Tchad: le Nord, grand oublié de la campagne présidentielle
À trois jours de la fin de la campagne au Tchad, de nombreux observateurs notent qu’aucun des 10 candidats à la présidentielle ne s’est rendu dans le nord du pays…Cet immense territoire désertique qui s’étend pratiquement sur la moitié de la superficie du Tchad compte à peine 205 000 électeurs, c’est-à-dire 2,5% des Tchadiens en âge de voter recensés par l’Ange, l’agence chargée d’organiser les élections. En plus de ça, pointe le chercheur Remadji Hoïnaty, c’est une zone difficile d’accès, il faut absolument y aller en avion, et c’est aussi un endroit « où la situation sécuritaire est plutôt volatile », un autre chercheur parle d’un « no man’s land ». Mais pour Remadji Hoïnaty, les candidats à la présidentielle de 2024 « ont commis une erreur en ne faisant pas campagne dans cette partie du Tchad qui est très importante politiquement ». Toutes les rébellions qui ont pris le pouvoir à Ndjamena depuis 1979 jusqu’à ce jour proviennent de cette région et les candidats se devaient de maintenir un lien avec un territoire qui a longtemps a été marginalisée, explique-t-il…Seule exception, le candidat Mahamat Idriss Deby a envoyé son fidèle chef de cabinet Youssouf Boy faire sa campagne à Faya-Largeau, dans le Borkou. Le Premier ministre de transition Succès Masra avait prévu de tenir un meeting dans cette même ville mardi, mais il y a finalement renoncé officiellement parce que l’avion qu’il avait loué est devenu tout à coup « indisponible ». RFI
Présidentielle au Tchad : un « général-président » favori, son Premier ministre potentiel trouble-fête
Le général Mahamat Idriss Déby Itno, proclamé chef de l’Etat par l’armée il y a trois ans pour succéder à son père, apparaît comme le grand favori d’une présidentielle, lundi prochain, dont la junte militaire a écarté certains de ses rivaux, après avoir réprimé violemment toute opposition. Mais un scénario inédit au Tchad – un président et son chef du gouvernement candidats –, pourrait lui rendre la tâche moins aisée que prévu : Succès Masra, ex-farouche opposant aux Déby, nommé Premier ministre il y a quatre mois, joue les trouble-fêtes en drainant des foules imposantes. Deux hypothèses s’opposent chez les politologues. La première – Déby l’emportera haut la main, en l’absence de rival chez neuf autres candidats – dominait jusqu’à ces derniers jours, considérant que la candidature de Masra est un jeu de dupes pour perpétuer leur tandem à la tête de l’exécutif, tout en ravissant des voix à la dissidence. La seconde analyse, c’est que Masra s’est enhardi, galvanisé par les foules, pourrait se muer en empêcheur de tourner en rond, pousser M. Déby à un second tour, voire, pour les plus pessimistes, contraindre la junte à bourrer les urnes. Cela ouvrirait la voie à des contestations dans la rue, systématiquement réprimées sous les Déby père et fils, dans ce pays sahélien pauvre marqué, depuis son indépendance de la France en 1960, par les coups d’Etat et une multitude de rébellions. AFP
Burkina Faso: une organisation de la société civile demande à la CPI d’enquêter sur la situation sécuritaire
La situation politique et sécuritaire au Burkina Faso inquiètent les structures de la société civile. La coalition de l’Afrique francophone pour la CPI alerte et interpelle le procureur de la Cour pénale internationale mais également l’Union africaine et les Nations unies en ce qui concerne de nombreux massacres de civils au Burkina Faso et la privation de liberté d’acteur de la société civile, de syndicats et d’hommes politique. Les responsables de ces coalitions demandent d’urgence des enquêtes et des poursuites contre les auteurs allégués de ces crimes…Dans un courrier transmis à la Haye mais aussi à des interlocuteurs de l’Union africaine et aux Nations unies, les coalitions francophones énumèrent les millions de burkinabè déplacés, les milliers de morts victimes d’attaques terroristes mais aussi d’exactions commises par les forces régulières ou leur supplétif VDP, sans oublier certains crimes à caractère ethniques commis sur le territoire burkinabè. Il est notamment question de l’enlèvement de plusieurs personnalités civiles ou politiques, d’enrôlements forcés dans l’armée ou encore des massacres de Nodin et Soro en février dernier. RFI
Burkina Faso: les syndicats dénoncent un acharnement contre Moussa Diallo et s’interrogent sur le dialogue voulu par la junte
Au lendemain de la fête du Travail, les représentations syndicales burkinabè dénoncent les mesures punitives prises à l’encontre d’un de leurs représentants. Moussa Diallo, le secrétaire général de la CGTB – la principale confédération syndicale du pays – a, en effet, été licencié la semaine dernière par l’Université de Manga où il était employé. Au Burkina Faso, Moussa Diallo a été renvoyé pour absentéisme alors qu’il fait l’objet de menaces de mort de la part de supporters du pouvoir en place, Moussa Diallo est contraint de se cacher pour éviter d’être enlevé ou arrêté. Son licenciement, décidé en Conseil des ministres, scandalise l’ensemble des syndicats du pays qui dénoncent un acharnement contre un leader syndical. Depuis le 31 octobre dernier et le projet avorté d’un meeting syndical pour dénoncer les dérives du pouvoir, le leader de l’intersyndicale CGTB fait l’objet de menaces et de tentatives d’enlèvement. Aussi Moussa Diallo s’est-il caché sans pour autant bénéficier d’un soutien des autorités ou de son ministère de tutelle qui, bien au contraire, ont validé son licenciement le 25 avril dernier…Au-delà d’une passivité du gouvernement jugée complice par les syndicats, ces derniers s’alarment de la liberté syndicale gravement menacée au Burkina Faso. RFI
La BAD et le CILSS contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel
La Banque africaine de développement (BAD) et le Comité inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS) ont lancé la phase 2 du Programme de renforcement de la résilience à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel (P2-P2RS) le 15 avril 2024 à Ouagadougou. D’un coût total de 335,04 millions de dollars américains, le programme vise à renforcer la résilience des populations de 137 communes transfrontalières dans neuf pays du Sahel : Burkina Faso, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal, Tchad et Togo. Cette phase a permis, entre autres, de réaliser des infrastructures et des aménagements structurants, notamment de construire 235 ouvrages de mobilisation d’eau et d’aménager 5 500 hectares de périmètres irrigués. Par ailleurs, 12 000 hectares de terres agricoles dégradées ont été restaurées…La phase 1 a permis de réaliser des infrastructures hydrauliques et d’aménager des terres agricoles, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire et nutritionnelle de millions de personnes dans la région. AFP
Le Congo de Denis Sassou Nguesso observe de loin les bouleversements politiques en Afrique
Quarante ans cumulés au pouvoir: au Congo-Brazzaville, les élections ne sont prévues qu’en 2026 mais tout semble indiquer que l’octogénaire Denis Sassou Nguesso sera de nouveau candidat. Dans le tourbillon des coups d’Etat qui ont agité l’Afrique depuis 2020, en particulier d’anciennes colonies françaises (Mali, Burkina, Niger, Gabon…), une rumeur s’était répandue en septembre dernier sur les réseaux sociaux affirmant qu’un putsch était en cours à Brazzaville. Mais tout était calme au pays producteur de pétrole de Denis Sassou Nguesso, 80 ans, un militaire qui a dirigé une première fois le Congo sous le régime du parti unique de 1979 à 1992, puis est revenu aux affaires après une guerre civile en 1997. Elu en 2002, réélu en 2009, il a pu se représenter et remporter les présidentielles de 2016 et 2021, après un changement de Constitution qui a fait sauter en 2015 la limite d’âge (70 ans) et porté à trois le nombre possible de mandats de cinq ans. AFP
«Les Béninois ont faim»: au Bénin, plusieurs rassemblements pour protester contre la vie chère
Au Bénin, deux évènements ont marqué ce 1er mai 2024, un meeting sans histoire à la bourse du travail et une marche de la CSTB empêchée par la police et qui a conduit à 72 arrestations, selon les organisateurs. Un chiffre confirmé par plusieurs sources. Vingt militants de la CSTB sur les 72 ont ensuite été libérés dans la nuit. La police a empêché organisateurs et militants de converger vers la place de l’étoile rouge, point de départ du cortège organisé par la confédération syndicale des travailleurs du Bénin (CSTB). Ils ont été dispersés et des interpellations ont eu lieu. Autre part dans la ville, quatre importants syndicats organisaient un meeting à la Bourse du travail, autour de laquelle un dispositif policier a été déployé très tôt. Dans la cour et devant la foule, les leaders sont revenus avec beaucoup de colère sur leur marche étouffée du samedi 27 avril et leurs arrestations. Avec leurs militants, vêtus de gilets jaunes et bandeau rouge au front, ils ont lancé en chœur un « plus jamais ça ». Les syndicats tiennent à leur marche sur la vie chère. Ils en ont donc reprogrammé une pour le 11 mai prochain. RFI
RDC: les bataillons «Jungle», des spécialistes du combat en forêt équatoriale formés par la France
Dès 2021, Paris s’est engagé à renforcer son partenariat militaire opérationnel et à contribuer au renforcement des capacités des forces armées de RDC pour lutter contre les groupes armés qui sévissent à l’est du pays. Une mission de formation confiée aux éléments français au Gabon. Un premier bataillon « Jungle » a été engagé dans le Nord-Kivu en septembre 2021. Depuis, quatre bataillons « Jungle », ou « bat jungle » comme disent les militaires, ont vu le jour. L’objectif était de former en quatre mois ces bataillons composés chacun d’environ 800 hommes au combat défensif et offensif, lutte contre les IED ou encore secourisme, avec un accent particulier mis sur le combat en forêt équatoriale. RFI
En RDC, la situation dans l’est avive les tensions entre le gouvernement et l’Eglise catholique
En proie depuis deux ans et demi à une nouvelle offensive de la rébellion du M23, activement soutenue par le Rwanda, les autorités congolaises ont fait de ce dossier la priorité de leur politique et la boussole de leurs positionnements, tant à l’international que sur la scène intérieure. Même la plus haute autorité catholique du pays en fait l’expérience. Le cardinal Fridolin Ambongo a été convoqué par la justice congolaise, accusé de tenir des propos séditieux « lors des points de presse, interviews et autres sermons, de nature à décourager les militaires des forces armées congolaises qui combattent au front, alors que le pays fait face à une guerre dans l’est ». Dans un courrier daté du 27 avril, Firmin Mvonde, le procureur général près la Cour de cassation, ordonne à son homologue de la cour d’appel de Matete, juridiction de résidence du prélat, d’ouvrir une information judiciaire contre l’archevêque de Kinshasa. C’est la première fois qu’une autorité religieuse de son rang fait l’objet de pareille procédure dans le pays. La crise entre les deux autorités culmine alors que leurs relations sont électriques depuis de longs mois. Le cardinal Ambongo avait qualifié les élections générales, qui se sont tenues en décembre 2023, de « gigantesque désordre organisé », après avoir été en 2021 l’une des figures de la contestation de la nomination du président de la Commission électorale, Denis Kadima, suspecté d’être trop proche du pouvoir. Le Monde
RCA: les défenseurs des droits humains saluent le mandat d’arrêt contre François Bozizé mais attendent plus
En Centrafrique, la Cour pénale spéciale a officialisé mardi l’émission d’un mandat d’arrêt international contre l’ex-président Bozizé. Pour les défenseurs des droits humains, cette décision de la CPS est un pas en avant dans la lutte contre l’impunité, mais la Cour, dont le mandat couvre les faits commis depuis 2003, doit s’assurer de poursuivre tous les responsables de violations des droits humains dans le pays…Selon la CPS, l’ancien président Bozizé est suspecté de responsabilité personnelle et hiérarchique pour des crimes commis dans cette prison, où le centre de détention avait été transformé en prison politique et lieu de torture. Pour Samira Daoud, directrice d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, poursuivre François Bozizé est une avancée dans la lutte contre l’impunité…Toutefois, ce mandat d’arrêt est un pas très important, mais pas encore suffisant, car selon elle, au moins 25 mandats d’arrêt de la CPS sont actuellement non exécutés. RFI
Crise du cacao en Côte d’Ivoire et au Ghana : des livraisons compromises et des prix bas pour les agriculteurs
Les producteurs de cacao de Côte d’Ivoire et du Ghana, confrontés à l’une des pires récoltes depuis des décennies, sont dans l’incapacité de livrer jusqu’à 500 000 tonnes de fèves de cacao prévendues, selon des sources du secteur. Cette situation représente environ un quart de la production commune des deux pays et pourrait avoir des conséquences importantes pour les agriculteurs et les marchés mondiaux. Ces fèves avaient été prévendues à des prix très inférieurs aux prix mondiaux actuels, autour de 2 000 livres (2 508,00 dollars) la tonne, alors que les prix du cacao LCCc2 se situent actuellement autour de 8 000 livres la tonne. En conséquence, les producteurs ouest-africains ne pourront pas profiter pleinement de la hausse des prix. Face à la pénurie de fèves, les producteurs ont décidé de reporter les livraisons à la prochaine saison de récolte, qui débutera en octobre 2024. Cette décision aura des répercussions sur les approvisionnements mondiaux de cacao et pourrait maintenir les prix à un niveau élevé à court terme. VOA
Somalie : Renforcement de la coopération judiciaire avec la Turquie
Lors d’une réunion au siège du Ministère de la Justice et des Affaires constitutionnelles, le ministre somalien Hassan Ma’allin Mohamud et le vice-ministre turc de la Justice, M. Niyazi Acar, ont présidé des discussions visant à approfondir la coopération judiciaire entre la Somalie et la Turquie, selon l’agence de presse somalienne. Les pourparlers de haut niveau ont examiné divers défis et ont élaboré un programme complet pour renforcer les systèmes judiciaires des deux nations. Les points principaux de l’ordre du jour comprenaient : la construction d’une infrastructure judiciaire, des initiatives visant à ériger des installations juridiques robustes conformes aux normes internationales, le développement de l’investigation criminelle : la modernisation des procédures d’enquête pour garantir leur exhaustivité et leur alignement avec les connaissances contemporaines, la création de l’Académie de la Justice somalienne : l’établissement d’une institution dédiée à l’éducation et à la formation des professionnels du droit en Somalie…Les deux parties ont souligné le rôle crucial des services judiciaires dans la gouvernance et le bien-être des citoyens. Les initiatives convenues devraient contribuer de manière significative à l’État de droit et renforcer les liens bilatéraux entre la Somalie et la Turquie. Cette réunion témoigne de l’engagement continu des deux pays à collaborer sur les questions juridiques et à partager leur expertise, établissant ainsi un précédent pour une coopération future dans le domaine de la justice. Sahel Intelligence