Alors que la guerre en Ukraine se poursuit, l’Afrique a précisé sa position en condamnant l’invasion russe. Dans ce genre de crises politiques, l’Afrique s’est souvent abstenue de dévoiler sa position, une démarche souvent interprétée comme étant la raison de sa faible position sur la scène internationale. Mais cette fois, le continent pouvait difficilement rester indifférent face à l’invasion russe, d’autant plus que Moscou a envoyé des soldats, ou des mercenaires, selon les interprétations, dans plusieurs pays africains. « L’Afrique est maintenant beaucoup plus multidimensionnelle. Il y a tellement d’acteurs présents, elle est tellement mondialisée », explique Antoine Glaser, spécialiste de la politique africaine, sur les raisons de la prise de position de l’Union Africaine. DW
En marge d’une cérémonie officielle, le Premier ministre malgache, interpellé par les médias nationaux, a déclaré que « Madagascar ne condamnait pas « l’opération militaire » menée par la Russie sur le territoire ukrainien ». … Une prise de position qui ne convainc pas le politologue Toavina Ralambomahay : « On essaie de ménager la chèvre et le chou. Cette absence de choix révèle une pusillanimité ou un manque de courage de notre gouvernement pour soutenir soit l’un, soit l’autre. À la limite, on pourrait s’autoproclamer comme étant non-aligné. Ça pourrait être une politique – comme on l’a fait sous la 2e république de Didier Ratsiraka – mais encore faut-il le dire. Le non-alignement est une position politique franche, claire et non pas une stratégie d’évitement. Être non-aligné ne veut pas dire être neutre, inactif ou spectateur, mais veut dire trouver une solution pour agir vers la paix. » … Quant à la Russie, ces dernières années, sa diplomatie s’est faite de plus en plus agressive et visible sur la Grande Île. L’interférence dans l’élection présidentielle de 2018 étant certainement le premier des faits les plus marquants. Soutien de poids auprès des pays africains dans leur volonté d’émancipation des ex-puissances coloniales, la Fédération de Russie est la seule nation à avoir affiché ouvertement son soutien en faveur de la rétrocession des Îles Éparses à Madagascar par la France. RFI
Un étudiant camerounais a décrit comment lui et ses amis ont été contraints de se cacher dans un sous-sol de la ville de Kherson, dans le sud de l’Ukraine, pour échapper aux raids aériens. Christophe a déclaré que « toutes les cinq minutes, nous entendons des bombardements ». « Parfois on entend des avions qui passent dans le ciel, surtout des bombardements parce qu’on le sent au sol. C’est principalement ce que nous entendons, ils ne sont vraiment pas très loin de nous, ils sont autour de la ville », a-t-il déclaré à la BBC. Des coups de feu ont également été entendus. « Nous ne savons pas quoi faire. Nous sommes désespérés », a déclaré Christophe. « Nous sommes soit dans le sous-sol, soit dans notre maison. Genre une heure au sous-sol, cinq minutes à la maison ». Il a précisé qu’une quinzaine d’entre eux étaient bloqués à Kherson – des compatriotes camerounais, nigérians, sénégalais et ghanéens. Il a dit qu’ils n’ont pas d’électricité et qu’ils dépendent des réserves d’eau. « On dit que la ville a été encerclée par l’armée russe. Il n’y a donc pas d’issue. Nous nous trouvons dans cette situation où nous ne pouvons rien faire », a-t-il ajouté. BBC
« 3-25-71 », trois chiffres donnés d’emblée par L’Observateur Paalga, car « si l’on devait résumer en chiffres les assises nationales sur la transition qui se sont tenues lundi et hier, ce serait sans doute ceux-là », nous explique le quotidien burkinabè. « Trois ans pour la durée de la transition, 25 ministres au maximum et 71 membres pour la future Assemblée de transition. Ainsi en ont décidé les forces vives de la Nation », écrit L’Observateur Paalga. Mais, comme le journal Le Pays également, il précise que les forces vives ont donc « retoqué les propositions initiales faites par la commission technique d’élaboration de la Charte et de l’agenda de la transition qui a remis son rapport le 23 février au président Paul-Henri Sandaogo Damiba ». … La presse burkinabè évoque d’autres problèmes, Le Pays notamment. … cela ne « doit pas masquer les problèmes de fond », écrit-il. « La plus grande déception de certains Burkinabè » vient selon lui du fait que le mandat gratuit initialement proposé pour les membres du Conseil national de la transition ait été remplacé par « un travail rémunéré ». Le Pays craint ainsi que cet organe « qui devait être un véritable espace de débat démocratique et constructif, ne devienne finalement une simple caisse de résonnance de l’Exécutif ». Alors pour Le Pays, « l’impression qui se dégage de tous ces amendements […] est que la Commission technique, pourtant composée de personnalités, a été utilisée pour réaliser un passage en force par les putschistes et les organisations de la société civile qui leur sont affiliées, au profit de leur agenda initial ». RFI
Ce lundi, la Cédéao et l’ONU ont conclu une visite de deux jours en Guinée. Le chef de l’ONU en Afrique de l’Ouest, Mahamat Saleh Annadif, le président de la Commission de la Cédéao, Jean-Claude Kassi Brou et enfin la ministre ghanéenne des Affaires étrangères, Shirley Ayorkor Botchway ont mené la délégation. L’objectif est d’évaluer le processus de transition en cours. L’équipe a notamment rencontré les autorités du nouveau pouvoir, issu du coup d’État du 5 septembre. … « Nous essayons de convaincre le pouvoir de faire une transition courte, mais c’est loin d’être sûr », confie un diplomate. En effet, selon une bonne source, la junte a expliqué qu’elle donnerait un chronogramme après la tournée du Conseil lancée dimanche à l’intérieur du pays. Or, ce déplacement devant recueillir les aspirations de la population est censé durer jusqu’au 8 mars. Cédéao et ONU ont aussi discuté avec la société civile, notamment le FNDC. Le mouvement citoyen s’est entretenu avec le représentant onusien Mahamet Saleh Annadif. « Nous lui faisons confiance, c’est une personnalité crédible, pragmatique. La réunion nous a rassuré », explique Ibrahima Diallo, le responsable des opérations du FNDC. Le mouvement a transmis ses inquiétudes au diplomate : l’absence d’un calendrier de transition, l’absence d’un cadre formel de dialogue entre la junte et la population, et l’absence d’une liste des putschistes au pouvoir. « Il y a trop de flou. Nous ne savons pas où cette transition va. Et cette inquiétude pourrait entraîner une crise socio-politique majeure », indique Ibrahima Diallo. Cédéao et ONU ont d’ailleurs officiellement « exhorté les autorités à adopter un calendrier », tout en rappelant qu’une transition n’avait pas pour but de régler tous les problèmes d’un pays… RFI
Selon un document non authentifié qui pourrait émaner de la junte au pouvoir, celle-ci voudrait prolonger la transition de plus de trois ans. D’où vient le document qui circule sur les réseaux sociaux guinéens ? Qui pourrait avoir intérêt à le diffuser ? Depuis quelques jours, un « chronogramme de la transition » est détaillé dans huit pages datées du 3 février 2022. Encore non authentifié, il pourrait, selon nos informations, émaner des autorités guinéennes. Si ce chronogramme est bien le fruit du travail du Comité national du rassemblement pour la démocratie (CNRD), ce serait la première fois qu’un délai de transition serait communiqué. Selon ce qui est indiqué sur le document, le texte est destiné à une « diffusion restreinte ». Outre Mamadi Doumbouya lui-même, ses destinataires sont tous des proches du président de la transition : le chef du Conseil national de transition (CNT), Dansa Kourouma, le chef d’état-major des armées, Sidiba Koulibaly, le ministre secrétaire général de la présidence Amara Camara, le ministre de la Défense nationale, Idi Amin, et le haut commandant de la gendarmerie, Balla Samoura. Jeune Afrique
La Libye s’est retrouvée avec deux gouvernements rivaux, mardi 1er mars, après que le Parlement a approuvé un nouvel exécutif dirigé par l’ex-ministre de l’intérieur Fathi Bachagha… La séance, initialement prévue lundi mais reportée in extremis pour « apporter des ajustements à la liste gouvernementale », a débuté avec la lecture des noms des membres (29 ministres, 3 vice-premiers ministres et 6 ministres d’Etat), avant un vote à main levée. Cette équipe gouvernementale pléthorique, qui sera théoriquement basée à Tripoli, compte seulement deux femmes. Chaque député devait voter à l’appel de son nom, mais le président du Parlement, Aguila Saleh, un cacique de l’est libyen, a déclaré la confiance avant que la lecture de tous les noms ne soit achevée. La prestation de serment devant le Parlement est prévue jeudi. Le gouvernement en place à Tripoli, dirigé par l’homme d’affaires Abdelhamid Dbeibah, a immédiatement dénoncé dans un communiqué une « fraude évidente dans le décompte des voix » et affirmé que « le quorum nécessaire pour accorder la confiance n’a pas été atteint ». « Le gouvernement d’unité nationale affirme qu’il poursuivra son action et ne tiendra pas compte de ces futilités », ajoute le communiqué. Déjà minée par les divisions entre institutions concurrentes de l’est et de l’ouest, la Libye se retrouve de fait avec deux gouvernements rivaux, comme entre 2014 et 2021, durant la guerre civile. Le Monde avec AFP
La concertation politique qui se tient du 3 au 6 mars 2022 à Owando dans le nord du pays, se fera sans les formations de la Fédération de l’opposition et du Collectif de l’opposition. Elles y voient une diversion et exigent une concertation devant traiter de la crise multidimensionnelle que connaît le pays. Pourtant, ce cadre de réflexion est censé préparer le terrain des élections législatives et locales, prévues dans près de cinq mois. Reçu ce mardi par le ministre de l’Administration du territoire, Clément Miérassa, leader de Fédération de l’opposition congolaise, a clairement dit son refus : « Nous n’allons pas à Owando. Nous avons remis au ministre un dossier qui a une simple orientation : la nécessité et l’urgence de tenir dans ce pays un dialogue national inclusif ; c’est la nécessité de libérer tous les prisonniers politiques pour que nous allions de l’avant », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse. Pour Jean Itadi, dirigeant du Congrès africain pour le progrès (CAP), la concertation d’Owando n’est pas une priorité. « Les Congolais, dans cette situation de crise multiforme et multidimensionnelle, doivent se réconcilier et se retrouver. Mais, il y a des Congolais en prison pour rien », a-t-il fait savoir. RFI
Le dernier rapport sur l’ancien président sud-africain Jacob Zuma, publié mardi soir, a établi la feuille de route la plus détaillée à ce jour sur la manière de traduire en justice son mélange des genres très particulier entre Etat, parti (ANC) et affaires privées. Le troisième volet des conclusions d’une longue enquête sur la corruption sous sa présidence (2009-2018), sur plus d’un millier de pages, a été remis au président Cyril Ramaphosa. Il raconte comment une société de services privée appelée Bosasa s’est retrouvée mêlée aux plus hauts niveaux du gouvernement et du Congrès national africain (ANC) au pouvoir. Un dernier volet est encore attendu, rédigé après près de quatre ans d’enquête menées par une commission adhoc. Peu de révélations, dans la mesure où les scandales qui ont marqué la présidence Zuma ont été révélés à l’époque par la vigoureuse presse sud-africaine. Des lanceurs d’alerte, dont l’ancien directeur des opérations de Bosasa, Angelo Agrizzi, ont aussi écrit des livres détaillant comment Bosasa a soudoyé Zuma et d’autres hauts fonctionnaires. Mais le rapport établit un dossier juridique et exhorte les procureurs à se saisir de l’enquête. « La corruption était le mode de fonctionnement de Bosasa », assure le rapport. La société « a largement corrompu politiciens, fonctionnaires, le président Jacob Zuma et d’autres encore ». AFP
Avec une histoire intimement liée à l’apartheid, la majorité des Sud-Africains réprouve les violences xénophobes. Mais ils sont désormais de plus en plus nombreux à en commettre. Le Daily Maverick a enquêté sur le mouvement antiétranger “Operation Dudula”, désormais adoubé par des hommes politiques sud-africains. En juillet 2021, à Soweto, en banlieue de Johannesburg, Nhlanhla Lux et un groupe d’habitants en armes et treillis militaire ont campé pendant plusieurs jours devant le grand centre commercial Maponya Mall. Ils ont essuyé les tirs de pilleurs et contre-attaqué jusqu’à ce que l’armée et la police arrivent enfin en renfort. Depuis, Lux est un héros. Quelques semaines avant d’avoir ainsi défendu Maponya Mall, le mouvement de Lux, “Operation Dudula”, est descendu dans la rue pour chasser les “clandestins” hors du pays. Courrier International
Qu’avez-vous envie de dire aux jeunes Africains qui habitent ce monde gangrené par la violence et la corruption que vous décrivez dans Chronicles ? Simplement de demeurer attentif et de ne pas baisser la garde, car il y a beaucoup à faire. La fin de l’apartheid a galvanisé le monde entier parce qu’on croyait ce type de phénomène extrême terminé, mais il n’en est rien. Toutes sortes de petits tyrans oppressent encore leur peuple. Regardez le Togo, où la Constitution permet le prolongement d’une dynastie obscène… Et regardez le fondamentalisme religieux dans mon pays, où la piété et la spiritualité ont été détournées pour des questions de pouvoir, alors qu’elles devraient être la base de la réflexion. J’ai toujours été curieux. Je posais tant de questions, enfant, qu’à force je fatiguais ma mère ! Je pense qu’il est important de ne pas se reposer sur sa prétendue «sagesse». Je n’aime rien tant que rester seul chez moi, dans mon refuge de verdure, mais je suis aussi enseignant, je suis écouté et lu [Aké, les années d’enfance est au programme des classes de préparation scientifiques aux grandes écoles en France]. C’est pour cela que si je suis invité à donner une conférence publique, comme pour le cycle «Tigritudes», j’ai du mal à refuser. Je ne viens pas seulement m’exprimer mais aussi échanger et donc apprendre. Au fond, je m’efforce de rester un éternel étudiant. Ecrire et apprendre, en somme. Ecrire et critiquer. Le Monde