Revue de presse du 2 avril 2024

Points importants à retenir de l’élection présidentielle au Sénégal
Le résultat de l’élection [de Bassirou Faye] va avoir beaucoup d’implications pour le contenu de la politique publique au Sénégal, étant donné la “rupture” que Faye revendique. Cependant, le processus par lequel les institutions et le peuple sénégalais ont géré la controverse autour de la tenue de l’élection de 2024 pourrait être encore plus important pour l’avenir de la gouvernance responsable du pays…Les dynamiques de soutien au sein des coalitions des plus grands candidats ont été caractérisées par deux aspects : une solidarité au sein du camp de Faye et à une division au sein du camp [d’Amadou] Ba. Cette combinaison de solidarité et de division a produit un résultat surprenant : la victoire de l’opposition au premier tour…Une fois investi, le président Faye héritera d’un contexte politique exigeant, compte tenu des découvertes de pétrole et de gaz au Sénégal qui demandent une approche stratégique à la négociation des contrats pour rassurer que le peuple en tire les bénéfices. Il y a également un taux de chômage élévé des jeunes, une dynamique de migration irrégulière qui nécessite une politique de gouvernance migratoire, et des défis posés par le coût de la vie. Centre d’Études Stratégiques de l’Afrique

Le plus jeune président du Sénégal prête serment devant ses pairs africains
Le plus jeune président du Sénégal, le panafricaniste de gauche Bassirou Diomaye Faye, élu sur la promesse de rupture avec le système en place, prête serment mardi après une ascension éclair, faisant face à des défis aussi considérables que les espoirs placés en lui…M. Faye prêtera serment vers 11H40 (locales et GMT) dans un vaste centre à Diamniadio, ville nouvelle près de Dakar, et prononcera un discours vers 12H00. Il succède pour cinq ans à Macky Sall, 62 ans, qui a dirigé le pays de 18 millions d’habitants pendant 12 années et maintenu des relations fortes avec l’Occident et la France tout en diversifiant les partenariats. Plusieurs chefs d’Etat, dont le Nigérian Bola Ahmed Tinubu, président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), le Mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, le Gambien Adama Barrow, le Guinéen Mamadi Doumbouya et le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embalo sont annoncés. Le vice-président ivoirien Tiémoko Meyliet Koné, le Premier ministre rwandais Edouard Ngirente et le président de l’organe tenant lieu de Parlement au Mali, Malick Diaw, sont attendus. AFP

Sissi entame son troisième mandat sur fond de grave crise économique
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi prêtera serment cette semaine pour entamer son troisième mandat consécutif, sur fond de grave crise économique couplée à une situation des droits humains « catastrophique », estiment les experts. Au pouvoir depuis une décennie, M. Sissi, 69 ans, débutera ce nouveau mandat mercredi, plus de trois mois après sa réélection sans surprise avec 89,6% des voix face à trois candidats peu connus du grand public. Son nouveau mandat, de six ans, est censé être le dernier conformément à la Constitution égyptienne…M. Sissi entame son nouveau mandat alors que deux tiers des 106 millions d’habitants vivent en dessous ou juste au-dessus du seuil de pauvreté. L’Egypte a également vu la valeur de sa monnaie divisée par trois et sa dette multipliée par autant. Et avec une grave pénurie de devises étrangères qui paralyse le commerce, le coût de la vie dans cette économie dépendante des importations n’a cessé d’augmenter, avec une inflation caracolant à 35%. AFP

Les élections de décembre au Soudan du Sud sont de plus en plus incertaines
Le compte à rebours s’égrène et le doute grandit: pour observateurs, partenaires internationaux et société civile au Soudan du Sud, le mois d’avril constitue la dernière chance de voir les premières élections de l’histoire du pays se tenir, comme prévu, en décembre… »L’unification » des forces de sécurité, c’est-à-dire l’intégration des forces pro-Kiir et pro-Machar au sein d’une même armée et police, reste inachevée…L’absence de forces armées nationales est particulièrement préjudiciable dans ce pays miné par les violences interethniques locales (406 morts au dernier trimestre 2023, selon l’ONU). En vue des élections, un Conseil des partis politiques et une Commission électorale nationale ont été créées. Mais ils ne sont pas opérationnels, faute de financement, et sujets à controverses. Leurs compositions sont critiquées car jugées trop favorables au pouvoir et plusieurs partis d’opposition dénoncent des frais d’enregistrement « exorbitants » de 50.000 dollars. La rédaction d’une constitution, « en retard de 15 mois » selon Nicholas Haysom en décembre dernier, n’a guère progressé. Organiser des élections en huit mois apparaît compliqué dans un pays aux infrastructures limitées, en proie à l’insécurité et privé de revenus pétroliers vitaux par l’arrêt d’un oléoduc endommagé au Soudan en guerre. AFP

Gabon: sept mois après le coup d’Etat, des assises pour préparer des élections
Sept mois après le coup d’Etat militaire ayant mis fin à 55 ans de « dynastie Bongo », le nouvel homme fort du Gabon, le général Brice Oligui Nguema, lance mardi un Dialogue national inclusif (DNI) d’un mois, censé préparer des élections en 2025…La cérémonie d’ouverture de cette « consultation de toutes les forces vives de la nation » doit avoir lieu au Palais des Sports, au centre de Libreville, mais les travaux des 580 participants nommés par M. Oligui débuteront mercredi au Stade de l’Amitié sino-gabonaise à Angondjé, dans la banlieue de la capitale. Ces dernières semaines, les appels à reporter le DNI étaient quasi quotidiens dans la presse indépendante et dans la petite frange de l’ex-opposition qui n’a pas rallié le pouvoir militaire. En cause, d’abord, une organisation « unilatérale » et la part belle, parmi les 580 participants, faite aux militaires et aux institutions de transition nommées par le chef de l’Etat: gouvernement, députés, sénateurs, certains conseils municipaux et départementaux, etc. Si l’on inclut les 104 militaires nommés par le général Oligui, plus de 300 participants sont de facto issus d’administrations et institutions nommées par ou favorables aux autorités militaires de transition. AFP

En Guinée, le texte constitutionnel retardé par la dissolution du gouvernement
Prévu pour septembre dernier, l’avant-projet de nouvelle Constitution devait être rendu public le mois dernier. Il ne fait plus de doute que la transition ira au-delà du 31 décembre 2024, mais le président de la transition Mamadi Doumbouya a annoncé la tenue du référendum pour cette année. D’après le conseil national de transition chargé de sa rédaction, le texte est prêt…Le président du CNT, le Dr Dansa Kourouma, s’était même engagé à rendre le texte public le mois dernier après l’avoir transmis au gouvernement et à la Cour suprême pour validation. Mais cette étape, surnommée « dialogue entre les institutions », a dû être repoussée suite à la dissolution surprise de l’équipe gouvernementale en février et l’installation tardive des nouveaux venus. Cette même source estime que le contenu de la future loi fondamentale sera dévoilé peu après la présentation de la politique générale du nouveau gouvernement. Mais ce n’est pas la première fois que la chambre parlementaire de transition annonce une sortie imminente du texte. RFI

Rwanda : 7 partis soutiennent Kagame pour un 4e mandat
Deux des plus anciens partis politiques du Rwanda, le Parti libéral (PL) et le Parti social-démocrate (PSD), ont soutenu le candidat du Front patriotique rwandais (FPR), Paul Kagame, dans la course à la présidence de juillet. Le PL et le PSD sont historiquement alliés au parti au pouvoir et leurs dirigeants ont occupé différents postes au sein du gouvernement. Ces deux partis rejoignent quatre autres petits partis politiques membres d’une coalition de soutien à Kagame, aux côtés du Front patriotique rwandais (FPR) au pouvoir, il s’agit du Parti démocratique idéal (PDI), de l’Union démocratique du peuple rwandais (UDPR), du Parti de la prospérité et de la solidarité (PSP) et enfin du Parti socialiste rwandais (PSR). Plusieurs groupes de défense des droits humains accusent Paul Kagame de diriger le Rwanda dans un climat de peur, étouffant la dissidence et la liberté d’expression. Africanews

Afrique australe : la sécheresse menace 20 millions de personnes de famine
20 millions de personnes seraient durement frappées par la sécheresse en Afrique australe, selon USAID. Des millions de personnes au Zimbabwe, dans le sud du Malawi, au Mozambique et à Madagascar ne seront pas en mesure de se nourrir pendant une bonne partie de l’année 2025…Francesca Erdelmann, directrice nationale du Programme alimentaire mondial pour le Zimbabwe constate la pire sécheresse depuis plus de 70 ans dans cette région : « Je viens de parler avec des anciens de la communauté. La dernière fois qu’ils ont vécu une sécheresse pareille, c’était en 1947. Ce n’est pas une situation normale. Et ils affirment que la sécheresse qui sévit actuellement, associée à cette chaleur, ne s’est jamais produite auparavant. Nous nous attendons donc à un impact sur la production agricole. » Africanews and AP

En 10 ans, l’Afrique a doublé ses capacités de production d’énergies renouvelables
L’Afrique a doublé ses capacités de production d’énergies vertes en 10 ans, selon l’Agence internationale pour les énergies renouvelables…Un bilan à mitiger : le renouvelable africain ne pèse que 2% des capacités mondiales, pour moitié situées Asie…En Afrique, la répartition est par ailleurs très inégale. Seuls cinq pays disposent de la moitié des capacités renouvelables africaines : l’Afrique du Sud, l’Angola, l’Égypte, l’Éthiopie et le Maroc. Seuls huit pays utilisent 80% d’énergies renouvelables dans leur mix électrique. C’est le cas de l’Éthiopie, du Kenya, de la République démocratique du Congo et de la Zambie, avec un poids prépondérant de l’hydroélectrique. Cela dit, la part des renouvelables dans l’électricité est passée en 10 ans de 11% à 35% au Burkina Faso, de 2% à 17% au Niger. Elle est restée stable en Côte d’Ivoire ou au Gabon, voire a baissé au Ghana ou en Centrafrique. Ainsi, l’Afrique a vu ses capacités d’énergies renouvelables progresser de 4,6% en 2023, contre 16,6% pour le Moyen-Orient, et près de 10% pour le continent européen et l’Océanie. RFI

Situation inédite au Sénégal, deux Premières dames au palais présidentiel
A quelques minutes seulement de la fin de la campagne présidentielle au Sénégal, Bassirou Diomaye Faye s’avance d’un pas mesuré sur une tribune en tenant la main de ses deux épouses, Marie et Absa. Une scène jamais vue dans l’espace politique national…Méconnue jusque-là, Marie Khone, la première femme qu’il a épousée il y a quinze ans et avec laquelle il a 4 enfants, est originaire du même village que lui. Il s’est marié à la seconde, Absa, il y a un peu plus d’un an…La polygamie est depuis longtemps sujet à controverse dans ce pays composé de plus 90% de musulmans mais l’apparition publique de « BDF » entouré de ses deux épouses a replacé le sujet au cœur des débats, dans les médias, sur les réseaux sociaux et au sein des ménages suscitant diverses réactions…Toutefois nombre de femmes au Sénégal se disent contre cette pratique, qu’elles jugent hypocrite et injuste à leur égard. Et la commission de l’ONU pour les droits de l’Homme a jugé dans un rapport publié en 2022 que la polygamie constitue une discrimination vis-à-vis des femmes qui doit être éradiquée. AFP