Revue de presse du 22 février 2024

Le Sénégal suspendu à la parole du chef de l’Etat sur la présidentielle
Le Sénégal a tous les regards tournés vers le président sortant Macky Sall, qui doit prendre la parole jeudi et pourrait préciser ses plans pour organiser la présidentielle et sortir de la crise provoquée par son report. Il doit répondre à 19 heures (GMT) à quelques médias publics et privés. Les Sénégalais, initialement appelés aux urnes ce dimanche, sont suspendus à sa parole pour savoir quand ils voteront, après le choc du report de l’élection. Le président fait face à des pressions multiples, domestiques et internationales, pour que le scrutin se tienne le plus vite possible. Ses intentions précises restent secrètes. AFP

Sénégal: un étudiant meurt de blessures reçues lors d’une manifestation
Un étudiant de l’université de Saint-Louis est mort des suites de blessures reçues lors d’une manifestation après l’annonce du report de la présidentielle par le président sénégalais Macky Sall, a appris mercredi l’AFP de sources étudiantes et hospitalières. Prosper Senghor, 22 ans, étudiant en mathématique en première année, est le quatrième mort de la crise au Sénégal et le deuxième de l’université Gaston Berger de Saint-Louis. « Il avait été touché par une grenade lacrymogène le samedi 10 février alors qu’il protestait contre la mort la veille d’un de ses camarades de 22 ans, Alpha Yoro Tounkara, étudiant en deuxième année de licence de géographie », ont indiqué à l’AFP Adama Mamadou Kane, président de la Coordination des étudiants de Saint Louis et Anne Marie Diatta, l’une de ses amis proches…Admis en réanimation à l’hôpital régional de Saint-Louis, il avait ensuite été transféré à l’hôpital de Dakar où il est décédé. AFP

Enlèvement d’une figure de la société civile burkinabè
Une figure de la société civile du Burkina Faso, Bassirou Badjo, a été enlevée mercredi à Ouagadougou par des « individus se présentant comme des agents » de l’Etat, a annoncé le mouvement dont il fait partie, dans un communiqué transmis à l’AFP…Les auteurs de l’enlèvement sont « des individus se présentant comme des agents de la sûreté de l’Etat » et l’ont emmené vers « une destination inconnue », a ajouté le Balai citoyen, qui « exige » sa « libération ». Mardi, un autre militant du Balai citoyen, Rasmane Zinaba, avait également été enlevé « à son domicile » par des « personnes en civil et armées », « non identifiées », avant d’être emmené dans « un lieu jusque-là inconnu », avait écrit le mouvement le jour de cet enlèvement, exigeant aussi sa « libération sans délai ». Piliers du Balai citoyen, mouvement d’insurrection populaire qui avait mené à la chute du régime de l’ancien président Blaise Compaoré en 2014, Bassirou Badjo et Rasmane Zinaba avaient tous deux été réquisitionnés par le régime militaire burkinabè pour lutter avec l’armée contre les violences jihadistes qui minent le pays. AFP

Nigeria: un fondateur de la Cedeao appelle à lever les sanctions contre les régimes militaires
Un des pères fondateurs de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a appelé mercredi à la levée des sanctions contre les pays ouest-africains dirigés par des régimes militaires issus de coups d’Etat, à l’approche d’un sommet extraordinaire prévu samedi à Abuja. La Cedeao est plongée dans une crise sans précédent depuis l’annonce fin janvier du Mali, du Niger et du Burkina Faso de leur retrait de l’organisation régionale. La région a également été secouée dernièrement par la décision soudaine du président Macky Sall de retarder les élections présidentielles au Sénégal. La Cedeao est « menacée de désunion », a mis en garde le général Yakubu Gowon, ancien chef d’État nigérian (1966-1975), lors d’une réunion organisée par le bloc dans la capitale nigériane…Il a également appelé le Burkina Faso, le Mali et le Niger à reconsidérer leur décision de quitter l’organisation. AFP

Côte d’Ivoire: l’envoyé personnel pour l’Afrique d’Emmanuel Macron évoque une base militaire française «remodelée»
L’envoyé personnel d’Emmanuel Macron, Jean-Marie Bockel, était en Côte d’Ivoire cette semaine. L’occasion pour l’ancien ministre de la Coopération de Nicolas Sarkozy en 2007, de rencontrer plusieurs acteurs ivoiriens : culture, chercheurs et responsables politiques et militaires. Car le cœur des discussions portait sur la nouvelle architecture de la base militaire française en Côte d’Ivoire…Nommé le 6 février dernier, Jean-Marie Bockel a notamment pour mission de « changer le statut, le format et la mission des bases françaises en Afrique ». En Côte d’Ivoire, il a pu visiter la base militaire de Port-Bouët, qui comprend près de 900 militaires. Ce mercredi, il s’est entretenu pendant près d’une heure avec le président ivoirien, le ministre de la Défense et le président du Conseil national de sécurité. RFI

Le Tchad submergé par les réfugiés de la guerre au Soudan : au camp d’Adré, 80% « ont vu des gens piller et brûler leur maison »
Depuis bientôt une année, la guerre s’enlise au Soudan. Au Tchad voisin, la petite ville frontalière d’Adré est submergée par l’afflux de réfugiés. 500.000 personnes sont arrivées depuis les dix mois écoulés. Ils s’entassent dans leurs abris de fortune aux alentours d’un pont de béton jamais raccordé à la route. Les autorités tchadiennes comme les humanitaires sont dépassées par l’ampleur de la situation…Fuir le danger nécessite de s’exposer à la violence durant le voyage. Sur la route entre Al-Genaïna et Adré, des miliciens arabes capturent des civils qui tentent de fuir. Les hommes de l’ethnie Massalit, une communauté non arabe, sont particulièrement persécutés…Les Nations Unies et le gouvernement tchadien se pressent de désengorger la ville d’Adré en délocalisant les réfugiés. Un éloignement de la frontière recommandé par l’ONU pour les protéger d’incursions ou pour éviter le recrutement par des groupes armés. RTBF

Guerre au Soudan: les Etats-Unis « inquiets » du rôle de l’Iran
Un diplomate américain a exprimé mercredi l' »inquiétude » des Etats-Unis au sujet de potentielles livraisons d’armes de l’Iran à l’armée soudanaise, engagée depuis près d’un an dans une guerre dévastatrice avec des paramilitaires, soutenus eux, selon les experts, par les Emirats arabes unis. La guerre fait rage depuis le 15 avril 2023 entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohammed Hamdane Daglo, ancien numéro deux du pouvoir militaire, provoquant une catastrophe humanitaire dans ce pays, l’un des plus pauvres d’Afrique de l’Est. « Des informations font état d’une reprise des relations entre le Soudan et l’Iran, qui pourrait inclure un soutien matériel iranien à l’armée, ce qui est très troublant et une grande source d’inquiétude pour nous », a déclaré devant la presse à Washington John Godfrey, ambassadeur des Etats-Unis au Soudan. Les Etats-Unis ont « exhorté les acteurs extérieurs à s’abstenir de fournir un soutien matériel aux deux parties belligérantes », a affirmé le diplomate, sans citer d’autres pays. AFP

Mauritanie: bisbilles entre députés sur fond de division de l’opposition
Le bureau de l’Assemblée nationale a levé pour la deuxième fois mardi soir 20 février, l’immunité d’un élu : celui du député de l’opposition Sawab et ancien candidat à la présidentielle Biram Dah Abeid. Cette décision fait suite à une plainte déposée par le président du parti d’opposition de l’Union des forces du progrès (UFP) contre le député pour « diffamation et calomnie ». Une décision qui souligne les divisions entre certains partis d’oppositions à quelques mois de l’élection présidentielle de juin 2024. Cette levée de l’immunité du député Biram Dah Abeid survient une semaine après que le président de l’UFP, Mohamed Ould Maouloud a porté plainte contre lui pour diffamation. Cette plainte fait suite à la diffusion d’un enregistrement vidéo dans lequel Biram Dah Abeid affirme que plusieurs ex-candidats tel que le président de l’UFP auraient reçu une importante somme d’argent de l’homme d’affaires Mohamed Ould Bouamatou lors de la campagne présidentielle de 2019. RFI

La Somalie approuve un accord de défense avec la Turquie
Le gouvernement et le parlement somalien ont approuvé mercredi un accord de défense avec la Turquie, sur fond de tensions régionales entre Mogadiscio et son voisin éthiopien qui a signé un accord avec la région somalienne séparatiste du Somaliland. « Dans le cadre de cet accord de défense, d’une durée de 10 ans, la Turquie, membre de l’OTAN et proche alliée de la Somalie, aidera à défendre le long littoral somalien et à reconstruire les forces navales de ce pays instable de la Corne de l’Afrique », a expliqué le président Hassan Cheikh Mohamoud à la suite d’une session conjointe du Parlement…Ankara entretient des relations étroites avec la Somalie et est son principal partenaire économique, notamment dans les secteurs de la construction, de l’éducation et de la santé ainsi que dans la coopération militaire. La Somalie abrite également la plus grande base militaire et centre de formation à l’étranger de la Turquie, selon les médias turcs. AFP

Le Rwanda et l’UE renforcent leur coopération minière
L’Union européenne et le Rwanda ont conclu le 19 février un protocole d’accord pour renforcer leur coopération dans le secteur des mines notamment en ce qui concerne des matières premières critiques comme le tantale, l’or et le tungstène. Bruxelles insiste sur la traçabilité et la lutte contre le trafic de minéraux que garantirait cet accord. Mais la Commission européenne justifie aussi son choix par  » l’Etat de droit  » qui existerait au Rwanda, un pays connu pourtant pour la répression des opposants politiques…En signant ce protocole d’accord, l’Union européenne et le Rwanda entendent renforcer leur coopération dans le secteur minier rwandais, notamment la traçabilité et la lutte contre le trafic illicite de minerais. Ce dernier point n’est pas anodin puisque le Rwanda est accusé par la République démocratique du Congo, son voisin, de piller ses ressources minières dans l’est de son territoire, notamment ses mines d’or. DW

Libye : les milices signent un accord pour quitter Tripoli
En Libye, les milices qui contrôlent la ville de Tripoli depuis dix ans ont accepté de quitter la capitale. Le ministre de l’Intérieur Imad Trabelsi a déclaré qu’un accord a été conclu après de longues négociations, pour que les forces régulières assurent le maintien de l’ordre à Tripoli. Le ministre, qui fait partie du gouvernement reconnu par la communauté internationale, a précisé que les groupes armés seraient remplacés par des policiers d’urgence, des agents municipaux et des enquêteurs criminels…Les milices en question – la Force de sécurité générale, la Force spéciale de dissuasion, la Brigade 444, la Brigade 111 et l’Autorité de soutien à la stabilité, reçoivent des fonds publics et ne sont pas placées sous le commandement direct du gouvernement libyen. Leur indépendance opérationnelle a été garantie par un statut spécial accordé en 2021 par le gouvernement. La place des milices est désormais dans leurs quartiers généraux a déclaré le ministre libyen ajoutant que le gouvernement ne ferait appel à elles que dans des circonstances exceptionnelles. Africanews avec AP

En Tunisie, des familles d’opposants détenus demandent leur libération
Les familles d’opposants détenus depuis un an en Tunisie pour « complot contre la sécurité de l’État » et dont certains sont en grève de la faim, ont appelé mercredi les autorités à les libérer. Depuis février 2023, plus de vingt opposants, hommes d’affaires et autres personnalités, ont été arrêtés en Tunisie, dont certains sont qualifiés de « terroristes » par le président tunisien Kaïs Saïed, qui détient les plein pouvoirs. Ils sont soupçonnés de « complot contre la sécurité intérieure et extérieure de l’État ». « Depuis un an, ils sont en prison sans aucun crime ou accusation, il s’agit d’une détention arbitraire et d’un crime contre l’humanité », a déclaré lors d’une conférence de presse à Tunis Ezzedine Hazgui, père de l’opposant incarcéré Jawhar Ben Mbarek…« La grève de la faim commence a avoir des effets sur leur santé, mais ils insistent pour continuer », a affirmé lors de la conférence de presse l’avocate Dalila Msaddek, qui fait partie de leur comité de défense. Jeune Afrique avec AFP

Au Kenya, hommage à Kelvin Kiptum, à la veille des funérailles nationales
Des centaines de personnes ont rendu jeudi hommage à Kelvin Kiptum, recordman du monde kényan du marathon mort dans un accident de voiture il y a onze jours, à l’occasion d’une procession dans les rues d’Eldoret. Accompagné de chants, ou en silence, le cercueil, entouré de fleurs, du grand espoir de l’athlétisme kényan a circulé à bord d’un corbillard lors d’une procession dans les rues d’Eldoret, haut lieu de la course à pied. Le père et la mère de l’athlète, Samson Cheruiyot et Mary Kangongo, sont arrivés en pleurs près du cercueil, avant le début de la procession. Le cercueil de Kiptum a pris la direction d’Iten, célèbre centre d’entraînement pour les coureurs de fond et demi-fond. Une messe a ensuite été célébrée à Chepkorio, à une quarantaine de kilomètres d’Eldoret…Favori des Jeux olympiques de Paris, Kelvin Kiptum s’est tué dans la nuit du dimanche 11 février au lundi 12 après une sortie de route dans la localité de Kaptagat, dans la vallée du Rift, non loin de son lieu de résidence et d’entraînement. Son entraîneur Gervais Hakizimana, également à bord, a aussi été tué sur le coup. AFP