Revue de Presse du 20 août 2021

Mali: quinze soldats tués dans une embuscade dans le centre, selon l’armée
L’attaque a eu lieu précisément entre les localités de Nokara et de Boni dans le centre du Mali. Attribuée aux jihadistes, elle a été officiellement qualifiée de « complexe ». Un véhicule piégé a d’abord explosé au passage des forces de sécurité du Mali, et automatiquement après, il y a eu des tirs intenses sur le convoi de l’armée. Les militaires maliens ont riposté. Si dans leurs rangs, selon un bilan provisoire, on reconnaît quinze décès, le nombre de victimes dans les rangs des assaillants n’est pas connu, ils repartent généralement avec leurs morts. Selon des analystes, les jihadistes proches de Amadou Koufa tiennent coûte que coûte à contrôler le secteur stratégique de Boni, situé à 60 km de la localité de Mondoro et à 90 km de Douenzta. Et pour y parvenir, ils tentent de s’opposer à la présence sur place de l’armée régulière qui a un camp situé non loin d’une colline à Boni. Les mêmes jihadistes rendent dans le secteur la vie difficile aux populations civiles accusées de donner des informations à l’armée. Dans certaines localités, les paysans sont empêchés de cultiver sur d’importantes superficies. Si les greniers sont plein de vivres, ils seront trop autonomes, craignent les jihadistes. RFI

Burkina Faso: le bilan de l’attaque de Boukouma passe à 80 morts
La dernière attaque des groupes jihadistes a fait officiellement 65 morts parmi les civils, 15 gendarmes et 6 supplétifs des forces armées burkinabè. Ces groupes armés s’attaquent de plus en plus au convoi des forces de défense ou à des convois mixtes, surtout dans la région du Sahel. Cela répond à une stratégie de ces groupes de contrôle cette partie du Burkina Faso, selon des spécialistes. Le convoi parti de Dori ce mercredi 18 août comptait près de 80 véhicules. « Il s’étalait sur une distance d’environ 600 mètres », précise une source sécuritaire. Les gendarmes étaient en tête et à la fin. Les assaillants ont ouvert le feu à Boukouma, au milieu du convoi à une vingtaine de kilomètres d’Arbinda après Gorgadji. « Cela a rendu très difficile la riposte des gendarmes car il fallait éviter de tirer sur les civils », soutient notre source. C’est après trois heures de combat que les terroristes ont pu être repoussés grâce aux renforts venus de Gorgadji et Arbinda. Le nouveau bilan communiqué ce jeudi s’établit à 80 morts, dont 65 victimes civiles, majoritairement des hommes. Leur âge est compris entre 13 et 60 ans. Quinze gendarmes et six volontaires pour la défense de la patrie sont également tombés. RFI

Cameroun: des milliers de déplacés et réfugiés après des affrontements entre pêcheurs et éleveurs
Des affrontements intercommunautaires ont fait au moins 32 morts et 74 blessés dans la région de l’Extrême nord au Cameroun, près de la frontière tchadienne, des milliers de personnes ont fui au Tchad ou à l’intérieur du Cameroun selon le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR). Aujourd’hui le calme est revenu mais la situation est toujours difficile pour les réfugiés. À l’origine de ces violences, des litiges entre pêcheurs et éleveurs qui se sont envenimés la semaine dernière. Le 10 août dernier dans la zone de Logone Birni, les tensions ont dégénéré en combats intercommunautaires. 19 villages ont été incendiés. Une violence inégalée selon Selim Meddeb, porte-parole du HCR pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre : « Les pêcheurs Mousgoum ont créé des tranchées afin de retenir l’eau, et donc les poissons, et ces tranchées menacent les troupeaux des éleveurs arabes Choa. C’est ce qu’ils disent. C’est une dispute autour de la création de ces tranchées pour retenir les poissons qui a dégénéré. Aujourd’hui, la situation sur le terrain est plus calme, des troupes ont été déployées, un processus de désarmement a été mené par les autorités camerounaises. Cependant, les personnes déplacées pour l’instant le restent, et les retours sont très limités. » RFI

Guerre du Tigré : les Kemants, une minorité en fuite au Soudan
« Génocide. » Le Kemant Advocacy Group (KAG), un collectif de défenseurs de la cause des Kemants basé entre les États-Unis et le Canada, n’hésite pas à employer ce terme – dont l’ONU réserve jusque-là l’utilisation à la tentative d’extermination des Arméniens, des Juifs et des Tutsis – pour évoquer les persécutions visant ce peuple très minoritaire, parmi les plus de 80 groupes ethniques d’Éthiopie. D’après ces militants, ce processus a commencé dès 2007, lorsque le gouvernement a « interdit à la population kemant d’être recensée. Il a été ordonné que les Kemants soient identifiés comme Amharas [l’un des peuples majoritaires, notamment dans la région du même nom où vivent les Kemants, NDLR] ou autre ». Les discriminations et les exactions se sont accélérées depuis l’accession au pouvoir du Premier ministre Abiy Ahmed en 2018, lauréat du prix Nobel de la paix un an plus tard pour avoir mis fin aux hostilités avec l’Érythrée. Le 26 juillet, quelque 3 000 Kemants sont ainsi venus se réfugier au Soudan à la suite d’attaques perpétrées dans plusieurs villages du nord de la région Amhara entre le 23 et le 25 juillet – il s’agit du chiffre donné par les autorités soudanaises qui assurent qu’une partie d’entre eux serait ensuite retournée en Éthiopie. Le Point

L’Ouganda suspend les opérations de 54 ONG
L’Ouganda a déclaré vendredi avoir suspendu les activités de 54 organisations non gouvernementales pour diverses raisons, notamment le non-respect de la réglementation qui leur impose de ne pas s’impliquer dans la politique. « Nous avons interrompu leurs activités », a déclaré Steve Okello, président du NGO Board, l’organisme public qui supervise toutes les organisations caritatives du pays. Parmi les ONG concernées figurent des associations de défense des droits des activistes politiques, mais aussi une association qui défend les intérêts d’une communauté affectée par un projet d’exploitation pétrolières dans l’ouest de l’Ouganda. Reuters/VOA

Burundi: lettre ouverte de 43 ONG au Conseil des droits de l’homme de l’ONU
Une large coalition d’ONG signent une lettre conjointe au Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour demander la poursuite du mandat de la Commission d’enquête sur le Burundi mise en place en 2017. En septembre prochain, le Conseil des droits de l’homme doit se réunir à Genève pour décider de l’avenir de cette commission, « le seul mécanisme indépendant qui documente les violations et atteintes aux droits humains au Burundi », selon ces ONG qui craignent donc la fin de cette commission. « Il semble qu’il y aurait certains États qui ne seraient pas tellement enthousiastes pour renouveler le mandat de la commission d’enquête, explique Carina Tersakian de l’Initiative pour les droits humains au Burundi, l’une des ONG signataires. Ils cherchent à renouer des relations diplomatiques avec le gouvernement burundais, et donc craignent peut-être que le renouvellement de cette commission pourrait nuire à ces relations diplomatiques, parce que le gouvernement burundais s’oppose totalement à cette commission d’enquête, et d’ailleurs, a refusé de coopérer avec la commission d’enquête depuis sa création. » RFI

En Centrafrique, une filiale du groupe français Castel accusée d’avoir soutenu des rebelles
Le géant viticole français Castel va lancer une enquête après la publication d’un rapport d’une ONG sur un soutien financier d’une de ses filiales à des groupes armés en Centrafrique en échange de la sécurisation d’une usine, selon un communiqué transmis jeudi 19 août à l’AFP, évoquant des « allégations graves ». Pour The Sentry, une ONG spécialisée dans la traque de l’argent sale, la Sucrerie africaine de Centrafrique (Sucaf RCA), filiale de la Société d’organisation, de management et de développement des industries alimentaires et agricoles (Somdiaa, elle-même contrôlée à 87 % par le groupe Castel), a « négocié un arrangement sécuritaire » avec notamment l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), un groupe armé accusé d’exactions, pour « sécuriser l’usine et les champs de canne à sucre » et « tenter de protéger le monopole de la société ». « La direction générale de Castel a pris connaissance des allégations graves portées le 18 août à l’encontre de Sucaf RCA, filiale centrafricaine de Somdiaa, dont Castel est actionnaire », a déclaré le groupe dans un communiqué, affirmant avoir « saisi son comité d’éthique dans le but de diligenter immédiatement une enquête, conformément à ses procédures internes ». Castel a assuré que le groupe « communiquera sur l’issue de cette enquête ». Le Monde avec AFP

Guinée-Bissau : Washington offre 5 millions de dollars pour l’arrestation d’un ex-putschiste
Les Etats-Unis ont annoncé offrir une récompense de 5 millions de dollars (4,3 millions d’euros), jeudi 19 août, pour l’arrestation de l’ancien putschiste bissau-guinéen Antonio Indjai, recherché pour son rôle présumé dans un trafic de drogue lié aux guérilleros des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC). Le 13 avril 2012, le général Antonio Indjai, alors chef d’état-major dans ce pays politiquement instable d’Afrique de l’Ouest, avait fomenté un coup d’Etat, interrompant le processus électoral à deux semaines du second tour de la présidentielle. Des procureurs américains l’avaient inculpé en 2013, l’accusant d’avoir accepté de stocker pour les FARC des tonnes de cocaïne dont la vente avait financé l’achat d’armes pour les guérilleros et des pots-de-vin à destination de responsables en Guinée-Bissau. « Indjai était considéré comme l’une des figures déstabilisatrices les plus puissantes de Guinée-Bissau, agissant librement dans toute l’Afrique de l’Ouest, utilisant des bénéfices illégaux [provenant de la vente de drogue] pour corrompre et déstabiliser d’autres gouvernements étrangers et affaiblir l’Etat de droit dans la région », a affirmé le département d’Etat américain dans un communiqué. Les 5 millions de dollars récompenseront toute information permettant son arrestation ou sa condamnation. Le Monde avec AFP

Kenya: décision judiciaire attendue sur une réforme constitutionnelle controversée
La Cour d’appel du Kenya rend vendredi une décision très attendue sur un projet de réforme constitutionnelle lancé par le président Uhuru Kenyatta, source de controverse et d’incertitude grandissantes à moins d’un an de l’élection présidentielle. Le 13 mai, un tribunal de Nairobi a jugé illégal ce projet baptisé « Building Bridge Initiative » (BBI) visant à modifier la constitution de 2010 – qui avait instauré un régime présidentiel – en créant notamment un poste de Premier ministre, deux de vice-Premier ministre et un de chef de l’opposition. Alors que le parlement kényan avait approuvé deux jours plus tôt le texte qui devait ensuite être soumis à référendum, les juges ont estimé que le président ne pouvait prendre l’initiative de ce type de révision constitutionnelle. … « Ce serait la moindre des perturbations », affirme Nic Cheeseman, professeur à l’université de Birmingham (Royaume-Uni). En revanche, une décision le jugeant légal « serait l’option la plus déstabilisante dans la perspective des prochaines élections », estime-t-il. Dans ce cas, explique-t-il, « se pose une grande question parce qu’il n’est pas possible (…) d’organiser efficacement un référendum national sur le BBI, avant la campagne pour l’élection (qui) doit commencer bientôt ». Se poseraient aussi des questions sur le calendrier de mise en application de cette réforme et notamment l’instauration, avant ou après le scrutin, des nouveaux postes. BBC

L’Algérie et le Maroc à couteaux tirés sur de nombreux sujets
L’Algérie hausse le ton contre son voisin de l’Ouest. Alger accuse Rabat d’être impliqué dans les incendies meurtriers qui ont ravagé le nord du pays et causé la mort de plus de 90 personnes. Une accusation qui est de nature à amplifier les tensions entre deux pays aux relations compliquées depuis plusieurs décennies. Suite à ces accusations, Alger a annoncé ce mercredi 18 août la réévaluation de ses relations avec Rabat. L’Algérie dénonce des actes hostiles incessants perpétrés par le Maroc. Retour sur les contentieux qui s’accumulent. Les dernières accusations d’Alger envers Rabat ne font que clore une série de nouveaux incidents fâcheux entre les deux pays depuis 2020. RFI

Droits de tirage spéciaux : la part des Etats africains, pays par pays
Avec les 3,5 milliards de dollars qui lui seront alloués, le Nigeria, première économie du continent africain depuis 2014, est devancé par l’Afrique du Sud qui s’en sort avec 4,3 milliards de dollars, soit 0,6 % de l’allocation totale des Droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international (FMI). ‘Financial Afrik’ fait le point de la part des Etats africains, pays par pays. L’allocation générale des Droits de tirage spéciaux, annoncée depuis trois semaines par le Fonds monétaire international (FMI), entre en vigueur ce lundi 23 août. Elle équivaut à 650 milliards de dollars (environ 456 milliards de DTS) et vise à accroître les liquidités dans le monde. « Cette allocation de DTS profitera à tous les pays membres, répondra au besoin mondial de réserves à long terme, stimulera la confiance et renforcera la résilience et la stabilité de l’économie mondiale. Elle aidera particulièrement nos pays membres les plus vulnérables qui s’emploient à surmonter les effets de la crise de la COVID-19 », avait commenté Kristalina Georgieva, la directrice générale du FMI, au moment de son approbation par le conseil des gouverneurs de l’institution. Financial Afrik

L’Afrique, un terrain toujours plus dangereux pour les acteurs de l’humanitaire
Chaque 19 août depuis douze ans, la journée mondiale de l’aide humanitaire est l’occasion de rappeler que les travailleurs humanitaires risquent leur vie pour apporter leur aide aux populations locales. L’Afrique représente pour eux l’une des régions les plus dangereuses. Sur le continent, au moins quatre pays constituent des pays à risque. Sur les 72 personnes mortes cette année, 35 ont été tuées en Afrique d’après les données de l’Aid Worker Security Database, un projet de base de données sur la sécurité des travailleurs humanitaires. Certains pays du continent constituent des endroits hautement dangereux pour ce personnel. Aid Worker Security montre que la plupart des violences en Afrique sur l’année 2020 ont eu lieu au Soudan du Sud et en République démocratique du Congo. Ils notent par ailleurs qu’en Centrafrique ou au Mali, les incidents ont plus que doublé depuis 2018. La tendance se confirme en 2021 : sur les 35 humanitaires tués depuis le début de l’année en Afrique, 11 l’ont été au Soudan du Sud, 9 en République démocratique du Congo et 2 en Centrafrique. Les victimes sont d’ailleurs très majoritairement des travailleurs locaux. Sur l’année 2020, ils représentent 95% des victimes. RFI