La junte militaire malienne saborde ses partenariats sécuritaires, malgré la déferlante de la violence des militants
Depuis sa prise du pouvoir en août 2020, la junte militaire malienne a aliéné ses partenaires sécuritaires régionaux et internationaux et poursuivi une stratégie qui n’a fait qu’exacerber la violence des militants islamistes qui menacent le pays et accélérer la crise sécuritaire au Sahel. La violence attribuable aux groupes islamistes militants a quasiment doublé depuis que la junte a pris le pouvoir en 2020, et les décès annuels associés à cette violence ont plus que doublé en 2022. Les civils en ont payé le tribut le plus lourd. Plus de civils ont été tués au Mali au cours de chaque trimestre de 2022 qu’au cours de toute année précédente. En 2022, les morts liées à la violence contre les civils se sont avérées sept fois supérieures à 2021. Alors même que la population subissait cette escalade, la junte a restreint les activités des troupes de ses partenaires sécuritaires régionaux et internationaux y compris les rotations de leurs contingents, les autorisations de vols, les manœuvres et les routes de patrouilles. Centre d’études stratégiques de l’Afrique
Au Mali, le projet de Constitution concentre les pouvoirs aux mains de la présidence
La présidence y voit « l’aboutissement d’un processus de renouveau démocratique », cristallisant « l’espoir de la nation tout entière ». Et pourtant, le projet de Constitution du Mali, remis lundi 27 février au colonel Assimi Goïta, chef de l’Etat depuis son double putsch d’août 2020 et de mai 2021, divise la classe politique et la société civile malienne. Consulté par Le Monde, le document de vingt-neuf pages, qui amende un avant-projet de loi fondamentale rendu public en octobre 2022, renforce considérablement les pouvoirs du président. Si le nouveau texte précise que ce dernier ne peut « en aucun cas » briguer plus de deux mandats, il lui donne la possibilité de prendre des « mesures exceptionnelles » en cas de menace « grave et immédiate » à laquelle aurait à faire face ce pays en proie au terrorisme depuis le début de la guerre, déclenchée au nord en 2012 par une coalition de groupes terroristes et indépendantistes. Dans la nouvelle mouture, le président peut aussi « ordonner la mobilisation générale » des citoyens afin de défendre la patrie « lorsque la situation sécuritaire l’exige ». Le Monde
Burkina Faso : Un mois pour le départ définitif de tous les personnels militaires Français
Les autorités burkinabè ont dénoncé mardi, l’accord d’assistance militaire technique conclu en 1961 avec la France, et demandé aux autorités françaises de prendre des dispositions en vue du « départ définitif » de tous les personnels militaires français en service dans les administrations militaires burkinabè, dans un délai d’un mois, selon l’agence de presse du Burkina Faso. En janvier dernier, les autorités burkinabè avaient demandé à la France de retirer ses 400 soldats des forces spéciales stationnés depuis 2009 dans la périphérie nord-est de Ouagadougou. Une cérémonie solennelle de descente de drapeaux marquant la fin officielle des opérations de la task-force française à partir du sol burkinabé, a été organisée par les deux armées le 18 février dernier à Ouagadougou. Depuis le coup d’Etat du 30 septembre 2022, les relations diplomatiques entre Paris et Ouagadougou n’ont cessé de se dégrader. Le gouvernement burkinabè a également décidé la suspension de la diffusion des programmes de Radio France Internationale (RFI), accusant le média de « manquements ». Sahel-Intelligence
Afrique : l' »âge de la Françafrique » est « révolu », déclare Emmanuel Macron en visite au Gabon
Le président français Emmanuel Macron a affirmé jeudi à Libreville que l’ère de la « Françafrique » était « révolue » et que la France était désormais un « interlocuteur neutre » sur le continent. « Cet âge de la Françafrique est bien révolu et j’ai parfois le sentiment que les mentalités n’évoluent pas au même rythme que nous quand je lis, j’entends, je vois qu’on prête encore à la France des intentions qu’elle n’a pas, qu’elle n’a plus », a-t-il dit devant la communauté française au Gabon. « On semble encore aussi attendre d’elle des positionnements qu’elle se refuse à prendre et je l’assume totalement. Au Gabon comme ailleurs, la France est un interlocuteur neutre qui parle à tout le monde et dont le rôle n’est pas d’interférer dans des échanges de politique intérieure », a-t-il martelé. L’opposition gabonaise a accusé ces derniers jours le président français d' »adouber » le président Ali Bongo en effectuant cette visite à Libreville en pleine année électorale au Gabon. « Je ne suis venu investir personne. Je ne suis venu témoigner que mon amitié et ma considération à un pays et un peuple frère », a insisté Emmanuel Macron. RTBF
Tinubu élu: cruelle déception d’une partie de la jeunesse nigériane
« Ils ont triché. Je déteste ce pays »: quelques heures après l’élection de Bola Tinubu, le candidat du parti au pouvoir, à la présidence du Nigeria, le constat est amer pour Sam Nwajaku. « On voit les mêmes vieux hommes politiques qui n’ont aucun intérêt pour nous », lâche ce peintre de 38 ans, assis devant un kiosque à Onitsha, dans le sud-est du Nigeria. Surnommé « le parrain » ou le « faiseur de roi » pour son influence considérable, M. Tinubu a été élu mercredi à 70 ans président du pays le plus peuplé d’Afrique. La déception est tout aussi grande pour une partie de la jeunesse, lasse de l’élite nigériane vieillissante et réputée corrompue, qui s’était prise de passion pour la candidature de Peter Obi, l’outsider de cette présidentielle arrivé troisième avec 21% des voix. « Nous sommes dépités, je pensais vraiment que Peter Obi serait élu », lance Nikodemos Daniel, un taxi-moto de 27 ans, également à Onitsha, ville natale de M. Obi. Pour lui, « Tinubu est l’un des pires. C’est un homme corrompu et méchant ». VOA
Bola Tinubu au Nigeria : les accusations de fraude de Peter Obi et Atiku Abubakar lors de l’élection présidentielle
Bola Ahmed Tinubu a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle très disputée au Nigeria, mais beaucoup, y compris les partis d’opposition, ont affirmé que le scrutin était truqué et une imposture. Ils ont demandé l’annulation des élections, alléguant des violations de la loi électorale et une possible collusion de la Commission électorale nationale indépendante (Inec) pour trafiquer le résultat en faveur de M. Tinubu. Les allégations ont été démenties par l’Inec et le parti de M. Tinubu, le Congrès des progressistes (APC) au pouvoir. Quant aux partis d’opposition, ils n’ont pour l’instant apporté aucune preuve concrète pour étayer leurs allégations. Mais le Parti travailliste, dont le candidat à la présidentielle Peter Obi est arrivé troisième, a déclaré qu’il irait en justice pour annuler la victoire de M. Tinubu. Il reste à voir quelles preuves il présente. Au cœur du litige se trouve le système de vote électronique nouvellement introduit, connu sous le nom de Bvas, qui était censé rendre la manipulation des résultats plus difficile et les scrutins plus transparents. BBC
Soudan : un manifestant tué par balle à Khartoum
Un manifestant a été tué par balle mardi au Soudan selon un syndicat de médecins prodémacratie. Il participait à une marche près de Khartoum, qui appelait à l’annulation de l’accord-cadre signé en décembre dernier entre les autorités militaires et une large partie de l’opposition civile. Les manifestants qui tentaient de traverser le pont Mansheya près de la capitale Khartoum en direction de la place présidentielle ont été dispersés à coups de gaz-lacrymogènes. Ce pacte devait permettre d’amener le Soudan vers la démocratie. « Nous sommes sortis hier pour dire non à l’accord-cadre parce que l’accord-cadre donne une immunité aux militaires contre toute responsabilité. Nous leur disons que la dispersion du sit-in ne passera pas, le sang des martyrs ne passera pas sans punition et sans responsabilité » a souligné un manifestant. Selon les forces de l’ordre, les manifestants ont fait usage de cocktail molotov. Mais après la publication de la vidéo montrant l’assassinat du protestataire, la police s’est excusée et a dans un communiqué condamné le comportement inacceptable de l’agent responsable des faits. AfricaNews
RDC: en Ituri, la cheffe de la Monusco constate « une recrudescence de la violence »
Bintou Keita, cheffe de la Mission de maintien de la paix des Nations unies en République démocratique du Congo (Monusco), s’est rendue le 1er mars 2023 à Bunia, en Ituri, une région dans l’Est de la RDC particulièrement troublée par l’activisme des groupes armés. Reportage. Depuis le 27 février 2023, la cheffe de la Mission de maintien de la paix des Nations unies locale (Monusco) est en visite dans l’Est de la RDC. Après Goma, la capitale du Nord-Kivu, Bintou Keita est désormais dans la province de l’Ituri, à Bunia, région particulièrement troublée par l’activisme des groupes armés. Notamment les Forces démocratiques alliées (ADF), affiliées à l’État islamique dans le territoire de Mambassa, et les milices d’autodéfense communautaire dans le territoire de Djugu, avec les Coopérative pour le développement du Congo (Codeco) ou les Zaïre. Une énième flambée de violence y est observée ces derniers mois s’accordent à dire la Monusco, l’autorité militaire et la société civile. RFI
Somalie: un journaliste, récemment libéré, de nouveau emprisonné
Un journaliste indépendant somalien, libéré en février après avoir été condamné à deux mois de prison pour menace à la sécurité nationale, a été de nouveau incarcéré, a déclaré mercredi un syndicat de journalistes à l’AFP. Abdalle Ahmed Mumin, également secrétaire général du Syndicat des journalistes somaliens (SJS), avait été arrêté en octobre, peu après une décision du gouvernement de renforcer la répression contre les médias, accusés de participer à la propagande des islamistes radicaux shebab. En février, un tribunal avait condamné Abdalle Ahmed Mumin à deux mois de prison mais il avait été libéré dans la foulée, à la surprise générale. Le bureau du procureur général a affirmé mardi que cette libération n’avait aucune base légale et a précisé dans un communiqué que « les forces de police somaliennes, suivant une décision de justice ont renvoyé (Abdalle Ahmed Mumin) en prison le 23 février ». Mohamed Ibrahim, président du SJS, a déclaré à l’AFP que « la nouvelle arrestation d’Abdalle Ahmed Mumin, secrétaire général du SJS, est illégale”. VOA
En Guinée, le long chemin vers une nouvelle Constitution
Alors que le pouvoir de transition accélère la procédure vers une nouvelle loi fondamentale, la société civile questionne les intentions réelles de la junte. La Guinée, trois ans seulement après le référendum constitutionnel de 2020 et qui traverse actuellement une transition militaire, s’achemine à nouveau vers l’élaboration d’une nouvelle Constitution. C’est l’une des prérogatives que la Charte de la transition guinéenne affecte au Conseil national de la transition, le CNT, qui fait office d’organe législatif, en cette période d’exception. La tenue d’un symposium constitutionnel à Conakry, la semaine dernière, a été un nouveau pas franchi vers l’aboutissement du projet. Désormais, l’étape fondamentale reste le débat d’orientation constitutionnelle, selon Jean-Paul Kotembedouno, rapporteur de la Commission Constitution, lois organiques, administration publique et organisation judiciaire au CNT. … Mais plusieurs acteurs de la société civile voient dans cette nouvelle Constitution un moyen pour les militaires au pouvoir de prolonger la transition. C’est le cas de Mamadou Kaly Diallo, de la Démocratie sans violences, la Baïonnette intelligente. DW
Éthiopie: révélations sur des massacres effroyables perpétrés par l’armée érythréenne
Le quotidien américain Washington Post a publié, mercredi 1er mars, une enquête particulièrement glaçante sur plusieurs massacres commis fin octobre 2022 en Éthiopie, dans le Tigré, par des soldats érythréens. Ces tueries ont été perpétrées alors que se négociait, au même moment, l’accord de paix finalement signé le 2 novembre à Pretoria, en Afrique du Sud. Ce sont des dizaines de témoignages de proches et de survivants que l’on retrouve dans le Washington Post, mercredi 1er février. Ceux-ci sont corroborés par des photos satellites, montrant des véhicules militaires et des habitations détruites aux dates et sur les lieux correspondant aux récits. … Les Érythréens, racontent les témoins, ont tué pendant trois jours dans le village, allant de maison en maison. Le Washington Post a dénombré et vérifié 140 noms de victimes à Mariam Shewito, assassinés entre leurs murs ou exécutés dans le maquis, les mains liées dans le dos. RFI
Corruption présumée au Togo: décision reportée pour les requêtes de Bolloré
La cour d’appel de Paris a reporté au 21 mars sa décision sur les requêtes en nullité de l’homme d’affaires Vincent Bolloré, mis en examen pour corruption dans l’enquête sur l’attribution de la gestion du port de Lomé (Togo) entre 2009 et 2011, selon une source judiciaire mardi. La défense du milliardaire français demande à la chambre de l’instruction la nullité de l’enquête judiciaire, et donc de sa mise en examen pour corruption d’agent public étranger, au motif notamment que son plaider-coupable (CRPC) avorté de février 2021 y figure. Cette mention rendrait la procédure « irrémédiablement inéquitable dans son ensemble » selon ses conseils, et « bafoue définitivement » sa présomption d’innocence. Dans ses réquisitions écrites, dont l’AFP a eu connaissance, le ministère public demande que soient retirées du dossier les pièces relatives à la comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) versées en procédure, mais pas l’annulation totale de l’instruction ni des mises en examen. VOA
Au Niger, une réunion de la coalition mondiale contre le groupe EI et le terrorisme
À Niamey, une nouvelle réunion de haut-niveau de la Global Coalition to Defeat Daesh/ISIS a débuté le 1er mars 2023. Son objectif : faire des propositions pour vaincre les groupes terroristes comme le groupe État islamique en Afrique de l’Ouest. Des experts du groupe africain en matière de lutte contre le terrorisme, Coalition mondiale contre Daech, sont en réunion de haut-niveau à Niamey depuis ce 1er mars 2023. Les pays organisateurs sont le Niger, les États-Unis, l’Italie et le Maroc. Un groupe de travail qui tentera de faire des propositions pour vaincre les groupes terroristes comme le groupe État islamique, qui sèment la mort et la désolation, et accentuent la pauvreté parmi les populations des zones affectées dans le Sahel. Cette rencontre doit permettre la mise en œuvre des activités des groupes africains de la Coalition mondiale contre Daech. Les experts de plusieurs pays et des institutions internationales se pencheront sur l’élaboration d’une stratégie axée sur la recherche et les activités de lutte contre le terrorisme, une collaboration entre les pays partenaires pour vaincre Daech et ses affiliés en Afrique de l’Ouest. RFI
Un traité d’extradition entre le Rwanda et le Mozambique inquiète la diaspora
Les réfugiés et demandeurs d’asile rwandais au Mozambique ont exprimé mercredi leurs inquiétudes avant la prochaine ratification d’un traité d’extradition entre les deux pays africains, craignant qu’il ne soit utilisé pour persécuter des dissidents exilés. Le texte, signé à Kigali en juin dernier, a été formellement approuvé par le gouvernement mozambicain mardi, ouvrant la voie à une ratification par le parlement. Le Sénat rwandais a de son côté ratifié le traité en début de semaine. Le Rwanda est régulièrement accusé de pourchasser des opposants en exil, une accusation qu’il a toujours niée. « Cet accord fait peur », a déclaré sous couvert de l’anonymat à l’AFP un porte-parole de l’association des réfugiés rwandais au Mozambique. « Nous aimerions qu’il soit utilisé à des fins de justice, mais les événements récents nous laissent à croire qu’il s’agit plutôt de persécution », a-t-il ajouté. Plusieurs dissidents rwandais ont été assassinés ou ont disparu après avoir été enlevés, en Afrique australe ces dernières années. VOA
Epidémie de choléra au Malawi : « La rareté des vaccins est le vrai sujet »
L’Afrique connaît une « augmentation exponentielle du nombre de cas de choléra », alertait le 9 février l’Organisation mondiale de la santé (OMS). « Exponentielle », l’adjectif a de quoi faire peur alors que dix pays africains renouent, à des degrés divers, avec une épidémie. Au cours du seul mois de janvier, le choléra « a déjà atteint plus de 30 % du nombre total de cas enregistrés sur l’ensemble de l’année 2022 » sur tout le continent, précise le bureau africain de l’OMS. Si, à l’Ouest, seuls le Nigeria et le Cameroun sont pour l’instant touchés, le centre et l’est de l’Afrique souffrent davantage : la République démocratique du Congo (RDC), le Burundi, le Kenya, l’Ethiopie, la Somalie, le Mozambique, la Zambie, la Somalie et, surtout, le Malawi. Le pays d’Afrique australe de 20 millions d’habitants comptabilise à lui seul, lundi 27 février, près de la moitié de la charge continentale avec 49 207 cas déclarés et 1 564 morts depuis mars 2022. Début décembre, le gouvernement avait qualifié l’épidémie d’« urgence de santé publique ». Le Monde
Au Niger, la numéro 2 de l’ONU salue des politiques éducatives audacieuses
Lors de sa visite d’une école du Niger reconstruite et modernisée, Amina Mohammed, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, a loué la priorité que revêt l’éducation dans ce pays et applaudi l’approche solidaire et coordonnée du gouvernement et des multiples partenaires pour cette stratégie de grande envergure. « Il y a près de deux ans, une tragédie a frappé cette communauté », a rappelé Amina Mohammed, en montrant au public les 21 arbres qui ornent la cour de cette école de Niamey. La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, en visite dans la capitale du Niger à l’occasion d’un forum régional sur le développement durable, avait tenu à se rendre à l’Ecole Pays-Bas de la ville, modèle des politiques éducatives du gouvernement nigérien et de l’engagement international pour l’essor de l’apprentissage scolaire dans ce pays, mais aussi le lieu d’un terrible drame survenu le 13 mai 2021. Les arbres de la cour, plantés depuis lors avec l’aide de l’ONU, honorent chacun la mémoire d’un des 21 enfants de maternelle, 9 garçons et 12 filles, morts ce jour-là dans l’incendie de leur salle de classe en paillotte, à base de paille trop inflammable. ONU Info