Revue de presse du 17 juin 2025

Soudan : des enquêteurs de l’ONU dénoncent l’utilisation d’armes explosives dans des zones densement peuplées
Selon la Mission internationale indépendante d’établissement des faits des Nations Unies pour le Soudan, l’intensification de la guerre civile a des conséquences « dévastatrices » pour les innombrables civils pris dans le conflit. Ces enquêteurs mandatés par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU indiquent avoir constaté une forte augmentation des violences sexuelles et une utilisation accrue d’armes lourdes dans les zones peuplées. Autour d’El Fasher, dans la province du Darfour du Nord, des civils ont été agressés, détenus et tués, tandis que des villages ont été attaqués, incendiés et pillés par les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). Au cours d’une attaque des FSR du 10 au 13 avril, plus de 100 civils auraient été tués, tandis qu’un bombardement des forces armées soudanaises (FAS) à Al Koma a tué au moins 15 civils. Dans les zones reprises par les Forces armées soudanaises, telles que Khartoum, Al Jazira et Sennar, la Mission a documenté une violence généralisée de représailles entre la fin de 2024 et la mi-2025. Les personnes perçues comme ayant soutenu les paramilitaires – y compris les défenseurs des droits de l’homme, les travailleurs médicaux et le personnel humanitaire – ont fait l’objet d’arrestations arbitraires, de tortures et, dans certains cas, d’exécutions. Les Forces de soutien rapide ont également exercé des représailles, tuant 30 civils dans le quartier Al-Salha d’Omdurman le 27 avril. ONU Info

RDC : la réforme du secteur de la sécurité nationale au cœur d’une réunion entre le Conseil national de sécurité et ses partenaires
Une réunion stratégique s’est tenue lundi 16 juin à l’Hôtel du Gouvernement à Kinshasa, réunissant des ambassadeurs, des représentants d’agences du système des Nations Unies ainsi que des institutions publiques. Cette rencontre du Groupe consultatif sur la Réforme du secteur de la sécurité (RSS) en RDC était axée sur le renforcement du processus de réforme de ce secteur-clé. Organisée conjointement par le Conseil national de sécurité et la MONUSCO, cette réunion vise à faire progresser la RSS, considérée comme un catalyseur pour les autres priorités de la mission onusienne en RDC. Dans son intervention, Bintou Keita, représentante spéciale du Secrétaire général des Nations Unies en RDC et cheffe de la MONUSCO, a souligné l’importance de cette réunion dans le contexte actuel où la RDC fait face à de multiples défis, notamment la consolidation de la paix et la protection des civils. « Bien que le contexte politico-sécuritaire reste complexe, notamment à l’Est du pays, il est crucial d’asseoir dès à présent les bases solides d’une réforme durable. L’élaboration d’une politique de sécurité nationale, la définition claire des objectifs en matière de sécurité ainsi qu’une stratégie de réforme constitueront un cadre structurant pour la mise en œuvre d’un plan d’action dès que les conditions le permettront », a-t-elle déclaré. Radio Okapi

RDC : Reprise timide des activités après les affrontements entre Wazalendo et M23 à Kabare
La vie reprend progressivement dans le territoire de Kabare (Sud-Kivu), ce mardi 17 juin, après un week-end marqué par de violents affrontements entre des groupes Wazalendo et les rebelles de l’AFC-M23. La population de Kabare a timidement repris ses activités quotidiennes, dans un climat toujours marqué par la peur. Sur le plan scolaire, l’Institut Kamole est le seul établissement à avoir rouvert ses portes ce matin. Les cinq autres écoles voisines, encore sous le choc, prévoient de reprendre les cours à partir de mercredi. Les élèves et enseignants restent profondément marqués par les combats qui se sont déroulés jusque dans les cours d’école. Un élève a perdu la vie lors de ces affrontements. Selon Samy Mulemangabo, acteur de la société civile de Kabare, la situation reste très fragile : « Il y a un calme relatif qui s’observe à Kabare-centre. La population circule timidement. Les écoles comme le Lycée Canya n’ont pas encore repris. Ce matin, quatre corps emballés dans des sacs ont été découverts au bord du lac Kivu, sur la route Amsar ». Il précise que la tension reste palpable, le M23 étant présent dans certaines zones, tandis que les Wazalendo opèrent dans les périphéries du parc national. La population reste sur le qui-vive, craignant une éventuelle résurgence des combats. Radio Okapi

En Ouganda, les civils peuvent désormais être jugés par des tribunaux militaires
Le président ougandais Yoweri Museveni a promulgué lundi une loi permettant aux civils d’être jugés par des tribunaux militaires, dont les critiques craignent qu’elle ne soit utilisée contre l’opposition en vue des élections de l’année prochaine. Cette nouvelle loi, dont la promulgation a été annoncée par le parlement ougandais sur X, a été adoptée malgré une décision de la Cour suprême en février, qui avait jugé inconstitutionnel que des civils soient traduits devant des tribunaux militaires, comme ce fut le cas pour l’opposant Kizza Besigye. M. Besigye, 69 ans, ancien médecin personnel de Yoweri Museveni, au pouvoir depuis 1986, est dans le collimateur de Kampala depuis son ralliement à l’opposition il y a 25 ans. Enlevé en novembre lors d’un déplacement au Kenya, il était réapparu en Ouganda, où il avait d’abord été traduit devant une cour martiale pour trahison, passible de la peine capitale dans ce pays, avant que son dossier ne soit transféré à un tribunal civil en février. Mais la nouvelle loi prévoit des « circonstances exceptionnelles » pour lesquelles les civils peuvent être soumis à la justice militaire, notamment la « possession illégale d’armes, de munitions ou d’équipements », l’un des chefs d’accusation visant Kizza Besigye. Ce nouveau texte est destiné à faciliter la « détention et le procès illégaux de Besigye et d’autres », a dénoncé auprès de l’AFP Erias Lukwago, l’avocat de M. Besigye. Son client est en prison depuis plus de six mois, dépassant la limite légale de détention sans procès. AFP

Mort en détention au Kenya: le n°2 de la police se « met en retrait »
Le numéro deux de la police au Kenya, mis en cause après la mort d’un enseignant dans un commissariat, a annoncé lundi se « mettre en retrait » de son poste, alors que débute l’enquête sur cette affaire qui provoque indignation et manifestations dans le pays. Albert Ojwang, un enseignant et blogueur de 31 ans, est mort début juin après avoir été arrêté pour des publications sur les réseaux sociaux accusant le sous-inspecteur général de la police, Eliud Kipkoech Lagat, de corruption. Ce décès est intervenu un an après le début de la sanglante répression du mouvement de contestation de juin et juillet 2024, durant lequel les forces de sécurité sont accusées par les ONG d’avoir tué au moins 60 personnes. La police avait initialement affirmé que l’enseignant s’était suicidé durant sa détention en se tapant la tête contre les murs de sa cellule. Mais une autopsie a ensuite révélé de nombreuses lésions au crâne et au cou incompatibles avec des blessures qu’il se serait lui-même infligées. La mort d’Ojwang a ravivé la colère latente contre les violences policières dans cette nation d’Afrique de l’Est, et provoqué des manifestations appelant à la démission de M. Lagat dans la capitale Nairobi. Deux policiers et un civil ont été arrêtés en lien avec son décès. Des manifestants ont appelé à des rassemblements à travers le pays mardi contre les violences policières, et réclament des poursuites contre le numéro 2 de la police. AFP

Au Togo, RFI et France 24 suspendus pendant trois mois
Les diffusions de Radio France internationale (RFI) et de la chaîne de télévision France 24 ont été suspendues au Togo pour trois mois, a annoncé l’instance de régulation des médias du pays, lundi 16 juin. Dans sa décision dont l’Agence France-Presse a eu copie, la Haute Autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) du Togo pointe trois reportages ou interventions, dont la diffusion sur France 24 d’un entretien dans lequel « des propos inexacts ont été tenus au sujet de conditions alléguées dans lesquelles l’artiste Aamron aurait été interpellé ». Ce rappeur, critique du pouvoir, avait notamment appelé à manifester avant d’être arrêté fin mai, puis de réapparaître, le 5 juin, dans une vidéo tournée dans un hôpital psychiatrique dans laquelle il présentait des excuses envers M. Gnassingbé. L’instance de régulation relève également des « prises de position publiques de la correspondante régionale de France 24 appelant à la mobilisation contre les institutions républicaines », et des propos relayés dans le journal Afrique et dans une chronique de RFI « présentant un caractère tendancieux »…Cette décision vient réduire un peu plus l’espace de diffusion en Afrique de l’ouest de ces deux médias publics français, suspendus depuis plusieurs années au Mali, Burkina Faso et Niger, trois pays sahéliens dirigés par des juntes militaires…Cette suspension intervient une dizaine de jours après des manifestations contre le pouvoir qui ont secoué Lomé, la capitale. Début juin, des manifestations lancées sur les réseaux sociaux par des jeunes et des militants de la société civile avaient pour objet de protester contre le régime, dirigé par Faure Gnassingbé depuis 2005. Le Monde avec AFP

Le Togo partenaire privilégié des pays de l’AES
[Vidéo] Grâce à son port en eaux profondes et à une diplomatie arrangeante, Lomé multiplie les mesures pour devenir le couloir maritime exclusif de ses voisins sahéliens. TV5 Monde

Violences dans le centre du Nigeria: «avec une gouvernance locale efficace, la crise s’atténuera»
Des milliers de Nigérians ont fui leur domicile après une attaque par des hommes armés, qui a fait plusieurs dizaines de morts à la veille du week-end, à Yelewata, dans l’État de Benue (centre du pays), a annoncé ce 16 juin 2025 l’agence des secours nigériane. Pour le chercheur Joseph Ochogwu, face aux causes multifactorielles de ces violences, « il est indispensable de mettre en place un système de gouvernance locale efficace pour remédier à ces situations ». Plus de 6 000 personnes ont fui leur domicile au Nigeria, dans l’État de Benue, après la violente attaque dans la nuit du 13 au 14 juin 2025 contre le village de Yelewata. L’agence nationale nigériane des secours (Nema), la Croix-Rouge, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) ont établi un camp d’accueil à Makurdi, la capitale de cet État situé dans le centre-est du pays. Un État où les violences sont récurrentes entre communautés d’éleveurs et d’agriculteurs. Le 15 juin 2025, des centaines de jeunes ont manifesté pour dénoncer ce cycle meurtrier. Pour le professeur Joseph Ochogwu, directeur général de l’Institut pour la paix et la résolution des conflits à Abuja, ce qui fait le lit de cette violence, c’est la combinaison de plusieurs facteurs : désertification, difficile répartition de la terre, prolifération des armes et absence d’une administration solide au niveau local. RFI

Au Tchad, des affrontements communautaires font une vingtaine de morts dans le Ouaddaï
« Des actes odieux », ont dénoncé 14 parlementaires de la province du Ouaddaï, dans l’est du Tchad. Depuis mardi 10 juin, au moins vingt personnes sont mortes dans plusieurs incidents impliquant différentes communautés, confirment des sources locales à l’AFP. Dans un communiqué, les élus de la région en ont appelé aux autorités de N’Djamena pour « multiplier les efforts » visant à « assurer la sécurité des paisibles citoyens »…Les premières violences ont débuté mardi dernier après le vol de la moto d’un membre de la communauté ouaddaïenne par deux jeunes Zaghawa, affirme une source locale, sous couvert d’anonymat. La même source indique qu’une violente altercation armée a suivi, entraînant la mort de huit personnes, dont les deux voleurs de la moto. Les tensions se sont ensuite intensifiées samedi lorsqu’au moins 12 Ouaddaïens ont été tués au cours d’une attaque menée par les Zaghawa…Lundi, la Commission tchadienne des droits de l’Homme a elle aussi déploré le massacre et appelé le gouvernement à « prendre toutes les mesures qui s’imposent pour mettre un terme aux séries de cas d’insécurité caractérisées par des tueries à armes à feu enregistrées au quotidien dans le pays ». Jeune Afrique avec AFP

Au Mali, la mine d’or du grand groupe canadien Barrick placée sous administration provisoire
Le tribunal de commerce de Bamako a décidé lundi 16 juin de placer « sous administration provisoire » pour six mois la plus grande mine d’or du Mali, majoritairement détenue par le grand groupe canadien Barrick Mining, dernier épisode en date d’un bras de fer que se livrent l’industriel et l’Etat malien. La junte au pouvoir avait réclamé cette mesure pour relancer les activités d’extraction, à l’arrêt depuis janvier, sur le site de Loulo-Gounkoto, dans l’ouest du pays, l’un des plus importants gisements aurifères au monde, détenu à 80 % par le groupe minier et à 20 % par le Mali. Zoumana Makadji, nommé administrateur provisoire, aura pour tâche « d’ouvrir la mine dans les plus brefs délais », a précisé à l’Agence France-Presse (AFP) un magistrat du tribunal de commerce. Dans un communiqué, Barrick a confirmé avoir perdu le « contrôle opérationnel » de la mine et rappelle que l’entreprise a entamé une procédure d’arbitrage auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi), une organisation de la Banque mondiale basée à Washington…Au nom de la souveraineté économique du pays, le Mali a réformé son code minier en 2024 et réclame des centaines de millions de dollars d’arriérés d’impôts à Barrick. Les militaires arrivés au pouvoir par la force en 2020 cherchent à obtenir une part plus importante des revenus générés par les activités extractives, y compris celles du complexe souterrain et à ciel ouvert de Loulo-Gounkoto. Le Monde avec AFP

Côte d’Ivoire: un gisement d’or de premier ordre découvert dans le nord-est
En Côte d’Ivoire, c’est un nouveau gisement d’or de classe mondiale dont la société minière australienne Resolute Mining a annoncé ce 16 juin 2025 la découverte, avec des réserves évaluées à 100 tonnes de métal jaune dans le sous-sol du département de Doropo, à la frontière avec le Burkina Faso. La compagnie prévoit de commencer la construction début 2026 pour une durée de deux ans. Des retombées économiques positives sont espérées pour cette zone du nord-est ivoirien, l’une des plus pauvres du pays. L’investissement total de Resolute Mining doit être de 300 milliards de francs CFA, soit environ 450 millions d’euros, pour une durée d’exploitation estimée à plus de 20 ans. De l’or et du travail : c’est donc la promesse de ce gisement de Doropo. L’investissement total de Resolute Mining doit être de 300 milliards de francs CFA, soit environ 450 millions d’euros, pour une durée d’exploitation estimée à plus de 20 ans. De l’or et du travail : c’est donc la promesse de ce gisement de Doropo. Il faut dire que cette région rurale du Bounkani est la plus pauvre de Côte d’Ivoire…En 2023, le pays a produit près de 55 tonnes d’or et délivré 189 permis de recherche. Le projet Doropo s’ajoute ainsi à d’autres gisements de classe mondiale découverts ces derniers mois. En novembre 2024, le groupe Endeavour Mining avait annoncé une réserve aurifère de 155 tonnes à Tanda, dans l’est ivoirien, avec une capacité de production estimée à 11 tonnes par an. En mai 2024, le projet Koné du groupe minier Montage Gold, lui aussi estimé à 155 tonnes de réserves d’or, a été détecté dans le Nord-Ouest de la Côte d’Ivoire. RFI

À Madagascar, la société civile dénonce l’opacité autour de l’adoption des lois
À Madagascar, des textes de loi sont adoptés sans consultation publique et souvent tenus secrets jusqu’à leur vote. C’est ce que dénoncent plusieurs organisations engagées pour la transparence, qui ont publié lundi 16 juin un communiqué alertant sur une opacité grandissante qu’elles jugent préjudiciable à la société malgache. Elles réclament, une nouvelle fois, l’adoption d’une loi sur l’accès à l’information, attendue depuis 18 ans…Parmi les textes récemment adoptés sans diffusion préalable figurent la loi sur les pôles anti-corruption, celle sur la castration chirurgicale, ou encore l’avant-projet de réforme des finances publiques. Dernier exemple en date : des citoyens ont été interpellés pour avoir partagé un projet de réforme électorale proposé par le Sénat, classé « confidentiel » selon les plaintes déposées. « Ce genre de pratiques – faire adopter des textes à la va-vite, quasiment en catimini, sans consultation ni étude d’impact préalable – devient monnaie courante », conseiller en plaidoyer au sein de l’ONG Ivorary. « C’est un mauvais signe, parce que d’abord, c’est un signal de mauvaise gouvernance. Mais surtout, cela veut dire que les citoyens n’ont pas leur mot à dire. Tout ce que veut l’exécutif, il peut le faire, quand il veut, en un temps record. Et cela veut dire qu’il n’y a plus de contre-pouvoir qui peut les limiter en termes d’action et petit à petit, se met en place ce qui s’apparente à une dictature à Madagascar ». RFI