilisatrices par la junte. Début octobre, son successeur avait évoqué son implication dans un « projet de déstabilisation en lien avec des terroristes » et publiquement réclamé son extradition de Lomé. Le Monde

Le parti au pouvoir au Sénégal remporte plus des trois quarts des sièges de députés
Le parti au pouvoir au Sénégal a remporté plus des trois quarts des sièges de députés aux législatives de dimanche, indiquent les résultats nationaux provisoires publiés jeudi qui confirment son raz-de-marée électoral. Le Pastef, au pouvoir depuis la présidentielle de mars, a gagné 130 des 165 mandats en jeu et obtient ainsi l’écrasante majorité qu’il réclamait pour pouvoir appliquer son agenda de rupture et de justice sociale, selon un décompte de l’AFP et d’un responsable du parti à partir de chiffres communiqués par la commission nationale de recensement des votes. Ces chiffres seront définitifs une fois proclamés par le Conseil constitutionnel, qui pourra le faire sous cinq jours s’il n’y a pas de contestation, selon deux officiels électoraux. Les chiffres de la commission nationale compilent au niveau national les résultats rendus publics au niveau des départements mardi, et qui reflétaient déjà le triomphe du Pastef. AFP

Tchad : pour Succès Masra, « l’attitude de la France constitue un frein dans notre processus démocratique »
Dans un entretien accordé à l’Agence France-Presse (AFP) jeudi 21 novembre, l’opposant Succès Masra, qui entend boycotter les élections législatives et communales du 29 décembre au Tchad, dénonce une « mascarade » et accuse Paris de « freiner » le processus démocratique par son soutien au président Mahamat Idriss Déby…Il estime avoir largement gagné face à M. Déby, proclamé chef de l’Etat après la mort de son père en 2021 et élu président le 6 mai au terme d’un scrutin jugé « ni libre ni crédible » par des ONG internationales. Pour ces premières législatives dans le pays depuis 2015, « on se retrouve avec un camp face à lui-même », dit-il, puisque le Mouvement patriotique du salut (MPS) du président Déby affronte ses alliés de la coalition pour un Tchad uni, qui avaient soutenu son élection. M. Masra dénonce aussi le nouveau découpage électoral décidé mi-août, qui consiste à « réduire le poids électoral des provinces les plus peuplées pour favoriser les moins peuplées ». Le Monde avec AFP

Tchad: Abakar Tourabi, secrétaire général du Parti socialiste sans frontières, a été libéré
Au Tchad, la vague de libération de personnalités détenues par les services secrets se poursuit. Après deux banquiers et trois citoyens russes la semaine dernière, c’est au tour du secrétaire général aux finances du Parti socialiste sans frontières (PSF) de recouvrer la liberté après 9 mois de détention, selon un communiqué publié ce jeudi 21 novembre par le parti. Abakar Tourabi a regagné mercredi 20 novembre dans la soirée son domicile, raccompagné par des agents du renseignement, car il a « perdu l’usage de ses membres inférieurs », selon son parti. Son arrestation le 27 février 2024 avait déclenché une série d’évènements qui ont abouti à la mort de Yaya Dillo, président du parti, probable candidat à la présidentielle et cousin du chef de l’État. Le 27 février, il est blessé par balles lors de son interpellation et est alors accusé d’avoir saccagé les bureaux de la Cour suprême et d’avoir agressé son président. Ses proches, le croyant décédé, tentent de récupérer son corps au siège de l’Agence nationale de sécurité de l’État (ANSE). Une fusillade éclate, faisant des morts et des blessés. Le lendemain, les communications sont coupées dans la capitale et l’armée lance à l’arme lourde un assaut contre le siège du parti. Une riposte, selon le gouvernement, en légitime défense après avoir essuyé des tirs. Le soir même, une photo circule, on y voit le corps de Yaya Dillo, un orifice à la tempe droite. Ses proches dénoncent un assassinat prémédité. RFI

Algérie : Boualem Sansal arrêté à l’aéroport d’Alger pour des raisons inconnues
L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, 75 ans, a été arrêté, samedi 16 novembre, à son arrivée à l’aéroport d’Alger en provenance de Paris, selon plusieurs sources jointes par Le Monde, confirmant une information donnée par Marianne, jeudi 21 novembre. Il aurait été interpellé par des membres de la direction générale de la sécurité intérieure algérienne et devrait être présenté incessamment devant le procureur de la République, rapportent les mêmes sources…Selon nos informations, il se trouvait en Algérie le 5 novembre et avait pu quitter le pays sans difficultés. Son arrestation semble confirmer un raidissement des autorités, peut-être lié à ses déclarations polémiques sur le média Frontières sur YouTube, très largement reprises par les médias marocains, il y a quelques semaines…Pour certains observateurs, l’écrivain avait, par ces propos, franchi une « ligne rouge » aux yeux du régime, le rendant potentiellement passible d’une poursuite pour « atteinte à l’intégrité territoriale ». Le Monde

Soudan du Sud : tirs nourris à la résidence de l’ex-chef des renseignements
Une fusillade a eu lieu jeudi à Juba, capitale du Soudan du Sud, à la résidence du puissant ex-chef des services de renseignements récemment limogé, selon une source militaire, des médias faisant état d’une tentative d’arrestation. Les coups de feu ont selon un journaliste de l’AFP commencé vers 19H00 (1700 GMT) et duré environ une heure près de l’aéroport de Juba, capitale de ce pays miné au niveau politique par les luttes de pouvoir, la corruption et les conflits ethniques locaux. « Il y a eu une fusillade à la résidence de l’ancien chef de l’espionnage » Kola Koror, a déclaré Nul Ruai Kong, porte-parole militaire des Forces de défense du peuple sud-soudanais (PDF), à la radio de la mission de maintien de la paix et de sécurité au Soudan du Sud de l’ONU (Minus)…Le président du Soudan du Sud Salva Kiir a limogé en octobre le puissant chef des services de renseignement (NSS) Akol Koor, en poste depuis l’indépendance du pays en 2011 et qu’il nommé au poste de gouverneur de l’Etat instable du Warrap. Aucune raison n’avait été donnée pour ce transfert. AFP

Présidentielle en Côte d’Ivoire : près d’un million de nouveaux électeurs recensés
Près d’un million d’Ivoiriens ont demandé à s’inscrire pour la première fois sur la liste électorale en vue de la présidentielle de 2025, selon un bilan provisoire annoncé par la Commission électorale indépendante après la clôture des bureaux d’enrôlement. Depuis le 19 octobre, la CEI procède à la révision de la liste électorale où elle attendait l’inscription de 4,5 millions de primo-votants. Avec 943 157 demandes de première inscription, elle s’est félicitée d’une « nette progression » par rapport à la révision précédente de 2022-2023, « où 575 489 nouveaux requérants avaient été enregistrés ». Mais elle a tempéré son enthousiasme et indiqué que moins d’ « un quart du potentiel de nouveaux électeurs attendus » a sollicité une inscription, ajoutant que ces données sont brutes et encore « susceptibles de changements après traitement ». La liste provisoire devrait être affichée dans tous les lieux de vote à partir du mois de mars, selon un responsable de la CEI. Le règlement des contentieux pourra ainsi débuter, conduisant à la publication de la liste définitive en juin…De son côté, le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), la formation politique de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, a déclaré qu’il continuerait « de réclamer une prorogation de trois mois au moins de l’opération de révision de la liste électorale, pour permettre à tous les Ivoiriens de s’inscrire ». Jeune Afrique