Revue de presse du 22 mars 2024

Sénégal: nouveau retrait d’un candidat à la présidentielle
Un deuxième candidat à la présidentielle au Sénégal, Habib Sy, a annoncé jeudi se retirer au profit du candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye. Son retrait, attendu, laisse de facto 17 concurrents en lice sur les 19 de départ. « Je tiens à dire à mes militants, sympathisants, au Sénégal, à l’Afrique, au monde entier que moi, Habib Sy, je retire ma candidature pour soutenir Bassirou Diomaye Faye », dit Habib Sy dans une vidéo circulant sur les réseaux sociaux et le montrant face à la foule au côté de M. Faye. Habib Sy, ancien ministre, est proche d’Ousmane Sonko, guide politique de M. Faye, et membre de la coalition d’opposition Yewwi Askan Wi (« Libérons le peuple ») créée en 2021 autour de M. Sonko…C’est le deuxième désistement en deux jours au profit de Bassirou Diomaye Faye après celui de Cheikh Tidiane Dieye mercredi. Les deux hommes n’étaient pas considérés comme devant peser lourd dans l’élection. La Constitution du Sénégal dit qu’en cas de retrait d’un des candidats avant le premier tour, « l’élection est poursuivie avec les autres candidats en lice ». « Le Conseil constitutionnel modifie en conséquence la liste des candidats. La date du scrutin est maintenue », dit-elle. AFP

Sénégal : les candidats jettent leurs dernières forces dans la campagne présidentielle
Les candidats à la présidentielle au Sénégal tiennent vendredi leurs derniers meetings avant le vote de dimanche, à l’issue d’une campagne express mais apaisée par rapport aux mois de tension qui ont précédé cette élection inédite. Amadou Ba et Bassirou Diomaye Faye en particulier, considérés comme les deux principaux concurrents à l’élection peut-être la plus ouverte de l’histoire du Sénégal indépendant, doivent se prêter à une ultime démonstration de force avant la fin de la campagne vendredi à minuit (samedi 00H00 GMT). Toute propagande sera ensuite interdite. Le camp du candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye, libéré de prison il y a une semaine en pleine campagne, a prévu un rassemblement dans un stade à 16H00 (locales et GMT) à Mbour (ouest). Celui d’Amadou Ba, Premier ministre il y a encore quelques semaines et désigné par le sortant Macky Sall comme le champion du pouvoir, a indiqué qu’il tiendrait ses derniers meetings à Dakar et dans sa banlieue…La campagne a été réduite de trois à deux semaines. Dix-huit hommes et une femme, dont deux ont annoncé leur retrait en bout de course au profit de M. Faye, ont écumé le pays dans l’urgence dans des cortèges bruyants et colorés érigés en indicateurs d’une dynamique victorieuse, à tort selon les experts…Il faut la majorité absolue des suffrages exprimés pour être élu au premier tour. A défaut, les deux candidats en tête disputent un second tour. Des résultats provisoires pourraient être connus dès la nuit de dimanche. AFP

Le bilan économique mitigé de Macky Sall au Sénégal
Le président sortant, Macky Sall, n’est pas candidat à sa propre succession, car il a déjà effectué deux mandats à la tête du pays. Bilan économique d’un président parfois surnommé « le bâtisseur » qui, en douze années de présidence, a développé les infrastructures, de transport notamment, quitte à creuser la dette du pays. Quand il arrive au pouvoir en 2012, Macky Sall se veut le président du renouveau. Il présente son Plan Sénégal émergent (PSE), censé développer l’économie du pays à l’horizon 2035. Dans ce cadre, des universités ont été construites, des axes routiers pour désenclaver des régions reculées, des lignes ferroviaires ont été réalisées, comme le train express régional de Dakar, le premier TER d’Afrique de l’Ouest, qui reliera à terme la capitale au nouvel aéroport international Blaise Diagne…La dette est en effet passée à 76% du PIB en 2023. Une politique de l’endettement que critique cet autre enseignant-chercheur de l’Ucad, Khadim Bamba Diagne. Il estime que les lourds investissements publics réalisés dans le cadre du PSE n’ont pas été rentables : les coûts d’exploitation des projets nécessitent encore beaucoup de subventions, tandis que d’autres domaines ont été délaissés au nom de projets prestigieux, plus visibles…A cela s’ajoute le problème de la pauvreté. Depuis l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, en 2012, le Sénégal a reculé de douze places sur l’indice de développement humain , passant du 157e au 169e rang dans le classement mondial. DW

Victoire Ingabire recalée pour la présidentielle au Rwanda
Au Rwanda, les juges de la Haute Cour ont rejeté la demande de Victoire Ingabire, déposée en février dernier, de retrouver ses droits politiques, ce qui lui aurait ouvert le droit de se porter candidate à l’élection présidentielle. L’opposante affirme à la DW avoir pourtant respecté toutes les conditions imposées après sa libération par grâce présidentielle, en 2018. Pour Victoire Ingabire, cette décision n’est pas une surprise car le pouvoir de Kigali ne veut pas d’une opposition crédible. « Le parti au pouvoir, le FPR, n’est pas prêt à ouvrir l’espace politique, il n’est pas prêt à entrer en compétition avec d’autres politiciens qui ont un programme que les Rwandais peuvent avoir la possibilité de choisir. Donc le FPR n’est pas prêt à le faire », déplore-t-elle. Avant d’ajouter : « Mais en même temps, les Rwandais ont soif de la démocratie, ont soif d’avoir un pays où ils peuvent s’exprimer librement. » Victoire Ingabire avait été arrêtée et accusée de nier la réalité du génocide, après avoir demandé, en janvier 2010, que les auteurs des crimes contre les Hutus soient aussi jugés. DW

En Algérie, la décision d’avancer l’élection présidentielle suscite surprise et perplexité
L’annonce est intervenue sans justification ni explication. Un bref communiqué publié jeudi 21 mars à l’issue d’une réunion présidée par le chef de l’Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune, en présence du premier ministre, des chefs des deux chambres du Parlement, du chef d’état-major de l’armée et du président de la Cour constitutionnelle, comme pour insister sur le caractère collectif de la décision. « Il a été décidé la tenue d’une élection présidentielle anticipée, dont la date est fixée au samedi 7 septembre 2024. Le corps électoral sera convoqué le 8 juin 2024 », indique le texte. Cette mesure, qui avance de trois mois la tenue du scrutin – initialement prévu en décembre –, a totalement surpris les observateurs à Alger. La vie politique étant pratiquement gelée et les médias contraints à la prudence pour survivre, c’est sur les réseaux sociaux que s’exprime cet étonnement..La vie politique a été réduite à néant par la répression systématique exercée depuis 2020 pour étouffer le Hirak. Et au sein du régime, aucune figure pouvant être préférée à M. Tebboune n’a émergé…Agé de 78 ans, M. Tebboune, qui a été hospitalisé pendant plusieurs mois en Allemagne après avoir contracté le Covid-19 fin 2020, occupe seul le terrain. L’unique candidature rivale annoncée jusqu’à présent est celle de Zoubida Assoul, avocate et dirigeante de l’Union pour le changement et le progrès (UCP), pour qui la politique de la chaise vide sert le pouvoir. Le Monde

Le déclin de l’opposition camerounaise
Elles sont bien lointaines, les années 90, quand l’opposition camerounaise s’était retrouvée en tête à l’Assemblée nationale avec 92 députés sur 180…Le Social democratic front, principal parti de l’opposition au Cameroun, a obtenu seulement sept sièges de sénateurs, sur les 70 en jeu, lors des dernières élections sénatoriales de mars 2018. La mort de son leader historique, John Fru Ndi, en juin 2023, et le recul du parti du fait de la crise anglophone, ont contribué à le fragiliser. Il faut ajouter à cela l’absence du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) du jeu institutionnel ces cinq dernières années. Quant à l’entrée remarquée du Parti camerounais pour la réconciliation nationale du jeune Cabral Libii à l’Assemblée nationale, elle n’a pas réussi à créer un nouvel équilibre des forces. Le Rassemblement démocratique du peuple camerounais, le parti au pouvoir, continue d’étendre son influence sans être inquiété…Aujourd’hui, le Cameroun assiste donc au déclin progressif de l’opposition. La naissance de quelques mouvements pourrait ne pas offrir une trop grande résistance au président Paul Biya, candidat sortant âgé de 91 ans, dont un peu plus de 41 années passées aux commandes du pays. DW

Des dizaines de médias suspendus au Tchad
C’est une décision suprenante. Celle prise lundi 18 mars par l’organe chargé de la régulation des médias, la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel (Hama), au Tchad. A environ un mois et demi de la présidentielle, du 6 mai, elle a décidé de suspendre 31 médias, dont une vingtaine de journaux imprimés francophones et arabophones, ainsi que sept sites d’information en ligne. Selon l’autorité de régulation, ces organes n’ont pas respecté l’obligation de paraître au moins une fois par an et de faire un dépôt légal, conformément à la loi. C’est une atteinte à la liberté de presse, estiment cependant certains Tchadiens…Abderamane Barka, le président de la Haute autorité des médias et de l’audiovisuel, affirme lui que la décision n’a rien à voir avec le contexte électoral…Il insiste : les journaux ne sont pas « fermés » mais « suspendus » et réfute tout lien avec les élections. En dépit des arguments avancés par l’autorité de régulation, pour de nombreux observateurs, la suspension d’une trentaine de médias demeure un signe troublant pour la liberté de presse, surtout en période électorale. DW

Ouganda: le président Yoweri Museveni nomme son fils à la tête des forces armées du pays
En Ouganda, le président Yoweri Museveni, au pouvoir depuis près de 40 ans, vient de porter son fils, Muhoozi Kainerugaba, à la tête de l’armée du pays. Une nomination annoncée dans un communiqué du ministère ougandais de la Défense, et qui vient relancer les spéculations sur l’avenir de Muhoozi Kainerugaba, habitué des déclarations polémiques sur les réseaux sociaux, et pressenti depuis des années pour prendre la succession de son père, âgé de 79 ans, à la présidence…À 49 ans, le bouillant général souvent décrit comme imprévisible, impulsif, clivant, mais aussi comme un homme très ambitieux, devient le chef de l’UDPS, l’armée ougandaise, un poste de premier plan qui semble confirmer sa position officielle de « successeur désigné », estime Kristof Titeca, professeur à l’université d’Anvers, joint par Esdras Ndikumana. RFI

Crise libyenne: le représentant spécial de l’ONU a rencontré le maréchal Haftar et son Premier ministre
Le représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la Libye, Abdoulaye Bathily, a rencontré le 20 mars 2024 Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est libyen, et le premier ministre de son gouvernement, Oussama Hammad, afin de tenter de faire avancer le processus politique vers des élections. Ce n’est pas la première fois que Bathily et Haftar se rencontrent. Mais, jusqu’à présent, le représentant des Nations unies refusait d’avoir des contacts avec le Premier ministre de l’est, installé à Benghazi et non-reconnu par la communauté internationale. Cette rencontre pourrait marquer un tournant dans la crise libyenne. Elle a été très bien accueillie à l’est du pays. Abdelhadi al-Houij, le ministre des Affaires étrangères du gouvernement Hammad l’a décrite comme « importante ». « C’est un pas dans la bonne direction », a-t-il déclaré en indiquant : « Nous sommes une partie essentielle du processus politique, si ce processus n’avance pas, il faut alors nous écouter. » RFI

Au Maroc, le centre AI Movement met l’intelligence artificielle au service du continent africain
Cofondé en 2021 par l’OCP, le centre marocain d’intelligence artificielle (IA) – baptisé AI movement – est le principal investissement du géant des engrais dans cette révolution technologique. Un projet pionnier, alors que le Maroc tarde encore à se doter d’un plan d’action dédié à l’IA. Preuve de l’ambition de son parrain, qui a déjà beaucoup investi dans l’éducation et la transition énergétique, c’est dans les locaux d’AI movement que se tiendra du 3 au 5 juin le premier sommet africain de l’IA…Les autorités marocaines sont attentives à ces innovations, qui incluent encore la restauration du patrimoine, l’optimisation du ramassage des poubelles ou la cartographie des richesses. Ce dernier projet, qui combine les techniques de l’IA et l’imagerie satellitaire, a déjà fait l’objet d’une application au Maroc en coopération avec le ministère de l’intérieur. Une solution sur la sécurité, s’appuyant en partie sur les remontées des utilisateurs, a également séduit la police marocaine…AI Movement accompagne également des porteurs de projet d’autres pays africains. Des femmes exclusivement, car « nous voulons sortir du schéma classique qui veut que la science soit un domaine réservé aux hommes », confie Amal El Fallah Seghrouchni, qui a choisi de donner au principal amphithéâtre d’AI Movement le nom de Fatima Al Fihriya, qui fonda au IXe siècle, à Fès, l’université Al Quaraouiyine, considérée comme la plus ancienne au monde encore en activité. Le Monde

La France : Emmanuel Macron reçoit Alassane Ouattara à l’Élysée pour discuter de la réorganisation française en Afrique
Le président français, Emmanuel Macron, rencontrera son homologue ivoirien, Alassane Ouattara, lors d’un « dîner privé » à l’Élysée ce vendredi, alors que la France envisage de réduire sa présence militaire en Afrique de l’Ouest. La Côte d’Ivoire est considérée comme l’un des alliés les plus solides de la France en Afrique de l’Ouest. Le président français a exprimé son intention de réduire la présence militaire française en Afrique, à l’exception de Djibouti. Pour cela, il a désigné l’ancien ministre Jean-Marie Bockel pour discuter de cette question avec les pays partenaires africains. Actuellement, les forces armées françaises sont présentes sur quatre bases en Afrique de l’Ouest : au Sénégal (350 militaires), en Côte d’Ivoire (600), au Gabon (350) et au Tchad (1 000). En outre, environ 1500 soldats sont basés à Djibouti. À la fin de l’année 2022, la France a mis fin à l’opération antijihadistes Barkhane, qui mobilisait jusqu’à 5 500 militaires français au Sahel, en raison d’une série de coups d’État militaires au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Suite à ces événements, les nouveaux dirigeants de ces pays ont mis fin à la coopération avec la France après une décennie d’interventions visant à combattre les groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique. Le Mali et le Burkina Faso ont depuis signé des accords de coopération militaire avec la Russie. Sahel Intelligence

Niger : Réouverture des frontières avec le Nigeria, un nouveau chapitre dans les échanges bilatéraux
Le Niger a décidé de rouvrir ses frontières avec le Nigeria, à partir de ce vendredi, une annonce faite par les autorités nigériennes de transition. Les frontières terrestres seront rouvertes à partir de minuit, le 22 mars 2024, d’après une source officielle. Cette décision marque la reprise des échanges officiels le long des 1 500 kilomètres de frontières partagées entre les deux pays. Ces frontières avaient été fermées depuis le 30 juillet dernier, à la suite du coup d’État du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) en date du 26 juillet 2023. Le ministère nigérien de l’Intérieur a diffusé un message radio informant les gouverneurs des régions frontalières de cette réouverture, les enjoignant à prendre les mesures nécessaires pour renforcer le contrôle aux postes frontaliers à l’entrée et à la sortie. Il est à noter que la semaine précédente, le Nigeria avait déjà annoncé sa propre réouverture des frontières avec le Niger, suite à la demande de levée des sanctions de la CEDEAO. Il convient de rappeler qu’à la suite du coup d’État, la CEDEAO avait imposé des sanctions économiques au Niger, incluant la fermeture des frontières, des coupures d’électricité, la suspension des médicaments, et avait même menacé d’une intervention militaire si la junte ne rétablissait pas immédiatement l’ordre constitutionnel en libérant l’ancien président Mohamed Bazoum et en le réinstallant dans ses fonctions. Sahel Intelligence

La Zambie va abriter un sommet sur la situation sécuritaire dans la région de la SADC
Le Sommet de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) organise, samedi 23 mars en Zambie, une réunion extraordinaire qui rassemblera la Troïka du sommet de l’organe, les pays contributeurs de troupes à la mission de la SADC en République Démocratique du Congo (SAMIDRC). A cela s’ajoute les pays contributeurs de personnel à la mission de la SADC au Mozambique (SAMIM), la République Démocratique du Congo et la République du Mozambique. Les travaux du Sommet seront présidés par Hakainde Hichilema, Président de la République de Zambie, en sa qualité de Président de l’organe de la SADC chargé de la coopération en matière de politique, défense et sécurité. Les participants au Sommet se pencheront sur la situation sécuritaire dans la région de la SADC, en particulier celle qui prévaut dans l’est de la République Démocratique du Congo et à Cabo Delgado, dans le nord du Mozambique. Au cours du Sommet, les participants recevront des informations sur les progrès réalisés par les missions de la SADC, à savoir la SAMIDRC et la SAMIM, déployées pour fournir un appui aux gouvernements de la République Démocratique du Congo et du Mozambique en vue de restaurer la paix, la sécurité, la stabilité et d’ouvrir la voie à un développement durable. Radio Okapi