Revue de presse du 1er avril 2025

Devant le Conseil des droits de l’homme à Genève, Bintou Keita dresse un bilan alarmant des droits humains en RDC
Lors de son intervention ce mardi 1ᵉʳ avril au Conseil des droits de l’homme à Genève, la cheffe de la MONUSCO, Bintou Keita, a décrit une situation humanitaire et sécuritaire « enlisée dans la violence et l’impunité », soulignant une aggravation constante depuis son dernier rapport du 7 février. « Je prends la parole aujourd’hui avec un sentiment d’urgence. Depuis ma dernière intervention ici, le conflit s’est enlisé, la violence s’est étendue, et la souffrance des civils s’est intensifiée », a-t-elle déclaré. Elle a salué le rôle crucial du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, dont le travail « maintient l’attention mondiale sur la RDC et rappelle que cette crise ne peut rester isolée, sous peine de déstabiliser toute la région des Grands Lacs ». Bien que félicitant les autorités congolaises pour leur projet de cadre de justice transitionnelle annoncé le 28 mars, elle a insisté sur la nécessité d’un « soutien renforcé à l’équipe d’experts internationaux » pour combattre l’impunité : « Je salue les autorités congolaises pour leur intention de finaliser en urgence un cadre pour la justice transitionnelle, comme annoncé le 28 mars. C’est un pas dans la bonne direction », a rassuré Bintou Keita. La cheffe de la MONUSCO a dénoncé l’expansion du M23, soutenu par les forces rwandaises, ainsi que l’activisme persistant des ADF, CODECO et factions Wazalendo. « Sur les 1 099 violations des droits humains recensées depuis janvier, 88 % se concentrent dans les provinces en conflit, avec 71 % imputables aux groupes armés », a-t-elle précisé. Radio Okapi

RDC : Violents combats signalés près de Bukavu
Des combats violents ont été signalés ce mardi matin 1 er avril dans le groupement de Karhongo-Nyangezi, situé dans le territoire de Walungu, à environ 20 kilomètres au nord de la ville de Bukavu(Sud-Kivu). Les crépitements des balles se sont intensifiés jusqu’à Nyakabongola, dans le territoire de Kabare, au groupement de Mudusa, localité de Nyantende, à la porte d’entrée de la ville. Les sources sur place affirment que le M23-AFC et leurs alliés de l’armée rwandaise, fortement armés, effectuent des mouvements intenses vers les lignes de front. Ces combats reprennent deux semaines après l’assaut des Wazalendo sur les positions du M23 dans les mêmes zones de Nyangezi et Nyantende. Radio Okapi

RDC : Thomas Lubanga crée une rebellion dans l’Ituri
Un criminel de guerre condamné, basé en Ouganda, a annoncé la création d’un nouveau mouvement rebelle destiné à renverser le gouvernement dans la province de l’Ituri, dans l’est du Congo, créant ainsi une nouvelle menace potentielle pour la sécurité dans cette région ravagée par la guerre. La création de la Convention pour la révolution populaire (CPR) par Thomas Lubanga, originaire de l’Ituri, intervient alors que l’armée congolaise est confrontée à une avancée sans précédent des rebelles M23 soutenus par le Rwanda ailleurs dans l’est du Congo. La Cour pénale internationale a obtenu sa première condamnation contre Lubanga en 2012 pour recrutement d’enfants-soldats et l’a condamné à 14 ans de prison. Il a été libéré en 2020 et le président Felix Tshisekedi l’a nommé membre d’un groupe de travail chargé de ramener la paix en Ituri. Mais en 2022, il a été pris en otage pendant deux mois par un groupe rebelle, dont il rejette la responsabilité sur le gouvernement, et il est maintenant basé en Ouganda. Dans des réponses écrites aux questions de Reuters, Lubanga a déclaré que le CPR comportait à la fois des éléments politiques et militaires, y compris des hommes armés dans trois régions de l’Ituri…Le nombre de combattants que Lubanga pourrait contrôler n’est pas clair. L’année dernière, des experts de l’ONU l’ont accusé de mobiliser des combattants pour soutenir une milice locale et le M23. Africanews avec Reuters

Somalie : Plusieurs jihadistes tués dans des frappes américaines contre l’Etat islamique
Les Etats-Unis ont mené de nouvelles frappes aériennes contre des cibles du groupe jihadiste État islamique (EI) dans le nord de la Somalie, tuant plusieurs de ses combattants, ont annoncé mercredi les autorités somaliennes et l’armée américaine. Bien que l’EI ait une présence modeste en Somalie comparée aux insurgés shebab, liés à Al-Qaïda, son activité est en hausse, selon les experts. L’opération, menée en coordination par le Commandement des Etats-Unis pour l’Afrique (AFRICOM) et le gouvernement fédéral somalien, a ciblé des « repaires connus de terroristes de l’EI » dans les montagnes de Golis, situées dans la région semi-autonome du Puntland, a précisé le gouvernement de Mogadiscio dans un communiqué. Les frappes, effectuées mardi, ont tué plusieurs combattants de l’EI, selon les premiers rapports. Aucune victime civile n’a été signalée, indique le communiqué. Une évaluation plus détaillée des pertes infligées au groupe est en cours. Abdulqadir Mumin, né au Puntland, est considéré comme le chef de l’État islamique en Somalie par les autorités et les experts. L’EI a déjà montré sa capacité et sa volonté d’attaquer les troupes américaines et leurs alliés, ont averti les autorités américaines, soulignant que les activités de ce groupe menacent les intérêts sécuritaires des États-Unis. Sahel Intelligence

Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune veulent relancer un « dialogue fructueux » entre la France et l’Algérie
Emmanuel Macron et son homologue algérien, Abdelmadjid Tebboune, ont décidé lundi 31 mars, lors d’un échange téléphonique, de relancer la relation bilatérale après des mois de crise, ce qui doit se concrétiser par une reprise de la coopération sécuritaire et migratoire, selon un communiqué commun. Le chef de l’Etat français a aussi « réitéré sa confiance dans la clairvoyance du président Tebboune et appelé à un geste de clémence et d’humanité » envers l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, condamné jeudi à cinq ans de prison ferme par un tribunal algérien…Les deux présidents, qui se sont entretenus le jour de l’Aïd-el-Fitr marquant la fin du ramadan, ont ainsi décidé de « la reprise sans délai de la coopération sécuritaire », essentielle dans la lutte contre le terrorisme et contre les trafics humains…Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, va se rendre à Alger « afin de donner rapidement à la relation bilatérale l’ambition que les deux chefs d’Etat souhaitent lui conférer », ajoute le communiqué, sans donner de date. Les deux présidents ont aussi « arrêté le principe d’une rencontre prochaine », sans plus de précisions. La relation bilatérale a connu un violent coup de frein après l’annonce par M. Macron en juillet 2024 de son soutien appuyé à un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, un territoire au statut non défini selon l’Organisation des Nations unies, revendiqué par les indépendantistes du Polisario, soutenus par Alger. Le Monde avec AFP

Soudan du Sud: le pape exhorte ses dirigeants à «faire baisser la tension dans le pays»
Si le pape ne prononce pour l’heure plus de discours, en raison de sa convalescence, le Vatican publie des textes de sa main. Le 30 mars 2025, c’est vers le Soudan du Sud que le souverain pontife a tourné son regard, un pays qui lui est cher, lui qui l’a visité il y a deux ans. Dans ces lignes, François dit suivre « avec inquiétude » la situation politique au Soudan du Sud. Le pape y exhorte aussi les dirigeants du pays à faire « tout leur possible pour faire baisser la tension dans le pays ». Cela fait déjà plusieurs années que le jeune pays africain est au cœur des préoccupations pontificales et de la diplomatie vaticane. En 2019, François avait convié Salva Kiir et Riek Machar au Vatican pour une retraite spirituelle, leur embrassant les pieds dans un geste spectaculaire pour les exhorter à la paix. RFI

En Guinée-Bissau, le président Umaro Sissoco Embalo se voit gagner l’élection présidentielle
Candidat à sa succession à la présidentielle de novembre qu’il entend remporter « dès le premier tour », le président de Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embalo fait face aux contestations de l’opposition qui estime que son mandat a expiré. Ce général de réserve, ancien militaire, l’avait pourtant promis : il ne ferait qu’un seul mandat. Début mars, M. Embalo est revenu sur sa parole et a annoncé sa candidature « pour le bien de ce pays ». « Je serai candidat, cela (ne fait) l’ombre d’aucun doute, et je vais gagner dès le premier tour », avait déclaré à l’AFP le président. Ancien Premier ministre (2016-2018) de l’ex-président José Mario Vaz (2014-2019), Umaro Sissoco Embalo, 52 ans, a été porté au pouvoir après le second tour de l’élection présidentielle en décembre 2019, lors d’un scrutin très contesté…La victoire de M. Embalo, validée par la Cour suprême, a finalement été reconnue par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), après quatre mois de blocage post-électoral à la suite d’un bras de fer entre les deux adversaires…Après avoir repoussé des élections législatives prévues en novembre dernier, le président a fini par annoncer des élections présidentielle et législatives pour le 23 novembre prochain. La coalition d’opposition Pai Terra Ranka, emmenée par M. Pereira, considère que le mandat de M. Embalo a expiré le 27 février dernier, cinq ans après sa prestation de serment, et ne le reconnaît plus comme président. Umaro Sissoco Embalo « essaie de prolonger son mandat autant que possible afin de consolider son emprise sur le pouvoir, pour s’assurer qu’il fera face à une opposition désorganisée aux élections », analyse Pedro Seabra, directeur adjoint du Centre d’études internationales de Lisbonne. TV5 Monde avec AFP

Tchad : Leader de l’exportation de bétail en Afrique centrale avec un cheptel de plus de 129 millions de têtes
Le Tchad détient l’un des plus importants cheptels d’Afrique et du monde, avec plus de 129 millions de têtes de bétail, selon un rapport publié par la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), basée à Addis-Abeba. Le pays est le principal exportateur de bétail d’Afrique centrale, alimentant des marchés saturés depuis plusieurs décennies, notamment au Nigeria, au Cameroun et au Congo. La CEA souligne dans son document publié lundi que ces exportations concernent principalement des bovins vivants, ce qui permet à d’autres pays de capter la majeure partie de la valeur ajoutée et des emplois générés par la transformation de la viande. En outre, le Tchad bénéficie d’un atout stratégique majeur : sa position géographique au carrefour des routes commerciales reliant l’Afrique du Nord, l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest. Sahel Intelligence

Plus de 180 migrants arrêtés en Guinée-Bissau et au Sénégal
Plus de 180 migrants dont plusieurs Ouest-Africains ont été arrêtés en Guinée-Bissau et au Sénégal au cours des dernières vingt-quatre heures, a appris l’Agence France-Presse (AFP) mardi 1er avril de sources sécuritaires dans ces deux pays confrontés aux départs de clandestins. Quatre-vingt-dix personnes en partance pour l’Espagne, dont 6 Guinéens, 4 Bissau-Guinéens et 2 Sénégalais, font partie des personnes interpellées dans les Bijagos, un archipel de 88 îles dans l’océan Atlantique, a rapporté à l’AFP une source de sécurité bissau-guinéenne. Deux femmes enceintes et des enfants, dont un bébé de 1 an, figurent parmi les 90 migrants interceptés à bord d’une pirogue par la garde nationale sur l’île de Caravela, située à quatre heures de navigation de la capitale, Bissau. Deux personnes ont pris la fuite, selon la même source. Au Sénégal voisin, la marine a annoncé sur le réseau social X avoir arrêté lundi 92 migrants dans une zone insulaire dans le centre-ouest du pays. La nationalité des personnes interpellées, également à bord d’une pirogue, n’a pas été précisée. Le Monde avec AFP

Au Kenya, le président crée la polémique en donnant plus de 280 000 euros à des églises évangéliques
En donnant plus de 280 000 euros à des églises évangéliques, officiellement sur ses deniers personnels, le président kényan, William Ruto, fait polémique, soupçonné d’avoir cédé à un électoralisme douteux alors qu’il fustigeait il y a moins d’un an ce type de « corruption ». L’un des heureux bénéficiaires des fonds, le Jesus Winner Ministry (ministère de Jésus le vainqueur), qui sur son site Internet souligne que « la générosité consiste à donner plus que ce qui est requis », a accepté cette contribution sans sourciller. Mais moins d’un an après des manifestations contre la hausse de certaines taxes et la corruption, qui furent réprimées dans le sang, les donations présidentielles passent mal dans une partie de l’opinion…La pratique des dons aux églises est ancrée au Kenya, pays majoritairement chrétien, où les politiciens visitent régulièrement les lieux de culte. Et plus encore durant les années électorales, afin de s’attirer les grâces des dévots, lesquels représentent autant de voix potentielles pour les futurs scrutins, comme la présidentielle de 2027…Le Conseil national des églises du Kenya a récemment interdit aux politiciens de s’adresser aux congrégations ou d’annoncer des contributions monétaires en chaire. Mais William Ruto, lui, a d’ores et déjà annoncé qu’il continuerait à « construire des églises ». Le Monde avec AFP