Au Soudan, les paramilitaires des Forces de soutien rapide frappent le palais présidentiel dans le centre de Khartoum
L’artillerie des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) a frappé jeudi 1er mai le palais présidentiel du Soudan, dans le centre de Khartoum, selon une source de l’armée à l’Agence France-Presse (AFP). Il s’agit de la deuxième attaque de ce type en une semaine. Les FSR, en guerre contre l’armée depuis deux ans, ont utilisé de « l’artillerie à longue portée » depuis leur position d’Al-Salha, située au sud d’Omdourman, la ville jumelle de Khartoum, a précisé cette source, sous couvert d’anonymat. Aucune victime n’a été signalée. Samedi, les FSR avaient frappé le siège du commandement général de l’armée dans le centre de Khartoum, en utilisant également des tirs d’artillerie à longue portée, selon une source militaire. Ces attaques surviennent quelques semaines après que l’armée a repoussé ses rivaux paramilitaires du centre de Khartoum, dont ils avaient pris le contrôle au début de la guerre en avril 2023. Dans la région soudanaise en conflit du Darfour du Nord, au moins 542 civils ont été tués depuis trois semaines, mais « le bilan réel est sans doute beaucoup plus élevé », a estimé jeudi le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme. « L’horreur de ce qui se passe au Soudan est sans limites. Il y a trois jours à peine, les Forces de soutien rapide ont lancé des attaques coordonnées partant de plusieurs directions sur la ville assiégée d’El-Facher et le camp d’Abou Shouk, tuant au moins 40 civils », avait ajouté Volker Türk, dans un communiqué…Lors d’une grande offensive militaire en mars, l’armée a repris le contrôle du palais présidentiel, de l’aéroport et d’autres zones stratégiques de la capitale. Mais les FSR s’accrochent toujours aux positions qu’elles conservent dans le sud et l’ouest d’Omdourman. Le Monde avec AFP
Au Mali, la coalition d’opposition hausse le ton pour ne pas disparaître
Les militaires au pouvoir ont annoncé mercredi soir l’abrogation de la charte des partis politiques qui régit leur fonctionnement…Depuis le double coup d’Etat qui a porté les militaires au pouvoir en 2020 et 2021, l’opposition a été réduite à l’impuissance par des mesures coercitives, des mises en cause judiciaires, des dissolutions d’organisations et la pression du discours dominant sur la nécessité de faire corps autour de la junte dans un pays confronté depuis 2012 au djihadisme. Mais depuis quelques semaines, une centaine de partis politiques maliens se sont réunis dans une coalition et, samedi 26 avril, à Bamako, ont donné une conférence de presse pour accuser publiquement les autorités de vouloir leur dissolution. Ce rassemblement, exceptionnel au Mali sous la junte, a été surveillé par un important dispositif policier. La coalition de partis a annoncé la tenue d’un meeting samedi 3 mai à Bamako. Si le rassemblement se tient, il constituerait un acte de contestation inédit depuis l’arrivée des militaires au pouvoir…Le multipartisme, ainsi que les libertés d’expression et d’association, a été consacré au Mali par la Constitution de 1992, année de la démocratisation. La junte a promulgué en 2023 une nouvelle Constitution qui consacre les mêmes principes…« Si les autorités veulent être en violation totale de cette même Constitution, alors nous serons en droit de ne pas reconnaître le pouvoir actuel et d’exiger le départ du président de la transition », prévient Boukary Dicko, du parti Yelema. « Au Mali, on est entré dans une nouvelle phase de consolidation du pouvoir militaire, comme c’est le cas au niveau de tous les régimes militaires au Sahel », estime Gilles Yabi. Le Monde avec AFP
Les militaires maliens prisonniers des rebelles du FLA apparaissent dans une vidéo
Une vidéo des militaires maliens prisonniers du Front de libération de l’Azawad (FLA) circule sur les réseaux sociaux depuis mardi 29 avril. Les rebelles indépendantistes détiennent une vingtaine de soldats maliens et deux mercenaires russes de Wagner, capturés entre septembre 2023 et juillet 2024 lors de différents combats, notamment ceux de Tinzaouatène en juillet 2024. Le FLA confirme avoir tourné cette vidéo, mais assure ne pas être à l’origine de sa diffusion. Regroupés devant une bâche orange dans un désert rocheux, les 21 militaires déclinent leurs nom, matricule et affectation – Kidal, pour la plupart, mais aussi Léré, Ségou ou Bamako. Les deux mercenaires du groupe Wagner, également détenus par le FLA ne font pas partie du groupe filmé. Un 22e soldat malien prisonnier avait succombé lors de sa détention, il y a plusieurs mois, selon les rebelles…La dernière vidéo connue de ces soldats prisonniers remontait à août 2024. Depuis, quelques échanges téléphoniques avec leurs familles avaient pu être organisés. RFI
Togo : les élections municipales se tiendront le 10 juillet
Les élections municipales se tiendront le jeudi 10 juillet, avec la participation annoncée de plusieurs partis d’opposition. « La campagne électorale est ouverte le mardi 24 juin 2025 à minuit. Elle prend fin le mardi 8 juillet 2025 à 23h59 », précise un décret lu mercredi soir à la télévision d’État. Plusieurs des principaux partis politiques de l’opposition, dont l’Alliance nationale pour le changement (ANC) de Jean-Pierre Fabre, ont affirmé ces derniers jours qu’ils prendront part à ces élections. Ces formations avaient boycotté les élections sénatoriales du 15 février dernier pour protester contre la nouvelle Constitution. Cette nouvelle réforme, qui supprime l’élection du chef de l’État au suffrage universel direct et instaure un régime parlementaire, est vivement contestée par l’opposition et la société civile. Il s’agit des troisièmes élections municipales que le Togo organisera. Les dernières élections municipales ont eu lieu le 30 juin 2019 après une période de 32 ans au cours de laquelle les communes étaient dirigées par les présidents de délégations spéciales en raison de plusieurs crises politiques. Les élections de juin 2019 avaient été remportées par l’Union pour la République (UNIR, au pouvoir), avec plus de 60 % des sièges de conseillers municipaux dans les 117 communes du pays. Jeune Afrique avec AFP
Le Togo met en garde les jeunes qui partent pour des études en Russie et finissent au front en Ukraine
Les autorités du Togo mettent en garde contre de fausses promesses de bourses pour aller étudier en Russie. Le ministère des Affaires étrangères a été saisi de plusieurs cas de ressortissants togolais partis dans ce cadre et qui se sont retrouvés en Ukraine pour se battre aux côtés des forces russes. La société civile avait déjà alerté récemment sur un cas similaire. Des ressortissants togolais sont actuellement détenus par l’Ukraine. Ils ont été capturés par les forces armées ukrainiennes, alors qu’ils participaient à des opérations militaires aux côtés des forces russes. Une situation préoccupante, selon les autorités togolaises, qui ont récemment été saisies de plusieurs cas : elles n’en précisent toutefois pas le nombre. Selon le ministère togolais des Affaires étrangères, ces personnes sont principalement de jeunes étudiants, qui auraient quitté le Togo dans le cadre de prétendues bourses d’études universitaires. Celles-ci auraient été proposées par des structures qui disent être basées en Russie. Ce n’est pas la première alerte. Il y a quelques semaines, le mouvement Martin Luther King (MMLK) dénonçait la situation d’un jeune Togolais emprisonné en Ukraine. Selon le MMLK, le jeune homme est parti en Russie en août pour poursuivre ses études. Mais une fois sur place, il est finalement envoyé sur le front ukrainien, avant d’être capturé. Face à ce phénomène, les autorités togolaises appellent les jeunes à la plus grande vigilance avant de partir étudier à l’étranger, en particulier en Russie. Ils doivent se rapprocher des services compétents, notamment du ministère de l’Enseignement supérieur, pour vérifier l’authenticité des offres qui leur sont proposées. RFI
Burkina Faso: le frère du roi des Mossis enlevé à Ouagadougou
Abdul Aziz Congo aurait été arrêté ce 30 avril 2025 par des individus se présentant comme membres des forces de sécurité. L’arrestation a eu lieu alors qu’il faisait ses courses dans son quartier. Il a d’abord été conduit chez lui, et il a été ensuite embarqué pour une destination inconnue. Abdul Aziz Congo, qui est le demi-frère du Mogho Naaba, le roi des Mossis, avait donné en septembre 2024 une interview sur le site Faso.net. Dans cet entretien, il suggérait que les autorités coutumières et religieuses du Burkina Faso fassent respecter les engagements pris notamment lors de la transition entre le colonel Damiba et le capitaine Traoré en octobre 2022. À l’époque, ces autorités se voulaient être les garantes d’une transition pacifiée entre les deux putschistes. Le nouveau dirigeant Traoré devant veiller, entre autres, à la réconciliation nationale, au respect des engagements avec la Cédéao (Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest) ou à la cohésion au sein des forces de sécurité. Des sujets devenus, depuis, ultra-sensibles et irritants au sommet de l’État. Facteur aggravant, il y a peu, le Mogho Naaba aurait reçu une demande de la part du capitaine Traoré pour jouer les médiateurs dans les rangs d’une armée de plus en plus fébrile. Cette demande a été déclinée par le roi des Mossis et 24 heures plus tard son frère était arrêté. RFI
Tchad: indignation dans le camp présidentiel après les critiques ouvertes de l’opposant Succès Masra
Au Tchad, à l’occasion du septième anniversaire de son parti les Transformateurs mardi 30 avril, l’ex-Premier ministre de la Transition Succès Masra a appelé le président Mahamat Idriss Déby Itno à « changer de cap pour que le changement voulu par le peuple devienne réalité ». Succès Masra y dénonce également « des changements cosmétiques » du président, ainsi qu’un maintien du statu quo par « des forces d’influence nuisibles ». Ses propos ont fait bondir des collaborateurs du président…Dans sa lettre, l’opposant Succès Masra s’exprime avec un ton « familier », il tutoie le président Déby, l’appelle « mon frère » ou encore « mon ami » et demande au président de se souvenir de l’accord de Kinshasa. Ce dernier, signé en 2023, lui avait permis de revenir au pays et de s’installer à la primature avant l’élection présidentielle de mai 2024. Mais selon le MPS, « cet accord ne prévoyait ni privilège politique permanent ni reconduction automatique » et l’un des négociateurs de l’accord, le sénateur Abderamane Koulamallah, explique que ce texte « ne comportait pas de clauses secrètes ni de promesses irréalisées ». Pour le chercheur tchadien Hoinathy Remadji, Succès Masra fait un appel « à la cohabitation politique ». Mais selon lui, le MPS, fort de son succès aux dernières élections législatives et locales, « n’a pas envie de partager le pouvoir ». Pour le chercheur, « une cohabitation ne s’obtient que lorsque le pouvoir est dos au mur et ce n’est pas le cas actuellement ». RFI
Liberté de la presse : en Afrique, pressions politiques et économiques s’accentuent
« Pour la première fois dans l’histoire du classement, les conditions d’exercice du journalisme sont difficiles voire très graves dans la moitié des pays du monde et satisfaisantes dans moins d’un pays sur quatre seulement », insistent les analystes de RSF. Sur le continent, l’Ouganda, l’Éthiopie et le Rwanda sont passés de la catégorie des pays où la situation était « difficile » pour les journalistes à celle des États où elle est considérée comme « très grave » par RSF. L’Égypte, le Soudan et l’Érythrée – pays qui, à la 180e place, est la lanterne rouge du classement au niveau mondial – figurent également parmi ces pays où « la liberté de la presse est totalement absente et [où] exercer le journalisme est particulièrement dangereux. » Seuls pays où la situation de la liberté de la presse est « plutôt bonne » : le Gabon, la Namibie, l’Afrique du Sud et le Cap-Vert. La censure plus ou moins assumée, l’interdiction pure et simple de diffusion de certains médias, les arrestations et disparitions forcées de journalistes… En Afrique de l’Ouest, et au Sahel en particulier, les pressions politiques imposées par les juntes militaires viennent aggraver une situation rendue déjà extrêmement difficile par les conditions sécuritaires. En un an, le Mali d’Assimi Goïta (119e place du classement mondial) a reculé de cinq places, tandis que le Burkina Faso d’Ibrahim Traoré (105e) a perdu 19 places. La Guinée de Mamadi Doumbouya, où quatre radios et deux télévisions ont été suspendues au cours de l’année, est quant à elle passée de la 78e à la 103e place au niveau mondial. Jeune Afrique
Afrique centrale: la BEAC devrait accueillir les fonds destinés à la réhabilitation des sites pétroliers
À l’issue de discussions à Paris et Washington, les pays de la Cémac, les compagnies pétrolières et la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) sont proches d’un accord sur le rapatriement des fonds destinés à la réhabilitation des sites pétroliers. Actuellement logées dans des banques européennes, ces réserves pourraient être transférées à la BEAC, malgré la réticence des pétroliers. C’est ce qui a été annoncé mercredi 30 avril lors d’une conférence de presse à Libreville. Le document en discussion porte sur 28 points. Les trois parties ont accordé leurs violons sur 27 points. Les pétroliers exigent la levée de l’immunité de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC). C’est dans cette banque que les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cémac) espèrent domicilier les fonds. La présidente de l’Union pétrolière gabonaise, Jacqueline Bignoumba Illogue, nous explique pourquoi les pétroliers ne veulent pas stocker ces réserves à la BEAC : « Lorsqu’elles doivent mettre des fonds dans une banque, il faut qu’elles s’assurent que le moment venu, quand elles sont dans le besoin de récupérer ces fonds, que ces fonds sont disponibles. Puis la deuxième chose, c’est que ces fonds aujourd’hui sont dans des banques commerciales et les rémunérations ne sont pas celles qui peuvent leur être offertes par la Banque centrale. » La levée de l’immunité de la BEAC est inacceptable, ripostent tous les ministres de la CEMAC. RFI
Nigeria: le parti d’opposition PDP, fragilisé, perd nombre de ses bastions
Au Nigeria, le Parti démocratique Populaire (PDP), l’opposition officielle, n’a jamais été si affaibli, depuis qu’il a perdu le pouvoir en 2015 face au Congrès des Progressistes (APC). En jouant sur les divisions internes du PDP, le président Bola Tinubu a notamment réussi à reprendre la main dans les États pétroliers d’Edo et de Delta, et même dans la région de Rivers. Et ce sont tous les bastions de l’opposition dans le Sud qui pourraient finalement tomber entre les mains de l’APC, menaçant la survie même du PDP. La route jusqu’aux élections de 2027 au Nigeria s’annonce ardue pour le PDP, forcé de se réinventer après la défection surprise du gouverneur de l’État de Delta, de son prédécesseur, et de tous leurs lieutenants, qui ont rejoint en début de semaine la majorité présidentielle… Le président Bola Tinubu a estimé que ce retournement régional en faveur de l’APC constituait « un tsunami politique (…) sans précédent dans l’histoire du pays ». En face, le PDP et ses alliés accusent le chef de l’État et ses proches de vouloir mettre la main sur les ressources pétrolières du delta du Niger, en « annexant » progressivement chaque État fédéré de la région. Dans l’État de Rivers, Bola Tinubu a déclaré l’état d’urgence et le gouverneur PDP, Siminalayi Fubara, a été suspendu pour six mois et remplacé par un administrateur militaire nommé par Abuja. Et après l’État de Delta, c’est Akwa Ibom qui chancelle puisque son gouverneur a suggéré dans une métaphore filée qu’il pourrait lui aussi quitter le PDP qu’il juge « défectueux », pour « monter à bord d’un autre vol » d’ici à 2027. Certains observateurs pointent la responsabilité surtout d’Atiku Abubakar, le chef du PDP, qui a exacerbé les divisions au sein de sa formation politique. RFI