Revue de presse du 22 avril 2024

Au Mali, plus de 110 civils retenus par des « djihadistes » présumés depuis six jours
Plus de 110 civils ont été arrêtés à bord de trois bus, mardi 16 avril, et sont retenus, depuis, par des « djihadistes » présumés dans le centre du Mali, ont affirmé un groupement d’associations de cette région qui réclame leur libération et un élu local à l’Agence France-Presse, lundi 22 avril. Selon ces mêmes sources, les « djihadistes » ont contraint les quelque 110 passagers à prendre la direction d’une forêt entre les localités de Bandiagara et de Bankass, situées au centre du Mali. Des rumeurs faisant état de la libération par l’armée malienne de ces civils retenus avaient circulé dans la foulée de cet enlèvement. Le Monde avec AFP

Mali : le ministre de la Défense mauritanien à Bamako sur fond de tensions diplomatiques
Le ministre de la Défense mauritanien a été reçu samedi par le chef de la junte malienne à Bamako sur fond de vives tensions diplomatiques entre les deux pays, ont annoncé la présidence malienne et la diplomatie mauritanienne. La veille, le chef de la diplomatie mauritanienne avait convoqué l’ambassadeur du Mali accrédité à Nouakchott « pour l’informer de sa protestation contre les attaques répétées contre des citoyens mauritaniens innocents et sans défense à l’intérieur du territoire malien », dit un communiqué du ministère des Affaires étrangères mauritanien, sans donner plus de détails…Après avoir elle-même fait les frais de la poussée jihadiste, la Mauritanie, vaste pays majoritairement désertique de 4,5 millions d’habitants, n’a plus connu d’attaque depuis 2011 alors que le jihadisme se propageait ailleurs au Sahel. Le Mali est pour sa part confronté au jihadisme et plongé dans une profonde crise multidimensionnelle depuis 2012. Il a rompu l’alliance avec la France et ses partenaires européens en 2022 et s’est tourné militairement et politiquement vers la Russie. Il y a environ deux semaines, la Mauritanie avait accusé l’armée malienne et ses alliés russes d’avoir poursuivi en territoire mauritanien des hommes armés. Bamako avait dépêché à Nouakchott une délégation de haut niveau pour tenter de calmer le jeu. AFP

Bénin: les enlèvements, en hausse, répondent à une stratégie précise des groupes terroristes
Depuis la mi-2022, le Bénin fait face à une augmentation de la violence en raison de l’infiltration de groupes terroristes liés à al-Qaïda. En 2023, 222 incidents impliquant des groupes extrémistes violents ont été enregistrés, principalement dans le Nord du pays, dont des enlèvements de personnes. Ces actes sont un véritable « outil » pour ces groupes dans leur stratégie d’expansion, selon des experts. Pour Abdel Aziz Mossi, enseignant-chercheur à l’université de Parakou et auteur d’un article sur la question publié à la mi-avril, les enlèvements sont un véritable « outil » pour les groupes terroristes. Cela dans leur stratégie d’expansion de leur influence au-delà du Sahel central. Car les enlèvements sont « opérés parfois pour mettre la population en garde contre toute éventuelle collaboration avec les forces de défense et de sécurité » ainsi qu’à« titre de recrutement ». RFI

Trois otages humanitaires camerounais libérés au Nigeria après cent jours de captivité
Après cent jours de captivité, trois humanitaires camerounais de l’ONG française Première urgence internationale (PUI) enlevés dans le nord du Cameroun, où des groupes djihadistes sont actifs, ont été libérés vendredi 19 avril, sains et saufs, au Nigeria, a annoncé leur organisation à l’Agence France-Presse (AFP)…Les trois employés de l’ONG française avaient été kidnappés le 10 janvier dans le village de Yémé, dans l’extrême-nord du Cameroun, alors qu’ils travaillaient « dans le cadre d’activités de sécurité alimentaire et de lutte contre la malnutrition », avait alors annoncé PUI. Le Monde avec AFP

Au Cameroun, le camp de réfugiés de Minawao est totalement saturé
Dans la région de l’Extrême-nord du Cameroun, le camp de réfugiés de Minawao est toujours saturé. Le seuil de 77 000 réfugiés a été franchi et les infrastructures et moyens pour répondre aux besoins alimentaires, sanitaires et éducatifs sont insuffisants. La situation atteint un point critique qui n’est pas soutenable sur la durée, selon les organisations humanitaires. Construit en 2013 à 70 km de la frontière nigériane pour accueillir les victimes de Boko Haram, le camp de Minawao n’a pas été conçu pour durer. Pourtant, une décennie a passé et le camp est toujours là. Sauf que les différentes extensions n’ont pas suffi. L’an dernier, le camp a dû absorber jusqu’à 5 000 nouveaux arrivants en septembre, dix fois plus qu’en temps « normal ». Les réfugiés viennent directement du Nigéria…Pour expliquer cet afflux, les humanitaires mettent en avant plusieurs facteurs. La violence, d’une part, car les factions issues de Boko Haram continuent de s’en prendre aux habitants côté nigérian et le long de la frontière côté camerounais. Ensuite, la dégradation de la situation économique joue aussi un rôle. L’inflation, la chute du naira nigérian ou encore la pression sur les terres arables au Cameroun impact l’afflux de réfugiés. RFI

L’ONU appelle à démanteler les réseaux de trafic de drogue au Sahel
L’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) appelle à prendre des mesures « urgentes » pour démanteler les réseaux de trafic de drogue qui alimentent l’instabilité dans les pays du Sahel, dans son rapport 2024 publié vendredi…Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, trois pays dirigés par des régimes militaires où des groupes armés notamment jihadistes contrôlent de vastes pans de territoire, « le faible État de droit facilite l’expansion de l’économie de la drogue, qui peut, à son tour, fournir des ressources financières pour maintenir ou intensifier les conflits », souligne l’ONUDC. Ces pays aux frontières poreuses sont des couloirs de transit pour les drogues qui circulent à partir des ports des pays du golfe de Guinée vers la Méditerranée et l’Europe, en passant par les routes transsahariennes…Depuis quelques années, la région est également devenue une zone de consommation. La résine de cannabis reste la drogue la plus fréquemment saisie dans les pays du Sahel, suivie par la cocaïne et les opioïdes. AFP

Au Togo, adoption d’une nouvelle Constitution contestée par l’opposition, à quelques jours des élections législatives
A seulement dix jours des élections législatives, les députés togolais ont définitivement adopté, vendredi 19 avril, une nouvelle Constitution, contestée par l’opposition. Adoptée dans la soirée avec 87 voix sur 87, la nouvelle loi fondamentale fait basculer le pays d’un régime présidentiel à un régime parlementaire et acte la disparition du suffrage direct pour choisir le président de la République, en même temps qu’elle crée la fonction de président du conseil des ministres, qui concentre tous les pouvoirs. La magistrature suprême est, selon les termes de la nouvelle Constitution, vidée de sa substance, puisque le nouveau président est privé de toute prérogative. Ce sont les députés qui éliront le chef de l’Etat « sans débat » et « pour un mandat de quatre ans renouvelable une fois ». Le véritable exercice du pouvoir résidera entre les mains d’un président du conseil des ministres, une sorte de super-premier ministre, qui sera obligatoirement « le chef du parti majoritaire » à l’Assemblée nationale, stipule le nouveau texte. Le Monde avec AFP

Guinée: les médias, inquiets des pressions subies, demandent audience au président Doumbouya
En Guinée, depuis l’an dernier, les médias audiovisuels et les sites d’information sont brouillés ou tout simplement suspendus pour des raisons de « sécurité nationale », selon les autorités de transition. Le dernier épisode s’est produit la semaine dernière (mercredi 17 avril), avec la suspension pendant six mois du site inquisiteur.net décidée par la Haute autorité de la communication (HAC) pour cause de « diffamation ». Inquiètes, les associations souhaitent s’adresser directement au président Mamadi Doumbouya. Le secrétaire général du syndicat SPPG (Syndicat des professionnels de la presse de Guinée), Sékou Jamal Pendessa, rappelle que 500 journalistes sont au chômage technique. RFI

Une journaliste burundaise poursuivie pour « atteinte à la sûreté de l’Etat »
Une journaliste burundaise, détenue depuis cinq jours par les services de renseignement, a été inculpée pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat », des poursuites passibles de la prison à perpétuité, ont affirmé vendredi à l’AFP des sources judiciaires et sa famille. Sandra Muhoza, 42 ans, est journaliste pour La Nova Burundi, média en ligne réputé plutôt proche du pouvoir. Elle a été arrêtée samedi 13 avril et conduite le lendemain dans les locaux du Service national du renseignement (SNR) à Bujumbura, la capitale économique de ce pays d’Afrique de la région des Grands lacs…Selon des proches, Sandra Muhoza a été arrêtée à la suite d’une dénonciation pour des propos tenus dans une conversation Whatsapp de journalistes dans un débat sur une présumée distribution de machettes aux Imbonerakure, membres de la ligue des jeunes du parti CNDD-FDD. AFP

La Belgique demande à la RDC de porter plainte contre le Rwanda
La Belgique demande au Gouvernement congolais de porter plainte contre le Rwanda auprès des instances judiciaires internationales pour agression. C’est l’ambassadrice belge en poste à Kinshasa, Roxane de Bilderling, qui l’a déclaré vendredi 19 avril à Goma devant la presse. C’est après avoir évoqué la loi d’intangibilité des frontières de chaque pays telle que reconnue par les instruments juridiques internationaux. La diplomate belge a affirmé, par la même occasion, que son pays avait déjà condamné l’agression de la RDC par le Rwanda au regard des massacres, des tueries extra-judiciaires perpétrés sur le sol congolais…A partir de ces informations, y compris des rapports d’enquêteurs de l’ONU, qui attestent la présence des troupes rwandaises sur le sol congolais, a argué Roxane de Bilderling, « il y a matière que le Congo introduise une plainte auprès de la Cour internationale de justice ». Radio Okapi

Éthiopie: des exactions entre Tigréens et Amharas au Nord forcent de milliers de civils à l’exil
L’inquiétude en Éthiopie après que des violences ont été rapportées entre les régions du Tigré et de l’Amhara. Dimanche 21 avril, sept ambassades, dont celle des États-Unis, du Royaume-Uni ou encore de France, ont publié un communiqué conjoint pour faire part de leur préoccupation. Depuis plusieurs jours, les forces tigréennes et amharas se battent pour le district de Raya Alamata. Les combats durent depuis plus d’une semaine, dans les districts de Raya Alamata, Zata et Ofla, selon le Bureau des Nations unies pour les affaires humanitaires (Ocha). Ce dernier déplore le déplacement d’au moins 29 000 civils…Raya Alamata est disputé depuis longtemps par le Tigré et la région amhara. Ce district était tigréen jusqu’à la guerre de 2020, au cours de laquelle il a été occupé par les forces amharas. RFI

Handicap international: les ravages «sans précédent» des armes explosives en 2023
Quelque 75 pays et territoires, soit un tiers du globe, ont été touchés en 2023 par l’utilisation d’armes explosives, causant un niveau de dégâts « sans précédent » sur les infrastructures civiles et les populations, selon un rapport annuel de Handicap International publié lundi. Le rapport souligne que les civils représentent 90 % des victimes des armes explosives utilisées dans les villes. Le nombre de civils tués est en hausse de 122 % par rapport à 2022, selon le rapport, qui recense également une très forte hausse des attaques contre les infrastructures de santé (763 incidents, +12 % en 2023), d’éducation (+80 %) ou d’aide humanitaire…Neuf pays ou territoires sont particulièrement affectés, selon l’ONG Handicap International : Liban, Birmanie, Pakistan, Palestine, Somalie, Soudan, Syrie, Ukraine, Yémen. RFI

Côte d’Ivoire: Abidjan accueille le 5e forum Afrique-Europe sur la sauvegarde des patrimoines culturels africains
Abidjan accueille le 5e forum régional Afrique-Europe de l’Institut français, « Notre Futur », du 20 au 22 avril. L’enjeu de cette édition, qui se tient entre plusieurs lieux d’Abidjan est de mettre en lumière les enjeux de valorisation de patrimoines et de mémoires sous le prisme des Industries Culturelles et Créatives (ICC). Parmi les pistes proposées par les intervenants : la numérisation du patrimoine architectural menacé…La technologie utilisée, explique le Franco-Libanais Bachaar Tarabay, chargé des projets scientifiques à Iconem, s’appelle la photogrammétrie. « C’est une technologie qui consiste à prendre des milliers de photos selon une trame et des paramètres précis pour reconstituer un jumeau numérique identique d’un site. On utilise des drones, des appareils photos… Et ce qu’on fait dans les missions de formation, c’est qu’on achète les mêmes équipements aux acteurs qu’on va former pour qu’ils puissent eux-mêmes scanner le reste de leur patrimoine dans leur pays. » Le Togolais Nicolas-Etienne Sohou N’gani est venu assister à la table ronde. Expert-consultant en culture, tourisme et développement, enseignant sur les questions de gestion du patrimoine audiovisuel à l’université Senghor d’Alexandrie (Egypte), il dirige un projet répondant au même objectif, mais a opté pour une autre technique de numérisation : la vidéo immersive à 360 degrés. RFI