Revue de presse du 18 juillet 2024

Affrontements au Soudan du Sud : 468 civils tués entre janvier et mars
Un total de 468 civils ont été tués dans des affrontements armés entre janvier et mars au Soudan du Sud, a affirmé mercredi la mission des Nations unies dans le pays (UNMISS), déplorant une augmentation « des incidents violents ». Depuis son indépendance du Soudan en 2011, le Soudan du Sud est en proie à des violences à caractère politico-ethnique et à une instabilité chronique, qui l’empêchent de se remettre de la sanglante guerre civile qui a fait près de 400.000 morts et des millions de déplacés entre 2013 et 2018. Un accord de paix signé en 2018 prévoit le principe d’un partage du pouvoir au sein d’un gouvernement d’union nationale, formé en février 2020 avec Salva Kiir au poste de président et son rival Riek Machar comme vice-président. Mais il est resté largement inappliqué, laissant le pays en proie au chaos. Entre janvier et mars 2024, « 468 (civils) ont été tués, 328 blessés, 70 enlevés et 47 soumis à des violences sexuelles liées au conflit », a affirmé l’UNMISS dans un communiqué, indiquant que ces attaques impliquent « des milices communautaires » et des « groupes de défense civile ». VOA/AFP

Mali: «Les autorités de transition ne vont pas vers la décrispation»
Au Mali, la quasi-totalité des partis politiques, rassemblés au sein de la Déclaration du 31 mars pour le retour à l’ordre constitutionnel, ont annoncé lundi leur décision de boycotter toute discussion avec les autorités maliennes de transition. Et cela jusqu’à la libération des onze cadres politiques arrêtés le 20 juin 2024 et accusés notamment d’ « opposition à l’exercice de l’autorité légitime ». La semaine dernière, pourtant, Bamako avait levé la suspension des activités politiques, qui était imposée aux partis et associations du Mali depuis avril dernier. « La levée de la suspension des activités politiques ne me semble pas une mesure qui tend véritablement vers une décrispation du climat socio-politique dans le pays », analyse Oumar Berté, avocat et politologue malien à l’Université de Rouen, qui rappelle que « onze responsables politiques sont en détention sur la base de cette mesure liberticide. Et la semaine dernière, alors même que la mesure venait d’être levée, un autre responsable politique a été placé sous mandat de dépôt. » Pour le chercheur, les faits parlent donc d’eux-mêmes : « si les autorités de transition étaient dans le sens d’une décrispation, la première chose aurait pu être de libérer les responsables politiques. Les partis ayant posé cette condition comme indispensable à la poursuite de tout dialogue, pour l’instant ce dialogue est rompu. » RFI

Kenya : la police interdit les manifestations à Nairobi
La police kényane a interdit jeudi les manifestations dans la capitale pour une durée indéterminée, invoquant l’absence d’un leadership susceptible de garantir des manifestations pacifiques. L’interdiction a été annoncée quelques heures avant une manifestation prévue plus tard dans la journée de jeudi, au cours de laquelle les manifestants devaient se rendre au bureau du Président pour réclamer sa démission pour cause de mauvaise gouvernance. L’inspecteur général de la police par intérim, Douglas Kanja, a déclaré dans un communiqué que l’absence de leadership avait « rendu difficile l’application des protocoles de sécurité ». Les récentes manifestations ont entraîné des pertes pour les entreprises à la suite de pillages et d’incendies. Les manifestants n’avaient pas encore été repérés jeudi matin, mais les routes principales menant au bureau du Président sont restées barricadées par la police. AfricaNews/AP

Guerre dans l’Est de la RDC : les USA prolongent de 15 jours la trêve humanitaire
Les Etats-Unis d’Amérique ont prolongé de quinze jours, la trêve humanitaire dans l’Est de la République démocratique du Congo. L’annonce a été faite par le Gouvernement américain dans un communiqué signé mercredi 17 juillet. Cette trêve est une nouvelle opportunité pour la paix, précise Washington dans ce communiqué. La première trêve décrétée en début du mois de juillet doit prendre fin ce vendredi 19 juillet à minuit. Au regard de cette nouvelle prolongation, elle prendra donc fin le 3 août prochain. Alors que sur le terrain, cette trêve n’est pas respectée. On peut lire dans le communiqué des Etats-Unis que « cet arrêt des hostilités, rentre dans le cadre des efforts visant à mettre fin aux conflits armés entre les Forces armées de la RDC, (FARDC), et les rebelles du M23 », actifs depuis des années dans cette partie du pays, et qui ont déjà occasionnés de milliers de morts et des déplacements massifs des populations civiles. Tout en saluant cette prolongation de quinze jours acceptée par les deux parties en conflit, le département d’État américain appelle tous les acteurs de la région à respecter cette trêve. Radio Okapi

Est de la RDC: la présence de soldats burundais empire-t-elle les tensions avec Kigali et Kampala?
En plus du Rwanda, l’Ouganda est également pointé du doigt par les experts des Nations unis pour son implication dans les conflits dans l’est République démocratique du Congo et le soutien aux rebelles du M23. Kampala réfute catégoriquement. Mais les militaires du Burundi interviennent également dans le conflit, complexifiant davantage la situation et exacerbant les tensions dans la région. RFI

Tunisie : les prisonniers politiques, frein à la présidentielle ?
Les arrestations pour motif politique pourraient ainsi que les ordonnances de silence créer des conditions impossibles pour la tenue d’élections démocratiques en octobre. L’alarme a été tirée par les principaux partis d’opposition en Tunisie. Ces formations politiques mènent leur combat au sein du Front du salut national, coalition d’opposants laïques et islamistes. « Il y a un message clair derrière toutes ces arrestations ciblées », a déclaré Riadh Chaibi, membre éminent du parti islamiste Ennahda, lors d’une conférence de presse dans la capitale de ce pays d’Afrique du Nord. Quelque 300 personnes croupissent dans les cellules tunisiennes pour des motifs politiques. Abir Moussi, du parti Destourien libre, et Rached Ghannouchi, d’Ennahda font partie de ces infortunés. Pour les adversaires du président Kais Saied, la répression la répression exercée par le gouvernement avait créé un climat de peur, rendant les exigences de la campagne, telles que la collecte de signatures, pratiquement impossibles. Obligeant le choix de la carte du boycott. Une option qui aux yeux de l’opposition est tout sauf une mauvaise nouvelle pour le pouvoir. « Les autorités semblent trouver du réconfort dans ce boycott, qui leur permet d’avancer dans le processus électoral sans aucune opposition politique », souligne Chaibi. AfricaNews

Guinée: les Forces vives de Guinée préparent une mobilisation face aux «dérives» de la junte
Les condamnations nationales et internationales se multiplient après l’enlèvement il y a une semaine dans la nuit du mardi 9 au mercredi 10 de Foniké Menguè et Billo Bah. Au sein des Forces vives de Guinée, les partis politiques préparent une mobilisation pour dénoncer la répression généralisée opérée par la junte du CNRD du président Mamadi Doumbouya. Souleymane Souza Konaté préside la commission Communication de la coalition politique Anad, qui appartient aux Forces vives de Guinée : « Nous condamnons ces kidnappings qui sont des preuves irréfutables des dérives autoritaires du CNRD, mais surtout de l’essoufflement du régime dirigé par le général Mamadi Doumbouya. Vous manifestez pour l’accès aux services sociaux de base, on vous tue. Les Guinéens sont arrêtés ou kidnappés à longueur de journée et emmenés à Kassa, qui est devenue une zone de déportation pour le CNRD. On suspecte le CNRD de torturer nos compatriotes. C’est pour cela que nous continuons de nous organiser, parce que nous ne savons pas qui est le prochain sur la liste. » RFI

République centrafricaine : l’ONU appelle à lutter contre les violations des droits humains dans les lieux de détention
Des mesures urgentes sont nécessaires pour garantir le respect des droits humains dans les lieux de détention en République centrafricaine, où la torture et les mauvais traitements, les arrestations et détentions illégales et arbitraires, la malnutrition et la faiblesse des services de santé sont fréquents, indique un rapport de l’ONU publié jeudi. « Les conclusions de ce rapport sont inquiétantes et nécessitent des mesures urgentes et concrètes de la part des autorités nationales », a déclaré Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme. Des milliers de personnes sont actuellement détenues dans des lieux de détention surpeuplés à travers le pays, avec un accès limité à la nourriture, à l’eau, à l’assainissement et aux soins de santé de base, révèle le rapport conjoint du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) et de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA). « Les réformes en cours dans le système pénitentiaire offrent l’occasion pour la République centrafricaine de s’attaquer à ces violations des droits humains », a affirmé le chef des droits de l’homme. ONU Info

Éthiopie: à Addi Daarob, des rescapées de la guerre du Tigré encore choquées des bombardements de l’armée fédérale
Vingt mois après la fin de la guerre et un accord de paix, le Tigré est toujours face à d’immenses défis. Le conflit avait opposé les Tigréens dans le nord de l’Éthiopie au pouvoir central éthiopien, allié de l’Érythrée voisine et d’autres régions comme les Amharas. Le conflit pourrait avoir fait jusqu’à 600 000 morts de 2020 à 2022, selon l’Union africaine, avec des soupçons de génocide. La ville d’Addi Daarob, dans le centre du Tigré, reste, elle, particulièrement marquée par les bombardements aériens de l’armée fédérale. RFI

Le gouvernement d’union nationale libyen cherche à attirer l’attention internationale sur les migrations transméditerranéennes
En organisant, mercredi, à Tripoli, un forum où se sont rendues 28 délégations, dont celle de la présidente du conseil italien Giorgia Meloni, le premier ministre Abdel Hamid Dbeibah tente de se rendre incontournable sur la crise migratoire. Son autorité et son pouvoir sont cependant limités. Abdel Hamid Dbeibah, le chef du gouvernement d’union nationale (GUN) libyen, toujours contesté par son rival de l’Est, le maréchal Khalifa Haftar, avait voulu faire de ce premier Forum sur les migrations transméditerranéennes, à Tripoli, un acte de reconnaissance de son autorité et de son rôle incontournable dans une crise qui endeuille l’Afrique et mobilise l’Europe. Mercredi 17 juillet, les invités de marque – la présidente du conseil italien Giorgia Meloni, le président tchadien Mahamat Idriss Déby, les premiers ministres nigérien, tunisien, maltais, le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, et un total 28 délégations des deux rives de la Méditerranée – se sont vus rappeler l’évidence par leur hôte : « La Libye est fortement touchée par la migration illégale vers l’Europe. » Selon les « données officielles », a précisé le premier ministre du GUN, 750 000 personnes sont « entrées illégalement » dans le pays depuis le début de l’année, et un million de Soudanais sont arrivés depuis le début de la guerre civile, le 15 avril 2023. Le Monde

Burkina Faso: la population de Bogandé manifeste face à l’insécurité
Au Burkina Faso, les habitants de Bogandé, département de la province de la Gnagna dans la région de l’Est ont manifesté ce mercredi 17 juillet pour demander plus de sécurité. C’est leur deuxième manifestation depuis le début du mois de juillet. Même si, selon l’agence d’information du Burkina Faso, « les populations sont sorties par milliers » pour renouveler leur engagement et leur soutien à la transition. Ils demandent plus de sécurité « face aux exactions terroristes ».… Le 7 juin, une soixantaine de civils et quatre soldats ont été tués. Le 15 juillet, une base des volontaires pour la défense de la patrie a été prise pour cible « sans une prompte réaction » des soldats, pourtant basé à environ 5 km, selon Yempani Lankoandé, porte-parole des manifestants. RFI

Au Niger, une importante délégation turque pour renforcer la coopération militaire
Une importante délégation turque était en visite mercredi 17 juillet au Niger pour renforcer la coopération militaire avec le régime arrivé au pouvoir par un putsch il y a près d’un an. Ankara est un nouveau partenaire important pour Niamey, qui a tourné le dos aux puissances occidentales. Cette délégation était menée par Hakan Fidan, le ministre des affaires étrangères turc, accompagné des ministres de la défense, de l’énergie et du chef des renseignements. Ils ont été reçus par le général Abdourahamane Tiani, à la tête de la junte nigérienne.… La Turquie fait partie des partenaires vers lesquels s’est tourné le régime militaire de Niamey depuis le coup d’Etat, avec la Russie ou l’Iran. Niamey a remis à plat ses partenariats internationaux et a notamment chassé de son sol, fin 2023, les soldats français déployés pour la lutte antidjihadiste fin et, d’ici à septembre, les soldats américains. L’Allemagne a, quant à elle, annoncé mettre fin à sa coopération militaire fin août, faute de « fiabilité » dans les relations avec Niamey. Le Monde

La journaliste nigérienne Samira Sabou, une carrière qui met en lumière les travers de la gestion de l’État
[Écouter] Notre série Menaces sur l’information nous emmène aujourd’hui à Niamey. Le Niger a connu un coup d’État il y a un an, le 26 juillet 2023, qui a renversé le président Mohamed Bazoum. Dans la foulée de la prise du pouvoir par les militaires, la diffusion de RFI et de France 24 a été coupée dans le pays. Dans son dernier rapport, l’ONG Reporters sans frontières voit dans le coup d’État le catalyseur de violations de la liberté de la presse. Et cite par exemple le cas de Samira Sabou, arrêtée fin septembre. RFI

Au Cameroun, un arrêté préfectoral fait polémique
Un préfet menace d’interdire de séjour dans le département du Mfoundi, autour de Yaoundé, toute personne qui appellerait au soulèvement contre la République. Les médias sont visés, mais aussi les responsables politiques. A un peu plus d’un an de l’élection présidentielle, cette décision fait redouter une restriction des droits fondamentaux et libertés individuelles. « On va maintenant devoir prendre un visa pour vivre à Yaoundé ? Vraiment ce pays… je vous donne les mains », se désole Fidèle Yete. Comme lui, de nombreux autres Camerounais, ont du mal à comprendre ce qui se passe. En effet, depuis ce 16 juillet, une circulaire du préfet du Mfoundi, Emmanuel Mariel Djikdent, met en garde toute personne qui « appelle au soulèvement contre les institutions de la République », ou encore qui « outrage dangereusement les institutions ou celui qui les incarne ». La sanction possible : une interdiction temporaire de séjour dans la capitale Yaoundé et ses environs.… Cependant, le droit de manifester pacifiquement et de s’exprimer contre les institutions en place est protégé par la loi au Cameroun. Une interdiction de séjour dans le département pour une durée déterminée pourrait être perçue comme une atteinte à ces libertés. DW

Afrique du Sud : Ramaphosa face au nouveau Parlement
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa présente jeudi les orientations de son nouveau gouvernement lors de la rentrée parlementaire, après le revers électoral subi en mai par son parti historique, l’ANC, qui l’a contraint à former une coalition élargie. Le président de 71 ans s’adressera, jeudi à 19HOO (17H00 GMT), aux deux chambres du Parlement au Cap pour marquer l’ouverture de la nouvelle législature. « Ce discours est vraiment un moment historique puisqu’il intervient dans des circonstances uniques et complexes », a déclaré mercredi le président du Parlement, Thoko Didiza.… La nouvelle administration, décrite par l’ANC comme un gouvernement d’unité nationale, a tenu sa première réunion ce weekend, dans une atmosphère cordiale. Certains observateurs politiques prédisent néanmoins de futurs désaccords. « Il y a eu un élan de bonne volonté qui semble avoir été forgé lors des premières semaines du gouvernement d’unité nationale. La question est de savoir si cet élan est durable », explique à l’AFP Daniel Silke, analyste politique. De la politique étrangère à la réforme nationale du système de santé chère à l’ANC, parti de gauche, mais fustigée par la DA, les désaccords sont nombreux au sein de la coalition. TV5Monde

Le 18 juillet c’est le Mandela day
Proclamée par l’Unesco en 2009, cette journée a pour but de commémorer l’héritage du militant de la lutte antiapartheid. Né en 1918 en Afrique du Sud, Nelson Mandela a été emprisonné de 1962 à 1990 pour ses idéaux et sa lutte contre le régime de l’apartheid, en Afrique du Sud. En 1993, il reçoit le Prix Nobel de la Paix. Une année plus tard, il devient le premier président noir à diriger l’Afrique du Sud. Gilles Yabi, fondateur du Think Thank Wathi, rappelle l’apport de Nelson Mandela dansl’histoire des luttes sur le continent. « C’est quand même une des personnalités les plus importantes du continent, de l’histoire de la libération des pays du continent par rapport à toutes les formes de colonisation » précise-t-il. A une époque où les militaires prennent le pouvoir par la force dans le Sahel et où d’autres chefs d’Etat, comme en Côte d’Ivoire, au Togo ou au Rwanda, cumulent les mandats, l’héritage de Nelson Mandela est aussi celui d’un homme qui a su se retirer du pouvoir au terme d’un seul mandat, rappelle Stewart Muhindo, militant du du mouvement citoyen La Lucha en RDC.  » On n’oubliera jamais que Nelson Mandela est arrivé à un moment où de nombreux pays africains étaient dirigés par des dictateurs. Il a donné une autre image de l’Afrique en devenant un dirigeant qui, du fait qu’il était attaché à la liberté et à la démocratie, a accepté, malgré sa popularité et le fait que son peuple était prêt à lui accorder un autre mandat, de lâcher le pouvoir  » précise-t-il. DW