Revue de presse du 22 avril 2025

RDC : Situation tendue dans plusieurs villages de Masisi après accrochages entre AFC/M23 et Wazalendo
La situation a été tendue ce lundi 21 avril dans plusieurs villages du territoire de Masisi (Nord-Kivu), où les rebelles du M23 et les combattants Wazalendo se sont de nouveau affrontés. Selon des sources locales, les villages Bibatama (groupement Kibabi 2), Luke (groupement Nyamaboko 2) et Mungote (groupement Kibabi 2) ont été, presque toute la journée de dimanche, le théâtre de violents combats. Les affrontements y ont opposé les rebelles du M23 aux combattants Wazalendo. Aucun bilan n’est disponible pour le moment. Selon plusieurs sources, des centaines d’habitants ont fui leurs villages. Pendant ce temps, ces sources dénoncent le rançonnement des habitants d’Ufamandu 2 par les combattants du groupe Union des patriotes et démocrates pour la défense du Congo, d’un certain Noah Maachano. Ces derniers imposeraient, depuis la semaine dernière, une taxe parallèle de 10 000 francs congolais (3.5 USD) par ménage. Une forte tension avait aussi régné mercredi dernier dans la localité de Kilambo, située dans le groupement Buabo, au sud du chef-lieu du territoire de Masisi. Cette localité avait été le théâtre d’affrontements, deux jours durant, entre les rebelles du M23/AFC et les combattants Wazalendo. Radio Okapi

Guerre au Soudan : des tirs d’artillerie au Darfour font plus de 30 morts
Des tirs d’artillerie des paramilitaires sur la ville assiégée d’El-Fasher, au Darfour, dans l’ouest du Soudan, ont fait plus de 30 morts et des dizaines de blessés, a rapporté lundi 21 avril un comité de résistance local. Des « tirs d’artillerie lourde » ont visé, dimanche, des quartiers habités de la ville, a déclaré le comité de résistance. Depuis deux ans, les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) dirigées par le général Mohammed Hamdan Daglo sont en guerre contre l’armée du général Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane…Après la perte de la capitale, Khartoum, en mars, les paramilitaires ont concentré leurs attaques au Darfour pour tenter de s’emparer d’El-Fasher, la dernière capitale provinciale de cette région à leur échapper. Le 13 avril, les FSR ont annoncé avoir pris le camp de Zamzam, proche d’El-Fasher, où vivaient plus de 500 000 déplacés, lors d’un assaut qui a fait plus de 400 morts, selon l’ONU. Les Nations unies, des dirigeants de pays étrangers et des groupes d’aide humanitaire ont mis en garde contre le carnage qu’une attaque de grande envergure entraînerait dans la ville assiégée et ses environs, où l’Unicef affirme qu’au moins 825 000 enfants se trouvent pris au piège dans un « enfer ». Assiégée depuis près d’un an, El-Fasher est le dernier grand bastion urbain du Darfour encore sous le contrôle de l’armée. Le Monde avec AFP

Guerre au Soudan: les FSR et l’armée visent Nyala, une des villes les plus peuplées du pays
La capitale du Darfour du Sud Nyala est dans le viseur de l’armée soudanaise, qui se prépare à la reprendre afin de desserrer l’étau autour d’el-Fasher. Sous le contrôle des paramilitaires des Forces de soutien rapide depuis octobre 2023, elle est située au carrefour des échanges commerciaux avec la Centrafrique et le Soudan du Sud et est devenue la principale source d’armement des FSR. Elle est en passe d’être la base de leur gouvernement parallèle, ce que l’armée cherche à éviter face au risque de partition du Soudan. Tout à Nyala indique que la situation se dirige vers une confrontation entre l’armée et les paramilitaires des FSR. Selon des informations concordantes venant de l’intérieur de la ville, les Forces de soutien rapide sont en train de fortifier leur position. Elles creusent des tranchées et posent des mines tout autour de Nyala, surtout autour de l’aéroport. Les habitants se montrent inquiets et s’attendent au pire. Les renseignements militaires soudanais indiquent que l’aéroport de Nyala est largement utilisé pour recevoir des armes et des mercenaires, mais aussi pour évacuer les blessés haut-gradés des FSR blessés à el-Fasher vers Dubaï. Sudan Tribune, se basant sur des fuites du prochain rapport du groupe des experts de l’ONU, accuse Abou Dhabi d’avoir doté les FSR d’un système de défense anti-aérien moderne. Il s’agit selon des experts militaires du FK 2000 chinois. Ces informations sont confirmées par des images satellites récentes. RFI

Au Sahel, « se taire ou subir », les journalistes dans le trou noir de l’information
[N]ombreuses sont les organisations qui alertent sur les entraves de la liberté d’expression dans les pays de l’AES. Au Mali, Yeri Bocoum, journaliste et cyberactiviste a été arrêté en juin 2024 par les services de sécurité d’Etat puis libéré quelques semaines plus tard. Au Burkina Faso, des journalistes arrêtés sont actuellement au front contre les groupes armés. Au Niger, le journaliste nigéro-ivoirien Serge Mathurin Adou a été arrêté puis relâché trois mois plus tard…Au Burkina Faso, « le métier de journalisme est devenu un métier totalement criminalisé », indique Yacouba Ladji Bama, Directeur de publication du journal burkinabè d’investigation en ligne Bamyinga.com, aujourd’hui en exil. Selon Sophie Douce, le Sahel est devenu un trou noir de l’information…Sadibou Marong, Directeur bureau Afrique Subsaharienne de Reporters Sans frontières (RSF), basé à Dakar au Sénégal, indique que le Sahel devient une zone de non-information. « Que ce soit par la force, la technologie ou le droit, les moyens employés pour affaiblir le journalisme indépendant au Sahel ont conduit à ce que la région devienne progressivement une ‘zone de non-information’ ». BBC

La CEDEAO va délibérer sur le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger
Le Conseil des ministres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) réuni, ce mardi, en session extraordinaire à Accra au Ghana, va délibérer sur le retrait du Burkina Faso, du Mali et du Niger, a-t-on appris de source officielle. « Les principaux points à l’ordre du jour comprennent les modalités du processus de retrait et les implications pour les institutions et agences de la CEDEAO opérant dans les trois pays », rapporte l’organisation communautaire sur sa page officielle. D’autres questions connexes d’importance régionale seront abordées durant cette session de deux jours. Le 29 janvier, le Mali, le Burkina et le Niger avaient décidé de quitter officiellement la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) lui reprochant des sanctions “inhumaines, illégales et illégitimes” imposées à ces trois pays dirigés par des régimes militaires. Les trois pays ont mis en place l’Alliance des États du Sahel (AES) visant à renforcer la coopération entre les États membres. La CEDEAO a, quant à elle, pris acte de cette décision avant de demander à ses membres de “reconnaître jusqu’à nouvel ordre les passeports et cartes d’identité nationaux portant le logo de la CEDEAO détenus par les citoyens” de ces trois pays qui peuvent continuer de « jouir, jusqu’à nouvel ordre, du droit de circulation, de résidence et d’établissement sans visa, conformément aux protocoles » de l’organisation communautaire. Agence de Presse Sénégalaise

AES : les passeports maliens reçoivent l’aval de l’espace Schengen
Les passeports AES délivrés par le Mali peuvent à présent être utilisés pour voyager en Europe. Selon nos informations, confirmées par une source diplomatique à Bamako, les ambassades européennes ont validé début avril l’authenticité et la conformité de ce nouveau document de voyage, ouvrant ainsi la voie à son acceptation dans tout l’espace Schengen. Une décision très attendue, qui met fin à plusieurs semaines d’incertitude. Depuis le 29 janvier, date de la mise en circulation du passeport AES par les autorités maliennes, les chancelleries occidentales rechignaient à l’accepter. En cause, l’envoi tardif du spécimen requis. Comme l’avait révélé Jeune Afrique, les exemplaires témoins n’ont été transmis aux représentations étrangères à Bamako que le 10 mars, soit plus d’un mois après leur diffusion…Malgré les tensions persistantes entre le Mali et la France, la procédure de reconnaissance s’est poursuivie, notamment via les services du ministère de l’Intérieur français et les autorités belges. « Le dossier a été examiné dans le cadre d’une coordination entre les États Schengen, avant d’être approuvé », confie la source diplomatique précitée…Cette affaire a permis de dévoiler, que les passeports « souverainistes » de l’AES sont fabriqués par la société française Idemia. L’entreprise, qui entretient des relations houleuses avec Bamako depuis plusieurs années, en produit entre 12 000 et 16 000 par mois pour le compte de l’État malien. Jeune Afrique

Bénin : attaque jihadiste présumée dans le nord du pays, huit soldats béninois tués
Huit soldats béninois ont été tués [la semaine dernière] dans une attaque jihadiste présumée dans le parc national du W, dans le nord du Bénin, région de plus en plus touchée par des attaques attribuées aux jihadistes, a appris vendredi l’AFP de sources militaires…L’attaque a visé deux positions des soldats antijihadistes de l’opération « Mirador » au niveau des chutes d’eau de Koudou et du triple point, nom donné à la zone frontalière entre le Bénin, le Niger et le Burkina Faso, précise un haut gradé de l’armée…Les attaques jihadistes se sont propagés au nord du Bénin depuis ses voisins du Burkina Faso et du Niger, pays sahéliens minés par des groupes armés affiliés à l’organisation Etat islamique ou à Al-Qaïda…En janvier 2022, le pays a déployé près de 3.000 soldats pour sécuriser ses frontières dans le cadre de l’opération « Mirador », avant de recruter 5.000 soldats supplémentaires pour renforcer la sécurité dans le nord. Début janvier, 28 militaires béninois avaient été tués au niveau du triple point dans une attaque revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM ou JNIM en arabe). TV5 Monde

Les brouteurs, des escroqueries par mail aux « faux de l’amour », une si longue histoire
Apparues dans les boîtes mail occidentales dès les années 2000, en même temps que l’usage d’Internet se généralisait dans les foyers et les entreprises, les arnaques à l’héritage continuaient de prospérer une décennie plus tard, s’appuyant sur des envois de courriels entre-temps devenus massifs. Déclinées à travers plusieurs variantes, il y est généralement question d’une veuve occidentale et philanthrope ayant fait fortune en Afrique, aujourd’hui dévorée par un cancer ou par toute autre maladie en phase terminale. Son décès, imminent, risquerait donc de priver l’humanité en souffrance des bienfaits que son argent pourrait lui prodiguer…Des premiers adeptes de ces escroqueries épistolaires aux « Yahoo boys » nigérians puis à leurs cadets, « brouteurs » ivoiriens, on peut donc reconstituer un arbre généalogique s’étalant sur plusieurs siècles. La recette repose sur des ingrédients demeurés globalement inchangés. Tout d’abord, un mode de conversation à distance, par écrit, excluant tout contact physique ou visuel entre le brouteur (un jeune Africain) et son « mougou » (pigeon), le plus souvent un homme ou une femme de plus de 50 ans résidant en Europe de l’Ouest – y compris via des appels vidéo que le second réclame avec insistance mais que le premier s’évertue à décliner sous divers prétextes…Au cours des dernières années, les escrocs ont été amenés à diversifier le scénario de leurs stratagèmes. « Cela passe souvent par des petites annonces : location immobilière, vente d’un véhicule, voire annonces d’emploi… Mais il y a aussi des arnaques plus élaborées, comme celles à l’escort ou au faux président », précise le Français Victor Baissait, qui enseigne dans des écoles privées supérieures tout en œuvrant à démasquer les brouteurs via sa chaîne YouTube. Jeune Afrique

Italie-Algérie : Giorgia Meloni, Abdelmadjid Tebboune et la diplomatie du gaz
Depuis son élection en septembre 2022, la présidente du Conseil italien déploie diverses stratégies en direction de l’Afrique. Elle a d’abord tenté une approche « équitable » pour obtenir des matières premières, dont l’énergie, avant de dégainer son plan Mattei, une stratégie de coopération en direction de l’Afrique, dont le double objectif est de limiter l’afflux de migrants en Italie et d’introduire les entreprises italiennes sur de nouveaux marchés. Dans les grandes lignes, cette proposition de plan « gagnant-gagnant » pouvait paraître séduisante ; dans les faits, le plan Mattei piétine. Toutefois, pour Giorgia Meloni, la régression des flux migratoires depuis l’été 2023 est un succès bien plus important qu’elle ne l’escomptait. Un succès qu’elle doit, en partie, au président algérien, Abdelmadjid Tebboune. Ce dernier l’a en effet introduite auprès du président tunisien, Kaïs Saïed, avec lequel elle a négocié, pour le compte de l’Union européenne (UE), un mémorandum d’entente sur un partenariat stratégique et global, signé le 16 juillet 2023. Ce coup de pouce algérien a permis au président Tebboune d’être dans les bonnes grâces de la cheffe de l’exécutif italien et de faire d’Alger un fournisseur en gaz de premier plan pour Rome…Giorgia Meloni a ainsi réussi à repositionner l’Italie comme un pays de premier plan parmi les 27 Européens et, toujours à son avantage, elle écarte un peu plus la France de l’Algérie, de la Tunisie et, dans une moindre mesure, de la Libye. Jeune Afrique

Tunisie: importante saise de drogue sur fond d’intensification de la lutte contre le narcotrafic
C’est dans le gouvernorat de Nabeul, en Tunisie, à une soixantaine de kilomètres de Tunis, que s’est déroulée cette saisie de grande ampleur. Selon le communiqué de la garde nationale tunisienne publié le 19 avril, les autorités ont démantelé un réseau international de trafiquants de drogues et saisi plusieurs voitures de luxe qui servaient au trafic. Cette opération record s’est déroulée après plusieurs mois de surveillance. La garde nationale communique sur des saisies presque quotidiennes qui témoignent de l’augmentation du trafic de drogue en Tunisie. Le porte-parole de la direction de la sûreté nationale, Imed Memmacha, avait même annoncé en mars dernier que la Tunisie est devenue un « pays de consommation de drogues par excellence » à cause de la banalisation de l’usage de psychotropes chez les jeunes de 16 à 18 ans dont la consommation de drogues a été multipliée par cinq ces dernières années. La diffusion de stupéfiants en milieu scolaire a également augmenté. La Tunisie n’est pas un pays producteur de drogues et fait l’objet de trafics accrus avec l’Europe pour les drogues dures et de synthèse. Plus de 5 000 trafiquants ont été arrêtés dans le pays en 2024, contre 3 165 en 2023. RFI