« La situation est sous contrôle. » Indemne, mais les traits tirés, le président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo, s’est exprimé, mardi 1er février au soir, de son palais présidentiel, dans un message télévisé adressé à la nation. L’ancien général de brigade, élu fin 2019, à l’issue d’un scrutin controversé, venait de passer plusieurs heures coincé avec les ministres du pays, dans le palais du gouvernement, cible de tirs nourris pendant une bonne partie de l’après-midi. Il a annoncé que l’attaque avait fait « plusieurs blessés graves et des morts », sans donner plus de précisions sur le bilan. Une semaine après le putsch perpétré au Burkina Faso, l’Union africaine a qualifié l’événement de « tentative de coup d’Etat ». A la télévision, le président Embalo n’a pas désigné les auteurs du coup de force, mais l’a attribué aux « décisions [qu’il a] prises, notamment contre le narcotrafic et la corruption », deux fléaux qui déstabilisent la Guinée-Bissau depuis des décennies. Ce petit pays de près de deux millions d’habitants, frontalier du Sénégal et de la Guinée, est connu pour son instabilité politique permanente. L’ancienne colonie portugaise, depuis son indépendance en 1974, a déjà connu quatre putschs, dont le dernier date de 2012, une quinzaine de tentatives de coup d’Etat, et une valse des gouvernements. … Suspectant un nouveau coup d’Etat dans une sous-région politiquement tendue, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) a publié un communiqué indiquant aux « militaires » qu’ils sont « responsables de l’intégrité physique » du chef de l’Etat et les sommant de « retourner dans leurs casernes ». Le Monde
« Le combat contre le terrorisme se poursuivra au Sahel, il se poursuivra avec l’accord des autres pays de la région, il se poursuivra en soutien des pays du golfe de Guinée qui aujourd’hui voient, en raison de la porosité des frontières, les groupes terroristes pénétrer dans le nord de leurs territoires », a assuré mardi 1er février Jean-Yves Le Drian, au lendemain de la décision de Bamako d’expulser l’ambassadeur français. Face à la junte malienne, la France et ses alliés sont en pleine réflexion. Paris et les partenaires européens autour des forces spéciales Takuba se sont donné deux semaines pour envisager l’avenir de la force au Mali. Depuis neuf ans, des forces françaises sont présentes au Mali dans le cadre de la lutte antijihadiste, ayant associé ses partenaires européens depuis. « Notre volonté est intacte et ce n’est pas un événement dû à l’irresponsabilité, je réitère mes mots, dû à l’illégitimité d’un gouvernement de coup d’État qui va nous faire enrayer notre lutte contre le terrorisme », a insisté le chef de la diplomatie française, réitérant les propos qu’il avait tenus la semaine dernière et auxquels les autorités maliennes ont répondu en exigeant le départ du diplomate français. … Norvège a annoncé mardi qu’elle renonçait à envoyer un petit contingent militaire qui devait intégrer la force européenne antijihadiste au Mali, faute d’accord avec la junte en pleine brouille avec les Européens. « Il n’a pas été possible d’établir avec le Mali un cadre juridique suffisant qui assure la sécurité de nos soldats », a affirmé le ministre norvégien de la Défense Odd Roger Enoksen devant le Parlement à Oslo. France24 avec AFP
Abdoulaye Guindo donne les consignes à son équipe. Ce coordinateur du site d’information Benbere a créé, avec d’autres confrères, la composante Benbere Vérif, qui traque et démonte les moindres fausses nouvelles. Et ces dernières semaines, les vidéos, photos ou encore faux communiqués abondent sur les réseaux sociaux maliens. « Ces fake news tournent autour de la désinformation contre les forces armées étrangères qui sont Barkhane, Takuba ou la Minusma. Mais également en faveur de l’accueil au Mali de la société de sécurité Wagner », constate Abdoulaye Guindo. Si la rue soutient le gouvernement, une large partie de ces fake news vont également dans son sens et tendent à discréditer la politique française en Afrique ou encore la Cédéao. Certaines vont jusqu’à annoncer la rupture des discussions entre les partenaires, plongeant le pays dans une brouille informationnelle. DW
Les avocats de Kalilou Dombia, ancien secrétaire général de la présidence, du colonel-major Kassoum Goïta, ancien directeur de la sécurité d’État, et des quatre autres personnalités interpellées début novembre pour tentative de coup d’État et complot contre le gouvernement annoncent avoir déposé plainte contre l’actuel chef des renseignements maliens. Le colonel Koné est l’un des cinq colonels membres de la junte qui a pris le pouvoir en août 2020. … Outre des arrestations non conformes à la loi, leurs avocats dénoncent des extorsions d’aveu sous la torture. En décembre dernier, Human Rights Watch avait rapporté « des chocs électriques, des simulations de noyade et des tabassages répétés ». Leurs avocats déplorent que la justice malienne n’ait pas autorisé les six plaignants à « se faire examiner par un médecin de leur choix ». Une première plainte pour « enlèvement, séquestration et torture » avait été rapidement déposée; elle a été classée sans suite au mois de décembre. Les avocats des six co-accusés indiquent enfin avoir demandé l’annulation de la procédure qui les vise, en raison d’« irrégularités criardes », à commencer par « l’extorsion d’aveux sous la torture qui n’a plus besoin d’être démontrée ». RFI
Trois mois après le coup d’État mené par le général Abdel Fattah al-Burhan, des arrestations massives se poursuivent de manière arbitraire dans tout le pays. C’est en tout cas ce que dénoncent de nombreux magistrats, procureurs, avocats ou militants qui se rebiffent contre le pouvoir militaire. Mardi après-midi, des associations d’avocats se sont réunies devant le bureau du procureur de la République, exigeant la libération des détenus politiques. Plusieurs membres de partis politiques ont récemment été arrêtés. C’est le cas notamment de deux membres du SPLM-Nord, un groupe rebelle signataire des accords de paix de Juba, qui ont été arrêté dimanche et accusés de financer les comités de résistance. Car ce sont bien ces comités de quartier qui sont surtout dans le viseur des autorités en raison du rôle central qu’ils jouent dans le mouvement de contestation contre le coup d’État. Le 12 janvier, l’avocat Badreddine Saddiq était arrêté à son bureau par des hommes armés, embarqué de force dans un véhicule sans immatriculation et sans aucun mandat d’arrêt. Ses collègues exigent sa libération ainsi que celles de nombreux autres détenus, explique l’avocat Eissam Hamid. « Rien qu’à Khartoum nous avons dénombré 65 arrestations arbitraires ces derniers jours. Tous les appareils de sécurité sont à l’œuvre. Les renseignements intérieurs, la police, l’armée, les miliciens des Forces de soutien rapide. Les lieux de détention sont souvent inconnus. Certains sont à la prison de Soba, d’autres dans les geôles des renseignements. Ces arrestations sont illégales. » RFI
Nouveau carnage en Ituri. Au moins 40 personnes ont été tuées mardi 1er février durant la soirée sur un site de déplacés en Ituri, dans le nord-est de la République démocratique du Congo, dans un nouveau massacre attribué à une milice communautaire. « Au moins 40 civils ont été tués par armes blanches » dans un site de déplacés du territoire de Djugu, a indiqué sur Twitter le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST), des sources administratives et de la société civile chiffrant de leur côté à plus de 50 le nombre de morts. Le lieutenant Jules Ngongo, porte-parole de l’armée en Ituri, a quant à lui avancé un bilan provisoire de 21 morts. La milice Codeco (Coopérative pour le développement du Congo), qui prétend défendre les intérêts de la communauté Lendu et attaque principalement les membres de la communauté Hema, est soupçonnée de ce nouveau massacre. « Il y a eu incursion de miliciens Codeco vers 21 h-22 h dans le site de déplacés communément appelé Plaine Savo », à 3 km de la localité de Bule, en territoire de Djugu, a indiqué par téléphone à l’AFP Jean Richard Dhedda Lenga, chef de la « chefferie » (entité administrative) de Bahema Badjere. France24 avec AFP
Plongés depuis près d’un an dans l’attente incertaine d’un retour au calme après une attaque djihadiste d’envergure, les géants mondiaux de l’énergie dans la course aux riches réserves en gaz naturel du Mozambique tentent de relancer des projets pesant des milliards. Le PDG de TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a rencontré lundi 31 janvier le président mozambicain, Filipe Nyusi, à Maputo. Les deux hommes ont refait le même constat que depuis des mois : le contexte sécuritaire ne permet pas de relancer le projet de 16,5 milliards d’euros sur l’océan Indien. Chez le géant français, le sujet est décrit comme « sensible », la communication est étroitement contrôlée. Une source sécuritaire a toutefois confirmé à l’AFP de récents mouvements sur le site encore inachevé d’Afungi, où la maintenance a repris. La découverte en 2010 des plus grandes réserves de gaz naturel d’Afrique subsaharienne avait fait miroiter au Mozambique une place parmi les dix premiers exportateurs mondiaux. Le Monde avec AFP
Après 16 années d’attente, l’exploitation du pétrole en Ouganda va pouvoir enfin démarrer. Le pays a signé mardi 1er février un accord d’investissement avec le groupe français Total et le géant pétrolier chinois CNOOC, d’un montant de 10 milliards de dollars. Objectif de cet accord, appelé Décision finale d’investissement, atteindre une production de 230 000 barils par jour à l’horizon de 2025. Un mégaprojet controversé. Ce projet gigantesque prévoit le forage de centaines de puits de pétrole sur les rives du lac Albert, et la construction d’un oléoduc reliant l’Ouganda à la Tanzanie. L’argent investi mardi par Total et CNOOC permettra de lancer la construction du projet et pourrait « booster l’économie », estime le président Yoweri Museveni qui a balayé les critiques des ONG sur les risques environnementaux. … Des ONG ont critiqué les conséquences « dévastatrices » pour la planète de ce projet pétrolier qui mordra plusieurs réserves naturelles. “On a vu ce qu’il s’est passé pour les populations locales. On a vu comment certaines terres ont été prises. Et certains attendent toujours les compensations. Donc nous sommes très prudents. Le gouvernement et les compagnies pétrolières devraient faire plus attention. Comment cet argent qui va être injecté sera-t-il redistribué ? Va-t-il changer la vie des populations locales ? Ce contrat doit procurer des avantages. Il doit amener de l’emploi, et de l’argent pour nos jeunes. Et puis il y a la question de l’environnement.” RFI