Revue de presse du 18 août 2023

Les chefs d’état-major de la Cédéao évoquent «une mission de soutien à la stabilisation» au Niger
C’est la deuxième fois que les chefs d’état-major se réunissent pour parler d’une éventuelle intervention au Niger. Cette fois, c’est dix jours après que la conférence des chefs d’État de la Cédéao a donné son feu vert pour une opération militaire en vue de restaurer l’ordre constitutionnel. … L’opération militaire, à écouter le chef d’état-major du Ghana, est désormais décidée. Il affirme par exemple que les États membres vont mettre en place « une mission de soutien à la stabilisation ». « Nous allons accomplir notre tâche dans un chronogramme raisonnable », a-t-il ajouté, rapporte François Hume-Ferkatadji. … Concernant une possible confrontation avec le Mali et le Burkina, Abdel Fatau Musah répond que ces pays ne contrôlent pas leur frontières avec le Niger, où opèrent l’État islamique et le Jnim. « Si j’étais eux, je me concentrerai sur les défis sécuritaires à l’intérieur » de leur propre territoire, a-t-il prévenu. … Les intervenants ont rappelé le passé politico-militaire de la force en attente, qui selon eux s’est toujours soldé par des succès, et a toujours obtenu le soutien de la communauté internationale. Le chef d’état-major du Nigeria le concède : « notre chemin n’est pas un chemin facile ». « Personne ne veut entrer en guerre » dit aussi le ministre de la Défense ghanéen qui ajoute : « mais vous êtes aujourd’hui face à l’Histoire », si cette junte reste au pouvoir, « plus personne en Afrique de l’Ouest n’est en sécurité ». Il demande à plusieurs reprises des moyens aux États membres, moyens financiers, moyens humains. Et il conclut : « vous devez permettre à nos peuples de pouvoir continuer à choisir leur leader. »

Au Niger, le nombre d’attaques djihadistes augmente depuis le coup d’Etat
Trois semaines après le coup d’Etat, les causes profondes ou les motivations opportunistes qui ont conduit des officiers supérieurs de l’armée nigérienne à déposer, le 26 juillet, et à priver de liberté le président de la République du Niger, Mohamed Bazoum, restent à déterminer. L’un des motifs invoqués par les putschistes de Niamey – comme il le fut ces derniers mois par d’autres militaires putschistes au Mali et au Burkina Faso – pour justifier leur coup de force est la « dégradation continue de la situation sécuritaire ». Mais il résiste difficilement à l’analyse des données recueillies sur le terrain ces derniers mois. Au Niger, la succession des attaques islamistes enregistrées depuis le coup d’Etat ne permet certes pas d’établir un lien de cause à effet définitif, mais elle soulève un certain nombre d’interrogations. Mardi 15 août, un détachement des forces spéciales nigériennes est tombé dans une embuscade sur la route nationale reliant les localités de Boni et de Torodi, à une soixantaine de kilomètres à l’ouest de Niamey, en direction de la frontière avec le Burkina Faso. Selon un bilan provisoire du ministère de la défense nigérien, au moins dix-sept soldats ont été tués et vingt autres blessés. Il s’agit de l’attaque la plus meurtrière des dernières semaines. L’avant-veille, dimanche, six soldats de la garde nationale avaient été tués aux alentours de Tillabéri, principale zone insurrectionnelle située dans la région dite « des trois frontières », aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Le Monde

En Gambie, dernier pays où la Cédéao est intervenue, l’option militaire au Niger fait débat
Lorsqu’en 2017, l’ancien président Yahya Jammeh refuse de quitter son poste, au profit d’Adama Barrow, qui l’avait battu à l’élection présidentielle, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) lance un ultimatum avant une intervention militaire. Un scénario qui se profile dans le cas du Niger. « L’intervention de la Cédéao a contribué à rétablir l’ordre constitutionnel en Gambie », se souvient Lala Touray, représentante du Conseil de la jeunesse gambienne. « Nous avons vu à quel point cette intervention a été bénéfique, et ce, sans faire des victimes », confie-t-elle. Pour Touray, l’intervention de la Cédéao a permis de mettre fin à « 22 ans de dictature ». « Cette dictature est intervenue à la suite d’un coup d’État dans les années 1990. Ce qui se passe au Niger fait donc écho à notre histoire », dit-elle. RFI

Les Casques bleus de l’ONU se retirent d’un troisième camp au Mali
L’ONU a annoncé jeudi 17 août le retrait de ses Casques bleus d’un troisième camp du Mali, conformément à son plan de départ complet de ce pays du Sahel au 31 décembre 2023. « La Mission de maintien de la paix des Nations unies au Mali (Minusma) confirme qu’un convoi transportant des Casques bleus et du matériel depuis son camp dans la ville de Goundam, dans la région de Tombouctou, dans le cadre du processus de retrait, est arrivé sans incident à la ville de Tombouctou mercredi », selon un communiqué au siège de l’ONU à New York. La Minusma applique la décision prise fin juin par le Conseil de sécurité de l’ONU : mettre un terme immédiat à la mission déployée depuis 2013 dans le pays, à la demande de la junte arrivée au pouvoir par la force en 2020. France24 avec AFP

Au Zimbabwe, Mnangagwa fait-il du Mugabe ?
À la veille de la présidentielle, l’heure est au bilan pour le « crocodile ». Le tombeur de Robert Mugabe, qui avait fait naître tant d’espoirs en 2017, n’est finalement pas parvenu à tourner réellement la page de l’ancien homme fort d’Harare. Au lendemain de la chute de Robert Mugabe, en 2017, il incarnait les espoirs de changement de tout un peuple. Emmerson Mnangagwa, le « crocodile », est-il parvenu à tourner la page de l’époque du vieux « lion », qu’il a servi pendant près de trois décennies ? À moins d’une semaine de la présidentielle du 23 août prochain, l’heure est au bilan pour le président zimbabwéen, qui remet son mandat en jeu face, entres autres, à Nelson Chamisa. Et le moins que l’on puisse dire est que, sur le plan économique, les six années que le chef de l’État sortant a passées au pouvoir n’ont pas vraiment inversé la tendance. … De plus en plus isolé diplomatiquement, Emmerson Mnangagwa cède en outre aux sirènes de l’autoritarisme, comme le prouve la promulgation de la très controversée « loi patriotique », le 14 juillet dernier. Sur ce plan comme sur d’autres, Mnangagwa semble donc bien faire du Mugabe. Jeune Afrique

La guerre gagne deux nouvelles grandes villes soudanaises
La guerre qui ravage le Soudan depuis plus de quatre mois a gagné deux nouvelles villes fortement peuplées, aggravant les craintes pour des milliers de familles qui y ont été déplacées depuis d’autres zones touchées par les combats. Jeudi soir, les tirs à l’arme lourde ont fait frissonner à la nuit tombée les habitants d’el-Facher, le chef-lieu du Darfour-Nord, à quelque 800 kilomètres au sud-ouest de la capitale soudanaise, où des milliers de familles se sont récemment réfugiées, fuyant notamment les exactions des paramilitaires et de miliciens arabes alliés plus à l’ouest. Depuis le 15 avril, la guerre entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo a ravagé Khartoum et poussé plus de trois millions d’habitants de la capitale à la fuite ou l’exil. Elle a fait 3.900 morts, selon l’ONG ACLED – un bilan très sous-estimé tant le chaos règne et les télécommunications sont coupées la plupart du temps. AFP

Tchad : Déby en visite dans le nord après une « attaque » contre l’armée
Le président de transition du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, est arrivé à Bardaï, une localité située à plus de 1 000 km au nord de la capitale N’Djamena après une « attaque » de positions de l’armée dans la région, a annoncé jeudi la présidence à l’AFP. « L’objet de la visite : galvaniser les troupes et renforcer le dispositif existant aux lendemains de l’attaque des positions militaires par des éléments armés se réclamant du CCMSR », le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République, a annoncé à l’AFP Brah Mahamat, le porte-parole de la présidence, sans précisions sur la durée du déplacement de M. Déby. Dans cette région désertique du massif du Tibesti, les principaux mouvements rebelles tchadiens installés de longue date dans le sud de la Libye voisine entretiennent des bases d’où ils harcèlent les troupes et avaient lancé, au printemps 2021, une offensive au cours de laquelle ils avaient tué le président Idriss Déby Itno monté au front. AfricaNews avec AFP

Sénégal: toujours hospitalisé, l’opposant Ousmane Sonko a repris connaissance
L’opposant sénégalais Ousmane Sonko a repris connaissance. Il avait été admis en service de réanimation dans la nuit de mercredi à jeudi. Tombé dans le coma à 4h30 du matin, il a repris connaissance dans la journée. Selon son avocat Maître Ciré Clédor Ly, qui a pu lui rendre visite aujourd’hui en compagnie de son médecin personnel, il est sous perfusion pour l’instant car trop faible pour refuser de s’alimenter, mais compte reprendre sa grève de la faim pour réclamer sa libération. Ce jeudi 17 août, l’opposant sénégalais Ousmane Sonko se trouvait toujours à l’hôpital principal de Dakar, où il a été admis le 6 août. Il refusait toujours toute alimentation et soin médical. Son état s’est aggravé dans la nuit du mercredi 16 au jeudi 17 août et il a donc dû être placé en réanimation pour malaise aigu, selon son avocat maître Ciré Clédor Ly. RFI

En Afrique du Sud, sept partis d’opposition créent une alliance pour les élections de 2024
Cette conférence pluripartite se voulait historique, et le lieu n’a pas été choisi au hasard : elle s’est déroulée dans le même hôtel qui avait accueilli les négociations pour le démantèlement de l’apartheid. Après deux jours d’échanges, une charte a finalement été signée, avec une clause importante pour ceux qui se rallient à cette idée lancée par la DA. « Les partis ici présents s’engagent à respecter la vision, les priorités, les principes et le programme commun de la charte. Et ils ne prendront donc part à aucune discussion ou accord de gouvernance avec l’ANC, l’EFF, ou toute autre formation rivale », décline William Gumede, facilitateur de la conférence. Mais dans les faits, le résultat forme un drôle d’assemblage, avec entre autres le parti Zoulou créé par Mangosuthu Buthelezi, la formation nationaliste afrikaner Freedom Front Plus, ainsi que Action SA de l’ancien maire de Johannesbourg Herman Mashaba. Le tout chapeauté la DA… RFI

RDC: report du procès de Salomon Kalonda au 18 septembre
Après moins d’une heure d’audience à la prison de Ndolo, le procès de Salomon Kalonda a été reporté. Ce proche collaborateur de Moïse Katumbi est accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de liens avec le M23. Le 30 mai dernier, Salomon Kalonda a été arrêté à l’aéroport de Ndjili, à Kinshasa. Peu de temps après, le service des renseignements militaires de RDC a tenu un point de presse pour exposer les raisons de son arrestation. Il lui est notamment reproché d’avoir été en contact avec les rebelles du M23 et avec le Rwanda, dans le but de renverser le pouvoir, comme précisé dans cet extrait de la lecture de l’accusation faite aujourd’hui par le greffier. DW

Niger: l’ex-président Mahamadou Issoufou, discret médiatiquement depuis le coup d’État, sort de son silence
L’ancien président du Niger, Mahamadou Issoufou (2011-2021), est sorti de son silence dans les médias, près de trois semaines après le coup d’État du 26 juillet qui a renversé son successeur. Dans un entretien avec le magazine Jeune Afrique, il explique « très mal » réagir aux accusations selon lesquelles il aurait joué un rôle dans ce putsch. Et il affirme : « Mon exigence n’a jamais varié. Je demande la libération du président Mohamed Bazoum et sa restauration dans ses fonctions. » RFI