Revue de presse du 19 octobre 2022

Le conflit reste le facteur dominant de l’engrenage de la crise alimentaire en Afrique
Plus de 137 millions d’africains font face à une insécurité alimentaire aigüe —c’est à dire que leur consommation alimentaire est insuffisante au point de mettre leurs vies et leurs moyens de subsistance en danger immédiat. Ce chiffre représente une augmentation de 22 % du nombre d’africains faisant face à une insécurité alimentaire aigüe au cours de l’année écoulée et presque un triplement depuis 2018. Quelques 111 millions, soit 81 %, des personnes faisant face à une insécurité alimentaire aigüe se trouvent dans des pays en conflit. Cela met en relief les coûts humains énormes, mais souvent méconnus et indirects, des conflits en Afrique. Centre d’études stratégiques de l’Afrique

La mission de l’ONU au Mali réclame des moyens d’agir
Le chef de la mission de l’ONU au Mali (Minusma) a réclamé mardi 18 octobre au Conseil de sécurité les moyens nécessaires pour assurer son mandat dans un pays où la situation sécuritaire reste « volatile » dans plusieurs régions et où ses actions subissent des « restrictions ». Alors que quatre nouveaux casques bleus ont été tués lundi par un engin explosif improvisé, El-Ghassim Wane a décrit « une situation sécuritaire, humanitaire et des droits de l’homme très difficile ». « La situation sécuritaire reste volatile dans le centre du Mali et dans la zone des trois frontières Mali-Burkina Faso-Niger », a-t-il ajouté. « Nous utilisons nos ressources de la manière la plus créative et flexible possible », mais la « détermination » des casques bleus sur le terrain « ne peut pas remplacer les moyens dont nous avons désespérément besoin », a-t-il encore insisté, décrivant un « environnement opérationnel difficile ». Le rapport du secrétaire général Antonio Guterres examiné lors cette réunion souligne notamment les « restrictions de mouvement et d’accès » rencontrées par la Minusma, la plupart imposées par les autorités maliennes, ainsi que des « campagnes de désinformation » contre la mission. Le Monde avec AFP

Madagascar : le ministre des affaires étrangères limogé après son vote contre la Russie à l’ONU
Imbroglio au sommet de la diplomatie malgache. Le ministre des affaires étrangères, Richard Randriamandrato, a été limogé mardi 18 octobre pour avoir pris la décision de voter en faveur de la résolution condamnant « les annexions illégales de la Russie sur l’Ukraine » le 12 octobre à l’ONU. Depuis le début de la guerre, Madagascar avait, comme d’autres pays africains, toujours choisi de s’abstenir de voter des résolutions contre la Russie, campant fermement sur une position de neutralité. … Pour autant, cette décision ne remettait pas en cause, selon lui, la neutralité de Madagascar : « Nous ne sortons pas de notre position de neutralité sur le conflit entre la Russie et l’Ukraine, qui est pour nous une guerre éloignée de nos préoccupations directes et quotidiennes. Nous sommes à 10 000 kilomètres de cette région. Face aux sollicitations aussi bien de l’Union européenne que de la Russie, il faut dire les choses en face : ce sont d’abord les problèmes de l’Europe, mais pas ceux de l’Afrique ou de Madagascar. Même si, bien entendu, nous en subissons les conséquences avec des pénuries qui s’annoncent de plus en plus difficiles sur le blé, le carburant et d’autres matières premières. » Le Monde

Visite d’une délégation de la Cédéao en Guinée: la durée de la transition en ligne de mire
Le médiateur de la Cédéao est arrivé ce mardi à Conakry. La visite de Thomas Boni Yayi intervient alors qu’une mission technique de l’organisation régionale est en Guinée depuis dimanche soir. La mission de la Cédéao doit rester jusqu’à la fin de la semaine pour discuter du chronogramme de la transition avec les autorités. Les membres de la délégation ont rencontré le ministre des Affaires étrangères et le chef du gouvernement. Lors de ces premiers échanges, Bernard Goumou a assuré que son gouvernement n’était pas « figé sur la question de la durée ». Les autorités guinéennes ont opté pour trois ans en mai dernier, mais la Cédéao souhaite qu’elles revoient leur copie. Impossible pour l’organisation sous-régionale d’accepter un tel délai. … La visite a lieu tout juste un mois après que des sanctions ciblées contre la junte et ses alliés ont été décidées par la Cédéao. « Cette approche de la Cédéao a commencé après les sanctions contre le Mali, poursuit Kabinet Fofana, (il s’agit) d’éviter les bras de fer, la survenance au moins en octobre de sanctions lourdes et ciblées contre les autorités de la transition en Guinée. » En septembre, la Cédéao avait donné un mois aux autorités pour réduire la durée du régime d’exception, sous peine de subir de nouvelles mesures de rétorsion. La date butoir tombe ce samedi. RFI

Guerre au Tigré : « L’Union africaine a la possibilité d’agir »
Alors que les combats entre rebelles tigréens et forces loyales redoublent d’intensité dans la ville de Shire, dans le nord de l’Éthiopie, les acteurs de la communauté internationale ont unanimement condamné les violences. Au-delà des indignations, ces diplomaties sont-elles encore capables de faire taire les armes après deux ans de conflit ? Certains l’affirment. … C’est l’Union africaine qui s’en est émue en premier. Dès dimanche, le président de la Commission de l’UA, le tchadien Moussa Faki Mahamat, a appelé à « un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel », se disant « gravement inquiet des informations sur l’intensification des combats ». … De son côté, l’Union africaine, jusque-là réticente à toute intervention militaire dans le conflit, table davantage sur un dialogue des deux parties. Officiellement, les deux belligérants se montrent d’ailleurs ouverts à des discussions. Le gouvernement a rappelé, lundi, qu’il était prêt à des pourparlers… Tout en affirmant vouloir poursuivre ses opérations militaires visant à reprendre « le contrôle immédiat de tous les aéroports, autres infrastructures fédérales et installations » au Tigré. Une condition qui a si tôt fait réagir les opposants. France24

L’Union européenne et le Maroc signent un « partenariat vert »
L’Union européenne et le Maroc ont signé mardi 18 octobre à Rabat un « partenariat vert », le premier du genre, afin de renforcer leur coopération énergétique et lutter contre le réchauffement climatique. Cet accord a été paraphé par le vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans et le ministre marocain des affaires étrangères Nasser Bourita. Le Maroc, frappé par une sécheresse historique et un stress hydrique structurel, est le premier pays à signer un « partenariat vert » avec l’UE. « Ce premier partenariat vert entre l’UE et le Maroc est le coup d’envoi d’un développement, qui veut que le destin de l’Afrique et le destin de l’Europe qui sont intimement liés, soit un destin de croissance soutenable qui reflète les enjeux d’aujourd’hui », a souligné M. Timmermans à l’issue de la cérémonie de signature. « On doit bien comprendre que l’avenir de l’humanité se jouera autour du bassin méditerranéen », a-t-il ajouté. Le Monde avec AFP

Centrafrique: polémique après la mise à la retraite de la présidente de la Cour constitutionnelle
Les autorités centrafricaines cherchent-elles à se débarrasser de la présidente de la Cour constitutionnelle Danièle Darlan ? Le gouvernement a acté la mise à la retraite de la fonction publique de la professeure de droit au 31 décembre, et compte ainsi par ricochet la remplacer à la tête de l’institution. Celle-ci vient de retoquer le projet d’écriture d’une nouvelle constitution, après avoir raboté celui de la cryptomonnaie nationale, le Sangocoin. Dans une lettre datée du 17 octobre, le ministre chargé du Secrétariat général du gouvernement et des Relations avec les institutions Maxime Balalou enjoint à son collègue en charge de l’Enseignement supérieur Jean-Laurent Syssa-Magalé de « prendre les dispositions nécessaires afin de faire procéder au remplacement de Danièle Darlan » à la Cour constitutionnelle. Elle y siège en tant que membre élue par ses pairs enseignants du supérieur. Une semaine plus tôt, Danièle Darlan apprenait sa mise à la retraite d’office par un arrêté du ministre de la Fonction publique, touchant plusieurs autres professeurs d’université, dont le président de l’Assemblée nationale Simplice Mathieu Sarandji. RFI

Côte d’Ivoire: les autorités s’accordent pour un retour de Charles Blé Goudé
Un pas de plus vers un retour en Côte d’Ivoire pour Charles Blé Goudé. L’ex-ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo a, selon son parti Conseil pour la justic et l’égalité des peuples (Cojep), obtenu le feu vert des autorités ivoiriennes pour qu’il puisse rentrer au pays. Acquitté par la CPI il y a un an et demi, Charles Blé Goudé vit depuis à La Haye, aux Pays-Bas, où il ne cesse de manifester son désir de rentrer chez lui. … Seulement, une incertitude pèse encore : en Côte d’Ivoire, Charles Blé Goudé est sous le coup d’un mandat d’arrêt à la suite de sa condamnation à vingt ans de prison, fin 2019, pour « actes de torture, homicides volontaires et viol ». RFI

Côte d’Ivoire : Guillaume Soro, la politique en exil et la tentation russe
En exil depuis 2019, l’opposant vient d’être réélu à la tête de son mouvement. L’ancien président de l’Assemblée nationale espère ainsi toujours peser dans le jeu politique, malgré une perspective de retour sur le sol ivoirien qui parait aujourd’hui nulle. … Plus que jamais isolé, l’ancien chef rebelle chercherait-il à se rapprocher de la mouvance pro-russe et anti-française pour trouver un autre auditoire et un nouveau souffle ? « Il travaille beaucoup à accompagner la propagande anti-française. Il se rapproche du Mali et de la Russie par besoin de financement », estiment plusieurs sources ivoirienne et diplomatique. … Sur les réseaux sociaux, certains de ses soutiens sont extrêmement actifs dans ce sens. Le plus offensif étant sans aucun doute Franklin Nyamsi. Ce professeur de philosophie d’origine camerounaise, résidant en France et un temps membre du Parti socialiste, ne manque pas de s’afficher aux côtés du président de la transition malienne, Assimi Goïta, et de dire tout le bien qu’il pense du président Poutine. Sa dernière vidéo publiée sur Facebook est un long monologue fourre-tout dans lequel se mêlent propos conspirationnistes, fake news et propos extrêmement virulents contre le président Alassane Ouattara, tout ça sous fond du titre de la diva ivoirienne, Aïcha Koné, en faveur de Goïta. Jeune Afrique

Sénégal : ce qu’il faut savoir sur la cyberattaque contre le régulateur des télécoms
Plusieurs gigaoctets de données issus des boîtes mails des collaborateurs de l’ARTP ont été mis en ligne le 17 octobre par un groupe de hackers baptisé Karakurt. L’attaque met en lumière les défaillances de Dakar en matière de cybersécurité. Jeune Afrique

Burkina Faso: une mine du Centre-Nord s’effondre tuant des dizaines d’ouvriers
Au Burkina Faso, un éboulement dans une mine artisanale a fait 27 morts et plusieurs blessés. L’accident a eu lieu vendredi 14 octobre, mais n’a été rendu public que lundi 17 octobre au soir. L’incident a touché le site de Gassin, dans la commune de Tougouri, dans la région de Namentenga (Centre-Nord), mais il illustre le manque de réglementation du secteur de l’orpaillage, régulièrement touché par des catastrophes de la sorte. RFI

Sénégal: éviter la fuite de l’or artisanal au Mali
C’est un chantier que tous les États sahéliens cherchent à mettre en place et le Sénégal ne fait pas exception. Car le constat est dur à entendre : seulement 10% environ de l’or produit de manière artisanale dans le pays transiterait par les comptoirs agréés par l’État. Et seulement 10% peuvent donc être taxés à l’exportation. Le reste part entre les mains d’intermédiaires maliens et, dans une moindre mesure, guinéens. Une fuite facilitée par la proximité géographique des zones aurifères sénégalaise avec la frontière malienne. Mais aussi par des circuits bien huilés et des prix alléchants. Les collecteurs maliens achètent souvent à 80 ou 90% du cours mondial, même si l’or n’est pas pur, explique Cherif Sow, consultant international en exploitation minière artisanale et à petite échelle d’or (Emape). Les intermédiaires maliens ont par ailleurs la capacité financière d’acheter de grosses quantités. « Ils récupèrent ensuite une marge suffisante, via des petits arrangements localement ensuite au Mali », explique notre interlocuteur. RFI

Sénégal : le trafic de bois précieux avec la Chine décime les forêts de Casamance
Les vastes forêts de Casamance, dans le sud du Sénégal, s’étendent sur des milliers d’hectares. Elles sont connues pour leurs bois rares : le poirier du Cayor, le bois de rose… Ces essences sont censées être protégées mais des groupes armés en font le trafic. Plusieurs personnes ont été tuées cette année dans des affrontements avec les coupeurs de bois. Cette mafia n’hésite pas à raser des parcelles et à exporter cette précieuse production vers la Chine, via la Gambie voisine. France24