Les tendances en matière de sécurité en Afrique en 2024 en 10 graphiques
Les conflits persistants en Afrique ont un effet cumulatif sur les crises de gouvernance du continent, éprouvant des régions déjà fragiles et ouvrant la porte à l’exploitation étrangère par des forces interposées, le trafic des ressources et la manipulation de l’information…Un instantané des tendances en matière de sécurité en Afrique en 2024 illustre l’effet cumulatif des conflits non-résolus, des insurrections des extrémistes violents, des acteurs extérieurs autoritaires qui cherchent à exercer leur influence et des catastrophes naturelles. Collectivement, ces tendances mettent en relief les pressions grandissantes sur les capacités de gestion des pays et des régions affectées et le fossé grandissant entre les régions stables et instables. Centre d’études stratégiques de l’Afrique
Le cyclone Chido réveille les tensions entre la France et les Comores
Alors que le cyclone Chido a laissé derrière son passage, samedi 14 décembre, un paysage de désolation à Mayotte, la catastrophe relance le débat autour de l’immigration illégale et ressuscite les tensions avec les Comores voisines. Pris à partie par des habitants en colère du manque d’aide de l’Etat dans ce département, le plus pauvre de France, Emmanuel Macron a annoncé dès son arrivée, jeudi, qu’il voulait « renforcer la lutte contre l’immigration clandestine » et augmenter les reconduites à la frontière. Ancienne colonie et département français depuis 2011, l’archipel situé dans l’océan Indien compte environ 320 000 habitants selon l’Insee, dont plus de la moitié est étrangère, auquel il faut ajouter un nombre indéterminé de clandestins. La majorité d’entre eux est venue des Comores voisines et vit dans des bidonvilles dont les tôles ont été balayées…Emmanuel Macron a appelé son homologue comorien Azali Assoumani « pour discuter des conséquences de Chido », indique la présidence comorienne. Le Monde
Comores: soulagement et attentes après la réouverture de la frontière maritime avec Madagascar
Madagascar rouvre ses frontières maritimes avec les Comores après deux mois de suspension dus à l’épidémie de choléra. Décidée le 18 décembre à Antananarivo, cette mesure relance le transport de marchandises tout en imposant des restrictions sanitaires strictes, comme l’interdiction de débarquement pour les équipages. À Moroni, cette reprise est un soulagement, mais les attentes pour un retour complet à la normale restent élevées…L’économiste Idrisse Salim souligne que cette fermeture affecte autant les Comoriens que les Malgaches : « Les deux pays subissent réellement des pertes durant ces semaines de fermeture des frontières en particulier les exportateurs de Madagascar qui sont vraiment les premiers à être impactés étant donné que Madagascar représente un fournisseur essentiel pour nos îles. Au cours de cette période, certains vendeurs ont dû se retourner vers d’autres voisins comme la Tanzanie. » La Fédération comorienne des consommateurs demande aux autorités de revoir leur stratégie agricole pour réduire la dépendance aux importations et renforcer les accords bilatéraux et leur respect, soulignant leur impact sur l’économie malgache. RFI
Cyclone Chido : au Mozambique, au moins 73 morts
Le cyclone Chido a provoqué la mort d’au moins 73 personnes au Mozambique, selon un bilan actualisé diffusé jeudi 19 décembre par l’Institut national de gestion des risques et désastres de ce pays d’Afrique australe. Le décompte au Mozambique des victimes du cyclone, qui a frappé dimanche le continent africain après avoir dévasté l’archipel français de Mayotte, dans l’océan Indien, a grimpé d’une trentaine de morts en une journée…Environ 330 000 personnes sont affectées par cette catastrophe naturelle dans l’Etat lusophone, principalement dans la province de Cabo Delgado, dans le Nord, où l’on dénombre 66 des personnes tuées. La dépression, bien qu’ayant perdu en intensité en s’enfonçant dans les terres, a poursuivi lundi sa course 500 kilomètres plus loin, jusqu’au Malawi, où les autorités avaient enregistré mercredi 13 décès en lien avec la tempête. Le Monde avec AFP
Guinée : onze douaniers, dont le directeur général et son adjoint, inculpés pour détournement de fonds
La justice guinéenne a inculpé et placé sous mandat de dépôt, jeudi 19 décembre, le directeur général des douanes et dix autres responsables pour le détournement présumé de plus de 700 milliards de francs guinéens (76,7 millions d’euros). Moussa Camara, directeur général des douanes, son adjoint, Macky Agreby Diallo, et les neuf autres responsables douaniers sont poursuivis pour « faux et usage de faux, corruption, détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux et complicité », selon l’accusation de la Cour de répression des infractions économiques et financières (Crief). Ils avaient été arrêtés, puis placés en détention à la prison de Conakry au début de décembre. Il leur est reproché d’avoir, avec plusieurs transitaires, mis en place un réseau au niveau de la direction générale des douanes pour contourner le procédé classique de paiement au guichet unique, afin d’encaisser des fonds au préjudice de l’Etat. Le Monde avec AFP
Gambie : un pas vers un procès de l’ancien dictateur Yahya Jammeh
Dimanche 15 décembre, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a fait un pas en ce sens, en approuvant la création d’un tribunal spécial en Gambie…En 2022, suite aux recommandations de la Comission vérité, réconciliation et réparations (TRRC), les autorités gambiennes ont recensé les crimes qui auraient été commis durant les vingt-deux années de dictature Jammeh (1994-2017)…Selon les nouvelles autorités gambiennes, soixante-dix anciens dignitaires, dont Yahya Jammeh, pourraient être poursuivis par ce tribunal mixte, composé de juges locaux et d’autres issus des pays de la Cedeao, si celui-ci voit le jour…Toutefois, une autre question primordiale reste en suspens. Celle de l’extradition de Yahya Jammeh de Guinée équatoriale, où le dictateur s’est exilé après sa défaite à l’élection présidentielle de décembre 2016, suite à un accord obtenu par les présidents guinéen et mauritanien de l’époque…Il n’existe, à ce jour, aucun accord d’extradition entre Malabo et Banjul, mais Reed Brody [le juriste américain qui s’est fait connaître dans la défense des victimes de régimes dictatoriaux] évoque la signature par les deux Etats de la convention des Nations unies contre la torture, dont l’article 7 pourrait obliger ce transfert. Le Monde
Au Tchad, 23 proches d’un opposant tué par l’armée ont été libérés
Vingt-trois proches de l’ancien président du Parti socialiste sans frontière (PSF), Yaya Dillo Djerou, arrêtés après la mort de ce farouche opposant tué par l’armée deux mois avant l’élection présidentielle au Tchad, ont été libérés, a appris l’Agence France-Presse (AFP), jeudi 19 décembre, auprès de la famille. L’annonce officielle de leur libération devrait se faire à l’occasion de la cérémonie d’élévation au grade de maréchal du président Mahamat Idriss Déby, prévue pour samedi, selon des sources concordantes…En mai, l’ONG Amnesty International avait dénoncé la détention « au secret » de 26 personnes, dont trois enfants, dans la prison de Koro Toro, au milieu du désert. Elles avaient été arrêtées en février après l’assaut du siège du PSF, au cours duquel le président du parti, Yaya Dillo Djerou, avait été tué par l’armée, « assassiné d’une balle à bout portant dans la tête », selon le PSF. Le Monde avec AFP
Le Tchad demande un départ des forces françaises d’ici au 31 janvier 2025, des négociations en cours
Des sources proches du gouvernement français indiquent que Paris a bien reçu, ce jeudi soir 19 décembre, une demande pour un départ de tous les soldats français avant le 31 janvier prochain. Information que RFI a pu confirmer côté tchadien. Reste que cette demande a dû agir comme un nouvel irritant dans les relations franco-tchadiennes, car perçue comme une injonction à quitter le sol tchadien dans un délai restreint. « Sept semaines seulement pour désengager mille soldats et beaucoup de matériel, cela relève de l’impossible » indiquent des militaires français de haut-rang, pour qui cette injonction n’est qu’un « coup de pression de la frange dure du premier cercle du pouvoir tchadien ». « La négociation est toujours en cours », assurent les militaires français, les discussions sont « techniques, mais se passent bien », précisent-ils. Son de cloche identique à Ndjamena où l’on insiste sur la qualité du partenariat. RFI
Soudan : les Etats-Unis annoncent 200 millions de dollars d’aide humanitaire supplémentaire
Les Etats-Unis ont annoncé jeudi 19 décembre une aide humanitaire supplémentaire de 200 millions de dollars pour le Soudan, ce qui porte l’engagement de Washington envers ce pays ravagé par la guerre à 2,3 milliards de dollars…L’ONU a de nouveau alerté jeudi au sujet de la situation au Soudan, qui risque de subir la plus grave crise alimentaire au monde de l’histoire récente. Quelque 26 millions de personnes sont déjà confrontées à une insécurité alimentaire sévère, selon l’organisation…Au total, une aide de 4,2 milliards de dollars est nécessaire pour subvenir aux besoins des Soudanais en 2025, a prévenu Edem Wosornu, cheffe du bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU. Le Monde avec AFP
La maladie mystérieuse qui sévit en RDC pourrait être le paludisme
La mystérieuse maladie qui a fait au moins 37 morts en République démocratique du Congo (RDC) est probablement le paludisme, aggravé par la vulnérabilité de la population touchée, a déclaré jeudi Africa CDC, l’agence sanitaire de l’Union africaine. Il a précisé que l’agence sanitaire attend toujours les résultats d’une enquête. La thèse d’une « maladie hémorragique virale » survenant « sur fond de paludisme », endémique dans la zone, particulièrement lors de la saison des pluies, n’a pas été écartée, a-t-il ajouté…Dans les centres de santé, 37 décès attribués à cette maladie mystérieuse ont été comptabilisés, a indiqué l’Africa CDC, sur 592 cas. AFP
Vérification des faits : les journalistes malawites renforcent leur crédibilité
Au Malawi, face à la montée de la désinformation, l’Institut des médias d’Afrique australe (MISA) forme les journalistes à la vérification des faits, surtout en période électorale. Ces formations visent à améliorer la crédibilité des reportages et à garantir une information fiable pour le public. Au Malawi, où la vérification des informations est un véritable défi, la section locale de l’Institut des médias d’Afrique australe s’efforce d’améliorer la précision des reportages et d’aider les journalistes à gagner en crédibilité…[Golden Matonga, président de MISA Malawi] explique que le projet de formation au journalisme de MISA Malawi offre une formation aux journalistes malawites afin d’empêcher la diffusion de fausses informations et de désinformations, ce qui est particulièrement important à l’heure où le pays se prépare pour les élections générales de 2025…D’après les formateurs, les fausses informations sont monnaie courante au Malawi, en grande partie à cause des utilisateurs des réseaux sociaux qui se précipitent pour devancer les journalistes en publiant des informations non vérifiées, trompeuses, voire inventées. VOA
Entre le Mali et la Mauritanie, la désinformation attise les tensionsAu Mali, l’armée et ses supplétifs russes de Wagner ont fait une quinzaine de prisonniers lors d’une opération à la frontière mauritanienne, le 10 décembre 2024. Des Mauritaniens ont été arrêtés sur le sol malien, à Laghdaf, près de Fassala, avant d’être libérés…Une vidéo publiée sur TikTok, affirme, à tort, que l’armée mauritanienne aurait réagi à ces arrestations en « bombardant un poste militaire malien à Laghdaf »…En réalité, ce récit a été fabriqué de toutes pièces…À l’origine de cette infox, on retrouve un mystérieux compte TikTok suivi par plus de 250 000 personnes. Il publie presque quotidiennement des vidéos sorties de leur contexte, en affirmant, à tort, que la Mauritanie attaquerait ou envahirait le Mali. Des infox souvent virales puisque ses 31 vidéos cumulent plus de 25 millions de vues. Cette désinformation est particulièrement nocive au vu des relations déjà tendues entre les deux voisins…« La manipulation de l’information expose les populations à des risques, souligne Kissima Diagana, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire mauritanien La Tribune, présent lors du dernier webinaire du Timbuktu Institute. D’autant plus dans un pays comme la Mauritanie où il y a différentes communautés face à un pays en crise au Mali, également exposé à des tensions communautaires. C’est donc facile de créer des tensions entre les deux pays. » RFI
Cameroun: une conférence des gouverneurs sur les questions de sécurité
Au Cameroun, la deuxième rencontre semestrielle des gouverneurs des dix régions du pays s’est terminée jeudi 19 décembre. Les autorités administratives et leur ministre de tutelle y ont fait le point sur l’État sécuritaire du pays, à la veille des fêtes de fin d’année. Au cours de cette rencontre, le ministre de l’Administration territoriale a notamment insisté sur la lutte contre le grand banditisme en zone urbaine et périurbaine…Outre la lutte contre la criminalité urbaine et interurbaine, les zones frontalières comme de l’est et de l’extrême nord, en proie aux exactions de la secte Boko Haram, seront particulièrement surveillées en cette fin d’année. RFI