Au Mali, l’imam Dicko défie ouvertement Goïta et son projet de Constitution
L’influent leader religieux est farouchement opposé au projet de nouvelle loi fondamentale soumis à référendum le 18 juin dernier. Désormais, il ne retient plus ses coups contre les colonels au pouvoir. … « De quel état de droit [parle-t-on] dans un pays où la justice est mise au service des militaires pour emprisonner les gens ? » questionnait-il, le 16 juin. … Dans un point presse organisé le 20 juin au siège de l’appel du 20 février, le Front uni contre le référendum a dénoncé la décision de la Cour constitutionnelle et « les nombreuses irrégularités qui ont entaché le référendum ». Il conteste également le chiffre de 38 % de participation annoncé par l’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige), qu’il qualifie d’ »incompétente », et appelle la communauté internationale, les organisations de défense des droits de l’homme et « toutes les personnes éprises de justice et de liberté à condamner ce référendum illégal et illégitime ». Jeune Afrique
Mali: il n’y a pas eu de référendum à Kidal, selon les groupes armés signataires
Rassemblés au sein du Cadre stratégique permanent (CSP), les groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015 ont diffusé dans la nuit du 21 au 22 juin 2023 un communiqué pour démentir l’Autorité indépendante de gestion des élections (Aige) et assurer que le vote n’avait pas eu lieu dans la région de Kidal : « Dans les zones qu’il [le CSP, Ndlr] contrôle, particulièrement la région de Kidal et la quasi-totalité des localités des régions » du Nord, « aucun vote ne s’est déroulé ». Les mots des groupes armés signataires sont sans équivoque, ni les militaires le 11 juin, ni le reste de la population le 18 juin, n’ont pu prendre part au referendum constitutionnel dans ces lieux. … L’enjeu, c’est la crédibilité et la légalité du scrutin : selon la Constitution actuelle – les articles 26 et 118 –, un referendum constitutionnel n’est valide que s’il est tenu sur l’ensemble du territoire. Dans leur communiqué, les groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015 s’inquiètent également du départ de la Minusma, exigé par les autorités maliennes de transition. Ils estiment que le retrait de la mission onusienne serait « un coup fatal porté délibérément contre l’Accord ». RFI
Tombouctou s’interroge sur l’avenir sans la Minusma
Les motos bourdonnent au pied des façades séculaires, les badauds déambulent entre les étals… Tombouctou vaque à ses occupations sans souci apparent des lendemains sans mission de l’ONU. Les dizaines de milliers d’habitants de la « ville aux 333 saints » auraient a priori des raisons de s’alarmer d’un départ des Casques bleus et des personnels de l’ONU, demandé vendredi par le pouvoir à Bamako. … La conquête de Tombouctou par des jihadistes et la destruction de ses mausolées qui avaient contribué à son inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco avaient choqué le monde en 2012. Les soldats français et maliens ont repris la ville en janvier 2013. Dix ans après, les manuscrits anciens de la cité sont en sûreté dans des bibliothèques rénovées par la Minusma. La présence des Casques bleus et leurs patrouilles assurent un relatif sentiment de sécurité à Tombouctou et sur 30 kilomètres à la ronde. Mais au-delà, dans toutes les directions, les villages sont sous la menace des jihadistes. La Minusma paie elle-même un lourd tribut aux attaques jihadistes dans la région comme l’a rappelé la mort récente de deux Casques bleus burkinabè. AFP
En Centrafrique, comment Wagner et Prigojine se sont alliés à la mafia du diamant
De la récolte à l’exportation vers Dubaï, le groupe Wagner a pris le contrôle du secteur diamantaire centrafricain. Intimidation des exploitants locaux, soutien du gouvernement, alliance avec les réseaux libanais… Plongée dans les arcanes d’un business aussi opaque qu’inquiétant. Avec l’or, le café et le bois, le diamant est l’un des axes importants du financement de Wagner en Centrafrique. Les gains pourraient s’élever à plusieurs dizaines de millions d’euros. Entre Bria, Bangui et Dubaï, le groupe de mercenaires russes s’appuie notamment sur les Nassour, une famille libanaise installée de longue date en Afrique centrale. Jeune Afrique
Climat : l’initiative de Bridgetown pour accélérer les investissements privés dans les pays pauvres
Les propositions de réforme de l’architecture financière mondiale issues de l’initiative de Bridgetown, du nom de la capitale de la Barbade, seront au cœur du « sommet pour un nouveau pacte financier mondial », organisé à Paris les 22 et 23 juin. Dévoilée par Mia Mottley, la première ministre de la Barbade, lors de la 27e conférence sur le climat (COP27) à Charm El-Cheikh (Egypte), en novembre 2022, cette initiative est portée par de nombreux pays du Sud tout en suscitant l’intérêt des nations développées. « Pour la première fois, le sommet de Paris pourrait installer un nouveau cadre financier à la hauteur des enjeux et en finir avec des solutions d’hier », espère Avinash Persaud, à l’origine de cette initiative. … Partant du constat que l’architecture financière mondiale est inadaptée pour relever le défi de la lutte contre le dérèglement climatique, l’initiative de Bridgetown propose de renforcer la capacité de financement des banques de développement, à l’instar de la Banque mondiale ou de la Banque africaine de développement, et de mobiliser davantage les investissements du secteur privé. D’après un rapport commandé par la COP27 fin 2022, les pays en développement auront besoin d’au moins 2 400 milliards de dollars (environ 2 197 milliards d’euros) par an d’ici à 2030 pour faire face à l’urgence climatique, soit 6,5 % de leur PIB. Le Monde
Au Sénégal, Khalifa Sall et Karim Wade se rapprochent de l’élection présidentielle de 2024
La commission politique du dialogue national entre le pouvoir et l’opposition s’est dite favorable à des modifications du code électoral qui lèveraient l’inéligibilité des deux hommes. … C’était le point le plus attendu du dialogue national qui s’est ouvert le 31 mai à Dakar entre le pouvoir et certains partis d’opposition. Les principaux rivaux du président Macky Sall recouvriront-ils les droits civiques dont ils ont été déchus suite à des condamnations ? Et pourront-ils se présenter à l’élection présidentielle de 2024 au Sénégal ? La commission politique a répondu par l’affirmative, se disant favorable à une modification des articles L28 et L29 du code électoral, ce qui permettrait une réhabilitation des droits civiques et politiques des personnes qui ont bénéficié d’une grâce présidentielle et qui ont purgé leur peine. … Les débats doivent se poursuivre autour de la « consolidation des droits et libertés », de la « question des détenus », du « cumul de la fonction de chef de l’Etat et de chef de parti » et de « l’accès aux médias d’Etat », selon Déthié Faye. Des enjeux importants alors que plusieurs marches ont été interdites et que plus de 600 personnes ont été arrêtées lors des manifestations des 1er et 2 juin, selon le Pastef. Les conclusions du dialogue national ne sont toutefois que des recommandations, qui seront ensuite tranchées par le chef de l’Etat. Son allocution, prévue samedi 24 juin lors de la clôture du dialogue, est très attendue. Le Monde
Soudan : reprise des combats à Khartoum après la fin de la trêve
Peu après l’expiration d’un cessez-le-feu de 72 heures, globalement respecté à Khartoum, les combats ont repris au Soudan le mercredi 21 juin, entre l’armée et les paramilitaires en guerre pour le pouvoir. Les habitants de la capitale ont été réveillés par des tirs d’artillerie et le bruit des combats, quelques minutes après la fin de la trêve, ont raconté des témoins à l’AFP. Omdourman, la banlieue nord de la ville, a été la cible de « pilonnages d’artillerie » et de « combats », tandis que « des avions de chasse » ont survolé d’autres quartiers proches, ont-ils ajouté. Une source militaire a déclaré mercredi à l’AFP que l’armée y avait « lancé une attaque contre les positions » des paramilitaires, leur infligeant « de lourdes pertes ». La lutte entre l’armée, commandée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), du général Mohamed Hamdane Daglo, a plongé le Soudan dans le chaos. Des témoignages sur l’occupation de logements par des combattants, sur des pillages et autres exactions se multiplient. France24 avec AFP
Somalie : attaque contre une base militaire au début du retrait des forces de l’UA
Les islamistes radicaux shebab ont attaqué mercredi une base militaire à 450 kilomètres à l’ouest de la capitale somalienne Mogadiscio, ont annoncé la police et des témoins, alors que la force de l’Union africaine en Somalie (Atmis) a commencé à se retirer du pays. Les shebab, qui ont revendiqué l’assaut dans un communiqué, ont lancé plusieurs attaques suicides contre la base de Bardhere où se trouvent des soldats éthiopiens et somaliens. « Il y a plusieurs victimes, mais nous n’avons pas les détails jusqu’à présent », a déclaré à l’AFP Abdi Bare, un policier de Bardhere, précisant que la situation était « revenue à la normale ». Un résident de Bardhere, Bare Hassan, a confirmé l’attaque, évoquant des « tirs nourris ». … Cette nouvelle attaque revendiquée par les shebab intervient alors que l’Atmis « a commencé à se retirer » de Somalie, en accord avec une résolution de l’ONU qui entérine le retrait de « 2.000 soldats d’ici fin juin 2023 », selon un communiqué publié mercredi de la force de l’Union africaine. Des soldats somaliens ont pris le relais de forces de l’Atmis sur une base de l’Etat de Hirshabelle, dans le centre du pays, poursuit le communiqué. AFP
Attaque dans un lycée en Ouganda: le bilan humain s’alourdit, l’opposition critique le pouvoir
En Ouganda, le bilan s’alourdit après l’attaque terroriste perpétrée dans la nuit du 16 au 17 juin 2023 près de la frontière congolaise, dans le lycée de Mpondwe. Les autorités accusent le groupe islamiste ADF d’être à l’origine de l’assaut qui, selon la presse ougandaise, a désormais fait 43 morts suite au décès d’un des blessés. … L’opposition, elle, continue de monter au créneau. Selon certains partis, l’attaque pourrait être une vengeance du groupe après l’engagement des soldats ougandais contre lui en RDC. Le 21 juin, l’opposant Abdallah Kiwanuka a estimé que le déploiement de l’armée à l’étranger réduisait les capacités sécuritaires sur le territoire national. Il a interpellé le pouvoir pour qu’il ordonne le retour au pays de ces militaires. En attendant, des mesures sont prises dans les écoles. Le district où s’est déroulé l’attaque a demandé aux établissements fermés après le drame de rouvrir leurs portes, de fournir un soutien psychologique aux jeunes. Des jeunes à qui il est demandé une vigilance accrue en cas de fait suspect. RFI
Mohamed Djeha, l’un des plus importants narcotrafiquants en France, arrêté en Algérie
Présenté comme l’un des plus gros trafiquants de drogue de France, Mohamed Djeha, dit « Mimo », qui a commencé son ascension criminelle à Marseille, a été arrêté jeudi 15 juin en Algérie après des années de traque. « C’est une très grosse prise parce que c’est quelqu’un qui peut être considéré comme le numéro 1 du trafic de drogue sur Marseille, mais il organisait également l’importation de produits stupéfiants pour d’autres régions françaises », que ce soit du cannabis ou de la cocaïne, a commenté auprès de l’AFP une source proche du dossier : « Il fait partie des plus gros trafiquants français » et figurait sur la liste des « cibles d’intérêt prioritaire » de l’Office français antistupéfiants (Ofast). L’interpellation a été effectuée par la police algérienne jeudi à Oran (Nord-Ouest de l’Algérie), ont précisé à l’AFP la procureure de Marseille, Dominique Laurens, et des sources policières, confirmant une information du Journal du Dimanche. France24
Sahel : les programmes du PAM servent de rempart contre l’instabilité et favorisent la paix et la cohésion sociale
Les efforts du Programme Alimentaire Mondial (PAM) pour renforcer la résilience aux chocs climatiques et aux facteurs de stress d’origine humaine ont permis de stimuler la sécurité alimentaire, tout en renforçant la cohésion sociale et en améliorant les perspectives de paix au Burkina Faso et au Niger, a indiqué l’agence onusienne mercredi, citant une nouvelle étude. « Les conflits – l’un des principaux facteurs de la faim au Sahel – ont connu une escalade spectaculaire ces dernières années. Ce rapport révèle que les actions de renforcement de la résilience constituent une protection efficace contre l’augmentation de la faim et l’instabilité croissantes dans la région », a déclaré la Directrice Régionale adjointe du PAM pour l’Afrique de l’Ouest, Margot Van Der Velden. L’agence onusienne a considérablement renforcé ses efforts en matière de résilience depuis 2018, en étroite collaboration avec les gouvernements nationaux, les communautés locales et les organisations à travers le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. ONU Info
En RDC, explosion du cobalt artisanal, face noire de l’énergie verte
La région de Kolwezi concentre l’exploitation de ce minerai, où les mines congolaises représentent au moins 25 % de l’extraction, échappant ainsi aux entreprises chinoises qui contrôlent 70 % de l’activité. Ils ressemblent à n’importe quels camions de chantier. Leurs remorques, qui débordent de sacs remplis de pierres, soulèvent des vagues de poussières le long des quelque 400 kilomètres de route reliant Kolwezi au poste-frontière de Kasumbalesa, porte de sortie des produits miniers du Katanga congolais vers la Zambie et le reste du monde. Un œil averti notera cependant que ce ne sont pas des véhicules comme les autres : ils transportent des tonnes de « concentrés », des minerais de cuivre et de cobalt bruts extraits par des creuseurs artisanaux et objet d’un trafic très lucratif et très organisé. Ces exportations sauvages, issues pour la plupart d’exploitations artisanales, avaient progressivement disparu au cours de la dernière décennie grâce à l’application d’une réglementation obligeant à transformer les minerais sur place. Elles sont réapparues à grande échelle, tirées par un relâchement des contrôles et, surtout, l’explosion du marché mondial de la demande du cobalt. Le Monde avec AFP