Leader de longue date dans l’avancement des normes démocratiques en Afrique, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est confrontée au défi croissant d’un recul démocratique. Lors des élections présidentielles de 2020 au Togo, le président Faure Gnassingbé a remporté dès le premier tour une victoire peu plausible (et un quatrième mandat) en dépit d’un mécontentement populaire généralisé qui avait suscité des manifestations massives au cours des deux années précédentes. … Dans chacun de ces cas et à divers degrés, la CEDEAO s’est généralement tenue à l’écart alors que des processus démocratiques essentiels étaient démantelés ou ignorés. Cette passivité s’est manifestée en dépit du Protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance entériné par le CEDEAO en 2001, un document novateur qui ancre le respect des normes démocratiques dans la région et définit les responsabilités collectives de ses membres pour faire respecter les processus démocratiques lorsqu’ils sont menacés. L’inaction de la CEDEAO est à son tour, une porte ouverte aux velléités que pourraient avoir d’autres dirigeants d’éviter les limites du pouvoir exécutif. C’est plutôt ironique lorsqu’on pense qu’en 2017, 14 des 15 membres de la CEDEAO étaient de tendance démocratique. Centre d’études stratégiques de l’Afrique
Le Burkina Faso a enregistré son premier décès lié au coronavirus, qui est aussi le premier en Afrique subsaharienne, a annoncé mercredi le coordonnateur national contre l’épidémie. « Nous avons enregistré dans la nuit le décès d’une patiente de 62 ans, diabétique, qui était sous réanimation », a déclaré lors d’un point de presse le professeur Martial Ouédraogo, coordonnateur de la réponse à l’épidémie de Covid-19 dans ce pays très pauvre du Sahel. Sept nouveaux cas ont été enregistrés au Burkina, « ce qui porte le nombre de malades à 27, dont 15 femmes et 12 hommes », a-t-il poursuivi. Un premier cas en dehors de la capitale Ouagadougou a été confirmé, à Bobo Dioulasso, la deuxième ville du pays, a précisé M. Ouédraogo. Avec ces nouveaux cas au Burkina, le nombre total de cas de coronavirus s’élève à 576 dans toute l’Afrique (Afrique du nord et subsaharienne), dont 15 décès (6 en Egypte, 5 en Algérie, 2 au Maroc, 1 au Soudan et un au Burkina). Le Burkina a décidé samedi la fermeture de tous les établissements scolaires et la suspension jusqu’à fin avril des manifestations et rassemblements publics et privés, pour tenter d’endiguer la progression de l’épidémie. Le Point
Toute la journée de ce mardi 17 mars, la situation aura été confuse au Cameroun. Mais ce soir, le Premier ministre annonce une série de treize mesures qui vont de la fermeture des frontières au report des compétitions sportives, en passant par la fermeture des établissements scolaires et universitaires, la fermeture des débits de boisson et la suspension des visas d’entrée au Cameroun. … Les autorités sanitaires de Lagos ont confirmé un nouveau cas de coronavirus dans l’État, portant à trois le nombre total de personnes contaminées dans le pays. L’infectée, une Nigériane de 30 ans qui est revenue du Royaume-Uni vendredi, a observé l’auto-isolement, a développé des symptômes et s’est révélée positive. Le Nigeria Centre for Disease Control a également confirmé mardi le nouveau cas, affirmant que la recherche des contacts avait commencé pour identifier toutes les personnes avec lesquelles la patiente était en contact depuis son retour au Nigeria. Le Point
L’attention des autorités et de la communauté internationale s’est déplacée vers les zones anglophones. Pourtant, dans l’Extrême-Nord, les attaques attribuées à Boko Haram ont repris de plus belle. Dès le lever du jour, Akhada se met à la tâche. Recroquevillé sur une petite chaise, il trie depuis deux semaines les grains de mil du sac placé tout près de lui. Un à un, il élimine ceux qui sont calcinés. C’est tout ce qu’il a pu sauver de sa dernière récolte depuis qu’un incendie a ravagé sa maison, le 13 février. Ce jour-là, des membres du groupe jihadiste Boko Haram ont fait irruption dans son village de Kilda, une bourgade située non loin de Koza, dans la région de l’Extrême-Nord. Maisons, récoltes et cheptel ont subi la furie des flammes. Des villageois ont été assassinés. « Ils ont tué mon cousin sous mes yeux, raconte-t-il. Il n’était que de passage au village pour rendre visite à la famille. » Avec ses deux femmes et ses deux enfants, il a trouvé refuge à Ldamtsai, dans la périphérie de Mokolo, le chef-lieu du département du Mayo-Tsanaga. Ils y occupent une pièce de 9 m2. Jeune Afrique
La région de Diffa, située dans la partie est du Niger, est durement éprouvée depuis la crise sécuritaire ayant occasionné une autre crise, cette fois ci humanitaire, avec l’afflux des réfugiés nigérians et déplacés internes. Ces populations, en majorité des femmes et des enfants, fuient les atrocités de la secte Boko Haram. À Diffa, il n’y a pas que le bruit des armes qui agrémente le quotidien stressant des populations. Une tâche difficile d’autant que ces enfants sont souvent rejetés car soupçonnés d’être liés à Boko Haram. Au quartier Château, situé à la périphérie de la commune urbaine de Diffa, proche des camps de réfugiés et de déplacés internes, un Centre de prévention, de promotion et de protection des enfants a été créé en 2017. On y trouve un service de prise en charge psychologique des enfants victimes de traumatisme et une aire de jeu qui accueille du lundi au vendredi, les matins et les soirs, une centaine d’enfants déscolarisés en majorité. Il s’agit d’enfants de réfugiés, de déplacés internes, le plus souvent séparés de leurs parents ou bien ayant vécu dans des camps de Boko Haram après leur enlèvement. DW
L’ONU ainsi que plusieurs pays arabes et occidentaux ont appelé mardi les parties en conflit en Libye à une trêve humanitaire afin de permettre aux autorités sanitaires de mieux lutter contre le nouveau coronavirus. Les autorités sanitaires affirment toujours n’avoir détecté aucun cas de contamination dans le pays, divisé et en proie au chaos depuis des années. Deux autorités se disputent le pouvoir en Libye : le Gouvernement d’union nationale (GNA), basé à Tripoli, et un gouvernement parallèle dans l’Est contrôlé par Khalifa Haftar. Le maréchal Haftar mène depuis début avril une offensive pour s’emparer de la capitale libyenne. Une trêve fragile avait été décrétée le 12 janvier, mais des combats opposent régulièrement les deux camps qui s’accusent mutuellement de violations. Dans un communiqué conjoint, les ambassades d’Algérie, de France, d’Allemagne, d’Italie, des Pays-Bas, du Royaume-Uni et des Etats-Unis ainsi que la délégation de l’Union européenne en Libye, et les gouvernements tunisien et émirati, ont appelé à une « trêve humanitaire ». AFP
La contestation du « Hirak » en Algérie a été contrainte mardi de suspendre ses manifestations à cause de la pandémie de Covid-19 qui a tué au moins cinq personnes dans la pays, selon le dernier bilan officiel. Face à la propagation du nouveau coronavirus en Algérie, les autorités ont interdit mardi 17 mars les manifestations du « Hirak », mouvement de contestation inédit du régime, déclenché le 22 février 2019. Le dernier bilan officiel fait état de cinq décès et de 60 personnes contaminées dans le pays. « L’épidémie qui se propage est une question sécuritaire et sanitaire nationale qui impose une restriction de certaines libertés, temporairement », a déclaré le président Abdelmadjid Tebboune a Tebboune dans un discours télévisé, en annonçant l’interdiction des rassemblements et des marches « quelles qu’en soient leurs formes et nature ». Vendredi encore, les manifestants du « Hirak », bravaient par milliers la menace du virus à Alger et en province. Et le lendemain, quelques centaines d’irréductibles avaient été violemment dispersés par la police dans la capitale. Toutefois, plusieurs figures du soulèvement pacifique exhortaient publiquement ces derniers jours à suspendre les marches hebdomadaires tant que sévirait la pandémie. France24
Une journaliste britannique travaillant pour le quotidien britannique The Guardian a été sanctionnée en raison d’un article sur le nouveau coronavirus jugé « de mauvaise foi », ont annoncé mardi les autorités égyptiennes. L’Organisme général de l’Information (SIS, en anglais), qui régule l’activité des médias étrangers dans le pays, a annoncé qu’il retirait à la journaliste Ruth Michaelson son accréditation. Dans un article publié dimanche et intitulé « Egypte : le nombre de cas de coronavirus probablement plus élevé que ce que les chiffres suggèrent », la correspondante citait une étude canadienne affirmant que l’Egypte pouvait compter en réalité plus de 19.000 cas au lieu des quelques dizaines annoncés officiellement. Dans un communiqué transmis à l’AFP, The Guardian a dit s’être fondé sur « des conclusions scientifiques d’experts crédibles en maladies infectieuses » et avoir donné la possibilité aux autorités égyptiennes de réagir. Le correspondant du New York Times Declan Walsh, qui a évoqué le nombre cité par le journal britannique dans un tweet, a pour sa part été rappelé à l’ordre par le SIS, selon cet organisme. AFP
Le journaliste marocain Omar Radi a été condamné à quatre mois de prison avec sursis et 500 dirhams d’amende (47 euros), mardi 17 mars, pour avoir publié un tweet critiquant un verdict. « Je m’attendais à ce que les poursuites soient annulées. Ce procès n’a pas lieu d’être, c’est une atteinte à ma liberté d’expression », a réagi le journaliste auprès de l’AFP, précisant qu’il comptait faire appel. Omar Radi a lui-même fait part sur Twitter de sa condamnation, qu’il a apprise via son avocat, les tribunaux étant fermés au public au Maroc depuis lundi par mesure préventive afin de contenir la propagation du nouveau coronavirus. Son message a immédiatement suscité des réactions de soutien sur les réseaux sociaux. Après plusieurs renvois d’audience, le jugement – qui devait être prononcé la semaine dernière – a finalement été rendu mardi par le tribunal de première instance d’Aïn Sebaa (ouest). Le journaliste indépendant avait été placé en détention pour « outrage à magistrat », fin décembre, pour avoir fustigé sur Twitter un verdict prononcé en avril 2019. Le Monde avec AFP
En Guinée, le report « sine die » de la mission de haut niveau de la Cédéao, qui devait rencontrer le président Alpha Condé ce mardi, à quelques jours du scrutin prévu ce dimanche 22 mars, est diversement apprécié : à quelques jours du double scrutin, la classe politique reste profondément divisée sur le processus électoral. Pour l’opposition, qui se sentait confortée par les conclusions des experts de la Cédéao, c’est la douche froide. « Cette médiation était une opportunité de faire infléchir la position d’Alpha Condé, mais il refuse le dialogue », dénonce Cellou Dalein Diallo, leader de l’UFDG. D’après lui, c’est le statut quo : l’opposition n’a pas été associée au processus de révision du fichier électoral. Impossible de vérifier que si le fichier sera effectivement assaini d’ici la fin de la semaine. Résultat : les tensions sont toujours aussi vives. L’opposition semble bien décidée à faire « empêcher le vote dimanche », selon les mots d’un militant de l’UFR. Le Front national de défense de la Constitution appelle à deux nouvelles journées de mobilisation cette semaine pour protester contre ce processus électoral. RFI
Le Sénat et l’Assemblée nationale réunis en Congrès ont voté mardi par 246 voix pour et 2 contre la révision constitutionnelle proposée par le président de la République, Alassane Ouattara, et critiquée par l’opposition. La majorité au deux-tiers des 344 députés et sénateurs était nécessaire pour que la révision soit adoptée. Le président Ouattara, qui a annoncé le 5 mars qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, avait en même temps dévoilé plusieurs modifications mineures de la Constitution qu’il avait fait adopter en 2016. Parmi celles-ci, la suppression du « ticket président-vice président », celui-ci devant être finalement nommé par le président après le scrutin. Egalement, la suppression de la Cour suprême avec l’institutionnalisation du Conseil d’État et de la Cour des comptes, ou encore le prolongation sine die du mandat des députés en cas d’impossibilité d’organiser un scrutin. L’opposition a boycotté le vote à l’Assemblée comme au Sénat. AFP
Les autorités congolaises ont rapatrié près de 1.500 Burundais en situation irrégulière à Goma, dans la province du Nord-Kivu. Il s’agirait des membres d’une secte fuyant des exactions dans leur pays d’origine, parmi lesquels il y aurait des personnalités impliquées dans un putsch manqué. Le gouverneur du Nord-Kivu, Carly Kasivita Nzanzu, a déclaré à VOA Afrique que « ces Burundais n’avaient pas de statut de réfugiés mais ils ont réussi, à la surprise des autorités, à traverser la province du Sud-Kivu, frontalière avec le Burundi, pour se masser à Goma », chef-lieu de sa province. « Ils se réclament d’une secte mystico-religieuse, ‘Ezebya’, en conflit avec l’église catholique dont ils sont des dissidents et affirment fuir des exactions », a révélé M. Kasivita. « Ce qui a écœuré les habitants de Goma, c’est que ces Burundais soutenaient que la RDC est leur terre promise. Nous avions le devoir de faire respecter les lois de l’immigration car il y a une histoire entre le Congo et ses voisins et nous sommes encore victimes aujourd’hui pour avoir accepté des réfugiés rwandais dans notre pays en 1994 », a expliqué le gouverneur. VOA
Toutes les occasions sont bonnes, même la pandémie de coronavirus… En Afrique du Sud, des malfrats n’hésitent pas à profiter de l’inquiétude des populations pour extorquer billets et pièces aux plus crédules, au motif qu’ils seraient contaminés. « ll semble que des éléments criminels font du porte-à-porte pour demander aux gens de rendre les billets qu’ils ont en leur possession parce qu’ils ont été contaminés avec le coronavirus », a mis en garde la Banque centrale d’Afrique du Sud (SARB). Ils présentent « de fausses cartes d’identification de la SARB et fournissent de faux reçus en échange des billets collectés », a poursuivi l’institution financière. La SARB a ajouté qu’il n’existait pas « pour l’instant » de preuve de transmission de la maladie Covid-19 par les billets et pièces et a appelé le public à dénoncer les malfrats à la police. Le Monde avec AFP
La secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations-unies pour l’Afrique, Vera Songwe, alerte sur les risques de pénuries dans les secteurs médicaux et alimentaires. L’économiste camerounaise Vera Songwe est depuis 2017 la secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations-unies pour l’Afrique (CEA), dont le siège se trouve à Addis-Abeba, la capitale de l’Ethiopie. Alors que le continent est confronté à une extension de la pandémie du Covid-19, son institution a commencé à évaluer les potentielles répercussions économiques pour les pays africains. Pour y faire face, la responsable en appelle à la coordination des Etats africains. … Quelles conséquences pourraient avoir le Covid-19 sur la croissance africaine ? … Nous avons fait une étude qui montre que la croissance va baisser. Au lieu de 3,2 % [en 2020], elle devrait tomber à 1,8 %, essentiellement à cause des interruptions dans les relations commerciales. Nos grands partenaires, la Chine et l’Union européenne, sont des marchés aujourd’hui fermés. En même temps, entre vendredi soir [13 mars] et lundi matin [16 mars], on est passé de 60 à 300 cas sur le continent. Et cela augmente de manière exponentielle. Le Monde