Revue de presse du 18 janvier 2024

Afrique de l’Est: crise Éthiopie-Somalie et guerre au Soudan au cœur d’une réunion de l’Igad
Un sommet extraordinaire de l’Igad s’ouvre ce 18 janvier 2024 en Ouganda. L’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), qui rassemble sept pays d’Afrique de l’Est, a un programme chargé, avec notamment deux crises majeures sont sur la table : la forte tension diplomatique entre l’Éthiopie et la Somalie depuis qu’Addis-Abeba a signé un accord avec le Somaliland, territoire autoproclamé indépendant, que Mogadiscio ne reconnaît pas ; et ensuite la guerre au Soudan ouverte le 15 avril 2023, un conflit de plus en plus meurtrier qui a plongé le pays dans une situation humanitaire désastreuse. Un sommet qui s’annonce difficile que l’Éthiopie a annoncé qu’elle n’y participerait pas à cause d’un conflit d’emploi du temps avec le Sommet des pays non-alignés organisé au même moment, à Kampala également. Une absence remarquée, d’autant que la tension continue de monter. Le 17 janvier 2024, la Somalie a interdit à un avion éthiopien d’être dans son espace aérien. L’appareil transportait des officiels en direction du Somaliland et a dû rebrousser chemin. Tâche difficile donc pour l’Igad, d’autant que Mogadiscio a déclaré ce 18 janvier qu’il n’y avait « aucune place pour la médiation, à moins que l’Éthiopie se retire de l’accord signé » avec le Somaliland…Quant à la guerre au Soudan, le défi est également de taille pour l’Igad. Le général Abdel-Fattah al-Burhan, chef de l’armée, boycotte le sommet. En attendant, son adversaire continue de marquer des points. RFI

La junte guinéenne menace devant un appel à manifester pour la presse et internet
Le gouvernement guinéen dominé par les militaires a prévenu qu’il mettrait « hors d’état de nuire » les responsables d’éventuelles violences à l’occasion d’une manifestation prévue jeudi contre les restrictions à la liberté de la presse et à l’accès à internet. Le Syndicat des professionnels de la presse de Guinée (SPPG) a appelé à manifester « pour libérer les médias et réseaux sociaux ». Il a reçu le soutien du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), important acteur de la vie politique ces dernières années et rare voix à se faire encore entendre malgré sa dissolution par la junte. La junte qui a pris le pouvoir par la force en 2021 a interdit les manifestations en 2022. Le SPPG dispose de moyens limités et la Guinée se remet de l’explosion en décembre de ses stocks de carburant, qui a profondément perturbé l’activité. Le milieu de la presse est par ailleurs divisé…Le gouvernement a justifié la semaine dernière les restrictions à internet par un « problème sécuritaire », sans plus de précision, devant les ambassadeurs ou représentants de partenaires importants de la Guinée venus exprimer leur préoccupation pour la liberté d’expression et la connexion internet. Les autorités ont suspendu mercredi pour neuf mois le site d’information Dépêche Guinée et pour six mois l’auteur d’un article sur des fonds publics guinéens considérables qui pourraient avoir été détournés et qui seraient bloqués à Dubaï selon lui. Le syndicat français SNJ-CGT a fait état, avec d’autres, de l’interpellation et de l’expulsion ces derniers jours du journaliste Thomas Dietrich, en Guinée pour une enquête sur la Société nationale des pétroles et le patrimoine de son directeur général selon le syndicat. AFP

Présidentielle au Sénégal: Karim Wade a renoncé à sa nationalité française
« Sont libérés de leur allégeance à l’égard de la France les Français dont les noms suivent : (…) WADE (Karim, Meïssa), né le 01/09/1968 à Paris 15e (75015) », est-il écrit dans le journal officiel français en date du mercredi 17 janvier. Autrement dit, Karim Wade, fils et ministre de l’ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012), a renoncé à sa nationalité française, qui empêchait sa candidature à la présidentielle sénégalaise du 25 février. Sa double nationalité faisait débat à trois jours de la validation finale des candidatures. En effet, tout candidat à la présidence « doit être exclusivement de nationalité sénégalaise, jouir de ses droits civils et politiques, être âgé de 35 ans au moins et de 75 ans au plus le jour du scrutin », dit la Constitution. Il doit aussi savoir écrire, lire et parler couramment la langue officielle, le français. C’est en ce sens que le député Thierno Alassane Sall avait déposé, mardi 16 janvier, un recours devant le Conseil constitutionnel demandant d’invalider la candidature de Karim Wade…À deux jours de la publication de la liste définitive des participants à l’élection présidentielle, le Conseil constitutionnel examine cette semaine les recours déposés par des candidats pré-validés contre d’autres de ces candidats. Il a notifié ce mercredi les candidats concernés. RFI avec AFP

Au Sénégal, l’enseignement en ligne de l’université de Dakar, fermée depuis juin, ne satisfait pas les étudiants
L’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (UCAD), l’une des plus grandes d’Afrique de l’Ouest avec plus de 90 000 étudiants, est fermée depuis juin 2023. Pour des raisons de sécurité, disent les autorités. Par crainte que les étudiants ne troublent l’élection présidentielle du 25 février et la campagne, soupçonnent Serigne Fallou Gueye et de nombreux étudiants interrogés par l’AFP. Ce temple du savoir, qui a formé des générations de cadres du continent – dont plusieurs chefs d’Etat –, a été l’un des foyers de l’agitation meurtrière qui a secoué le pays après la condamnation à deux ans de prison ferme de l’opposant Ousmane Sonko dans une affaire de mœurs, le 1er juin 2023. Les autorités ont alors fait fermer l’université. Sept mois plus tard, les allées d’ordinaire fourmillantes et bruyantes du campus restent désertes et silencieuses…En attendant, l’enseignement en ligne appliqué avec le Covid-19 a été réactivé. Mais pour les étudiants, la fermeture de l’université est un nouveau coup porté à leur formation, alors que l’avenir d’une jeunesse qui représente plus de la moitié de la population est un enjeu majeur et que les diplômes n’offrent aucune certitude. Avec des moyens insuffisants, des amphithéâtres et des chambres universitaires surpeuplées, l’apprentissage est déjà éprouvant en temps normal…[P]our de nombreux étudiants, l’enseignement à distance exclut une partie des élèves dépourvus des outils numériques et est tributaire d’une bonne connexion, pas garantie…L’université a annoncé une reprise partielle des cours en présentiel à partir du 3 janvier dans des sites hors du campus. Le Monde avec AFP

Sommets en Ouganda : l’opposant Bobi Wine en résidence surveillée
Le dirigeant du principal parti d’opposition en Ouganda, Bobi Wine, a été placé jeudi en « résidence surveillée », avant une manifestation prévue contre le pouvoir du président Yoweri Museveni au moment où ce dernier organise deux sommets internationaux en quelques jours. Un autre opposant, Kizza Besigye, plusieurs fois candidat malheureux à l’élection présidentielle contre M. Museveni, était également empêché de quitter son domicile par les forces de l’ordre. Les partis des deux hommes appellent à manifester dans la journée contre le mauvais état des routes et plus généralement contre les mesures prises par le régime de M. Museveni, au pouvoir depuis 1986, pour offrir une image avantageuse du pays aux visiteurs des deux sommets. Mardi, les deux formations ont accusé le gouvernement d’arrêter des sans-abri et de raser des milliers de petits commerces avant le sommet du Mouvement des non-alignés, qui s’est ouvert cette semaine et sera suivi d’une réunion du groupe G77+Chine, comprenant 134 pays en développement. Bobi Wine, ancien chanteur devenu député et porte-voix d’une jeunesse urbaine, a déclaré sur X que des soldats et policiers avaient « encerclé » sa maison à Magere, au nord de la capitale Kampala, avant de le placer en « résidence surveillée »…Les deux hommes ont été arrêtés ou placés en résidence surveillée à de multiples reprises par le régime de M. Museveni…Mardi, Bobi Wine, qui dirige la Plateforme d’unité nationale (NUP), avait accusé les autorités de vider Kampala de ses sans-abri, et le Forum pour le changement démocratique de M. Besigye avait déploré la destruction pure et simple de kiosques et d’échoppes par milliers, notamment dans le quartier abritant les deux réunions internationales. Les autorités ont également interdit à la plupart des motos-taxis de circuler à Kampala pendant toute la durée du sommet des non-alignés. AFP

Sierra Léone: L’ex-président Koroma autorisé à se rendre à l’étranger
La justice sierra-léonaise a autorisé mercredi l’ex-président Ernest Bai Koroma à se rendre à l’étranger pour se soigner, après son inculpation pour son rôle dans une tentative présumée de coup d’Etat en novembre, a indiqué son avocat…M. Koroma, 70 ans, ayant dirigé le pays de 2007 à 2018, se rendra au Nigeria pour y recevoir un traitement médical, a écrit la Haute cour dans un message publié sur X. Il a été inculpé début janvier de quatre infractions, dont trahison et dissimulation de trahison. L’ancien président devait comparaître ce mercredi mais le procès a été ajourné au 6 mars, a dit son avocat. Selon lui, M. Koroma, placé depuis le 9 décembre sous un régime s’assimilant à l’assignation à résidence, a aussi l’autorisation de quitter son domicile pour se faire soigner. Aux premières heures du 26 novembre, des hommes ont attaqué une armurerie militaire, deux autres casernes, deux prisons et deux postes de police, affrontant les forces de sécurité les armes à la main. Les combats ont fait 21 morts, 14 soldats, un policier, un gardien de prison, un agent de sécurité, une femme et trois assaillants, selon le ministre de l’Information. AFP

Le Premier ministre Succès Masara a présenté les priorités de son gouvernement pour «un Tchad nouveau»
Au Tchad, le Premier ministre de transition, Succès Masra, accompagné de son gouvernement, est ce 18 janvier 2024 devant le Conseil national de transition (CNT), sorte de parlement provisoire, où il présente, suivant la nouvelle Constitution, le programme politique de son gouvernement devant conduire le pays à la fin de la transition…Contrat de performance, obligation de rendre des comptes aux citoyens, l’exemplarité, une justice indépendante ou encore l’informatisation de l’administration publique : désormais les ministres et autres hauts commis de la République devront se serrer la ceinture, être redevables devant les citoyens afin de construire « un Tchad nouveau ». Cela signifie, par exemple, un quota annuel des missions à l’étranger, dans un pays où certains hauts responsables ne sont jamais dans leurs bureaux. Le Premier ministre est ensuite revenu longuement sur ce qu’il a appelé « l’essence de ce gouvernement » : le retour à l’ordre constitutionnel, dans les délais impartis. L’objectif, a-t-il assuré, est d’organiser les meilleures élections de l’histoire du Tchad. Succès Masra a promis pour cela de définir le calendrier, le chronogramme et les moyens physiques et financiers nécessaires « par le dialogue avec tous les acteurs politiques et forces vives de notre pays ». Mais plus de la moitié des plus de deux heures de son discours ont été consacrées à « des urgences pour nos concitoyens qui ne peuvent pas attendre ». Éducation, emploi, santé, énergie, corps de défense et de sécurité ou encore mines : Succès Masra a annoncé dans tous les domaines de la vie socio-économiques une multitude de projets très ambitieux et parfois chiffrés, en s’engageant au-delà des neuf mois qui restent avant la fin de la transition. RFI

Au Tchad, Wakit Tamma appelle Mahamat Idriss Déby Itno à renoncer à la présidentielle
La plateforme de l’opposition et de la société civile Wakit Tamma a accusé la « communauté internationale », France en tête, de soutenir une « succession dynastique » à la tête du Tchad et de conforter Mahamat Idriss Déby Itno dans sa « volonté de confisquer le pouvoir, y compris par la force ». Lorsque Mahamat Idriss Déby Itno avait été proclamé président de la transition le 20 avril 2021, la communauté internationale avait condamné mollement cette décision. France, Union européenne (UE) et Union africaine (UA) notamment, lui avaient demandé de rendre le pouvoir aux civils au terme d’une transition de dix-huit mois, comme il s’y était publiquement engagé dès la mort de son père, Idriss Déby Itno. Dix-huit mois plus tard, la junte prolongeait la transition de deux ans sur recommandation d’un Dialogue national boycotté par une partie de l’opposition politique et des mouvements rebelles armés. Fin décembre, une nouvelle Constitution a été adoptée au terme d’un référendum marqué par 86 % pour le oui, mais boycotté par une partie de l’opposition. La nouvelle loi fondamentale autorise notamment Mahamat Idriss Déby Itno à se présenter à la prochaine présidentielle prévue d’ici à la fin de l’année. Et le parti fondé par son père, le Mouvement Patriotique du salut (MPS), l’a désigné le 13 janvier comme son candidat. Le général « doit, par devoir patriotique », récuser l’investiture du MPS et « renoncer » à se présenter, écrit Wakit Tamma dans un communiqué transmis mercredi à l’AFP. Wakit Tamma a fustigé la « volonté » de Mahamat Idriss Déby Itno de « succéder à son père ». « Avec la bénédiction de la communauté internationale », dont elle a pointé les « intérêts égoïstes », en citant l’UE et l’UA. Jeune Afrique avec AFP

Combats en RDC : la rébellion du M23 annonce la mort de deux de ses commandants
La rébellion du M23 a annoncé mercredi 17 janvier la mort de deux de ses commandants la veille dans les combats qui l’opposent à l’armée dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Selon des sources sécuritaires ayant requis l’anonymat, les deux hommes ont été tués lors d’une frappe menée mardi par un drone de combat CH-4 de l’armée congolaise à Kitshanga, dans le territoire de Masisi de la province du Nord-Kivu. Depuis fin 2021, le M23 (Mouvement du 23 mars), soutenu par Kigali, s’est emparé de larges pans de territoire de cette province frontalière du Rwanda. Les forces armées de RDC (FARDC), alliées de leur côté à des groupes armés dits « patriotes » (« wazalendo ») et à deux sociétés militaires privées étrangères (Agemira et Congo Protection), se sont équipées en 2023 de drones de combat de fabrication chinoise qui ont commencé à être utilisés en décembre contre les positions rebelles…Selon des sources locales, la journée de mardi a été marquée par de violents combats dans plusieurs secteurs du Masisi. Les fronts semblaient plus calmes mercredi, à l’exception de la zone de Nyiragongo, juste au nord de la capitale provinciale Goma, où les habitants faisaient état de détonations et de mouvements d’avions de chasse Sukhoï-25 de l’armée congolaise…Pendant que les combats faisaient rage, une réunion se tenait mardi à Goma entre l’armée congolaise et des officiers de la force de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) qui a commencé à arriver en décembre dans la région. Selon un officier congolais, celle-ci a une mission « offensive » et doit aider les FARDC à « récupérer les territoires » occupés par le M23. Le Monde avec AFP

CAN 2024 : à Abidjan, les grands travaux ne font pas le bonheur de tous
Depuis son arrivée au pouvoir, en 2011, le président Alassane Ouattara a fait du développement des infrastructures une priorité politique. Mais à l’approche de la CAN, les travaux se sont multipliés…Le 6 janvier, les 28 000 habitants du quartier précaire de Boribana, situé au pied du quatrième pont d’Abidjan – partiellement ouvert la semaine précédant la CAN –, ont été priés de faire leurs valises dans un délai de soixante-douze heures afin que les travaux soient terminés. Devant leur opposition exprimée publiquement, l’Etat a finalement reporté le déguerpissement…Sékou Sylla, président de l’ONG Mouvement colombe ivoire, se bat depuis des années pour la cause des « déguerpis », ces habitants des quartiers précaires dont les logements sont détruits pour céder la place à de nouvelles constructions…Si les grands travaux effectués pour que le pays puisse accueillir la compétition suscitent globalement la fierté des Abidjanais, nombre d’entre eux regrettent toutefois que leur quotidien ne s’embellisse pas aussi vite que la ville. « Abidjan grandit et moi je n’avance pas », résume Ahmed, un commerçant de Cocody. Plusieurs mesures ont réduit ces derniers mois le pouvoir d’achat des Ivoiriens. Début janvier, le gouvernement a augmenté le prix de l’électricité de 10 %, six mois après une première hausse concernant une partie des consommateurs. Entre-temps, en octobre, le prix du carburant a connu une nouvelle hausse de 60 francs CFA (0,09 euro). Le Monde