« Imaginons que Barkhane s’en aille, ça va affaiblir notre lutte, notre camp… Au profit de qui ? Des terroristes. » Dans son entretien diffusé ce jour sur France 24 et RFI, le président nigérien, Mahamadou Issoufou, n’a pas fait mystère de son attachement à l’endroit de l’opération Barkhane de lutte contre le djihadisme au Sahel. Quelques jours après l’attaque du camp militaire d’Inates qui a coûté à l’armée nigérienne quelque 71 morts, la plus meurtrière de l’histoire du Niger et revendiquée par le groupe État islamique. Cette attaque a provoqué une grande émotion dans le pays, qui a décrété trois jours de deuil national et annulé les festivités de l’anniversaire de la République. Et ce, au moment où le sentiment antifrançais grandit au Sahel. « On a besoin de plus de Barkhane [4 500 soldats], de plus d’alliés. Ceux qui critiquent la présence française ou des alliés dans le Sahel oublient que sans l’intervention Serval [2013], le Mali serait sous le contrôle des terroristes. Peut-être le Niger aussi », a-t-il dit. Le Point
C’est un jardin sans ombre, tout sec et à peu près désert. Le jardin du Cinquantenaire (de l’indépendance du Mali), adossé à la colline présidentielle rocailleuse de Koulouba, surplombe un échangeur. De l’autre côté de la rocade, la vue sur Bamako s’étale jusqu’à se diluer dans un nuage de poussière et de pollution. Le lieu du rendez-vous a été choisi à cause d’un symbole évident : une sculpture éclairée la nuit au néon représentant les contours du territoire national et rappelant sa superficie : 1 241 238 kilomètres carrés. «Le Mali, uni et indivisible, doit être entièrement libéré, attaque notre interlocuteur. Et tant que la France sera là, elle ne le permettra pas.» … De l’avis de tous les militaires interrogés – français, maliens ou onusiens -, un retrait unilatéral de Barkhane aurait pourtant pour conséquence une progression immédiate et massive des groupes islamistes armés sur le terrain. L’armée malienne seule n’est pas en mesure de contenir leurs offensives. Aujourd’hui cantonnés à la brousse, ils pourraient rapidement s’emparer de centres urbains. L’Elysée le sait, Koulouba le sait aussi. Les soldats français ne partiront pas de sitôt du Mali. Condamnés à rester, sans doute, mais aussi à être de plus en plus critiqués. Barkhane sait se défendre contre les jihadistes. Contre les attaques politiques et médiatiques, en revanche, il n’est pas sûr qu’elle remporte le combat. Libération
Il y a quelque chose de singulier quand la trentaine de blindés français se place en carré alors qu’une nuit lourde de menaces commence à tomber sur le désert sahélien à des dizaines de kilomètres des premiers villages. « On est en train de monter un bivouac tactique pour passer la nuit en sécurité », explique le capitaine Jean-Baptiste, qui supervise la centaine de soldats présents sur cette base opérationnelle avancée temporaire (BOAT). « C’est comme un camp de cow-boys », sourit-il quelque part près de la frontière entre Mali et Burkina Faso. A la place des chariots bâchés et du feu de camp: des blindés de combat organisés autour du Centre des opérations, le poste de commandement. Et au lieu du pionnier américain montant la garde carabine sur les genoux, des fantassins avec fusil d’assaut, lunettes de vision nocturne sur le casque. Quant à l’ennemi, ce sont les jihadistes que les 4.500 soldats de la mission française Barkhane combattent au Sahel. AFP
Environ 25 djihadistes ont été « neutralisés » par la force Barkhane et ses alliés africains au cours de deux opérations distinctes, a annoncé jeudi l’armée française, à quelques jours d’un voyage du président Emmanuel Macron au Niger. Les opérations se sont concentrées dans la zone du Liptako-Gourma, large région transfrontalière aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, épicentre de la crise sahélienne. Dans la nuit du 14 au 15 décembre, une attaque par hélicoptères dans la région de Ménaka (est du Mali) « a permis de mettre hors de combat une dizaine de membres » de l’organisation Etat islamique au Grand Sahara (EIGS), a indiqué le colonel Frédéric Barbry, porte-parole de l’état-major des armées françaises, lors d’un point presse. Dans le nord du Burkina Faso, le 9 décembre, les forces de Barkhane « ont repéré un groupement d’individus armés et équipés de motos préparant manifestement une attaque d’ampleur », a précisé le porte-parole. « Une patrouille de mirages a été engagée et a délivré quatre bombes. Une quinzaine de terroristes et leurs motos ont été neutralisés ». AFP
Quand? Il y a quelques jours. Où? Au Sahel, depuis la base aérienne projetée de Niamey au Niger. Les drones Reaper de l’armée française ont effectué leur premier tir d’expérimentation «avec succès», a annoncé jeudi le ministère des Armées. Trois missions de validation ont été menées dans un champ de tir de circonstances au Mali. Les trois appareils qui opèrent depuis 2014 dans le cadre de l’opération Barkhane pourront désormais être aussi utilisés pour frapper l’ennemi «si l’opportunité se présente», explique le communiqué de la ministre Florence Parly. Promis en 2017 au lendemain de l’élection présidentielle, les drones armés sont désormais «opérationnels». En clair, ils pourront maintenant être équipés de bombes GBU-12. Il revient au commandement de l’opération «Barkhane» d’en faire usage ou non. Le Figaro
Alors que le sentiment anti-français se renforce au Sahel, Emmanuel Macron effectue une visite en Côte d’Ivoire du 20 au 22 décembre. L’occasion pour le président français d’encourager son homologue Alassane Ouattara à passer la main à une nouvelle génération, même si certains y voient une forme de soutien au régime en place. Depuis Paris, ils sont nombreux à scruter la Côte d’Ivoire de plus en plus près à mesure qu’approche la présidentielle d’octobre 2020. Avec tous le même espoir : que celle-ci se déroule sans accroc. Alors que la situation ne cesse de se dégrader au Sahel, où le ressentiment populaire contre la France est grandissant, les responsables français se passeraient volontiers d’une nouvelle crise électorale dans ce pays majeur où ils ont de nombreux intérêts. « La stabilité de la Côte d’Ivoire conditionne la stabilité du Sahel. Il est donc important de venir y adresser un message fort pour consolider notre relation », explique-t-on à l’Élysée. Jeune Afrique
Alpha Condé a annoncé jeudi avoir obtenu l’avis favorable de la Cour constitutionnelle et du président de l’Assemblée nationale sur le projet de nouvelle Constitution. Mais que contient le texte ? … Alpha Condé n’a pas abordé la question de son éventuelle candidature à un troisième mandat lors de la présidentielle de 2020, qui cristallise les tensions politiques dans le pays depuis plusieurs mois. Le Front national de défense de la Constitution, une coalition de partis et d’organisations de la société civile, multiplie les appels à manifester contre le projet de nouvelle Constitution. Le nouveau texte constitutionnel qui sera soumis à référendum – 161 articles sur 45 pages – fait passer le mandat présidentiel de cinq à six ans, « renouvelable une fois », précise l’article 40. Dans la Constitution de 2010, actuellement en vigueur, il est précisé que « en aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels, consécutifs ou non ». Dans la mouture qui sera soumise à référendum, le texte se fait moins impératif, et plus court : « Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de six ans, renouvelable une fois. » Dans le nouveau texte, il n’est par ailleurs pas spécifiquement interdit au président de la République d’avoir une activité partisane, comme c’était le cas jusqu’ici. Jeune Afrique
Depuis plus de deux ans, un mystérieux groupe d’inspiration islamiste, sans visage et sans revendication, sème la mort et la terreur dans le nord du Mozambique, dans la province à majorité musulmane du Cabo Delgado. Longtemps, ces « criminels », ainsi que les autorités continuent à les désigner, ont dirigé leurs raids contre la seule population, y faisant plusieurs centaines de morts. Mais ces derniers mois, le conflit a changé de nature. L’armée mozambicaine a pris la tête des opérations de maintien de l’ordre dans la province du Cabo Delgado, avec le soutien discret de mercenaires russes. Et le groupe Etat islamique (EI) y est apparu en revendiquant ses premières attaques. Aujourd’hui le constat est unanime: la violence dans la région est à son comble depuis le début de l’insurrection en 2017. « On a compté 31 attaques en novembre », détaille une source étrangère place, « le chiffre le plus haut de l’histoire du groupe ». « Il y a plus d’incidents, plus souvent, contre plus de cibles et avec une puissance de feu supérieure », confirme un analyste d’une société de conseil en sécurité. AFP
Les deux régions anglophones du Cameroun ont désormais un nouveau statut. Il leur a été accordé après l’adoption ce mercredi 18 décembre par les députés d’un nouveau projet de loi sur la décentralisation. Ces régions, au sud-ouest et nord-ouest du pays, seront désormais autorisées, si la loi est approuvée par le Sénat et promulguée, à élaborer des politiques publiques dans les domaines de l’éducation et de la justice, a précisé la radio camerounaise. Elle pourrait également poser les bases d’un gouvernement et d’un Parlement spécifique à la zone, peut-on lire dans Le Journal du Cameroun. Ce statut spécial est la principale recommandation sur laquelle s’étaient entendus les participants du grand dialogue national convoqué par le président Paul Biya début octobre, pour mettre fin à la crise. Le Point
Le Conseil de sécurité de l’ONU a renouvelé ce jeudi 19 décembre le mandat de la Monusco pour une année. La nouvelle feuille de route insiste sur la protection des civils et contient un fort volet politique. Elle axe notamment son mandat sur « l’appui à la stabilisation et au renforcement des institutions de la République ainsi qu’aux principales réformes de gouvernance et de sécurité ». Les différentes forces politiques congolaises ont réagi à la publication de cette nouvelle résolution de l’ONU. Sur le plan politique, Adolphe Muzito, nouveau coordonnateur de la plateforme Lamuka, attend de la Monusco qu’elle s’implique davantage dans son rôle de bons offices pour un aboutissement concerté des réformes institutionnelles essentielles. Pour ce qui est de la sécurité, il espère que ce nouveau mandat permettra de dénoncer publiquement des complicités au sein de l’armée qui contribuent, selon lui, « à dépeupler volontairement certaines zones de l’est de la RDC ». RFI
Le ressentiment de la société sud-africaine envers les travailleurs immigrés africains, qui touche toutes les catégories de la population, est le résultat d’une longue histoire de migrations forcées. En septembre, les violences contre les communautés noires étrangères ont déclenché une réprobation à l’échelle continentale. … Les actes de violence, plus sporadiques, n’ont pas disparu à l’échelle du pays. Ils sont juste enfouis sous une chape de normalité, renforcée par le fait qu’entre décembre et janvier, les activités sont presque suspendues dans le pays. Lors des vacances de Noël, des millions de personnes quittent, chaque année, les bassins d’emploi, comme le Gauteng où se situe Johannesburg, pour retrouver maisons et familles lointaines qu’ils n’ont pas vues depuis un an. Certains traversent l’Afrique du Sud vers leur région d’origine, d’autres s’en vont vers les nations d’Afrique australe dont ils sont originaires, empruntant des routes de « travailleurs migrants » plus anciennes que les pays où ils vivent. Le Monde
De nombreux Comoriens ont disparu sur la route vers l’Europe ces dernières années. Cette semaine, leurs familles ont pu rencontrer plusieurs fois le chef de mission de l’Organisation internationale des migrations (OIM) et le ministère des Affaires étrangères à Moroni pour les mobiliser. Ce sont des Comoriens, basés dans les pays de transit, qui promettent un passage sûr vers l’Italie à leurs compatriotes pour une coquette somme, explique Salim Abdou en tête de la délégation des familles des disparus. « Ils sont vendus par leurs propres frères, des Comoriens comme eux. Il y a ceux qu’on a attrapés en Égypte, ceux attrapés au Maroc, ceux attrapés au Soudan et finalement, la plupart finissent en Libye. On reçoit leurs photos, des messages depuis des prisons libyennes dont une appelée ‘Azawazad’. On voit plusieurs Comoriens autour d’eux donc nous avons la preuve que nos enfants sont vivants. » RFI
La vague d’endettement qui s’est abattue sur les pays pauvres et émergents, depuis 2010, est la plus rapide, la plus importante et la plus étendue de ces cinquante dernières années. Dans une étude publiée jeudi 19 décembre et intitulée « Les vagues mondiales de la dette, ses causes et ses conséquences », la Banque mondiale (BM) alerte sur le risque de cet endettement, qui pourrait déboucher sur une crise financière. « A l’évidence, il est temps de corriger cette trajectoire », plaide David Malpass, le président de l’institution financière, qui appelle à une « meilleure gestion » et à une « plus grande transparence » de la dette, allusion à peine voilée aux nombreux emprunts accordés par la Chine à de nombreux pays en développement, dans des conditions parfois obscures. Le Monde
L’Éthiopie a lancé vendredi son premier satellite dans l’espace, une réalisation historique pour ce pays qui vient également couronner une année 2019 record pour l’industrie spatiale africaine. Bien que le lancement ait eu lieu en Chine, un grand nombre d’officiels éthiopiens et chinois ainsi que de scientifiques s’étaient rassemblés vendredi matin près d’Addis Abeba pour suivre une retransmission en direct depuis l’Observatoire et centre de recherche d’Entoto. « Ce (lancement) constituera une étape majeure dans notre parcours historique vers la prospérité », a déclaré lors d’un discours le vice-Premier ministre éthiopien Demeke Mekonnen. Il s’agit du huitième lancement d’un satellite africain en 2019, une année qui bat le record de sept lancements établi en 2017, selon Temidayo Oniosun, directeur général de Space in Africa, une société nigériane qui suit les programmes spatiaux africains. « Nous pouvons affirmer que 2019 est la meilleure année de l’histoire de l’industrie spatiale africaine », a-t-il déclaré à l’AFP. AFP