Revue de presse du 21 juin 2024

Mali : onze opposants à la junte, dont des chefs de partis, arrêtés à Bamako
Onze opposants maliens à la junte ont été arrêtés jeudi 20 juin au soir alors qu’ils se réunissaient dans la capitale Bamako, a fait savoir le lendemain leur coalition dans un communiqué. Parmi eux figurent des présidents de partis et mouvements politiques signataires d’une déclaration publiée le 31 mars et appelant la junte à rendre le pouvoir aux civils. Les interpellés se trouvent à la brigade d’investigation judiciaire (BIJ) à Bamako et doivent être présentés au procureur vendredi, a indiqué une source judiciaire. Après leur arrestation, ils ont été « entendus sur une réunion clandestine alors que les partis politiques sont interdits d’activités » au Mali par les militaires, sel on une source à la BIJ…Les signataires de la déclaration du 31 mars avaient constaté le « vide juridique et institutionnel » laissé après l’expiration du délai prévu pour le départ des militaires, et réclamaient la tenue d’une élection présidentielle « dans les meilleurs délais ». La junte dirigée par le colonel Assimi Goïta avait en effet décrété en juin 2022 que les militaires céderaient le pouvoir aux civils fin mars 2024, après une présidentielle prévue en février de la même année. Mais le scrutin a été depuis reporté à une date toujours inconnue. Les expressions d’opposition sont devenues exceptionnelles au Mali, étouffées par les injonctions à l’unité nationale et les mesures répressives. Le Monde avec AFP

Les cinq Nigériens en mission au Bénin pour Wapco Niger de retour à Niamey
Les cinq Nigériens en mission au Bénin pour Wapco Niger sont rentrés au pays ce jeudi 20 juin dans la soirée avec parmi eux, la directrice générale adjointe de Wapco Niger et ses deux compatriotes, condamnés avec sursis. Leurs avocats nigériens, l’ancien bâtonnier, Me Yaya Mounkaila, et Me Moumouni Maman Hachirou étaient dans l’avion avec eux. Leur vol est parti de l’aéroport international de Cotonou. La directrice générale adjointe de Wapco Niger et ses deux compatriotes ont quitté la prison de Cotonou après le verdict. Ils ont séjourné dans un hôtel avant leur départ. Selon des sources auprès de RFI, la police judiciaire leur a restitué leurs passeports, ordinateurs et téléphones ce mercredi. Et c’est après qu’ils se sont occupés des billets retours. Ils n’ont eu aucune difficulté jusqu’à leur embarquement. Selon les informations de RFI, leur avion a atterri à Niamey en début de soirée où ils ont été accueillis par le Premier ministre nigérien. Ils ont été reçus dans la foulée par le chef de la junte. Beaucoup espèrent que cette main clémente de la Criet, à l’origine de ce dénouement, aide à la décrispation entre le Niger et le Bénin. RFI

Guerre au Soudan: les paramilitaires s’emparent d’el-Fula, capitale stratégique du Kordofan Ouest
Au Soudan, les paramilitaires du général Mohammed Hamdan Dogolo, dit Hemedti, continuent leur avancée. Après avoir pris le contrôle d’une grande partie du Darfour, ils se sont saisi ce 20 juin 2024 de la ville d’el-Fula, la capitale du Kordofan Ouest. Ils ont notamment pris le contrôle des principaux bâtiments…Il y a donc bien la volonté de prendre le contrôle administratif de la région, comme ils l’ont fait pour le Darfour : les paramilitaires y contrôlent en effet toutes les capitales des quatre États du Darfour du sauf celle d’el-Fasher, capitale du Darfour du Nord qui n’est toujours pas tombée entre leurs mains après plus d’un mois de combats. El-Fula est une prise hautement symbolique : les FSR peuvent dire qu’ils contrôlent un État de plus, qu’ils sont en train de gagner la guerre. Et surtout, dans le Kordofan Ouest, se trouve la région d’Abyei, un territoire dont le statut est contesté et qui comprend la plus importante concentration de champs pétrolier dans la région. RFI

A Paris, plus d’un milliard d’euros pour accélérer la production de vaccins en Afrique et « renvoyer le choléra au passé »
Le Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales a lancé un nouveau mécanisme financier pour développer un marché de produits médicaux « made in Africa »…Le sommet, qui a réuni les chefs d’Etat du Sénégal, du Rwanda, du Ghana et du Botswana, vingt-cinq ministres de la santé du continent mais aussi d’Asie et du Moyen-Orient, a officiellement lancé un nouveau mécanisme financier baptisé AVMA (African Vaccine Manufacturing Accelerator ou Accélérateur de fabrication de vaccins en Afrique) en rassemblant des dons à hauteur de 1,2 milliard de dollars (1,12 milliard d’euros) afin de soutenir les producteurs du continent et ceux qui souhaiteraient s’y installer…La création d’un marché made in Africa, que les ministres de la santé du continent se sont engagés fin mai à soutenir par leurs commandes groupées, permettra aux gouvernements de fixer leurs propres priorités en faisant des économies d’échelle. Le Monde

Entre Emmanuel Macron et Bassirou Diomaye Faye, une rencontre pour « donner une nouvelle impulsion » aux relations franco-sénégalaises
En terme protocolaire, ce n’était qu’un déjeuner de travail entre Emmanuel Macron et son homologue sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, et non une visite officielle à Paris du second. Pour leur première rencontre physique, après un appel de félicitations au lendemain de sa victoire à l’élection présidentielle sénégalaise du 24 mars, les deux présidents ont toutefois échangé à l’Elysée en tête-à-tête, jeudi 20 juin, pendant plus de deux heures. Un signe qu’après le temps de la critique virulente de la politique française en Afrique, un thème au cœur du discours des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), le parti qui a porté au pouvoir Bassirou Diomaye Faye et son charismatique premier ministre Ousmane Sonko, l’heure est à l’apprivoisement entre les deux dirigeants. Et si le nouveau chef de l’Etat du Sénégal avait fait officiellement le voyage à Paris à l’invitation du Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales, et a, selon son entourage, « accepté » la rencontre avec Emmanuel Macron, sa délégation comprenait plusieurs ministres, dont ceux de la défense, de l’économie et des affaires étrangères…« Tous les sujets ont été mis sur la table », assure une source élyséenne, satisfaite de la tonalité de cette première rencontre. Paris pourrait craindre de subir au Sénégal la même vague « dégagiste » qu’au Mali, au Burkina Faso ou au Niger ; mais, au regard des premiers pas de ce président qui se définit comme souverainiste et panafricaniste, l’Elysée dit suivre avec « une attention particulière mais pas de préoccupation » l’évolution politique de l’un de ses premiers partenaires en Afrique de l’Ouest. Le Monde

Un tribunal namibien invalide une loi criminalisant les relations homosexuelles
La loi héritée de la période coloniale criminalisant les relations homosexuelles en Namibie a été invalidée vendredi par un tribunal de Windhoek, une décision saluée par la communauté LGBTQ+. « Le délit de sodomie est déclaré anticonstitutionnel et invalide », a souligné la haute cour de la capitale namibienne dans son jugement. Elle a déclaré également contraire à la Constitution « les délits de sexe contre nature ». « Nous ne sommes pas persuadés que, dans une société démocratique comme la notre, il soit raisonnablement justifiable de considérer une activité comme criminelle, uniquement parce que les citoyens, peut-être dans leur majorité, ne l’acceptent pas », ont considéré les juges de ce tribunal. La loi sur la sodomie interdisant les relations sexuelles entre homosexuels en Namibie datait de 1927, lorsque ce pays était sous mandat sud-africain. Elle n’avait pas été modifiée après l’accès à l’indépendance en 1990 mais était rarement appliquée…La décision du tribunal namibien intervient dans un contexte d’intolérance croissante sur la question des droits des LGBTQ+ en Afrique australe. Seuls quelques Etats africains ont dépénalisé les relations homosexuelles et l’Afrique du Sud est le seul du continent où le mariage homosexuel est autorisé et légal, depuis 2006. AFP

Radio M : La voix indépendante réduite au silence en Algérie
Le site web de Radio M, le dernier souffle pour la liberté de la presse en Algérie, faisant partie du groupe de médias indépendants dirigé par le journaliste algérien Ihsane El Kadi, a cessé ses activités mercredi dernier, suite à la confirmation par la justice de la dissolution de la société éditrice du média. Cette décision a été annoncée par l’équipe de Radio M à travers un communiqué émouvant publié sur Facebook. Depuis l’incarcération de M. El Kadi en décembre 2022, directeur de publication de Radio M, les autorités avaient saisi les équipements de la station et mis sous scellés ses locaux. Malgré les difficultés et le harcèlement constant des journalistes par les autorités, ainsi que les poursuites contre la société éditrice, Radio M avait réussi à maintenir ses activités. L’équipe de Radio M a exprimé sa résilience face aux obstacles rencontrés, mais a finalement dû céder après la confirmation par la Cour d’appel d’Alger le 13 juin 2024 de la dissolution d’Interface Médias, l’entité éditrice de Radio M. Cette décision intervient après que M. El Kadi ait été condamné en appel en juin 2023 à une peine de sept ans de prison, dont cinq ans fermes, suite à des accusations de « financement étranger de son entreprise »…Ce contexte s’inscrit dans un cadre plus large de répression des médias indépendants en Algérie, comme souligné par Reporters sans Frontières (RSF) qui a noté une détérioration de la liberté de la presse dans le pays en 2024, avec des journalistes souvent menacés ou arrêtés pour avoir simplement traité de sujets sensibles comme la corruption ou les manifestations. Sahel Intelligence

RDC : le Conseil de sécurité de l’ONU condamne les attaques perpétrées par le M23 et les ADF
Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU condamnent dans les termes les plus fermes la récente série d’attaques perpétrées par le Mouvement du 23 mars (M23) ayant fait des victimes civiles et blessé un Casque bleu de la MONUSCO. Dans cette déclaration publiée ce jeudi 20 juin, ils condamnent également la récente série d’attaques menées par les Forces démocratiques alliées, (ADF) ainsi que l’attaque contre le camp de personnes déplacées internes de Mugunga le 3 mai dernier. Des attaques qui ont fait de nombreuses victimes civiles dans la province du Nord-Kivu. Les membres du Conseil de sécurité expriment leur profonde préoccupation face à l’impact de ces attaques qui, selon eux, aggravent la sécurité et la stabilité précaires en RDC, et dans la région, et détériorent davantage la situation humanitaire actuelle, en particulier pour les civils vivant dans les sites de déplacement. Ils se disent également profondément préoccupés par l’intensification des attaques qualifiées de systémiques des ADF et par l’offensive actuelle du M23 vers Kanyabayonga, qui a déplacé 350 000 personnes la semaine dernière et qui a entraîné la suspension des opérations de distribution de nourriture et des services hospitaliers. Radio Okapi

RDC : environ 55 000 réfugiés sud-soudanais pris en charge en 8 ans par des humanitaires en Ituri et au Haut Uelé
Environ 55 000 réfugiés du Soudan du Sud sont pris en charge, depuis 8 ans, par des humanitaires dans différents sites de l’Ituri et du Haut Uelé. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR) a révélé ces chiffres jeudi 20 juin à Bunia par en marge de la journée mondiale des réfugiés. La plupart de ces réfugiés se sont intégrés dans les communautés locales et exercent des activités génératrices de revenu pour leur autonomisation avec l’appui du gouvernement. L’appui des humanitaires à ces réfugiés consiste notamment à la construction des abris, a la construction ou la réhabilitation des écoles, des structures sanitaires, de puits d’eau aménagés, de latrines. Mais aussi à la distribution des vivres et des articles ménagers essentiels, à l’appui en médicaments aux structures sanitaires locales, au paiement de frais pour les élèves et étudiants qui bénéficient aussi des fournitures scolaires. Ces interventions ont permis d’améliorer sensiblement les conditions de vie de ce refugiés, précise le HCR. Cependant certains défis restent à relever faute de moyens suffisants, ajoute la même source. C’est depuis 2016 qu’un afflux de refugies du Soudan du Sud est observé dans les territoires d’Aru et de Dungu à la suite des conflits armés dans leur pays d’origine. Ils sont arrivés par plusieurs vagues et se sont installés dans des familles d’accueil avant d’être relocalisés dans les sites de Biringi à 60 kilomètres d’Aru-centre et de Bele et Meri dans la province voisine du Haut Uele. Radio Okapi

Les droits de l’homme en Tunisie à l’agenda européen
Le 20 juin, à la dernière minute, Josep Borrell, haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, et, par ailleurs, vice-président de la Commission européenne, a fait inscrire à l’ordre du jour de la réunion du Conseil des Affaires étrangères, prévue le 24 juin à Luxembourg, une discussion sur la situation des droits humains en Tunisie. Cette initiative fait suite à un courrier que lui avait adressé le cabinet d’avocats William Bourdon et Associés, agissant, depuis Paris, pour le compte de plusieurs ONG (Comité pour le respect des libertés et des droits de l’homme en Tunisie, Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives, Centre libanais des droits de l’homme, EuroMed Droits). Dans ce document de onze pages, les avocats parisiens attirent l’attention du chef de la diplomatie européenne sur la détérioration de l’état des libertés publiques en Tunisie depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle le président, Kaïs Saïed, s’est arrogé des pouvoirs exorbitants. Le texte recense scrupuleusement les différentes affaires et les différents types de violations : abus sur les migrants, atteintes à la liberté d’expression, entraves à l’accès à une justice équitable, etc. Jeune Afrique

Gabon: les députés adoptent un nouveau code électoral à la majorité
Au Gabon, le projet de code électoral a été adopté ce mercredi 19 juin avec une majorité de députés. Sur 98 députés, 85 ont voté pour. Treize seulement ont voté contre ce texte qu’ils accusent d’être un instrument du ministère de l’Intérieur pour favoriser le candidat au pouvoir. Un argument contesté par les députés qui ont voté en faveur du texte. Au Gabon, Jean Valentin Leyama est l’un des députés qui a contesté le projet de code électoral depuis son introduction à l’Assemblée nationale. Malgré une dizaine de jours de toilettage du texte en commission, ce député et douze de ses collègues ont voté contre le projet…Après l’Assemblée nationale, le projet sera soumis au Sénat. Le parcours du combattant n’est donc pas fini pour le ministre de l’Intérieur qui a été très secoué par les députés. RFI