Revue de Presse du 20 septembre 2021

Forum 2021 sur la coopération sino-africaine : les prochaines étapes
Pour que les pays africains puissent négocier une participation plus équitable au Forum sur la coopération sino-africaine, il leur faudrait adopter une approche plus stratégique, mais aussi améliorer leur coordination et leur capacité à rendre des comptes aux citoyens. … Le Sommet du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA), qui se tiendra prochainement à Dakar au Sénégal, éclaire une relation qui, pour être de plus en plus importante, n’en demeure pas moins largement asymétrique. Après 21 ans de sommets organisés tous les trois ans, l’impression commune est que la Chine tire de cette relation plus de profit que ses partenaires africains. L’Afrique n’a pas épuré la dette commerciale annuelle structurelle de plus de 20 milliards de dollars dont elle est redevable à l’égard de la Chine. Avec des activités manufacturières à grande échelle extrêmement limitées, les pays africains en sont réduits à importer des produits finis onéreux depuis la Chine et à y exporter des matières premières à moindre coût. Les pays africains sont dépendants des entreprises et créanciers chinois pour le financement et la construction des infrastructures essentielles à l’exportation. … Autre problème persistant : les élites africaines profitent trop souvent des largesses chinoises sur lesquelles elles s’appuient pour tisser des réseaux clientélistes, renforcer leurs positions politiques et favoriser leur propre enrichissement. Le manque de transparence de ces marchés nuit souvent aux intérêts des citoyens africains. … Le FCSA 2021 se déroule ainsi dans un contexte de suspicion grandissante quant à la manière des élites africaines au pouvoir de gérer leur relation à la Chine. Les appels en faveur d’une réorganisation des conditions de ce partenariat et d’une refonte de l’architecture institutionnelle du FCSA se font de plus en plus nombreux. Centre d’études stratégiques de l’Afrique

Mercenaires russes au Mali : la France souhaite clarifier la position de la junte
La ministre française des Armées, Florence Parly, est attendue, lundi 20 septembre, au Mali, où le gouvernement de transition dominé par les militaires envisage de s’adjoindre les services de la société paramilitaire russe Wagner. Des pourparlers en cours entre le Mali et la sulfureuse entreprise russe a engendré des tensions avec Paris, qui réduit sa présence militaire dans le pays. « Mon objectif est de parvenir à clarifier la position des autorités maliennes et de réitérer des messages », a expliqué Florence Parly avant de rencontrer son homologue malien, le colonel Sadio Camara. « On ne va pas pouvoir cohabiter avec des mercenaires », a-t-elle prévenu. … La sulfureuse société privée russe, soupçonnée d’appartenir à un homme d’affaires proche du Kremlin, Evguéni Prigojine, a déjà conclu, en 2018, un contrat avec la République centrafricaine, où elle est accusée d’exactions et de pillage des ressources minières et douanières. … Florence Parly, qui avait débuté sa tournée sahélienne par une halte au Niger, dimanche, a tenu à rassurer sur la poursuite des efforts français au Mali et plus largement au Sahel malgré la réduction en cours des effectifs. « La France ne s’en va pas », elle « maintiendra son engagement pour accompagner les forces armées sahéliennes », a-t-elle souligné. « La situation reste précaire, nous savons que c’est un long combat ». Outre le dossier Wagner, les autorités françaises s’inquiètent du peu d’empressement des colonels, qui ont renversé le 18 août 2020 le président Ibrahim Boubacar Keïta, à organiser des élections pour rendre le pouvoir aux civils en février 2022. France24 avec AFP

La junte guinéenne s’affirme face aux exigences de la CEDEAO
La junte en Guinée affirmait son autorité samedi, presque deux semaines après le putsch, repoussant pour le moment les demandes de libération de l’ex-président Alpha Condé et les exigences d’élections dans les six mois, au nom de la « volonté du peuple ». Depuis vendredi soir, la junte formée lors du putsch du 5 septembre, le « Comité national du rassemblement et du développement » (CNRD), désigne son chef, le colonel Mamady Doumbouya, comme « président de la République et chef de l’Etat ». Le CNRD a détaillé samedi lors de sa toute première conférence de presse la réponse du colonel Doumbouya aux exigences de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao, 15 pays) qu’étaient venus lui exposer la veille les présidents ghanéen Nana Akufo-Addo et ivoirien Alassane Ouattara. … De leur côté, des organisations de défense des droits humains se disant « préoccupées pour le respect des principes démocratiques et de l’Etat de droit » ont appelé le CNRD à « communiquer dans les meilleurs délais une feuille de route de la transition qui tient compte de toutes les propositions issues des concertations ». Dans un communiqué elles « exhortent la junte à inscrire la lutte contre l’impunité des crimes de sang et économiques parmi les priorités du prochain gouvernement de la transition ». Le colonel Doumbouya n’a encore donné aucune indication sur le possible contenu de la transition, sa durée, quel rôle les militaires y joueraient, ni comment seraient organisées des élections. Mais il a affiché sa volonté d’une « refondation » de l’Etat, entreprise difficilement conciliable avec un délai de six mois. AFP

Tigré: Washington brandit la menace de nouvelles sanctions
Le président américain Joe Biden a signé vendredi un décret qui permettra à son administration de prendre des sanctions contre les protagonistes du sanglant conflit dans la région éthiopienne du Tigré, s’ils ne s’engagent pas vers une solution négociée. Ce conflit « est une tragédie », a estimé Joe Biden dans un communiqué, se disant « horrifié par les informations sur des meurtres de masse, de viols et d’autres violences sexuelles destinées à terroriser les populations civiles. » … Faute d’avancées « concrètes », les Etats-Unis sont « prêts » à sanctionner des individus ou des entités « dans les semaines » à venir, a dit le haut responsable, sans donner toutefois les noms des personnes physiques ou morales qui pourraient être visées. Ces avancées « concrètes » permettant d’éviter des sanctions pourraient être d’accepter une médiation de l’Union africaine ou de permettre des convois humanitaires quotidiens, a-t-il précisé. « Une autre voie (que celles des sanctions) est possible », a-t-il indiqué. Les Etats-Unis avaient déjà annoncé fin août des sanctions contre un haut responsable militaire érythréen pour des exactions. Le nord de l’Ethiopie est ravagé par de violents combats depuis que le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l’armée au Tigré, pour destituer les autorités régionales issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Le régime érythréen a soutenu militairement Addis Abeba en envoyant des troupes dans cette région qui borde sa frontière sud. Ce conflit a fait des milliers de morts et placé des centaines de milliers d’habitants dans des conditions proches de la famine, selon l’ONU. AFP

Covid-19 : les champions africains de la lutte pour l’accès aux vaccins
L’Afrique est devenue malgré elle le symbole de « l’inégalité vaccinale » tout autant que le fer de lance pour tenter d’y mettre fin. Les pays du continent « ont été abandonnés par le reste du monde », a déclaré le directeur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, durant la conférence de presse qui s’est tenue mardi 14 septembre au siège de l’agence, à Genève : « Vacciner une troisième fois, c’est comme donner un gilet de sauvetage à quelqu’un qui en a déjà un à côté de quelqu’un qui se noie. » Strive Masiyiwa, l’envoyé spécial de l’Union africaine (UA) à la tête de l’Equipe africaine d’acquisition de vaccins (Avatt) contre le Covid-19, a renchéri en reprochant sans détour aux « fabricants » de n’avoir « jamais donné [aux Africains] un accès approprié » aux précieuses doses. Malgré le ton policé, l’indignation était palpable. Car à l’heure où les pays riches, qui ont immunisé près de 60 % de leur population, proposent des doses de rappel, et alors que les doses promises dans le cadre du mécanisme de solidarité internationale Covax continuent d’arriver au compte-goutte, le continent n’a pu protéger, à la mi-septembre, que 3,5 % de son 1,3 milliard d’habitants. Une situation qualifiée d’« apartheid vaccinal » par le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, lors de la visite à Pretoria, fin mai, d’Emmanuel Macron. Le Monde

Après sa disgrâce, la solitude protégée d’Abdelaziz Bouteflika à Alger
La dernière apparition publique de l’ancien président algérien Abdelaziz Bouteflika, dont la mort, à l’âge de 84 ans, a été annoncée à Alger dans la soirée du vendredi 17 septembre, remonte au 2 avril 2019. Vêtu d’une gandoura à la mode marocaine, M. Bouteflika, au pouvoir depuis avril 1999, remettait d’un geste laborieux sa démission au président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz, en présence du président du Sénat, Abdelkader Bensalah, qui allait assurer l’intérim. La scène, pathétique, signait la fin d’une époque, celle où le pouvoir s’identifiait à celui qui incarna l’Algérie de l’après- « décennie noire » des années 1990. Elle survenait après des semaines d’un puissant mouvement de contestation populaire pacifique, le Hirak, mobilisé à partir du 22 février autour du refus d’un cinquième mandat pour un chef d’Etat en fauteuil roulant et souffrant de sérieuses difficultés d’élocution. La disgrâce avait été précipitée par le lâchage de l’armée, qui exigeait d’acter l’état d’incapacité du président, enterrant ainsi les ultimes tentatives du cercle présidentiel pour lui ménager une sortie moins abrupte. … Politiquement, Bouteflika est en fait mort le 22 février 2019 avec le début du Hirak. Le mouvement, qui a mobilisé des centaines de milliers d’Algériens à Alger et dans les grandes villes du pays, est progressivement passé d’un rejet du cinquième mandat à l’exigence d’un changement de régime. Le Covid-19 et une répression tous azimuts ont toutefois fini par réduire le bilan du Hirak au seul départ de Bouteflika, assorti de la vague d’emprisonnement de ses proches. Le Monde

Rwanda: le héros de « Hotel Rwanda » reconnu coupable de « terrorisme »
Paul Rusesabagina, dont l’histoire a inspiré le film « Hotel Rwanda » et devenu un féroce critique du président Paul Kagame, a été reconnu coupable lundi de « terrorisme », au terme d’un procès qualifié de « politique » par ses soutiens. … Sa peine devait encore être détaillée par le tribunal. Le prison à vie avait été requise contre Paul Rusesabagina, 67 ans, rendu célèbre par le film « Hotel Rwanda » sorti en 2004, qui a raconté comment ce Hutu modéré a sauvé plus de 1.000 personnes durant le génocide de 1994 qui a fait 800.000 morts, principalement des Tutsi. Après avoir été arrêté dans des conditions controversées à Kigali en août 2020, ce virulent opposant à Paul Kagame a été jugé, avec 20 autres personnes, de février à juillet pour neuf chefs d’accusation, dont celui de « terrorisme ». Paul Rusesabagina a participé à la fondation en 2017 du Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD), dont le FLN est considéré comme le bras armé, mais il a toujours nié toute implication dans ces attaques. AFP

Nord-Kivu: Augmentation des cas de violences sexuelles malgré l’état de siège
Dans la province du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, plusieurs organisations de défense des droits humains s’alarment de l’augmentation des cas de violences sexuelles et celles basées sur le genre. Des incidents qui se sont multipliés durant l’état de siège décrété par les autorités congolaises il y a quatre mois. Parmi ces organisations figure l’organisation Sauti Ya Mama Mukongomani, qui révèle que la plupart de ces violences sont commises par des hommes armés. L’organisation Sauti ya mama Mukongomani (la voix de la femme congolaise en swahili), une organisation qui lutte pour les droits des femmes, a récemment publié le nombre de cas de violence dans la ville de Goma et dans les différents territoires du Nord-Kivu. Selon l’ONG, la situation a empiré depuis que les militaires ont pris la tête de la province dans le cadre de l’état de siège décrété par le président Félix Tshisekedi. « En territoire de Rutshuru, plus de 10 cas de violences sexuelles ont été enregistrés. A Nyiragongo, nous avons obtenu 8 cas, à Goma, nous avons obtenu 2 cas. Ce sont des choses que nous n’avons pas vues pendant la période normale », révèle Nelly Lumbulumbu, la présidente de l’organisation. Pour l’activiste Espoir Mwinuka, l’état de siège a aggravé le taux de violence, qui a atteint 80 % en 2021. « La plupart des violences sont commises par des hommes en armes. …” VOA

RDC: la société civile s’insurge face aux violences contre les journalistes
Le correspondant de RFI à Kinshasa Patient Ligodi a subi des violences policières, mercredi 15 septembre, lors d’une manifestation de l’opposition. Une vingtaine d’intellectuels, journalistes et activistes de la société civile de ce pays signent une tribune intitulée « RDC : les journalistes ne sont pas des criminels » dans Jeune Afrique. Les signataires de la tribune publiée dans Jeune Afrique assurent que les violences envers les journalistes témoignent d’une dérive autoritaire qu’il faut stopper en sanctionnant sévèrement les auteurs. Ils dénoncent des violences contre les journalistes et la société civile qui se multiplient en toute impunité. C’est le signe que « la démocratie congolaise est en péril », selon les signataires. Bienvenu Matumano, signataire au nom du mouvement citoyen La Lucha, craint que ces répressions prennent une tournure autoritaire : « Les violences policières à répétition contre les journalistes montre que notre démocratie connaît un recul parce que la liberté de la presse, c’est l’oxygène d’une démocratie. À partir du moment où les journalistes ne peuvent pas faire librement leur travail et où les manifestants ne peuvent pas faire leurs activités librement, cela montre que le pouvoir en place est en train d’appliquer des méthodes autoritaires. » RFI

Au Burundi, les catastrophes naturelles de ces dernières années ont forcé 100 000 personnes à quitter leur maison
Les inondations et autres catastrophes naturelles ont forcé au moins 100 000 personnes à fuir leur maison ces dernières années au Burundi, affirme l’ONG Save the Children dans un rapport publié lundi 20 septembre. Ce pays connaît depuis 2015 une profonde crise politique qui a fait 1 200 morts et poussé à l’exil quelque 400 000 Burundais. Mais aujourd’hui, « plus de 84 % de tous les déplacés internes au Burundi […] l’ont été en raison de catastrophes naturelles plutôt qu’en raison de conflits, principalement à cause de la montée [des eaux] du lac Tanganyika, le deuxième plus grand d’Afrique », affirme l’ONG britannique. En avril, le lac est ainsi monté d’environ quatre mètres par rapport à son niveau normal, détruisant des centaines de maisons, note Save the Children. L’ONG, qui lutte pour la protection des enfants, souligne que ces derniers ont été particulièrement touchés. « Il est estimé que 7 200 déplacés – soit 7 % du total – sont des bébés de moins d’un an », ajoute le texte. Les enfants plus âgés ne peuvent plus aller à l’école et beaucoup ne reçoivent qu’un repas par jour, ajoute Save the Children. Le Monde avec AFP

Les journées «villes mortes» dans le Biafra portent un coup à l’économie nigériane
Des journées « villes mortes » dans le sud-est du Nigeria à l’appel des séparatistes ont coûté plusieurs millions de Nairas à l’économie. C’est ce que révèle un nouveau sondage publié le 13 septembre. Depuis le 9 août 2021, le mouvement des peuples indigènes du Biafra, Ipob, appellent les habitants à ne pas sortir les lundis. L’objectif de ses journées « villes mortes » est de dénoncer la détention de leur leader Nnamdi Kanu, arrêté à la fin juin à l’étranger et remis aux autorités nigérianes de manière floue. Interrogés par le cabinet de recherche SBM Intelligence, un millier de personnes dans les cinq États du sud-est disent soutenir cet appel à rester à la maison. Mais ils n’ont pas vraiment le choix, explique Ikemesit Effiong, chargé de recherche chez SBM : « Notre enquête a révelé que les journées « villes mortes » sont relativement suivies dans le sud-est du pays, mais qu’en général les gens les suivent par peur des représailles. Les mêmes personnes sondées affrontent une situation économique difficile, car cet appel à rester à la maison rend les rues désertes, entrainent la fermeture des entreprises et les écoles tournent au ralenti. Pas moins de 60% des personnes sondées déclarent que ces journées les ont impactées de manière disproportionnée. » Ikemesit Effiong rappelle que c’est une stratégie classique du mouvement séparatiste du Biafra… RFI

Gabon: un projet de loi durcissant les critères d’éligibilité à la présidence suscite la polémique
Au Gabon, un projet de loi durcissant les critères d’éligibilité à la présidence de la République, adopté lundi dernier par le gouvernement, soulève des débats. Selon ce projet, pour être candidat à une élection présidentielle, il faut résider dans le pays durant au moins six mois chaque année pendant les deux années qui précèdent le scrutin. Même les diplomates sont concernés. Pour être applicable, le projet doit d’abord être adopté par le Parlement. L’opposition soupçonne un coup tordu à deux ans de la prochaine élection présidentielle. L’opposant Alexandre Barro Chambrier, possible candidat à la présidentielle de 2023, dénonce une « manœuvre visant à éliminer des adversaires ». Actuellement en France, Victoire Lasseny Duboze, ancienne secrétaire générale du parti au pouvoir passée dans l’opposition, déplore ce nouveau projet de loi. Elle aussi compte se présenter une deuxième fois à la présidentielle. « Je demande aux députés et sénateurs de ne pas voter en faveur de cette loi discriminatoire et anti-démocratique », a quant à lui plaidé Innocent Bemvone, candidat déclaré depuis les États-Unis. RFI