Revue de Presse du 18 août 2022

L’ambassade de France à Bamako répond aux accusations du Mali
Paris monte au créneau après les accusations de Bamako. Dans une lettre adressée aux Nations unies en début de semaine, les autorités maliennes accusent la France de collecter des renseignements au profit des groupes terroristes au Sahel et de leur larguer des armes et des munitions. « La France n’a évidemment jamais soutenu directement ou indirectement ces groupes terroristes », répond l’ambassade française au Mali, qui revient sur ces neuf dernières années de lutte contre le terrorisme. Sur son compte Twitter, l’ambassade française à Bamako a posté, dans la soirée du mercredi 17 août, un thread, c’est-à-dire une succession de messages dans lesquels elle revient sur la mission antiterroriste menée au Mali. Elle rappelle que « la France est intervenue au Mali entre 2013 et 2022 à la demande des autorités maliennes ». Durant cette période, « la France a libéré de nombreuses villes maliennes qui étaient tombées entre les mains des terroristes, lesquels imposaient leur règne de terreur – interdiction de l’éducation, meurtres, punitions corporelles –, notamment à Tombouctou et à Gao », rappelle l’ambassade. … « 53 soldats français […] dont la mission consistait, avant tout, à lutter contre les groupes terroristes » sont morts au Mali, insiste le compte @FranceauMali sur Twitter, ajoutant que « ces dernières années, la France a été meurtrie sur son propre territoire par plusieurs attentats terroristes ». RFI

Guinée : deux morts lors d’une manifestation contre la junte dirigée par Doumbouya 
Deux jeunes Guinéens ont été tués par balle par les forces de l’ordre ce mercredi 17 août à Conakry, lors d’une journée de contestation contre la junte au pouvoir, d’après des proches et le FNDC, le collectif organisateur. Ibrahima Baldé, 19 ans, et Oumar Barry, lycéen de 17 ans, ont été tués par balle ce mercredi 17 août, lors d’une journée de contestation qui a donné lieu à des affrontements et des manifestations sporadiques contre la junte, au pouvoir depuis un an. Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui avait appelé à manifester, a accusé sur les réseaux sociaux la garde du colonel Mamadi Doumbouya, chef de la junte et président dit de transition, d’avoir abattu les deux jeunes hommes alors que son convoi traversait la banlieue de Conakry, haut lieu de contestation. Interrogé au moment où le premier décès était rapporté, dans l’après-midi, le porte-parole de la police, le colonel Mory Kaba, a dit ne pas en avoir connaissance, alors qu’il était sur les lieux lorsque le chef de la junte est passé. Ibrahima Baldé a été tué par un projectile tiré par un membre des forces de sécurité à Wanidara, un quartier de la banlieue de Conakry théâtre de heurts, a annoncé son père, Mohamed Chérif. Jeune Afrique

La junte tchadienne interdit une manifestation de l’opposition
La junte au pouvoir au Tchad a interdit une manifestation prévue vendredi à l’appel de plusieurs partis d’opposition car ses organisateurs n’ont pas « respecté le délai légal de dépôt », selon un communiqué publié mercredi du ministre de la Sécurité publique. Wakit Tama, un collectif de partis d’opposition et d’associations de la société civile, avait appelé à manifester le 19 août contre le Conseil militaire de transition (CMT), dirigé par Mahamat Idriss Déby Itno, fils du défunt président Idriss Déby, au pouvoir sans partage pendant plus de 30 ans, tué en se rendant au front contre des rebelles en avril 2021. Wakit Tamma voulait manifester à la veille de l’ouverture à N’Djamena du Dialogue national inclusif entre l’opposition civile et l’armée et la junte au pouvoir. Un dialogue qui doit déboucher sur des « élections libres et démocratiques » et la remise de pouvoir aux civils. AFP

Les défis du dialogue national tchadien
En avril 2021, le président Idriss Déby Itno, au pouvoir sans partage depuis plus de 30 ans et tout juste réélu pour un sixième mandat, était tué en se rendant au front contre des rebelles. Son fils, le général Mahamat Idriss Déby, commandant de la redoutée garde présidentielle, est nommé à la tête d’un Conseil militaire de transition (CMT), au côté de 15 généraux fidèles à son défunt père. La Constitution est abrogée, le Parlement dissous. Le nouvel homme fort du Tchad, qui nomme les membres du gouvernement et ceux d’un parlement de transition, promet de nouvelles institutions pérennes et des élections « libres et démocratiques », à l’issue d’une transition de dix-huit mois, censée se terminer en octobre. La communauté internationale, France et Union africaine en tête, appelle les autorités à respecter ce calendrier. … Le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (Fact), un des principaux groupes rebelles à l’origine de l’offensive qui a coûté la vie à Idriss Déby, n’a pas signé l’accord de Doha et ne participera pas au dialogue, le considérant « biaisé d’avance ». « La non-participation du Fact reste un problème car c’est le groupe rebelle qui a déclenché en quelque sorte la transition », déclare à l’AFP Enrica Picco, directrice du projet Afrique centrale du centre de réflexion International Crisis Group (ICG). « Le calendrier du dialogue, censé durer 21 jours, n’est pas crédible, ce n’est pas possible qu’il y ait un accord dans un délai aussi court », assure Enrica Picco. Un calendrier serré qui laisse présager une prolongation de la transition. AFP

Au Sénégal, une fragile majorité à l’Assemblée nationale pour la coalition présidentielle
Une majorité absolue, la plus courte possible, s’est finalement dessinée à l’Assemblée nationale sénégalaise. Le député et ancien maire de Dakar (2007-2012) Pape Diop s’est en effet rallié, jeudi 11 août, à la coalition présidentielle Benno Bokk Yaakaar (BBY). Celle-ci cumule désormais 83 sièges sur les 165 que compte l’Hémicycle, talonnée par l’intercoalition de l’opposition Yewwi Askan Wi (YAW)-Wallu Sénégal forte de 80 parlementaires. Pape Diop a été élu aux législatives du 31 juillet sur l’une des trois listes issues de coalitions ultra minoritaires. Chacune avait obtenu un seul siège. Elles s’étaient alors imposées en « arbitre » pour départager les deux blocs du pouvoir et de l’opposition, au coude à coude. Un tel clivage au Parlement est inédit dans l’histoire sénégalaise et devrait contraindre le président Macky Sall, à la tête du Sénégal depuis 2012, d’adapter sa politique et de négocier davantage. Le Monde

Présidentielle au Kenya: un bras de fer qui tourne au dialogue de sourd
Mercredi 17 août, Raila Odinga et sa coalition ont confirmé qu’ils allaient déposer un recours devant la cour suprême pour contester l’annonce de la victoire de William Ruto par le président de la commission électorale lundi. Pendant ce temps, William Ruto, lui, présentait les priorités de son futur gouvernement devant les élus de sa coalition, presque comme si de rien n’était. RFI

Gabon: Ali Bongo veut-il briguer un troisième mandat l’année prochaine?
…Côté opposition, on n’accueille pas les déclarations présidentielles de la même manière. L’opposant Albert Ondo Ossa, professeur d’économie à l’université de Libreville, ancien ministre de l’Éducation nationale et de l’enseignement supérieur, estime au contraire au micro de Claire Fages que le bilan d’Ali Bongo est négatif et qu’il doit se retirer : « Quand on revoit les déclarations d’Ali Bongo en 2009, on se rend compte qu’en quatorze ans, aucune d’entre elles n’a été réalisées. Le Gabon a connu une dégradation sérieuse, Bongo en quatorze ans de pouvoir n’a jamais été aux côtés des Gabonais, encore moins des couches sociales les plus défavorisées. Il a plutôt, durant ses années de pouvoir, été aux côtés de ses amis, aux côtés de jeunes incompétents, sans qualifications ni expérience, aux côtés de délinquants reconnus ayant détourné des biens et des fonds publics. Pour ma part, ce qu’Ali Bongo a de mieux à faire, c’est se taire et se retirer. » RFI

Génocide au Rwanda : Félicien Kabuga jugé en septembre
Félicien Kabuga, un des financiers présumés du génocide des Tutsi en 1994 au Rwanda, sera jugé à partir du 29 septembre à La Haye où il répondra d’accusations de génocide et crimes contre l’humanité, a annoncé jeudi un juge des Nations unies. « La Chambre ordonne le procès dans sa branche de La Haye avec les déclarations préliminaires à partir du 29 septembre (…) et les dépositions à partir 5 octobre », a indiqué le juge Iain Bonomy, du Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux (MTPI), en charge d’achever les travaux du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Arrêté le 16 mai 2020 dans la banlieue de Paris après 25 ans de cavale, Félicien Kabuga est notamment accusé d’avoir participé à la création des milices hutu Interahamwe, principaux bras armés du génocide de 1994 qui fit plus de 800.000 morts selon l’ONU, essentiellement au sein de la minorité tutsi. AfricaNews avec AFP

Avertissement sur les meurtres politiques avant le vol du Royaume-Uni vers le Rwanda
Les ministres britanniques qui ont soutenu l’envoi de demandeurs d’asile au Rwanda ont été avertis par leur propre conseiller que le gouvernement de ce pays torturait et tuait les opposants politiques. Cet avertissement est intervenu quelques semaines avant que le gouvernement britannique ne tente d’envoyer des demandeurs d’asile dans cette nation africaine. Le conseiller a exprimé des inquiétudes quant au ton et à l’exactitude d’une note officielle sur le bilan du Rwanda en matière de droits humains. Une action en justice est en cours contre les tentatives du gouvernement de garder secrets d’autres commentaires. Les migrants identifiés pour le vol avorté et trois organisations médiatiques – BBC News, y compris l’émission Newsnight de BBC Two, le Times et le Guardian – demandent la divulgation de ces documents. BBC

Somaliland: deux journalistes couvrant des manifestations en détention depuis une semaine
La chasse aux journalistes se poursuit au Somaliland, région de la corne de l’Afrique qui s’est autoproclamée république indépendante. Deux journalistes couvrant des manifestations la semaine dernière ont été arrêtés et sont toujours en détention, sept jours après, sans avoir été inculpés. Ahmed Zaki et Abdinair Abdi Nour travaillent pour le média privé Horyaal 24 TV. Le Comité de protection des journalistes (CPJ) met en garde : la fréquence à laquelle les autorités jettent les journalistes en prison est alarmante. « Il s’agit du dernier incident, mais il y en a eu d’autres. La BBC a récemment été interdite de diffusion dans le pays la semaine dernière, l’internet est coupé durant des manifestations. Avant cela, il y a eu plusieurs vagues d’arrestations. En avril, 18 journalistes ont été arrêtés alors qu’ils couvraient des émeutes dans une prison », explique Muthoki Mumo, représentante de l’Afrique sub-saharienne pour le Comité de protection des journalistes (CPJ), jointe par Alexandra Brangeon, du service Afrique. RFI

Algérie : le bilan des incendies dans plusieurs villes monte à 38 morts
38 personnes ont péri et plusieurs dizaines ont été blessées dans des feux de forêt qui ont touché 14 départements du nord de l’Algérie, a annoncé mercredi soir le ministre algérien de l’Intérieur, Kamel Beldjoud, donnant un nouveau bilan de ces incendies. « Vingt-six personnes sont mortes : deux à Sétif (est) et 24 à El Tarf (est) », près de la frontière avec la Tunisie, a annoncé M. Beldjoud lors du journal télévisé de 20h00 (19h00 GMT). Plusieurs personnes souffrent de brûlures ou de difficultés respiratoires mais aucun nouveau chiffre n’a été donné sur le nombre de blessés. Un précédent bilan de la protection civile faisait état de quatre personnes brûlées à divers degrés et 41 autres souffrant de difficultés respiratoires à Souk Ahras, autre ville frontalière de la Tunisie. Des images impressionnantes montrent des habitants de cette ville fuyant leurs maisons face aux flammes. Belga

Les tensions RDC-Rwanda s’invitent à l’ouverture du 42e sommet de la SADC
Félix Tshisekedi a pris, mercredi 17 août, la tête de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Le président congolais a succédé à Lazarus McCarthy Chakwera, le président du Malawi, au cours du 42e sommet ordinaire des chefs d’États et de gouvernement de la SADC, à Kinshasa. Au cours de l’événement, les dissensions entre la RDC et le Rwanda sont à nouveau apparues. Kinshasa accuse toujours Kigali de soutenir le M23. RFI

SADC: sommet à Kinshasa sur l’industrialisation de l’Afrique australe
Une dizaine de chefs d’État de la Communauté économique des États d’Afrique australe (SADC) ont tenu mercredi à Kinshasa un sommet sur l’industrialisation des seize pays membres de la sous-région, appelés à développer leurs propres « chaînes de valeur », a constaté une équipe de l’AFP. Le thème choisi était: « Promouvoir l’industrialisation au moyen de l’agro-transformation, la valorisation des minéraux et du développement des chaînes de valeur régionales en vue d’atteindre la croissance économique inclusive ». « Il n’y a personne en dehors de l’Afrique qui viendra construire l’Afrique comme nous voulons qu’elle soit construite », a déclaré d’entrée de jeu le président sortant de la SADC, le Malawite Lazarus Chakwera, notant qu’Américains, Européens et Asiatiques ne consacrent que « quelques millions de dollars » à la construction d’infrastructures sur le continent. AFP

Ruée vers les terres rares africaines : manne ou malédiction ?
Pour sortir de la dépendance occidentale à la Chine, leader incontesté du secteur, l’heure est à la quête tous azimuts de nouvelles sources d’approvisionnement. Et dans cette bataille, l’Afrique est au centre de toutes les attentions. Décryptage en infographies. … Outre l’explosion de la demande dans les secteurs des technologies – smartphones en tête – le besoin en terres rares se fait de plus en plus pressant pour répondre aux besoins croissants des filières dites « vertes ». Il faut en effet pas moins d’une tonne de terres rares pour une seule et unique éolienne, et les moteurs des voitures électriques ne sont pas moins gourmands… Un paradoxe, sans doute, alors que l’urgence climatique commande de réduire drastiquement le recours aux industries extractives. Jeune Afrique