Revue de presse du 20 juin 2025

RDC-Rwanda : un accord de paix paraphé à Washington, signature prévue pour le 27 juin
La République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda ont paraphé le texte d’un accord de paix visant à mettre fin au conflit dans l’est de la RDC, selon un communiqué conjoint, publié mercredi 18 juin et diffusé sous les auspices des Etats-Unis. L’accord de paix doit être formellement signé lors d’une réunion ministérielle le 27 juin à Washington, en présence du secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio. Le texte, pour l’heure encore provisoire, s’inspire d’une déclaration de principes approuvée en avril et prévoit des dispositions sur « le respect de l’intégrité territoriale et l’arrêt des hostilités » dans l’est de la RDC, selon ce communiqué diffusé par le département d’Etat américain au nom des trois pays et du Qatar, également médiateur. L’accord a été élaboré au cours de trois jours de « dialogue constructif portant sur les intérêts politiques, sécuritaires et économiques » entre représentants de la RDC et du Rwanda à Washington, selon le communiqué. Il comprend aussi des dispositions sur « le désengagement, le désarmement et l’intégration conditionnelle des groupes armés non étatiques ».  Le Monde avec AFP

RDC : déplacement massif de la population après des affrontements à Kateku
Un important mouvement de population est en cours dans le groupement d’Ikobo, territoire de Walikale (Nord-Kivu), à la suite de violents affrontements survenus mercredi 18 juin entre les rebelles du M23/AFC et les miliciens Wazalendo du Collectif des Mouvements pour le Changement (CMC/FAPC), dirigé par le général autoproclamé Jonas Bigabo. Les combats ont éclaté dans le village de Kateku, situé à la frontière entre les territoires de Lubero et Walikale. D’après des sources locales, les habitants de Kateku ainsi que ceux des villages voisins de Buleusa et Bukumbirwa ont fui en masse vers Rusamambu, abandonnant leurs biens dans la panique. Le bilan exact reste incertain, mais des pertes civiles, incluant des morts et des blessés, sont signalées. Un calme précaire est revenu dans la région après plusieurs heures de combats, mais la peur demeure palpable parmi les populations déplacées. Les autorités locales et les organisations humanitaires sont appelées à intervenir de toute urgence pour venir en aide à ces familles en détresse. Radio Okapi

Rwanda : arrestation de Victoire Ingabire, figure de l’opposition
L’opposante rwandaise Victoire Ingabire, rare voix critique du président, Paul Kagame, qui dirige le pays depuis plus de trente ans, a été arrêtée, a annoncé vendredi 20 juin le Bureau d’enquête du Rwanda (RIB). Son arrestation fait suite à sa comparution la veille au procès à Kigali de neuf personnes accusées d’avoir fait circuler le livre de l’activiste serbe Srdja Popovic, Comment faire tomber un dictateur quand on est seul, tout petit et sans armes (Payot, 2015), qui détaille des méthodes pacifiques pour résister à l’autoritarisme. Mme Ingabire, présidente du parti, non reconnu par les autorités, Développement et liberté pour tous (ou Dalfa-Umurinzi, héritier de l’ancien parti des Forces démocratiques unifiées (FDU), également interdit d’enregistrement), est menacée d’une inculpation pour « association de malfaiteurs et incitation publique à s’opposer au gouvernement », a précisé le RIB. Le Bureau a précisé avoir ouvert une enquête à son encontre « comme mesure d’application de la décision de la Haute Cour dans le procès en cours de Sylvain Sibomana [ancien secrétaire général du FDU] et de ses collègues, de sorte qu’elle peut également être jugée ». Aucun autre détail n’a été donné. A l’audience jeudi, Mme Ingabire, 56 ans, a contesté les accusations à son encontre. Tout en disant connaître certains prévenus dans le procès de M. Sibomana, elle a souligné que ce procès cherchait à lier des événements n’ayant rien à voir entre eux. Mme Ingabire a déjà été emprisonnée pour avoir affirmé en 2010 qu’il fallait se souvenir non seulement des victimes du génocide des Tutsi, mais également des victimes hutu, pour qu’une véritable réconciliation soit réalisée au Rwanda. Condamnée à quinze ans de prison, elle a bénéficié d’une grâce présidentielle au bout de huit ans d’incarcération, tout en demeurant interdite de se présenter aux élections. En mars 2024, elle a perdu son recours pour lever cette interdiction et participer au scrutin présidentiel. Le Monde avec AFP

Au Niger, 34 soldats tués dans une attaque contre la ville de Banibangou, près de la frontière malienne
Trente-quatre soldats nigériens ont été tués, jeudi 19 juin, lors d’une attaque menée par « plusieurs centaines » d’hommes armés contre la ville de Banibangou, dans l’ouest du Niger, proche du Mali, deux pays minés par des violences djihadistes, a annoncé le ministère de la défense nigérien. « Ce jeudi 19 juin 2025, une attaque lâche et barbare a été perpétrée contre Banibangou par une horde de plusieurs centaines de mercenaires à bord de huit véhicules et plus de 200 motos », a déclaré le ministère, dans un communiqué lu à la télévision d’Etat…Le Niger, gouverné par un régime militaire depuis près de deux ans, est la cible d’attaques djihadistes récurrentes. La localité de Banibangou est située dans la région de Tillabéri, la zone des trois frontières (Niger-Mali-Burkina Faso) devenue le repaire des groupes djihadistes liés à Al-Qaida et à l’Etat islamique. Dans sa partie sud-est, voisine du lac Tchad et du Nigeria, le Niger doit également faire face aux djihadistes de Boko Haram et de sa branche dissidente, le groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest. Le Monde avec AFP

Au sahel, les enfants en proie à une violence sans précédent alerte l’ONU
Le dernier rapport annuel du Secrétaire général de l’ONU sur les enfants et les conflits armés dresse un bilan alarmant pour 2024 : les enfants du Sahel, notamment au Niger, au Burkina Faso et au Mali, subissent de plein fouet la violence des conflits. Recrutements forcés, meurtres, enlèvements, attaques d’écoles et d’hôpitaux s’intensifient dans un contexte de délitement des États et de violences armées. Le rapport, qui couvre l’année 2024, constate une augmentation sans précédent de 25 % des violations graves contre les enfants dans les zones de conflit à travers le monde. Plus de 41 000 violations graves ont été enregistrées, atteignant un niveau inédit depuis près de trois décennies. Le Sahel, en particulier le Niger, le Mali et le Burkina Faso, est une des régions les plus touchées, en proie à l’insécurité chronique, à la multiplication des groupes armés et à la fragilité des institutions nationales indique le rapport…Au Niger, 329 violations graves ont été vérifiées, affectant 304 enfants (184 garçons et 120 filles)…Burkina Faso : 1 125 violations graves vérifiées. Le pays déplore notamment la mort ou la mutilation de 708 enfants, l’enlèvement de 309 autres et des recrutements par les groupes jihadistes comme JNIM et ISGS. Des acteurs étatiques tels que les Volontaires pour la défense de la patrie (VDP) sont également impliqués dans des cas de violences sexuelles. Mali : 892 violations ont été documentées, dont 387 cas de meurtres ou mutilations. Le recrutement forcé (285 cas) reste largement répandu, notamment par Jama’a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin (JNIM), mais aussi par des groupes comme la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) ou les forces gouvernementales. Les violences sexuelles, les attaques contre les écoles et les enlèvements complètent un tableau sombre. Studio Kalangou

Kenya : 30 ans de prison pour les complices de l’attentat de 2019
Deux hommes ont été condamnés jeudi à 30 ans de prison pour avoir facilité l’attentat du complexe hôtelier DusitD2, à Nairobi, en 2019. 21 personnes avaient été tuées dans cette attaque revendiquée par le groupe islamiste al-Shabab, affilié à Al-Qaida. Le tribunal a établi que les deux accusés, Hussein Mohamed Abdille Ali et Mohamed Abdi Ali, tous deux Kényans, avaient envoyé de l’argent aux terroristes et fourni de faux papiers d’identité. L’enquête antiterroriste qui a duré six ans a permis de remonter toute la chaîne allant des assaillants aux financiers. Al-Shabab avait visé le Kenya, en représailles à la présence de troupes kényanes en Somalie depuis 2011. Cette attaque contre le complexe hôtelier s’inscrit dans une série d’attentats sanglants survenus au Kenya, dont Westgate en 2013 (67 morts) et l’université de Garissa en 2015 (147 morts). Africanews

Arrestation de Succès Masra au Tchad : l’opposant est maintenu en détention
Le chef des Transformateurs est accusé d’avoir tenu des propos haineux, qui auraient contribué à provoquer le 14 mai dernier la tuerie de Mandakao, dans la région du Logone-Occidental, au Tchad. Succès Masra, arrêté le 16 mai puis placé en détention provisoire cinq jours plus tard, a vu sa demande de libération provisoire être rejetée par la chambre d’accusation jeudi 19 juin, ont annoncé ses avocats…Succès Masra est poursuivi pour « incitation à la haine, à la révolte, constitution et complicité de bandes armées, complicité d’assassinat, incendie volontaire et profanation de sépultures » par la justice tchadienne. Le 14 mai, 42 personnes, « majoritairement des femmes et des enfants », avaient été tuées à Mandakao dans des affrontements intercommunautaires. Le sud du pays est régulièrement en proie à des conflits entre agriculteurs et éleveurs. Pour incriminer l’ancien Premier ministre, les autorités judiciaires s’appuient sur un enregistrement audio de 2023. Selon une traduction française du message en langue ngambaye, il dit : « Apprenons-nous les uns et les autres à utiliser une arme à feu. Que ce soit fille ou garçon, que ce soit homme ou femme… Soyons tous des boucliers protecteurs ». Mais pour les conseils de l’ancien candidat à l’élection présidentielle, qui avait bénéficié de la loi d’amnistie générale pour pouvoir retourner au Tchad après son exil, cette déclaration, prononcée « dans un contexte précis, avait fait l’objet d’un mandat d’arrêt international » contre leur client qui « avait été levé en date du 2 novembre 2023, suite à un abandon des poursuites ». Jeune Afrique avec AFP

Présidentielle en Côte d’Ivoire : les deux principaux partis d’opposition créent un « front commun »
Les deux principaux partis d’opposition en Côte d’Ivoire, le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de Tidjane Thiam, ont annoncé jeudi 19 juin la création d’un « front commun » pour exiger notamment que leurs leaders, actuellement exclus, puissent être candidats à la presidentially d’octobre. Selon une déclaration lue jeudi devant la presse, le PPA-CI et le PDCI, « conscients de la nécessité de mutualiser leurs forces pour relever les défis liés au processus électoral, décident de créer un front commun ». Les deux partis « ont décidé d’unir leurs forces pour que le gouvernement entende le message des Ivoiriens à une heure où se joue véritablement l’avenir de notre pays », a déclaré Tidjane Thiam, hors de Côte d’Ivoire depuis trois mois, en visioconférence. « Si rien n’est fait, nous allons vers une élection qui n’aura aucune légitimité ni crédibilité », a-t-il poursuivi. Outre la réintégration des candidats écartés, ce « front commun » appelle notamment le gouvernement à ouvrir un dialogue politique et à réformer la Commission électorale indépendante (CEI), l’organe chargé d’organiser les élections. Le Monde avec AFP

Nigeria: premier sommet économique de l’Afrique de l’Ouest, les pays de l’AES attendus
Ce vendredi 20 et samedi 21 juin, Abuja cherche à devenir un carrefour du commerce et de l’investissement pour l’Afrique de l’Ouest avec son sommet économique. Lors de ce premier rendez-vous régional qui n’est pas porté par la Cédéao, mais par le Nigeria, la capitale du pays accueille des chefs d’État, des ministres, des dirigeants du secteur privé, des institutions de développement. Des représentants du Burkina Faso, du Mali et du Niger, malgré leur départ de la Cédéao, pourraient s’y rendre. En lançant ce sommet inédit, le Nigeria veut assumer son rôle de locomotive en tant que première économie ouest-africaine. Le président Bola Ahmed Tinubu réalise une promesse : celle formulée en 2023 à Bissau d’organiser un grand rendez-vous régional du commerce et de l’investissement. Et c’est donc un sommet économique aligné sur les objectifs de la zone libre échange continental africaine que le Nigeria accueille sur deux jours à Abuja. Si une table ronde présidentielle et un forum des chefs d’entreprise seront deux des temps forts, l’idée est d’impulser à la base un vrai hub régional où une centaine de PME et des startups sont invitées à se mélanger. Selon le ministre des Affaires étrangères du Nigeria Yusuf Maitama Tuggar, l’ambition n’est pas « d’imiter le Forum économique mondial de Davos, mais de créer une plateforme originale d’inspiration africaine ». Sur le principe de la géographie ouest-africaine, le Nigeria a invité les trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) – Burkina Faso, le Mali et le Niger -, malgré leur départ de la Cédéao. RFI

Soutenue par l’UE, Giorgia Meloni investit en Afrique pour limiter l’émigration
Giorgia Meloni, première ministre italienne, promeut vendredi 20 juin son « plan Mattei », aux ambitions jugées par certains irréalistes. Son but : soutenir les économies africaines pour limiter l’émigration venant d’Afrique, tout en y étendant l’influence de l’Italie. Lors de ce sommet coprésidé par Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne est à Rome pour soutenir ce dispositif porté à bout de bras par la cheffe du gouvernement italien ultraconservateur. Au dire de la présidente du conseil des ministres italien, cette initiative mobilisera 5,5 milliards d’euros pour des initiatives éparpillées sur quatorze pays (principalement ceux du Maghreb – sauf la Libye – le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Kenya, l’Ethiopie), mais selon un rapport officiel de novembre 2024, moins de 2 milliards d’euros ont déjà été assignés par l’Italie à des projets précis, sous forme de dons, de prêts ou de garanties sur plusieurs années…Ce plan permet également de renforcer les relations commerciales entre l’Italie et le continent dans l’énergie, alors que l’invasion russe en Ukraine a forcé l’Italie à chercher de nouveaux fournisseurs de l’autre côté de la Méditerrannée – en Algérie notamment. Le Monde avec AFP

Un Angolais opéré par un médecin se trouvant à 11 000 kilomètres, une première en Afrique
Un cancéreux a subi « avec succès » la première opération chirurgicale robotique sur le continent réalisée à distance par un médecin se trouvant aux Etats-Unis, ont annoncé les hôpitaux concernés. La prostatectomie – l’ablation partielle ou complète de la prostate – effectuée le 14 juin était également la première au monde réalisée à une pareille distance, ont affirmé les mêmes sources. L’opération « s’est bien passée », a déclaré jeudi 19 juin l’Agence France-Presse (AFP) Carlos Alberto Masseca, le directeur du Complexo Hospitalar Cardeal Dom Alexandre do Nascimento (CHDC), l’hôpital de Luanda où le patient a été opéré. Trois jours après l’intervention, le patient, Fernando da Silva, 67 ans, a pu rentrer chez lui. L’intervention a été pratiquée par Vipul Patel, directeur médical du Global Robotics Institute, qui fait partie de l’hôpital AdventHealth Celebration, situé en Floride (sud-est des Etats-Unis)…Le cancer de la prostate est la première cause de mort par cancer pour les hommes en Afrique subsaharienne, selon l’Observatoire mondial du cancer. De nombreux pays du continent, dont l’Angola, ont peu de moyens de détection précoce et de chirurgie spécialisée. L’opération effectuée est une « avancée magnifique, pas seulement technologiquement, mais pour faire avancer l’équité sanitaire mondiale, a salué M. Patel. Le Monde avec AFP