Revue de presse du 20 juillet 2023

Wagner va quitter le front ukrainien pour «un nouveau chemin vers l’Afrique», selon Evgueni Prigojine
Evgueni Prigojine a assuré dans une vidéo diffusée mercredi 19 juillet que le groupe paramilitaire russe allait quitter le front ukrainien pour se concentrer sur l’Afrique, après sa rébellion avortée du 24 juin contre le Kremlin. Un des bras droits de Prigojine, Alexandre Ivanov, a par ailleurs affirmé que Wagner comptait « étendre sa présence » sur le continent africain. … Il les a prononcés en compagnie de son bras droit Dimitri Utkin, néo-nazi qui a donné son nom de guerre, Wagner, au groupe de mercenaires, et assure que « ce n’est pas la fin, mais le début d’une grande œuvre qui sera bientôt réalisée ». Dans le même temps, un de ses principaux lieutenants, Alexandre Ivanov, publiait un nouveau communiqué sur la chaîne de la Communauté des officiers pour la sécurité internationale (COSI), qui chapeaute le déploiement des mercenaires sur le continent. Il y écrit que les gouvernements africains entrent en contact « direct » avec les compagnies militaires privées, que « la Russie officielle n’a rien à voir avec ça » et que « les employés du ministère russe de la Défense ne travaillent pas en Centrafrique ». L’affirmation d’un lien contractuel direct contredit le discours officiel à Bangui et à Bamako. Ministre-conseiller du président Touadéra, Fidèle Gouandjika réaffirmait sur l’antenne de RFI il y a trois semaines que le pays avait signé « un accord de défense avec la Russie et non avec Wagner », et que Moscou avait « sous-traité » à Wagner. RFI

Des bombardements à Khartoum et dans une ville stratégique soudanaise
Des bombardements et des tirs d’artillerie ont secoué jeudi Khartoum et El-Obeid, ville stratégique à 350 km au sud de la capitale soudanaise, ont indiqué des habitants à l’AFP. « Des tirs d’artillerie visent des bases des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) », a indiqué un habitant d’El-Obeid. « L’armée de l’air bombarde et les paramilitaires répondent par des tirs de batteries anti-aériennes », a ajouté un autre. Des habitants du sud de Khartoum ont fait état de leur côté de trois raids aériens tôt le matin. « Les explosions sont terrifiantes », a affirmé l’un d’eux. Mercredi, dans la capitale, l’armée a accusé les FSR d’avoir bombardé au drone un quartier résidentiel, faisant « 14 morts et 15 blessés civils ». Des habitants ont confirmé à l’AFP avoir compté 13 cadavres de civils. Depuis le 15 avril, la guerre pour le pouvoir entre l’armée dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane et les FSR du général Mohamed Hamdane Daglo a fait 3.000 morts et plus de 3,3 millions de déplacés et réfugiés. Mardi, le général Burhane est apparu dans une rare vidéo, peu après un enregistrement sonore de son rival Daglo. Dans cette vidéo de moins d’une minute, il salue son état-major en tee-shirt et pantalon de treillis, pistolet à la ceinture et arme automatique en bandoulière, dans une salle du QG de l’armée. L’immense complexe au cœur de Khartoum est toujours le théâtre d’affrontements et aucun camp n’en revendique le contrôle total. AFP

Crise au Soudan : plus de 3,3 millions de déplacés et réfugiés, selon l’ONU
Le nombre de personnes ayant fui à l’étranger les combats au Soudan avoisine les 732.000, tandis que celui des déplacés dans le pays dépasse les 2,6 millions, selon le portail de données en ligne de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). « L’estimation actuelle du nombre total de personnes récemment déplacées au Soudan s’élève à 2.613.036 personnes (523.142 ménages) », a détaillé cette agence onusienne basée à Genève. L’évaluation actuelle de l’OIM a permis d’observer le nombre de personnes déplacées dans l’ensemble des 18 États du Soudan. Les proportions les plus élevées de personnes déplacées ont été observées dans les États du Nil fluvial (16 %), du Nord (13 %), du Nil blanc (10 %) et du Sennar (8 %). Les équipes de terrain de l’OIM rapportent que les personnes déplacées observées étaient originaires de huit Etats. ONU Info

Juba, ancienne capitale ennemie, devenue refuge pour des milliers de Soudanais fuyant la guerre
A la terrasse d’un café de Juba, Al-Hadi Hussein Ibrahim, décorateur d’intérieur soudanais, tourne de ses mains fines les pages de son « book ». Stands d’exposition aux courbes dynamiques, mobilier de studio de télévision, appartements témoins… Les images de ses réalisations passées, c’est à peu près tout ce qui reste de son entreprise, Khartoum Advertising, dont l’atelier a été « entièrement brûlé » dans les combats qui font rage depuis mi-avril entre les Forces armées soudanaises (FAS) et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). « Nous étions parmi les deux ou trois compagnies les plus célèbres dans ce domaine au Soudan », affirme cet homme frêle de 43 ans au regard vif, qui dit avoir perdu environ 140 000 dollars (soit 125 000 euros) entre ses équipements détruits et les défauts de paiement causés par la guerre. Aujourd’hui en exil, comme plus de 550 000 Soudanais majoritairement partis vers l’Egypte et le Tchad, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), Al-Hadi Hussein Ibrahim fait partie des 11 685 personnes ayant opté pour le Soudan du Sud. C’est à Juba qu’il tente de se relancer. Le pari n’est pas complètement fou, malgré l’instabilité du pays. Les élites soudanaises, quel que soit leur camp, ont ici des réseaux politiques et économiques. Les opportunités financières sont une évidence dans cette capitale en effervescence. Les secteurs de l’immobilier et des industries extractives sont en expansion et la forte présence de l’ONU est source de contrats. Reste que pour les Soudanais ayant fui Khartoum et espérant reprendre leurs affaires à Juba, « ceux qui arrivent sans affiliation ont besoin de beaucoup de temps pour y parvenir car l’accès au marché n’est pas libre », prévient Edmond Yakani, directeur de l’ONG Community Empowerment for Progress Organization (CEPO), soucieux de défendre « les droits économiques » des Soudanais en exil. Le Monde

Crise tchadienne: quel bilan pour la mission de facilitation du président de la RDC à Ndjamena?
Le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi, facilitateur de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) pour le processus de transition politique au Tchad, était à Ndjamena les 18 et 19 juillet 2023. Il a rencontré les différentes délégations des parties prenantes au processus afin de trouver des solutions à la crise tchadienne. À la fin de de sa visite ce mercredi soir, Felix Tshisekedi et le président de transition Mahamat Idriss Déby ont animé un point de presse. … C’est en revanche un autre son de cloche qu’on entend du côté du côté des opposants au pouvoir de transition, qui dénoncent un facilitateur venu leur proposer « une capitulation ». « La facilitation et la visite de Tshisekedi ne servent à rien », a tranché Gilbert Morba, à la tête de la délégation de Wakit Tama qui a rencontré le président congolais. Le président du PSF Yaya Dillo, lui, s’est félicité sur sa page Facebook d’avoir boycotté la rencontre avec le facilitateur de la CEEAC. « Cette facilitation est une peine perdue pour la démocratie au Tchad », a-il-conclu. RFI

RDC: des enquêteurs internationaux sollicités dans l’affaire de l’assassinat de l’opposant Chérubin Okende
Une semaine après l’assassinat du député d’opposition Chérubin Okende, la justice a communiqué, mercredi 19 juillet, les premiers éléments de l’enquête ouverte. Firmin Mvonde, le procureur général près la Cour de cassation, a annoncé, lors d’une conférence de presse, l’arrestation de plusieurs personnes en plus du garde du corps de Chérubin Okende et de son chauffeur. Les enquêtes sont cependant incomplètes en attendant des enquêteurs internationaux, notamment pour l’autopsie. RFI

Comment le non renouvellement de l’accord de transport de céréales via la mer Noire par la Russie affecte l’Ukraine et le monde
Le blocus russe des ports ukrainiens au début de la guerre l’année dernière a eu pour effet de piéger près de 20 millions de tonnes de céréales dans la mer Noire. En conséquence, les prix des denrées alimentaires ont grimpé dans le monde entier. Comme on pouvait s’y attendre, l’annonce faite lundi par la Russie de ne pas renouveler l’accord a fait grimper les prix du blé de plus de 3 %. Le blocus russe a accru le risque de pénurie alimentaire dans plusieurs pays d’Afrique et du Moyen-Orient qui dépendent fortement des importations de céréales ukrainiennes. Lorsque l’accord a été signé l’année dernière et que les expéditions de céréales ont repris, les prix mondiaux des denrées alimentaires ont chuté d’environ 20 %, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). BBC

Au Sénégal, deux membres de l’opposition remis en liberté
Deux membres importants du principal parti d’opposition au Sénégal ont été remis en liberté dans deux affaires séparées, ont indiqué mercredi 19 juillet leurs avocats et leur parti à l’AFP. El Malick Ndiaye, le secrétaire national aux communications du parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef), a été libéré sous caution après avoir été inculpé pour « actes ou manœuvres visant à compromettre la sûreté publique et propagation de fausses nouvelles », ont indiqué le porte-parole du parti, Ousseynou Ly, et l’avocat Cire Cledor Ly. « Il est reproché à El Malick Ndiaye un audio dont il n’est pas l’auteur, qu’il conteste et dont la paternité a été revendiquée par une personne identifiée », a déclaré l’avocat. Birame Souleye Diop, vice-président du parti et membre du Parlement, a été libéré mercredi après avoir été inculpé le 11 juillet d’offense au président dans une affaire concernant certaines de ses déclarations concernant le chef de l’Etat, Macky Sall, selon son avocat, Moussa Sarr. « Pour le moment, pas de procès en vue », a déclaré l’avocat, qui n’a pas précisé les conditions de la libération de l’opposant. Le Monde avec AFP

Au Maroc, la justice maintient en prison les journalistes Omar Radi et Soulaimane Raissouni
La Cour de cassation du Maroc a rejeté le pourvoi de deux journalistes emprisonnés, Omar Radi et Soulaimane Raissouni, confirmant leurs condamnations en appel pour des accusations d’agressions sexuelles dont ils se disent innocents. La plus haute instance judiciaire du royaume « a rejeté [mardi 18 juillet] notre recours et confirmé les peines d’emprisonnement à l’encontre d’Omar et Soulaimane », a déclaré mercredi à l’AFP Miloud Kandil, leur avocat. L’arrêt de la Cour de cassation ne sera pas publié avant plusieurs jours. Omar Radi, 37 ans, et Soulaimane Raissouni, 51 ans, ont été condamnés en appel respectivement à six et cinq ans de prison ferme en 2022 dans des affaires d’agressions sexuelles, des charges qu’ils réfutent. Ils sont derrière les barreaux depuis 2021. « Nous nous attendions à cette décision malgré les innombrables irrégularités qui ont entaché la procédure, a réagi auprès de l’AFP Driss Radi, le père d’Omar Radi. Nous savons que la justice n’est pas indépendante dans cette affaire, mais nous espérons une grâce royale pour clore ce dossier qui a tellement nui à l’image de notre pays. » Au Maroc, la grâce peut être accordée par le souverain ou par le Parlement. Le Monde avec AFP

Criminalité maritime : Une série de formations à Madagascar…
Dans le cadre de son programme de lutte contre la criminalité maritime, le Bureau régional pour l’Afrique de l’Est (ROEA) de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) organise une formation de neuf semaines sur la sécurité portuaire à Madagascar. Mais dans la région de l’Océan indien, les trafics font ravage. … Selon des informations du Centre de fusion d’informations maritimes (CFIM) dirigé par le capitaine de vaisseau Razafindraibe Franck Aimé, la formation vise deux objectifs globaux dont premièrement, aider les ports : de s’assurer que les crimes commis dans les ports soient poursuivis en justice ; d’améliorer la communication entre les différentes agences portuaires dans le but de travailler ensemble pour lutter contre la criminalité portuaire ; de perpétuer l’échange d’idées et d’expériences sur la lutte contre la criminalité portuaire ; et d’améliorer la protection des ports contre les attaques terroristes par voie maritime. Deuxième objectif, c’est d’aider les responsables portuaires à organiser, préparer et répondre aux urgences. Ces derniers temps, s’est répandue à La Réunion le «crystal meth» une drogue dure dénommée «cocaïne du pauvre» provenant de l’île Maurice. C’est un produit de synthèse, fabriqué dans des laboratoires clandestins à partir de produit chimique et ressemble, une fois en poudre à de la cocaïne, d’où le surnom «cocaïne du pauvre.» Les autorités réunionnaises chargées de lutter contre ce trafic estiment que ces drogues proviennent par une liaison maritime, particulièrement en raison des hors-bords venant de l’île Maurice utilisés par des trafiquants de «zamal.» AFRIMAG

Afrique du Sud : mystérieuse explosion à Johannesburg, un mort et 48 blessés
Un corps a été retrouvé jeudi matin dans le centre historique de Johannesburg au lendemain d’une mystérieuse explosion qui a déchiré la chaussée, faisant valser piétons et voitures, a confirmé un porte-parole des services d’urgence de la ville. « Tôt dans la matinée, nous avons réussi à récupérer le corps d’un homme sur le site de l’explosion », a déclaré à la presse Robert Mulaudzit, précisant à la mi-journée que le nombre des blessés était passé à 48 en tout. Les rues autour de celle qui a été littéralement fendue par l’explosion, en pleine heure de pointe mercredi en fin d’après-midi, restaient fermées dans la matinée. Les dégâts sur cet axe très emprunté par les minivans qui servent de taxis collectifs évoquaient un film catastrophe ou les lendemains d’un séisme. Les services d’urgence avaient initialement pointé une possible explosion de conduites souterraines de gaz, mais la compagnie de gaz Egoli a affirmé dans la soirée qu’il était « peu probable » que l’explosion « ait été causée par une conduite de gaz ou une fuite ». La rédaction Info avec AFP

Le sommet Russie-Afrique et Maria Lvova-Belova, la commissaire russe à l’enfance, accusée de crimes de guerre par la Cour pénale internationale.
RFI : La Russie compte promouvoir les valeurs traditionnelles en Afrique et développer des projets humanitaires en soutien aux enfants africains. Comment expliquez-vous cette stratégie russe ? Maxime Matoussevitch : Cela fait partie du soft power russe. Ces dernières années, la Russie s’est positionnée par rapport aux pays du Sud et, surtout, par rapport aux pays africains, en rempart des valeurs traditionnelles. Lorsque l’on observe ce que la Russie peut offrir à l’Afrique, il n’y a pas grand-chose, mais le peu qui existe est important. Ils exportent des armes : 50% des armes qui arrivent sur le continent proviennent de la Russie. Pour le reste, ce n’est pas vraiment de l’idéologie, ce sont des idées moralisatrices : la préservation des valeurs traditionnelles, la conception traditionnelle du genre. Par exemple, en République centrafricaine, l’un des premiers pays africains où apparaissent les mercenaires du groupe Wagner, ils sponsorisaient des concours de beauté. Cela peut paraître innocent. Mais pourquoi les concours de beauté ? Car ces concours participent à la propagation des valeurs traditionnelles et des stéréotypes liés au genre. Investir dans ces concours fait partie de la politique extérieure russe. En ce sens, Maria Lvova-Belova [la commissaire russe à l’enfance, NDLR], qui est accusée de crimes de guerre par la Cour pénale internationale, remplit un contrat avec le gouvernement russe. Elle participe à l’effort de représentation de la Russie en tant que rempart des valeurs traditionnelles. Elle travaille en coopération étroite avec l’Église orthodoxe russe. Cette alliance entre l’État et l’Église est intéressante. Peu avant l’intervention en Ukraine, l’Église orthodoxe russe a ouvert deux nouvelles filiales en Afrique : au Caire, en Égypte, et à Johannesburg, en Afrique du Sud. Pourquoi ? Précisément pour être l’un des canaux de la politique étrangère russe. RFI

KGB en Afrique : éclairage sur le modus operandi d’une URSS en quête d’influence
Soutenir une tentative de coup d’État au Ghana, former des combattants africains non loin des plages de Crimée ou encore propager des « fake news » en Algérie… En pleine Guerre froide, les espions du bloc soviétique ne manquaient pas d’imagination pour tenter de mettre en avant les intérêts du Kremlin en Afrique. France24