Revue de presse du 18 octobre 2023

En République démocratique du Congo, la longue quête de démocratie mise à l’épreuve
Pour mettre fin à la longue tradition d’élections volées en République démocratique du Congo, les institutions de contrôle indépendantes, la société civile et les médias du pays auront besoin du soutien de la SADC et des acteurs démocratiques internationaux. Le quatrième pays le plus peuplé d’Afrique se rendra aux urnes pour élire son président, ses représentants parlementaires, provinciaux et municipaux le 20 décembre prochain. Les élections en République démocratique du Congo (RDC) se déroulent dans un contexte de conflit armé persistant dans l’est du pays, d’inquiétudes quant à la reprise d’un conflit régional dans la région des Grands Lacs, de questions concernant le statut de la mission d’opérations de paix des Nations unies (MONUSCO), forte de 18 000 hommes, d’exploitation déstabilisante des vastes ressources naturelles de la RDC, de dizaines de milices armées actives dans tout le pays et du déplacement forcé de plus de 7 millions de personnes sur les quelque 110 millions d’habitants de la RDC. Compte tenu de la situation du pays au cœur du continent, le résultat des élections en RDC aura des implications directes pour l’Afrique de l’Est, l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale et l’Afrique australe…Bien que Tshisekedi ait établi une certaine indépendance par rapport à la mainmise de son prédécesseur sur les institutions de l’État, l’héritage de la RDC en matière de gouvernance opaque demeure…De même, on craint de plus en plus que le long héritage de mauvaises pratiques électorales de la RDC ne persiste en 2023…Les réformateurs ont mis en avant plusieurs priorités urgentes pour garantir la crédibilité du vote. Centre d’études stratégiques de l’Afrique

Niger : 6 soldats et 31 terroristes tués dans des combats près de la frontière Burkinabé
Le ministère nigérien de la Défense a annoncé que six soldats et 31 « terroristes » ont perdu la vie lors de combats survenus dimanche et lundi dans la zone de Téra, située à l’ouest du Niger, près de la frontière avec le Burkina Faso. Selon le communiqué du ministère, les Forces de défense et de sécurité (FDS) engagées dans l’opération Niya ont été confrontées à des affrontements avec des éléments terroristes dans la région de Lemdou, à environ 50 kilomètres au nord-ouest de Téra, du dimanche 15 au lundi 16 octobre 2023. Au cours de ces affrontements, six soldats ont malheureusement perdu la vie, et dix-huit autres ont été blessés et évacués vers Niamey…Ces dernières semaines, la région a été le théâtre de plusieurs attaques, alimentant l’instabilité dans le pays depuis de nombreuses années. La plus lourde perte a été enregistrée en début octobre, lorsqu’une « attaque complexe » présumée de jihadistes a coûté la vie à 29 soldats dans le nord-ouest de Tabatol, une localité proche du Mali. En septembre, seize soldats ont été tués lors d’une autre attaque à Kandadji, et en août, au moins 17 militaires ont perdu la vie près de la frontière avec le Burkina Faso. Sahel Intelligence

Burkina : des syndicats appellent à dénoncer des « restrictions de libertés »
Une quinzaine de syndicats burkinabè réunis dans un collectif ont appelé à un rassemblement le 31 octobre à Ouagadougou pour protester contre des « restrictions de libertés » instaurées selon eux par les autorités militaires du pays… »Il s’agit principalement de la restriction des libertés individuelles et collectives (qui) se traduit sur le terrain par des disparitions forcées de citoyens, des enlèvements de citoyens par des individus armés et encagoulés, des enrôlements forcés, des mesures de fermeture d’organes de presse, etc, » a poursuivi [Moussa Diallo, le secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Burkina]. Plusieurs cas d’enlèvement ont été rapportés ces derniers mois par des sources locales dans la capitale burkinabè. Début septembre, alors qu’il officiait dans un centre de santé, un médecin anesthésiste a été emmené de force par des militaires après avoir reçu une réquisition de l’armée…La CGT-B a par ailleurs invité les autorités militaires à lever l’interdiction de manifestation sur la voie publique, instaurée au lendemain de leur prise du pouvoir, par un coup d’Etat en septembre 2022. Africanews avec AFP

Crise tchadienne: une pétition de l’opposition contre Félix Tshisekedi, le facilitateur de la CEEAC
Au Tchad, un groupe de partis d’opposition et des organisations de la société civile cherchent à récuser le président congolais Félix Tshisekedi, facilitateur désigné de la Communauté économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC). Ils ont lancé pour cela une pétition depuis ce week-end, qui fait débat à N’Djamena alors qu’il s’apprête à envoyer un émissaire dans la capitale tchadienne après le report du retour programmé de l’opposant Succès Masra. Cette pétition, qui vise les 200 signatures, en a déjà recueilli plus 100, trois jours après son lancement. Pour ses initiateurs, Félix Tshisekedi, le facilitateur désigné de la CEEAC, n’a cessé de cautionner tout ce que fait la junte au pouvoir depuis son avènement…Pour beaucoup d’observateurs, la visite de Félix Tshisekedi à N’Djamena en juillet devait permettre de trouver une solution à la crise politique au Tchad, mais c’est le contraire qu’ils disent constater. S’il avait bien mené sa mission, le climat politique serait aujourd’hui détendu et Succès Masra serait rentré sans problème, comme il l’avait prévu. RFI

Sénégal: l’opposant Ousmane Sonko reprend sa grève de la faim
L’opposant sénégalais Ousmane Sonko, détenu depuis fin juillet sous divers chefs d’inculpation dont appel à l’insurrection, a annoncé mardi 17 octobre reprendre sa grève de la faim qu’il avait arrêtée début septembre…Cette grève de la faim a pour objectif de marquer sa « solidarité » avec tous les militants « injustement arrêtés pour avoir exprimé leurs opinions politiques » et toujours détenus aujourd’hui. Certains sont privés de tout contact avec leurs proches, affirme Ousmane Sonko dans un long message publié sur Twitter et Facebook. L’homme politique et candidat à la présidentielle de 2024, incarcéré depuis fin juillet, dit vouloir aussi protester contre sa « détention arbitraire et électoraliste », selon ses termes, et « en exiger la fin ». Il entend protester aussi contre l’incarcération de centaines de membres de son parti. Jeudi dernier, le tribunal d’instance de Ziguinchor, dans le sud du pays, a ordonné qu’Ousmane Sonko soit rétabli sur les listes électorales dont il a été radié, rouvrant la possibilité pour l’opposant d’être candidat à la présidentielle. Mais sa candidature est encore loin d’être garantie. Car la Cour suprême sénégalaise doit décider en appel de la légitimité ou non de la restauration des droits civiques d’Ousmane Sonko. RFI

Burundi: l’opposant Kefa Nibizi interpellé et écroué
L’opposant burundais Kefa Nibizi a été interpellé mardi et écroué à la prison centrale de Bujumbura. La décision a été prise par le procureur général de la République après une audition d’une quinzaine de minutes, selon son parti et une source judiciaire. Il est poursuivi pour « atteinte à la sûreté intérieure de l’État » à cause d’un message très critique envers le pouvoir. C’est sur le réseau social X, anciennement Twitter, que Kefa Nibizi a posté le message qui a tout déclenché. Le président du parti d’opposition Codebu y écrit que « le Burundi croupit dans une misère sans précédent à cause d’un leadership défaillant »…Des propos qui n’ont visiblement pas plu aux autorités puisque dans la foulée, Kefa Nibizi a été entendu par le procureur général de la République qui lui a notifié un chef d’inculpation pour « atteinte à la sûreté de l’État »…Cette interpellation intervient dans un contexte de pression grandissante sur les opposants. Depuis près de cinq mois, le principal parti d’opposition, le CNL d’Agathon Rwasa est ainsi suspendu de toutes activités politiques dans le pays. RFI

Mozambique : l’opposition dénonce des fraudes aux élections municipales
Les partisans de la Renamo, la principale formation de l’opposition mozambicaine, étaient dans les rues de Maputo mardi. Ils dénonçaient des fraudes présumées lors des élections municipales…Alors que les résultats du scrutin sont attendus mercredi, le Frelimo, au pouvoir a déjà été donné vainqueur dans plusieurs villes. Suscitant la colère de l’opposition…La Commission électorale a promis mardi de de sévir contre ses membres responsables des pratiques illégales. Le Frelimo a remporté toutes les élections nationales depuis la fin de la guerre et a également contrôlé une grande majorité des municipalités de l’ancienne colonie portugaise, devenue indépendante en 1975. « De nombreux rapports crédibles font état d’irrégularités le jour du vote et pendant le processus de tabulation des votes », a déclaré l’ambassade des États-Unis à Maputo dans un communiqué lundi. Les diplomates en poste à Maputo ont exhorté les autorités du pays à donner suite aux plaintes d’irrégularités « sérieusement » et « de manière impartiale. » Africanews

Madagascar « dans l’impasse » à un mois de la présidentielle, estime la présidente de l’Assemblée
Madagascar, où les tensions à un mois de la présidentielle ne cessent de croître avec des manifestations quasi quotidiennes de l’opposition, est « dans l’impasse », a reconnu, mardi 17 octobre, la présidente de l’Assemblée nationale, proche du pouvoir…La Grande Ile de l’océan Indien est depuis plusieurs semaines le théâtre d’une bataille acharnée entre le président sortant candidat à sa propre réélection, Andry Rajoelina, et ses rivaux déclarés pour le premier tour de la présidentielle, prévue le 16 novembre. Rassemblés dans une alliance baptisée « Collectif des onze », ces opposants appellent depuis plus de deux semaines à manifester pour réclamer un scrutin « transparent et équitable » et dénoncent un « coup d’Etat institutionnel ». La plus haute juridiction du pays avait rejeté en septembre trois recours réclamant l’invalidation de la candidature de Rajoelina « pour défaut de nationalité malgache ». Fin juin, des informations de presse avaient en effet révélé qu’il avait été naturalisé français en 2014. Au début du mois, un des candidats a été blessé à Antananarivo lors d’un des rassemblements de l’opposition, régulièrement empêchés par les gaz lacrymogènes des forces de l’ordre. Dans la foulée, la justice a ordonné le report d’une semaine du premier tour du scrutin, initialement fixé le 9 novembre. Les Etats-Unis et l’Union européenne (UE), qui suivent la campagne électorale avec « la plus grande vigilance », ont dénoncé un « usage disproportionné de la force ». Le Monde avec AFP

En Tunisie, un projet de loi sur les associations pour réduire encore un peu plus la liberté d’expression
Au nom de la « souveraineté nationale », une proposition de loi visant à contrôler davantage l’activité et le financement des associations a été validée par le bureau de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), jeudi 12 octobre. Le projet, initié par une dizaine de députés et qui doit désormais être examiné en commission, est consécutif aux attaques récurrentes du président tunisien Kaïs Saïed contre une société civile qu’il accuse, depuis son coup de force du 25 juillet 2021, de servir des intérêts étrangers ou de soutenir l’opposition. S’il est adopté, il soumettrait les organisations de la société civile à un pouvoir discrétionnaire de l’administration et du politique…En effet, depuis juillet 2021, Kaïs Saïed s’est méthodiquement attaqué aux contre-pouvoirs et aux instances indépendantes mis en place après la révolution de 2010-2011. Les pouvoirs judiciaire et législatif ont été mis au pas, une Constitution qui instaure un régime hyperprésidentiel a été adoptée et des textes de loi visant à restreindre la liberté d’expression ont été promulgués. Parallèlement, opposants politiques, avocats et journalistes ont été régulièrement inquiétés par les autorités judiciaires, accusés de terrorisme, de complot contre la sûreté de l’Etat ou de diffusion de « fausses informations ». Plus d’une vingtaine d’opposants sont toujours emprisonnés sur la base de ces accusations. A la suite à la « révolution du jasmin », le décret-loi 2011-88 portant sur l’organisation des associations, a permis à la société civile tunisienne de se développer et de devenir un acteur incontournable de la transition démocratique pendant plus de dix ans…Reste que pour les députés dépositaires de la proposition de loi, le financement étranger et les organisations étrangères sont susceptibles de porter atteinte à la souveraineté nationale. Leur projet prévoit une autorisation préalable de l’administration pour tout financement étranger, sans préciser les conditions requises, ni les motivations d’un éventuel refus. Le Monde

Ghana: des inondations font 27 000 déplacés dans le sud-est du pays
Au Ghana, plus de 27 000 personnes sont bloquées à cause d’inondations provoquées par l’ouverture des vannes de deux barrages après de fortes pluies. Le président ghanéen Nana Akufo-Addo s’est rendu dans la zone sinistrée et a promis de l’aide aux victimes tandis que l’ampleur des dégâts suscite des critiques. Les zones les plus touchées sont Sogakofe, Sege ou encore Mepe dans la région de la volta. Dans ces communes, les habitants – la plupart des pêcheurs et des agriculteurs – se sont retrouvés sans électricité et sans eau. Nombre nombreux d’entre eux ont dû être déplacés vers des lieux de refuge. Bien que ce ne soit pas la première fois que les autorités locales ouvrent les vannes des barrages d’Akosombo et de Kpong, l’ampleur du déversement a pris de nombreux habitants par surprise. « Les précédents déversements d’eau n’étaient pas de cette ampleur. Celui-ci a été si intense qu’il a touché tous les habitants. 90% d’entre nous sont concernés », raconte Amos Ahorsu Borlor, un habitant de Mepe…Aucune victime n’est à signaler. Des appels à l’aide ont été lancés pour porter secours aux sinistrés. RFI

En Côte d’Ivoire, peu de changements dans le nouveau gouvernement
Au lendemain de la nomination surprise de Robert Beugré Mambé au poste de Premier ministre, le nouveau gouvernement ivoirien a été dévoilé ce mardi 17 octobre. Un remaniement a minima, avec très peu de changements par rapport à l’équipe dirigée par son prédécesseur, Patrick Achi. Téné Birahima Ouattara conserve le portefeuille de la Défense, Pierre N’Gou Dimba celui de la Santé et Kobenan Kouassi Adjoumani rempile à l’Agriculture. Pas de changement non plus aux Finances et au budget que conserve Adama Coulibaly, aux Transports avec la reconduction d’Amadou Koné ou encore à l’Éducation nationale avec Mariatou Koné. Jean Sansan Kambilé reste ministre de la Justice et Vagondo Diomandé ministre de l’Intérieur et de la Sécurité. Le ministère des Affaires étrangères revient, lui, à Kacou Houadja Léon Adom après l’élection de Kandia Camara comme présidente du Sénat ce 12 octobre. À trois mois de l’ouverture de la Coupe d’Afrique des nations en Côte d’Ivoire, Claude Paulin Danho est par ailleurs évincé du ministère des Sports, qui sera chapeauté par le Premier ministre Robert Beugré Mambé. Autre ministre sortant : Kouadio Konan Bertin, dit « KKB », transfuge du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) et ministre de la Réconciliation nationale depuis fin 2020. Son ministère disparaît. Jeune Afrique

Décolonisation et guerre au Cameroun: la France livre ses archives classifiées
Paris livre ses archives classifiées à la commission d’historiens des deux pays chargée de « faire la lumière » sur le rôle de la France dans la violente répression ayant visé les indépendantistes puis l’opposition au Cameroun avant et après son indépendance. Le 26 juillet 2022 à Yaoundé, les présidents Emmanuel Macron et Paul Biya avaient souhaité que des historiens se penchent sur ce pan sanglant, mais presque totalement ignoré des manuels scolaires et du grand public, de l’histoire de France et du Cameroun, de 1945 à 1971. Les chefs d’État s’étaient engagés à déclassifier des archives demeurés secrètes et avaient lancé, en mars 2023, la commission franco-camerounaise « Histoire et mémoires sur le rôle et l’engagement de la France au Cameroun dans la répression contre les mouvements indépendantistes et d’opposition entre 1945 et 1971″…Durant cette période -avant et après l’indépendance du Cameroun en 1960 donc-, des historiens et associations des deux pays assurent que « plusieurs dizaines de milliers de Camerounais » ont été tués dans une véritable « guerre », menée d’abord par l’armée française puis conjointement avec les troupes du premier président de la République du Cameroun, Ahmadou Ahidjo…Le rapport du volet Recherche doit être rendu en décembre 2024. C’est sur la base de ses travaux que Paris et Yaoundé pourront, selon les termes d’Emmanuel Macron en juillet 2022, « établir factuellement » des « responsabilités » sur un « sujet refoulé » en France comme au Cameroun. Le président français avait promis qu’il en tirerait une « reconnaissance » de ce qui s’est passé et non une « repentance ». TV5 avec AFP