Sénégal : Bassirou Diomaye Faye, le plan B d’Ousmane Sonko
Cofondateur du Pastef en 2014, l’actuel secrétaire général du parti a toujours été le discret bras droit d’Ousmane Sonko, écarté de la course présidentielle par le Conseil constitutionnel après sa condamnation pour diffamation par la justice. Le choix d’en faire le « plan B » pour l’élection a été officialisé fin décembre. « Je suis un candidat de substitution parce que c’était notre manière d’imposer notre présence dans cette joute électorale », reconnait sans fausse pudeur l’intéressé…Après l’arrestation d’Ousmane Sonko, accusé de viols répétés par une employée de salon de massage, l’ex-Pastef perd son chef charismatique. Alors que plusieurs cadres sont arrêtés, Bassirou Diomaye Faye prend la relève et devient le secrétaire général du parti…Décrié pour son manque d’expérience en tant qu’élu ou son échec lors des municipales de 2022 à Ndiaganiao (région de Mbour), sa commune d’origine, Bassirou Diomaye Faye qui se présente comme « antisystème » et « panafricain », peut toutefois compter sur le maillage territorial de l’ex-Pastef et de ses alliés, ainsi que sur une forte présence sur les réseaux sociaux. Le parti électrise une part importante de la jeunesse, en attente de perspectives, mais mobilise aussi au sein de l’élite intellectuelle et des fonctionnaires. Le Monde
Centrafrique: à son procès, l’opposant Mboli-Goumba s’est dit «prêt à passer même 20 ans en prison»
En Centrafrique, le procès de maître Crépin Mboli-Goumba, l’un des leaders d’opposition et président du Parti africain pour une transformation radicale et l’intégration des États (Patrie), s’est tenu ce 20 mars 2024 à Bangui. Le 21 février dernier, lors d’une conférence de presse, Crépin Mboli-Goumba avait accusé la justice centrafricaine d’être corrompue jusqu’au plus haut-sommet de la hiérarchie. Poursuivi pour diffamation et outrage à magistrats, il a été interpellé le 3 mars dernier à l’aéroport de Bangui, alors qu’il s’apprêtait à voyager pour le Cameroun. Après trois jours de garde à vue, Crépin Mboli-Goumba a été remis en liberté provisoire et sa comparution proprement dite s’est tenue ce mercredi au tribunal de grande instance de Bangui…Dans son réquisitoire, le procureur général a requis un an de prison contre Crépin Mboli-Goumba et une amende de 125 millions de francs CFA à payer à chacun des quatre magistrats plaignants. La Cour va rendre son verdict le 27 mars prochain. RFI
Tchad: à deux mois de la présidentielle, le nouveau code électoral au coeur de critiques
Des conseillers d’opposition pointent du doigt certaines dispositions qui marquent, disent-ils, un « grave recul » en termes de transparence qui risquerait d’« entamer la crédibilité du processus électoral à venir ». Selon l’ancien code électoral, les résultats devaient être affichés devant les bureaux de vote après le dépouillement. C’est désormais terminé, selon le nouveau code électoral, au grand dam du conseiller d’opposition Brice Mbaimon, également candidat à l’élection présidentielle : « l’affichage est bien sûr un crédit de transparence pusique après le dépouillement, on affiche le résultat au vu et au su de tout le monde. On peut même les filmer ! Ca affaiblit le crédit de transparence qui était recommandé au dialogue. » Les représentants des partis politiques ne reçoivent plus de copie des procès-verbaux à la sortie des bureaux de vote : « Le candidat ou son parti a besoin de faire le comptage de ses propres voix avec la feuille de résultats, dont une copie doit lui être remise. Mais si la copie n’est pas remise, je ne sais pas sur quelle base il faut va faire le décompte de ses propres voix. C’est un recul très grave qui affecte la transparence et la crédibilité du processus. » Autres changements notable, le bulletin unique est abandonné pour les législatives, sénatoriales et locales. Les candidatures indépendantes sont limitées. Un « certificat de résidence effective d’au moins un an au Tchad » figure parmi les pièces à fournir au dossier de candidature pour la présidentielle alors qu’il suffit simplement de résider au Tchad, selon la Constitution. RFI
Nouveaux combats entre deux communautés dans l’est du Tchad, 42 morts
Au moins 42 personnes ont été tuées dans des combats entre « deux communautés » dans l’est désertique du Tchad, a annoncé le ministère de la Sécurité publique, dans une région où s’affrontent régulièrement cultivateurs sédentaires et éleveurs nomades, ou d’autres groupes, pour des conflits fonciers. Ces affrontements, dont un communiqué du ministère ne dit ni entre quels groupes exactement ni combien de temps ils ont duré, ont aussi abouti à l' »arrestation de 175 personnes directement sur la scène de crime », où « une grande partie » du village de Tileguey, dans la province du Ouaddaï, a été « incendié par des hommes armés »…Ces genres d’affrontements très meurtriers sont récurrents dans l’est et le sud de ce vaste pays semi-désertique du Sahel. Ils opposent le plus souvent éleveurs nomades arabes et cultivateurs autochtones sédentaires, les premiers faisant passer ou paître leurs troupeaux dans les champs des seconds, ou bien des communautés locales qui se disputent la propriété de certaines terres. AFP
Soudan du Sud: 15 personnes tuées dans une embuscade
Quinze personnes, dont un responsable sécuritaire local, ont été tuées dans l’est du Soudan du Sud lors d’une embuscade tendue contre leur convoi par des hommes armés, a affirmé mercredi un responsable régional. Plus jeune pays du monde, le Soudan du Sud est en proie à des violences à caractère politico-ethniques et à une instabilité chronique depuis son indépendance du Soudan en 2011. Des jeunes hommes armés issus de l’ethnie Anyuak, majoritaire dans cette région du Soudan du Sud frontalière de l’Ethiopie, ont tendu mardi matin une embuscade contre un convoi officiel dans lequel se trouvait notamment le responsable de la sécurité du comté de Jebel Boma, a déclaré à l’AFP le ministre de l’Information de la région du Grand Pibor, Abraham Kelang…Abraham Kelang a accusé un ancien responsable sécuritaire du comté, qui avait été évincé de son poste, d’avoir mobilisé la jeunesse Anyuak pour former une rébellion. Après avoir obtenu son indépendance, le Soudan du Sud a sombré dans une guerre civile qui a fait près de 400.000 morts et des millions de déplacés entre 2013 et 2018. AFP
Au Cameroun, une paralysie parlementaire qui inquiète jusqu’au sommet de l’État
Plus de deux semaines après l’ouverture de la première session ordinaire de l’année, les deux chambres, l’Assemblée nationale et le Sénat, n’ont pas mené la moindre activité. Interrogés sur la question, députés et sénateurs ont tous la même réponse : « on s’ennuie ferme. » D’aucuns sont même retournés dans leur circonscription d’origine, signe évident qu’ils n’ont rien à faire à Yaoundé où siègent ces institutions. Selon des sources au Parlement, l’indisponibilité du président du Sénat est la source de ce quasi débrayage. Âgé de 90 ans, Marcel Niat Njifendji qui dirige l’institution depuis sa création en 2013, est annoncé malade et très affaibli. Revenu de l’étranger dimanche dernier après trois mois d’absence pour raison sanitaire, il a aussitôt été re-interné dans un hôpital de la capitale du Cameroun. La situation embarasse jusqu’au pouvoir et obligerait la hiérarchie du RDPC à réfléchir en urgence à son remplacement éventuel…Les arbitrages de la hiérarchie du RDPC qui valide les candidatures à la tête de ces institutions sont d’autant plus attendus que, selon la Constitution, le président du Sénat est le successeur du président de la République en cas de vacance du pouvoir. RFI
Au large de la Somalie, le retour de la piraterie
Il y a encore quelques mois, les actes de piraterie au large de la Somalie ne semblaient qu’un lointain souvenir ; quand, entre 2008 et 2012, les pirates infestaient les eaux claires du golfe d’Aden, menant plus de 600 attaques et récoltant environ 400 millions de dollars (environ 370 millions d’euros au cours actuel), selon la Banque mondiale. A l’époque, d’importants efforts militaires internationaux avaient permis de combattre les pirates et de sécuriser les passages. Ils semblaient avoir peu à peu éradiqué la menace. La dernière prise d’un navire par des groupes criminels somaliens datait de 2017. Dans un contexte de crise en mer Rouge, où les rebelles houthistes ciblent les navires commerciaux à l’aide de missiles et de drones piégés, la piraterie effectue simultanément un surprenant retour au large des côtes somaliennes…Quatre groupes de pirates (soit environ 36 hommes au total) navigueraient en ce moment dans une zone allant jusqu’à 1 900 km au large des côtes somaliennes. Ces derniers mois, ils ont capturé plusieurs dhows (des boutres typiques de l’océan Indien) qu’ils utiliseraient comme « vaisseaux mères », c’est-à-dire comme bases de lancement pour s’attaquer à des navires marchands plus importants. En outre, plusieurs camps de piraterie sont de nouveau actifs sur la côte somalienne, près de la ville portuaire d’Eyl, dans la région du Puntland. Le Monde
Coupure d’internet en Afrique: réparer les câbles sous-marins, une tâche complexe et fastidieuse
Une partie du continent africain s’est vu privée d’accès à internet, jeudi 14 mars, après l’arrachage de quatre des cinq câbles sous-marins qui permettent de relier l’Afrique de l’Ouest au réseau mondial. Si les différents opérateurs ont rapidement réagi pour rediriger leurs flux et rétablir le réseau, la réparation des câbles pourrait prendre plusieurs semaines…Dans la plupart des cas, ce type d’incident est dû à un arrachage des câbles par des ancres de navires, l’activité de bateaux de pêche ou par des mouvements de terrain sous-marins…Leur réparation est désormais une priorité des opérateurs pour éviter une saturation du réseau, mais il s’agit d’une tâche complexe et fastidieuse…Ces navires spécifiques sont ce que l’on appelle des navires câbliers. Ils sont conçus pour installer des câbles de la taille d’un tuyau d’arrosage au fond des océans, mais aussi pour les réparer. Jusqu’à 2 000 mètres de profondeur, ce sont des robots sous-marins qui sont chargés d’aller récupérer chaque extrémité des câbles endommagés, mais au-delà de 2 000 mètres, la situation se complique…Une fois les câbles remontés, « on les coupe proprement et on refait les soudures sur ces câbles que l’on rejoint avec un manchon étanche qui va ensuite être remis au fond de la mer. Là, on a quatre câbles donc quatre opérations à faire. Ça peut prendre plusieurs semaines », estime Stéphane Lelux. La fibre optique étant très fragile, l’opération pour ressouder les fibres entre elles peut prendre entre 15 et 20 heures pour chaque joint. Un travail mené par du personnel très spécifique spécialement formé pour ce genre d’intervention. RFI
Afrique du Sud: perquisition chez la présidente de l’Assemblée nationale, soupçonnée de corruption
En Afrique du Sud, la présidente de l’Assemblée nationale est sous le coup d’une enquête pour corruption. En début de semaine, le domicile de Nosiviwe Mapisa-Nqakula a été perquisitionné. Une mauvaise nouvelle pour l’ANC, le parti au pouvoir, en pleine campagne électorale…Nosiviwe Mapisa-Nqakula est soupçonnée d’avoir reçu des pots-de-vin lorsqu’elle était ministre de la Défense. En échange d’argent, elle aurait confié un contrat à un sous-traitant du ministère des Armées. Une cheffe d’entreprise dit avoir payé la ministre plus de 100 000 euros entre 2016 et 2019. L’affaire avait été révélée en 2021, mais elle vient de prendre une nouvelle tournure. Le train de vie de Nosiviwe Mapisa-Nqakula, lorsqu’elle était ministre de la Défense, avait déjà été épinglé par un député qui demandait des explications sur ses séjours dans des hôtels de luxe et ses voyages en jet privé. Cette nouvelle affaire est un exemple supplémentaire que la corruption n’est pas un lointain souvenir au sein de l’ANC, malgré la promesse du président Cyril Ramaphosa d’une nouvelle ère. Dans la liste des candidats aux prochaines élections, l’ANC a maintenu plusieurs ministres pourtant mis en cause dans le rapport de la commission anti-corruption Zondo. RFI
Afrique du Sud: une banque gèle les comptes de l’ancien président Jacob Zuma
La première banque sud-africaine a gelé ses comptes suite au non remboursement d’un prêt d’environ 480 000 euros. Celui qui fut forcé de quitter la présidence en 2018 après des soupçons de corruption fait toujours parler de lui. Jacob Zuma avait fait scandale en utilisant l’argent du contribuable pour engager des travaux de confort dans sa maison de campagne au début de son mandat. Des travaux qu’il avait fait justifier comme étant nécessaires à sa sécurité. Il avait finalement été condamné à rembourser l’argent à l’État. Mais son prêt, lui n’a pas été remboursé. C’est la justice qui vient d’ordonner le gel de son compte. À première vue, cette affaire tombe mal pour Jacob Zuma qui s’investit corps et âme dans la campagne d’un nouveau parti, le MK. Ce parti nourrit de grandes ambitions pour les élections générales du 29 mai…Le parti MK dit voir dans le gel du compte en banque, une manœuvre politique pour affaiblir Jacob Zuma à l’approche des élections. Le porte-parole du parti a même déclaré que l’ordre venait directement de l’ANC, l’ancien parti de Jacob Zuma avec lequel il est en conflit. RFI
Mauritanie : 4 policiers condamnés à perpétuité pour le meurtre d’un activiste sous la torture
Quatre policiers mauritaniens, dont un commissaire, ont été condamnés à la réclusion à perpétuité pour avoir causé la mort d’un militant des droits de l’homme sous la torture l’année dernière dans un poste de police de Nouakchott, selon des sources judiciaires. Les condamnés ont été reconnus coupables de « crimes de torture ayant entraîné la mort » d’une personne, « utilisation de la torture sans justification légale » et « altération de preuves pour entraver la justice ». De plus, un cinquième policier a été condamné à deux ans de prison, avec six mois avec sursis, pour avoir tenté de couvrir les auteurs du crime. Mardi dernier, le procureur mauritanien a requis la peine de mort contre le commissaire Moctar Salem Ould Sidoua et deux de ses subordonnés pour être directement responsables de l’homicide. Le militant des droits de l’homme Souvi Ould Cheine est décédé sous la torture dans un poste de police du nord de Nouakchott à la mi-février 2023, après avoir été convoqué pour une plainte de non-paiement de dette. Sa mort a suscité l’émoi dans l’opinion publique mauritanienne et a déclenché des troubles violents pendant plusieurs jours près du poste de police concerné, qui a finalement été fermé en raison de la pression exercée par les manifestants. Il s’agit de l’un des rares cas où un haut fonctionnaire en poste en Mauritanie est publiquement jugé pour des actes commis dans l’exercice de ses fonctions. Sahel Intelligence
Guerre : Des étrangers dans l’armée russe capturés en Ukraine
Huit prisonniers de guerre, originaires de Sierra Leone, de Somalie, de Cuba et du Népal, ont révélé lors d’une conférence de presse à Kiev qu’ils avaient été attirés en Russie par des promesses de salaires élevés, mais qu’ils s’étaient retrouvés sur le front en Ukraine. Organisée par des responsables ukrainiens, cette conférence de presse a présenté ces hommes comme des « mercenaires » provenant de pays du « Sud ». Selon eux, ils ont été capturés après avoir été « trompés » et se sont retrouvés à combattre malgré eux. Petro Iatsenko, porte-parole du bureau ukrainien chargé des prisonniers de guerre, a exhorté les pays concernés à prendre des mesures pour éviter que leurs ressortissants ne se fassent « duper par des recruteurs qui leur promettent des monts d’or ». Il a souligné que la décision de qualifier ces individus de « mercenaires » relève du tribunal, et que l’Ukraine cherche à les rapatrier dans leur pays d’origine. Sahel Intelligence