Sierra Leone: des médiateurs essaient de faire retomber les tensions avant les élections
À quatre jours des élections législatives, municipales et présidentielle, des médiateurs essaient de faire retomber les tensions de plus en plus vives entre le principal parti d’opposition, le Congrès de tout le peuple (APC), et la commission électorale. Ils ont notamment invité les différents acteurs politiques au dialogue, alors que l’APC brandit la menace d’une manifestation. … Dans ce pays encore marqué par les violences de l’été dernier qui avaient fait une vingtaine de morts, tout rassemblement fait craindre le pire. « La menace de l’opposition de manifester nous inquiète beaucoup », confie Saima. « La plupart du temps, lorsqu’il y a une manifestation, les gens n’écoutent pas leurs dirigeants. Les choses risquent de dégénérer. Comment vont-ils gérer ça ? Et un tel rassemblement si près des élections n’est pas bon, nous ne voulons pas une répétition des incidents du 10 août ». Le 10 août dernier, des manifestations contre la vie chère ont coûté la vie à une vingtaine de manifestants, dont 6 policiers. Il n’empêche, l’APC reste méfiant, et se dit prêt à mobiliser ses électeurs, avec ou sans l’aval de la police. RFI
Au Mali, la ruée vers l’or des mercenaires de Wagner
Depuis son arrivée à Bamako, fin 2021, le groupe d’Evgueni Prigojine lorgne les importantes ressources en or du pays. Récupération de permis miniers, création de sociétés locales, orpaillage artisanal, trafic via Dubaï… Toutes les pistes sont exploitées pour tirer profit des mines maliennes. Les mercenaires russes ont monté deux sociétés minières et tentent depuis de récupérer des permis miniers avec l’appui d’hommes d’affaire maliens. Leur intérêt pour l’or s’est décuplé depuis le début de la guerre en Ukraine. Selon nos informations, les hommes d’Evgueni Prigojine se sont également lancés dans l’orpaillage artisanal, investissant au moins trois sites au sud de Bamako, et dans le trafic d’or via Dubaï, plaque tournante de son commerce illégal. … Certains ont aussi en mémoire le précédent de la mine d’or de Ndassima, l’une des plus importantes de Centrafrique. Initialement accordé à l’entreprise canadienne Axmin, son permis d’exploitation a finalement été réattribué par les autorités centrafricaines à Midas Ressources – une société liée à la galaxie Prigojine – fin 2019, environ deux ans après l’implantation de Wagner à Bangui. Jeune Afrique
Priée de quitter le Mali, la Minusma plonge dans l’inconnu
Est-ce la fin de la Minusma, dix ans ans après son arrivée au Mali, en 2013 ? « Pas automatiquement », répond Bruno Charbonneau, professeur titulaire au Collège militaire royal de Saint-Jean et directeur du Centre Franco-Paix de la Chaire Raoul-Dandurand. Selon lui, tout se jouera au moment du vote du Conseil de sécurité sur le renouvellement de la mission, le 30 juin. « Sur le principe, le consentement de l’État hôte est considéré comme obligatoire », reprend le chercheur. Mais la légitimité du gouvernement malien de transition pourrait être mise en doute et la demande, rejetée. Si les Nations unies acceptent, « cela voudrait dire que n’importe qui pourrait demander un retrait des Casques bleus », argumente Bruno Charbonneau, craignant l’impact sur les autres missions de stabilisation de l’ONU, notamment en République centrafricaine. … Puis viendra « une phase de négociations », explique Andrew Lebovich, chercheur au programme Sahel du Clingendael Institute, a minima pour « les questions logistiques, le retrait des contingents et la passation de responsabilité au gouvernement malien ». … En plus des conséquences politiques et économiques, le départ de la mission créerait un « vide sécuritaire » et une crise humanitaire sans précédent, explique Bruno Charbonneau. Bien qu’imparfaite, la Minusma assure d’après lui « un minimum de stabilité » et un appui logistique aux ONG présentes au Mali. « Si elle part, qui de ces acteurs voudra rester ? » s’inquiète-t-il. Jeune Afrique
CEDEAO : le Mali, le Burkina et la Guinée au menu du prochain sommet
La tenue d’élections au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, trois pays dirigés par des militaires arrivés au pouvoir par un coup d’État, sera au menu du prochain sommet de la CEDEAO le 9 juillet en Guinée-Bissau, a annoncé mardi le président ivoirien Alassane Ouattara. « La tenue des élections dans les délais proposés est souhaitée, afin que ces pays disposent des régimes et des dirigeants démocratiquement élus », indique un communiqué de la présidence ivoirienne, publié après un entretien à Abidjan entre M. Ouattara et le représentant du secrétaire général de l’ONU pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Léonardo Santos Simao. … Le Mali, la Guinée et le Burkina Faso, ont été suspendus des organes décisionnels de la CEDEAO, après les prises de pouvoir par des militaires respectivement en 2020, 2021 et 2022. Le Mali et la Guinée avaient en outre été soumis à d’autres sanctions, en partie levées. Africanews avec AFP
Sénégal: la plateforme d’opposition F24 lance son «dialogue du peuple»
Le dialogue national initié par le chef de l’État se poursuit et doit s’achever à la fin de la semaine, dans un climat politique toujours crispé après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko, et en vue de la présidentielle prévue en février. Dans ce contexte, la plateforme « des forces vives F24 » – qui regroupe plus d’une centaine de partis et d’organisations de la société civile – a lancé son propre dialogue, baptisé « dialogue du peuple ». … C’est un dialogue « ouvert à tous » selon ses organisateurs, qui se déroule également en ligne. « Ce que nous attendons, c’est de renouveler les fondamentaux de la République démocratique, explique Fatou Ndiaye Diop Blondin, membre du F24. Beaucoup d’institutions sont discréditées du fait de leur utilisation à des fins politiques, en particulier la justice. Donc, remettre à jour ces institutions et ces notions pour que le Sénégal avance après avoir traversé les crises de ces derniers jours. » RFI
En deux mois de guerre au Soudan : 2,5 millions de déplacés et réfugiés
Plus de deux mois de guerre entre armée et paramilitaires ont forcé plus de 2,5 millions de personnes à fuir leur maison au Soudan, notamment au Darfour où les corps jonchent les rues, alerte l’ONU mardi au dernier jour d’une énième trêve. Le conflit entre l’armée, commandée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo a fait plus de 2.000 morts. Si le calme règne à Khartoum, la ville d’El-Geneina, dans la région du Darfour (ouest), est le théâtre des plus violents combats. Des corps sans vie sont visibles dans les rues, où les magasins, souvent cibles de pillages, restent fermés. Les habitants fuient en longues colonnes, quelques affaires sous le bras, vers le Tchad, à une vingtaine de kilomètres à l’ouest, sous les tirs croisés des militaires, paramilitaires, combattants tribaux et civils armés, et des fouilles imposées par des hommes armés. Depuis vendredi, « 15.000 Soudanais dont près de 900 blessés » ont fui vers Adré au Tchad, selon l’ONG Médecins sans frontières (MSF). Selon l’ONU, plus de 150.000 personnes ont trouvé refuge au Tchad. AFP
Le Tchad débordé par l’afflux des réfugiés soudanais
Depuis la guerre du Darfour en 2003, le Tchad est la terre de refuge privilégiée des Soudanais. Premièrement pour sa proximité ; deuxièmement pour les liens qui existent entre les ethnies habitant des deux côtés de la frontière. Et troisièmement pour la porosité des frontières. Le Tchad et le Soudan partagent [plus de] 1 000 kilomètres de frontière. Avec les affrontements qui ont éclaté le 15 avril 2023 à Khartoum et dans d’autres États du Soudan entre l’armée [menée par le général Abdel Fattah Al-Burhan] et les Forces de soutien rapide [paramilitaires dirigées par son rival, Mohamed Hamdane Daglo, dit “Hemeti”], plusieurs centaines de milliers de Soudanais ont trouvé refuge dans des pays voisins. Selon les Nations unies, la guerre a fait déplacer en interne quelque 1 670 000 personnes, tandis que plus de 400 000 ont fui le pays en direction des pays voisins. Courrier international
Tchad: où en sont les tractations entre les autorités et les Transformateurs en exil?
Où en sont les tractations politiques en vue d’un retour au Tchad de Succès Masra et des militants de son parti Les Transformateurs ayant fui le pays lors de la répression des manifestations du 20 octobre ? D’un côté, l’opposant s’en remet à la communauté internationale, mais de l’autre, le gouvernement continue de discuter avec des exilés qui se présentent comme des représentants du parti. Les Transformateurs dénoncent des « achats de conscience » et une usurpation des symboles du parti. Le 9 juin dernier, une délégation de conseillers gouvernementaux a rencontré à Cotonou trois cadres revendiqués des Transformateurs. Ils ont signé au nom de 28 militants en exil, un mémorandum devant leur permettre de rentrer au pays, et d’obtenir une réinsertion socioprofessionnelle. … Succès Masra ne reconnait pas les signataires du mémorandum avec le gouvernement, il affirme qu’ils usurpent leurs titres de cadres du parti, et parle « d’achats de conscience. » Il dénonce également la présentation d’un groupe de personnes comme militants des Transformateurs mobilisés pour l’accueil à Moundou du président de transition le 8 juin dernier. RFI
RCA : l’ONU souligne des progrès malgré un contexte sécuritaire et humanitaire préoccupant
Malgré s’être réjouie de l’extension de l’autorité de l’État à certaines des régions les plus reculées de la République centrafricaine, Mme Rugwabiza a constaté que les tensions croissantes et la détérioration rapide de la sécurité aux frontières du pays avec le Tchad, le Soudan du Sud et le Soudan représentent de nouveaux défis sécuritaires et humanitaires, depuis le mois d’avril et mai. « Ces nouvelles menaces ont eu un impact sur l’environnement sécuritaire déjà complexe, obligeant la MINUSCA à rester flexible et mobile », a souligné la cheffe de la Mission, soulignant que « la MINUSCA a besoin de capacités aériennes suffisantes et adéquates pour maintenir son dispositif préventif et robuste ». Elle a par ailleurs signalé que les engins explosifs continuent de représenter une menace importante pour les civils, les forces de maintien de la paix et les acteurs humanitaires. « La MINUSCA continue d’apporter son soutien à l’atténuation de cette menace afin de créer un environnement de sécurité propice et une aide humanitaire efficace », a dit la cheffe de l’opération de paix, exprimant sa gratitude « aux pays contributeurs de troupes et de forces de police qui « continuent à servir même face à des actions hostiles ». ONU Info
La Centrafrique pousse à l’ONU pour une levée totale de l’embargo sur les armes
En 2020, l’embargo sur les armes a été assoupli, mais maintenant, Bangui voudrait bien ne plus avoir à signaler chaque achat d’armes, comme ce qu’a obtenu la République démocratique du Congo en décembre 2022. Le principal argument est que ces formalités freinent toute réactivité, et ce, alors que les groupes armés en face utilisent de plus en plus d’engins explosifs. Son allié principal, la Russie, a appuyé sa demande en invoquant la « souveraineté » de la Centrafrique. Puis les trois pays africains actuellement au Conseil (Gabon, Ghana, Mozambique) se sont rangés de son côté aussi. « Nous nous joignons à l’appel du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine concernant la levée totale de l’embargo sur les armes, afin de permettre aux forces de défense de s’acquitter sans entraves de leur mandat constitutionnel de défense, de protection du pays et de ses citoyens, y compris de ses ressources naturelles », a déclaré Michel-Xavier Biang, ambassadeur du Gabon et président du Comité de sanctions. Et pour accentuer la pression politique, les représentants de l’Angola, du Rwanda, de la Guinée équatoriale, du Burundi, de la RDC et du Congo ont défilé au Conseil pour tous faire cette même demande. RFI
Somalie : au moins 8 morts lors de heurts au Puntland
Au moins huit personnes ont été tuées mardi lors de heurts devant le Parlement de l’État somalien semi-autonome du Puntland (nord) entre les forces de sécurité locales et des miliciens armés fidèles à l’opposition, a-t-on appris auprès de la police et de témoins. Les violents heurts dans la capitale de l’État, Garowe, se sont produits lors d’une session parlementaire visant à débattre de modifications dans la Constitution locale, que l’opposition considère comme une tentative du président du Puntland pour prolonger son mandat. « Huit personnes ont été tuées dans les heurts et une dizaine d’autres ont été blessées, dont des civils », a déclaré Abdiweli Hassan, un fonctionnaire de police à Garowe. Les heurts ont éclaté lorsque des hommes armés fidèles aux membres de l’opposition ont affronté les forces de sécurité protégeant le Parlement et ont tenté de perturber la session, a-t-il dit, assurant que le calme était désormais revenu. Africanews avec AFP
En Afrique de l’Ouest, les capitales économiques rongées par la mer
A Abidjan, Lagos ou Lomé, les principaux actifs économiques sont confrontés à l’érosion et à la montée des eaux. Des coûts faramineux pour ces villes en développement. « C’est un combat et, à la fin, on sait qui sera le gagnant », lâche Jérémie Koffi N’Guessan, alors qu’un orage colossal s’abat, à la mi-journée, sur son restaurant d’Abidjan. Le toit fuit et, par la fenêtre, on ne peut presque plus distinguer les tombereaux de pluie des vagues rageuses qui viennent s’écraser juste au-dessus des fondations. M. N’Guessan est depuis quinze ans le gérant du Petit Bateau, une cantine réputée située le long d’un chemin de terre – ou plutôt de boue, ce jour-là – dans le quartier de Vridi. Aujourd’hui, la volée de tables en bois surplombe presque directement les flots. « Avant, poursuit-il, le restaurant était situé à au moins 20 mètres de la mer, il y avait des cocotiers, une plage… Mais, avec les années, la mer avance. » « La mer avance, répète-t-il, et nous, on recule, on a déjà reconstruit trois fois. Certaines années, c’est calme, mais d’autres, la mer casse les cloisons, les vagues arrosent la toiture. » Ces années-là, dit-il, le propriétaire est bon pour un chèque de « 15 millions de francs CFA » (22 800 euros) pour refaire le béton et protéger son établissement. Une coquette somme pour ce restaurant sans prétention qui réunit les familles le dimanche autour d’une langouste grillée, sa spécialité. Mais sans commune mesure avec les montants en jeu pour les infrastructures qui l’entourent. Le Monde