Revue de presse du 20 mars 2025

RDC : La cité de Walikale occupée ce mercredi par le M23/AFC
Les rebelles du M23 et leur soutien rwandais occupent le chef-lieu du territoire de Walikale depuis la soirée de ce mercredi 19 mars, rapportent plusieurs sources dans la zone. Selon certaines sources locales, ces rebelles, appuyés par l’armée rwandaise, se seraient accaparés de cette agglomération presque sans combats. D’après ces mêmes sources, quelques crépitements de balles ont été entendus à la mi-journée autour de la cité. Depuis plus de deux jours, Walikale-centre vivait sous la menace de l’avancée de ces rebelles, poussant de nombreux habitants à fuir le milieu. La prise de cette localité par la rébellion M23/AFC intervient alors que le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais, Paul Kagame, se sont engagés, la veille à Doha, au Qatar, pour un cessez-le-feu immédiat et une cessation des hostilités sans condition. Les deux chefs d’État se sont rencontrés autour de l’Émir du Qatar, Sheikh Tamim bin Hamad Al Thani, à l’initiative de ce dernier pour une solution de sortie de crise. Radio Okapi

Guerre dans l’Est de la RDC : plus de 100 000 personnes fuyant le Nord-Kivu se réfugient au Maniema (ONU)
Plus de cent mille personnes ont traversé le territoire de Lubutu au Maniema depuis le territoire de Walikale au Nord-Kivu jusqu’au 14 mars dernier, a affirmé l’ONU, mardi 18 mars. Ces personnes déplacées s’ajoutent aux huit mille personnes déjà arrivées à Lubutu depuis le début du mois de janvier. Les combats dans l’Est de la RDC continuent de faire des victimes parmi les civils et de provoquer des déplacements de population, a indiqué Stéphane Dujarric, le porte-parole du Secrétaire général des Nations Unies, lors de son briefing de presse mardi à New York. Il a expliqué que les violences dans les provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu obligent les populations à fuir vers les provinces voisines du Maniema, du Tanganyika et de la Tshopo. Toujours selon lui, la présence de travailleurs humanitaires dans ces provinces reste très limitée et les besoins humanitaires n’ont pas été satisfaits depuis longtemps en raison d’un manque de financement. Au Sud-Kivu, des affrontements dans le territoire de Walungu la semaine dernière ont tué six civils et forcé des dizaines de milliers de personnes à fuir leurs maisons. Au Nord-Kivu, 15 000 personnes sont retournées dans les villages de la région de Rwanguba, dans le territoire de Rutshuru, depuis la fin du mois de janvier, a fait savoir Stéphane Dujarric. Radio Okapi

Mali : le leader peul Boubou Cissé assassiné, sa communauté demande une enquête
Boubou Cissé, un des leaders de la communauté peule au Mali, a été abattu mercredi 19 mars au soir par deux assaillants dont l’identité est inconnue, d’après son fils et une association peule. Le notable, président d’un marché au bétail de Bamako, « a été abattu à bout portant par des individus armés non identifiés devant son domicile au moment où il s’apprêtait à y rentrer », affirme dans un communiqué Sékou Mamadou Barry, président de la plus grande association peule du pays, Tabital Pulaaku Mali. « Boubou Tigal est un notable de la communauté peule, connu pour son engagement en faveur de la paix et de la réconciliation », précise-t-il…Les assaillants auraient aussi documenté leur crime d’après le récit du chauffeur de Boubou Cissé, qui a accordé un entretien à des médias locaux. « L’un d’eux tenait un appareil photo pour immortaliser la scène après avoir abattu le vieil homme, puis ils se sont enfuis, laissant ce dernier dans le sang », assure l’employé. En octobre dernier, Boubou Cissé avait été enlevé et retenu plusieurs jours contre son gré. Le kidnapping a eu lieu dans un contexte de grève contre la fermeture de plusieurs marchés au bétail par le gouvernement d’Assimi Goïta. La junte soupçonnait les marchés en question de servir de repaires pour les jihadistes à Bamako. En septembre, une double attaque menée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim) avait fait au moins 70 morts. Il s’agissait de la première fois qu’un assaut jihadiste frappait la capitale depuis 2016. À l’époque de l’enlèvement, les informations de RFI avaient établi que Boubou Cissé avait été enlevé par la Sécurité d’État. Jeune Afrique avec AFP

Le Maroc, nouvelle cible des jihadistes du Sahel ?
[VIDÉO] Les services de sécurité marocains ont annoncé, fin février, avoir démantelé une cellule terroriste liée à l’État islamique au Sahel. À sa tête, le Libyen Abderrahmane Sahraoui. Les jihadistes qui sévissent au Sahel, et qui cherchent à s’étendre vers le golfe de Guinée, ont-ils désormais le royaume chérifien en ligne de mire ?…La proximité géographique du Maroc avec les zones sous contrôle des groupes terroristes sahéliens en fait un objectif « à portée de tir ». Surtout, le royaume a été à maintes reprises désigné comme une cible « légitime » par les islamistes radicaux. En effet, le modèle d’islam « modéré » qui prévaut au Maroc fait du pays un « ennemi idéal » des jihadistes. Le royaume « développe un contre-narratif et un islam qui pourrait avoir de l’influence au Sahel, à travers la formation des imams et la vulgarisation du dogme ash’arite, qui est complètement aux antipodes du dogme salafiste – le lit idéologique du terrorisme que Daech », analyse notamment Bakary Sambe, directeur régional du Timbuktu Institute. Le positionnement diplomatique du royaume lui vaut aussi d’être voué aux gémonies par les jihadistes. Partenaire privilégié des États-Unis, Rabat a en outre opéré un rapprochement stratégique avec Tel Aviv depuis 2020. « La signature des accords d’Abraham entre le Maroc et Israël, qui a rétabli des relations de coopération économique et sécuritaire entre les deux pays, a constitué un point d’inflexion. Ces accords sont perçus comme une provocation par les extrémistes », analyse Fadwa Islah, journaliste à Jeune Afrique. Jeune Afrique

Au Nigeria, l’Etat de Rivers sur le qui-vive après la déclaration de l’état d’urgence
Les habitants de l’Etat de Rivers, dans le sud du Nigeria, riche en pétrole, étaient sur le qui-vive mercredi 19 mars au lendemain de l’instauration de l’état d’urgence par le gouvernement fédéral pour mettre fin à des mois de luttes politiques intestines et qui plonge le pays dans une incertitude constitutionnelle. La région du delta du Niger, d’où est extrait le pétrole du pays et qui est en proie à la violence des gangs et aux pillages d’oléoducs, est essentielle à l’économie du premier producteur de pétrole du continent. Alors que les rues de la capitale régionale, Port Harcourt, étaient calmes mercredi, les habitants s’attendent à une forte présence militaire dans les jours à venir après la suspension du gouverneur et de la législature locale ordonnée la veille par le président Bola Tinubu. La lutte pour le pouvoir qui a commencé fin 2023 entre le gouverneur suspendu, Siminalayi Fubara, et son prédécesseur, Nyesom Wike, a donné lieu à des tensions qui ont paralysé l’Assemblée législative de l’Etat, alors même que la région est régulièrement confrontée à des attaques contre les installations pétrolières. MM. Wike et Fubara appartiennent tous deux au principal parti d’opposition, le PDP, le premier ayant appuyé la candidature du second pour lui succéder au poste de gouverneur. Mais les velléités d’indépendance de ce dernier ont rapidement dégénéré en crise politique d’ampleur. Le président Bola Tinubu, qui avait auparavant négocié un accord de paix avorté entre les deux hommes, a déclaré mardi dans un discours national qu’il était « troublé » par la « crise politique ». Dans une réprimande cinglante à l’encontre de M. Fubara, il l’a accusé de complicité dans le vol de pétrole et les attaques contre les infrastructures…Il a nommé dans la foulée Ibokette Ibas, un ancien chef de la marine à la retraite, comme administrateur de l’Etat pour une durée de six mois. Le Monde avec AFP

Soudan : 50 morts à Khartoum dans des attaques des paramilitaires
Des attaques menées par les paramilitaires soudanais ont fait au moins 50 morts la semaine dernière à Khartoum, la capitale, dont 10 volontaires humanitaires, ont rapporté des secouristes mercredi. Les violences s’intensifient à mesure que les combats pour le contrôle de la ville entre l’armée et les Forces de soutien rapide (FSR) se multiplient. La Cellule d’intervention d’urgence de Khartoum, un réseau de bénévoles coordonnant l’aide humanitaire, a dénoncé « une situation tragique » dans la ville, avec des violations généralisées des droits humains par les FSR et leurs milices alliées. « Les citoyens de plusieurs quartiers sont pris pour cible », a indiqué le groupe dans un communiqué. En plus des morts, le groupe a révélé que 70 personnes, dont 12 volontaires, ont été enlevées la semaine dernière, soulignant une recrudescence des déplacements forcés dans les quartiers du centre, du sud et de l’est de la capitale. Des cas de violences sexuelles ont également été rapportés, bien que les chiffres précis restent difficiles à établir en raison de la peur et de la stigmatisation sociale. Le conflit entre les FSR, dirigées par le général Mohamed Hamdan Daglo, et l’armée soudanaise sous le commandement du général Abdel Fattah al-Burhan, l’actuel président du Conseil souverain soudanais, s’est intensifié ces derniers mois. L’armée tente de reprendre la capitale perdue au début du conflit. Sahel Intelligence

Présidentielle en Côte d’Ivoire : Tidjane Thiam n’est officiellement plus français
Il s’agissait d’une condition sine qua non pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle de 2025 en Côte d’Ivoire. Tidjane Thiam, l’ancien financier, aujourd’hui opposant à Alassane Ouattara, n’est plus français depuis ce jeudi 20 mars. Le décret a été publié ce jour au Journal officiel. La perte de sa nationalité française intervient alors que le dirigeant du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) en avait fait la demande, il y a quelques semaines, en pleine résurgence de la question de l’ivoirité sur la scène politique… Né en Côte d’Ivoire, l’ancien ministre a ensuite suivi des études prestigieuses en France. Il fut notamment le premier Ivoirien reçu à l’École polytechnique. Son excellence académique a conduit ensuite les autorités françaises à lui accorder la nationalité française en 1987, sans qu’il n’en ait fait la demande, selon son avocat Me Mathias Chichportich. Le débat sur l’article 48 du code de la nationalité ivoirienne, qui date des années 1960, reste d’actualité. Selon cet article, « perd la nationalité ivoirienne l’Ivoirien majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère, ou qui déclare reconnaître une telle nationalité ». Tidjane Thiam a-t-il donc perdu sa nationalité ivoirienne en 1987 ? Pour les proches du futur candidat, cet article serait instrumentalisé par ses opposants et le pouvoir en place pour l’empêcher d’être candidat. Pour l’heure, Tidjane Thiam est bien inscrit sur la liste électorale provisoire, publiée lundi 17 mars. Jeune Afrique avec AFP

Côte d’Ivoire: une loi pour surveiller le fonctionnement des organisations de la société civile adoptée
En Côte d’Ivoire, l’Assemblée nationale a adopté, mercredi 19 mars, une nouvelle loi pour mieux surveiller le fonctionnement des organisations de la société civile. Cette loi permet notamment de contrôler leur création et leur fonctionnement pour lutter, entre autres, contre le blanchiment de capitaux. Mais cette nouvelle loi, qui doit désormais être adoptée par le Sénat pour entrer en vigueur, est largement décriée, car jugée liberticide. Le principal objectif de la loi adoptée par l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire est de mettre de l’ordre – tout en imposant des critères de transparence – dans l’organisation et le fonctionnement de la société civile. Il y a, par ailleurs, la volonté de mettre à jour un cadre juridique dépassé, qui date de 1960, et de le mettre en conformité avec les traités internationaux. Selon le ministre de l’Intérieur, le général Vagondo Diomandé, il y a près de 14 000 organisations de la société civile en Côte d’Ivoire. Cette nouvelle loi leur impose désormais de rendre chaque année au ministère de l’Intérieur un rapport d’activités et un rapport financier. Dans le viseur, « les dons issus des organismes à but non lucratifs religieux » qui peuvent être « abusés par des groupes terroristes », lit-on dans l’exposé des motifs de cette loi. Ce texte a été adopté à la majorité, par 100 députés, alors que 31 s’y sont opposés, essentiellement des élus de l’opposition qui y voient une immixtion dans les affaires religieuses en particulier. « Cette loi présente une ingérence surabondante de l’administration publique dans la gestion des organisations de la société civile et des églises », estime ainsi Chrysostome Blessy, député du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI).  RFI