Revue de presse du 17 février 2023

Somalie: USA mènent des attaques contre le groupe Al Shebab
L’armée des Etats-Unis d’Amérique (USA) a tué cinq éléments du groupe terroriste Shebab dans des attaques menées jeudi en Somalie. Le raid a été mené mercredi près de Bacadweyne à la demande du gouvernement somalien, précise le commandement militaire américain pour l’Afrique dans un communiqué. Début février, les chefs d’Etats de la Corne de l’Afrique avaient annoncé leur volonté de donner une « impulsion finale » pour « libérer complètement » la Somalie des jihadistes shabab. L’armée somalienne, avec des milices locales, a repris ces derniers mois le contrôle de parties du territoire, aidée par des frappes aériennes américaines et celles de l’Union africaine. Par ailleurs, au moins 200 membres du groupe terroriste Al-Shabab ont été neutralisés en une semaine, dans des opérations sécuritaires dans les régions du sud et du centre de la Somalie, a annoncé mercredi le gouvernement somalien. Sahel-Intelligence

Afrique du Sud: l’exercice militaire avec la Chine et la Russie divise la classe politique
L’exercice Mosi II doit être lancé ce vendredi 17 février en Afrique du Sud. Sous ce nom de code, qui signifie « fumée » en langue sotho, se cache des exercices militaires menés au large de Durban, à l’Est, conjointement avec la Chine et la Russie. Pour Pretoria, il ne s’agit de rien d’autre que d’un exercice classique avec ses alliés du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), alors que le pays défend une position de non-alignement vis-à-vis de la guerre en Ukraine. Mais pour ses partenaires occidentaux, ces exercices tombent à un très mauvais moment. Selon la ministre des Affaires étrangères sud-africaine, Naledi Pandor, il s’agit d’un exercice de plus mené avec des forces alliées, comme le pays l’a déjà fait récemment avec les États-Unis ou encore la France : « Tous les pays organisent des exercices militaires avec leurs amis. Donc il ne devrait pas y avoir de pression, sur aucune nation, pour les obliger à n’en faire qu’avec certains partenaires. Cela fait partie du déroulement normal des relations entre pays. » Ces manœuvres avec la Chine et la Russie sont prévues depuis longtemps, mais elles tombent très mal, à l’approche de la date qui marque le début de la guerre en Ukraine. Pour le principal parti d’opposition, l’Alliance Démocratique, et l’un de ses représentants, Kobus Marais, le gouvernement aurait dû annuler ces exercices : « C’est insensé et irresponsable. L’Afrique du Sud joue le rôle de l’idiot utile dans cet exercice évident de propagande russe face aux forces occidentales. » RFI

Guerre en Éthiopie dans le Tigré : Des soldats érythréens accusés de viols malgré l’accord
En novembre dernier, le gouvernement éthiopien a signé un accord de paix avec les forces de la région du Tigré, dans le but de mettre fin à une guerre civile brutale de deux ans. Mais des groupes d’aide et des habitants ont déclaré à la BBC que les attaques contre les civils – en particulier les agressions sexuelles contre les femmes – se sont poursuivies. … Le jour où des représentants du gouvernement éthiopien ont serré la main de leurs rivaux du Tigré pour faire la paix – les deux parties souriant devant les caméras – Letay a passé la nuit à se cacher sous un pont alors que des obus de mortier atterrissaient et explosaient tout autour d’elle. Elle était seule dans une partie du nord-est du Tigré et venait de survivre au viol par un soldat érythréen. BBC

Burkina Faso : un parti d’oppposition conteste l’interdiction de réunion de son bureau politique
L’Union pour le progrès et le changement (UPC), l’un des principaux partis d’opposition du Burkina Faso, a saisi la justice pour contester l’interdiction de la tenue de son bureau politique, alors que l’activité des partis politiques est suspendue depuis le coup d’Etat du 30 septembre dernier. L’UPC avait annoncé vouloir organiser une réunion de son bureau politique le 18 février. Mais la semaine dernière, le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, le colonel Boukaré Zoungrana a rappelé à l’UPC par courrier que le texte « suspendant les activités des partis politiques », était toujours en vigueur. Le ministre fait référence à un communiqué signé par le président de transition, le capitaine Ibrahim Traoré, lors de sa prise de pouvoir par un putsch le 30 septembre 2022, stipulant la suspension de « toute activité politique » et « toute activité des organisations de la société civile ». TV5Monde

Quand la Croix-Rouge était victime d’une campagne sophistiquée de déstabilisation
« Story Killers ». La société Percepto, qui a pignon sur rue en Israël, propose des opérations difficilement traçables présentant toutes les caractéristiques d’entreprises de désinformation. Parmi ses victimes : le CICR au Burkina Faso. Quatorze septembre 2020 : Peter Maurer, le président du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), est reçu par l’alors président du Burkina Faso, Roch Kaboré. Officiellement, M. Maurer a été invité pour discuter d’un renforcement de l’aide humanitaire dans le pays, en proie à d’importantes inondations et aux violences liées aux groupes djihadistes. Mais à l’agenda de la rencontre figure aussi un tout autre sujet, bien plus sensible : depuis un mois, les médias progouvernementaux accusent la Croix-Rouge d’accointances avec les groupes terroristes locaux. Le résultat d’une opération de manipulation élaborée, conçue et opérée par la société israélienne Percepto, avec l’aide de services de sécurité burkinabés, visant à nuire à l’image d’une ONG internationale perçue comme un peu trop critique des pratiques des forces du pays, notamment les arrestations arbitraires et le mauvais traitement des prisonniers. Le Monde

« Exceptionnel et temporaire »: pourquoi le Faso a réquisitionné l’or des mines
Selon des observateurs et des acteurs du secteur minier, le Burkina Faso manque de ressources financières et la junte est aussi en quête de devises étrangères pour répondre à ses multiples besoins dont la commande d’armes pour son armée mais surtout pour ses 60.000 Volontaires pour la défense de la Patrie (VDP), récemment recrutés. « Conformément à l’article 16 du Code minier, l’or produit par la société minière industrielle de Mana d’une quantité de 200 kg est réquisitionné ce jour pour nécessité publique », peut-on lire dans un décret signé mardi 14 février par le ministre de l’Energie, des Mines et des Carrières du Burkina Faso, Simon-Pierre Boussim, faisant allusion à la mine d’or de la société canadienne Semafo. Des sources indiquent à la VOA, sous couvert d’anonymat par peur de représailles, que le volume réel de l’or saisi est beaucoup plus élevé: au moins 200 kg d’or ont été réquisitionnés de Semafo et au moins 300 kg additionnels de Nordgold, une autre entreprise active dans le secteur. En plus de l’or, le gouvernement aussi est à la recherche du cash. Jeudi matin, plusieurs responsables de sociétés minières ont été convoqués par le ministre des Mines Simon-Pierre Boussim qui leur a signifié l’obligation de verser à l’Etat un certain pourcentage de leur chiffre d’affaires. VOA

Disparition d’un journaliste critique du pouvoir au Rwanda
Cela fait un peu plus d’une semaine que ce journaliste, critique du pouvoir rwandais, a disparu. Nuhu Bihibindi devait se rendre dans la ville de Musanze, dans le nord du Rwanda, pour un séminaire. Mais personne ne l’a vu à ce séminaire. Sa famille ne communique pas sur le sujet et le numéro de téléphone du journaliste sonne dans le vide. Sur les réseaux sociaux, quelques rares personnes se hasardent à signaler la disparition du journaliste, fondateur dujournal en ligne, Umuyoboro. Dans son dernier tweet du 8 février dernier, Nuhu Bihibindi écrivait que « même si l’on échappe au danger, le danger n’est jamais loin ». Contactées, plusieurs associations de journalistes et d’ONG de droits de l’Homme préfèrent rester prudentes en raison de la faiblesse des informations disponibles. Preuve que la question est sensible, une autre ONG de droits de l’Homme a invoqué des enjeux de sécurité pour refuser de nous accorder une interview. Enfin, la Fédération internationale pour les droits humains nous a exprimé son inquiétude sur le sort de Nuhu Bihibindi. La FIDH dit travailler à vérifier et confirmer cette disparition dans un espace de liberté qu’elle qualifie de « très restreint ». DW

Tunisie: des journalistes dénoncent « l’intimidation » du pouvoir
Plusieurs dizaines de journalistes et de militants des droits humains ont protesté jeudi à Tunis contre la politique qu’ils qualifient de répressive du pouvoir, visant selon eux à intimider les médias. « Non à la répression des journalistes », « Nous exigeons une presse indépendante et libre », « Honte à la présidence qui veut restreindre la liberté des journalistes », ont notamment scandé les manifestants rassemblés près des bureaux de la présidence du gouvernement à Tunis, selon une correspondante de l’AFP sur place. Certains manifestants arboraient du scotch rouge sur la bouche en allusion à la volonté prêtée au pouvoir de museler les médias. Des représentants de la société civile et des militants de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme ont participé à cette manifestation à l’appel du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT). Un important dispositif policier a été déployé pour encadrer les manifestants et les empêcher de se rapprocher du siège du gouvernement. « Les autorités veulent mettre à genoux les médias privés et publics et l’arrestation du directeur de (la radio privée) Mosaïque FM n’est qu’une tentative pour intimider ce secteur », a déclaré Mahdi Jlassi, président du SNJT. VOA

RDC : recensement des électeurs en territoire occupé par le M23
Le recensement des électeurs en vue de l’élection présidentielle de décembre, a commencé jeudi dans l’Est de la République démocratique du Congo, où des groupes armés contrôlent des pans entiers du territoire et où des centaines de milliers de personnes ont dû fuir leurs foyers. A Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu, les électeurs ont du fait la queue, pendant des heures, pour obtenir leur carte de vote, comme Stéphanie Nyota : » On a déjà nos cartes ici, en revanche, certains compatriotes ne pourront en obtenir. La guerre doit se terminer pour que tout le monde puisse avoir sa carte d’électeur et aller voter. Je me demande si nous aurons les mêmes cartes que les compatriotes des zones tenues par les rebelles, ils auront peut-être des cartes différentes. La guerre doit se terminer pour que nous ayons des cartes d’électeurs identiques ». Ces opérations pré-électorales, appelées « enrôlement », ont commencé juste avant Noël dans l’ouest de la République démocratique du Congo et le 25 janvier dans le centre et le sud-est. AfricaNews/AFP

RDC : des dizaines de femmes violées par les rebelles du M23, selon Amnesty International
Des dizaines de femmes ont été violées par les rebelles du M23 (Mouvement du 23 Mars) dans une série d’attaques commises entre le 21 et le 30 novembre derniers dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), affirme Amnesty International. Sur la base des témoignages de 35 victimes et témoins directs, l’organisation de défense des droits humains dénonce ce qu’elle qualifie de « crimes de guerre » et qui pourrait également constituer des « crimes contre l’humanité ». « Au moins 66 femmes et filles » ont été violées par « le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda », précise le texte. D’après Amnesty International, les faits se sont principalement déroulés dans la commune de Kishishe, à une centaine de kilomètres au nord de Goma, le chef-lieu de la province du Nord-Kivu, une ville de plus d’un million d’habitants du Nord-Kivu aujourd’hui presque totalement encerclée par les rebelles. RTBF

RDC: l’IGF pointe les défaillances d’un contrat géant signé avec des entreprises chinoises
L’inspection générale des finances (IGF) a dénoncé, jeudi 16 février, un « déséquilibre » dans le contrat signé entre le gouvernement congolais et le groupement des entreprises chinoises, dans la gestion de certaines ressources naturelles de la RDC. La convention de collaboration avait été signée en 2008 et a donné lieu notamment à la création d’une entreprise commune sino-congolaise, Sicomines. Mais l’IGF a décelé des irrégularités. Basée sur une entente censée déboucher sur un programme « ressources naturelles contre infrastructures », la Sicomines a été lancée avec un capital social de 100 millions de dollars. Selon les conclusions du rapport de l’IGF, ce montant était tout simplement disproportionné par rapport à l’objet social de la coentreprise.Il estime que tout est déséquilibré et qu’il fallait dès le départ évaluer les apports en gisements miniers faits par la Gecamines, la principale société minière du pays. Et ce déséquilibre a continué dans l’exploitation, dit l’inspecteur général des finances, Jules Alingete. RFI

En Guinée, la junte menace d’interdire les partis politiques après des troubles en banlieue de Conakry
La junte au pouvoir en Guinée a menacé d’interdire les principaux partis politiques, vendredi 17 février, après un appel à manifester et des troubles qui ont fait jeudi deux morts dans la banlieue de Conakry, selon l’opposition. « Les organisations politiques et sociales dont les responsabilités pénales seront établies par la suite des procédures judiciaires par les autorités compétentes se verront appliquer des sanctions allant de la suspension jusqu’au retrait de leurs agréments », a déclaré le ministre de l’administration territoriale, Mory Condé, dans un message diffusé sur la télévision nationale. Une interdiction de ces partis, déjà quasiment réduits à l’inaction, s’ajouterait à l’interdiction des manifestations décrétée par la junte en 2022 et à la dissolution d’un collectif de défense des droits, le Front national de défense de la Constitution (FNDC). Trois dirigeants du FNDC sont emprisonnés et un certain nombre de personnalités politiques sont détenues, visées par des enquêtes judiciaires, ou parties en exil. Le Monde

Mali: le Conseil national de transition initie la révision de la loi électorale
Au Mali, le Conseil national de transition (CNT), organe législatif de la transition, se penche depuis ce 17 février sur la révision de la loi électorale. Le président malien de transition, le colonel Assimi Goïta, a convoqué cette session extraordinaire la veille seulement, par décret. Elle débute ce vendredi matin et durera au moins plusieurs jours. La modification de la loi électorale, mais aussi les projets de loi sur la création de nouvelles circonscriptions ou encore sur la réorganisation administrative du territoire : la session extraordinaire voulue par la présidence est aussi imprévue que chargée. S’agit-il de répondre à ceux qui s’inquiètent des retards pris dans l’organisation des scrutins à venir ? Le référendum sur la nouvelle Constitution est officiellement programmé le mois prochain, la future présidentielle dans tout juste un an, en février 2024, et entre les deux des élections législatives et territoriales sont annoncées, selon le calendrier par les autorités de transition. Mais il y a trois jours, le président de la Cour constitutionnelle malienne déclarait : « Si des élections devaient se tenir demain ou dans quelques mois, nous ne sommes pas prêts. » RFI

Mali : entre Bamako et la Coordination des mouvements de l’Azawad, la tension va croissant
Dans une vidéo publiée vendredi 10 février 2023 sur sa page Facebook, Amadou Albert Maïga, membre du Conseil national de transition (CNT), organe législatif de la transition malienne, déclare que « la guerre est inévitable » entre les forces armées maliennes et les mouvements regroupés au sein de la CMA. Des propos immédiatement dénoncés sur les réseaux sociaux par Mohamed Elmaouloud Ramadane, membre du directoire de la CMA qui écrit : « Nous condamnons cette déclaration va-t’en guerre venant d’un responsable de l’une des premières institutions de la République, en l’occurrence l’organe législatif du Mali, et nous prenons la communauté internationale à témoin de tels agissements. Nous prenons cette déclaration au sérieux, car apparemment, cela a été fait suite à sa sortie d’une audience que le président de la transition lui avait accordée. » Toujours sur la page Facebook d’Amadou Albert Maïga, l’on voit en effet une photo non datée sur laquelle il pose aux côtés du président de la transition, le colonel Assimi Goïta, dans une tenue identique à celle qu’il arbore dans sa vidéo. Enregistrée en français et en bambara, langue la plus parlée au Mali, cette sortie belliqueuse d’Amadou Albert Maïga apparaît donc aux yeux de la Coordination des mouvements de l’Azawad comme une initiative de la présidence malienne. TV5Monde

Nouvelles tensions autour de l’opposant sénégalais Ousmane Sonko
Le Sénégal a connu jeudi une nouvelle poussée de fièvre autour de l’opposant Ousmane Sonko, sorti de force de sa voiture et ramené chez lui en fourgon blindé de la police après avoir comparu au tribunal. Il s’agit de la dernière et spectaculaire confrontation entre Ousmane Sonko et le pouvoir, dans un climat de tension grandissante un an avant la présidentielle. La date du scrutin a été fixée jeudi au 25 février 2024. Les images en direct sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme casqués et masqués, visiblement des gendarmes, entourer la voiture à l’arrière de laquelle se trouve M. Sonko et dont il refuse de sortir, sur le chemin du retour d’un procès en diffamation au tribunal de Dakar. Son éligibilité à la présidentielle pourrait dépendre de l’issue de ce procès. VOA

Sécurité, crise alimentaire et libre-échange au programme du sommet annuel de l’UA
Les dirigeants africains se réunissent ce week-end pour le sommet annuel de l’Union africaine (UA), qui se tiendra au siège de l’organisation continentale à Addis-Abeba, dans un contexte marqué par les conflits armés et la crise alimentaire qui frappe plusieurs régions d’Afrique. Un sommet qui se tient à un moment délicat pour le continent. Les crises sécuritaire et alimentaire devraient dominer les discussions lors du sommet annuel de l’Union africaine (UA) qui se tiendra du vendredi 17 au dimanche 19 février à Addis-Abeba, en Éthiopie. La persistance des conflits armés au Sahel et dans la Corne de l’Afrique et les effets désastreux des sécheresses et des inondations ont fait, selon les estimations des Nations unies, 44 millions de déplacés en 2022, une hausse de 15 % par rapport à l’année précédente. Le Commissaire de l’UA à la paix et à la sécurité, Bankole Adeoye, devrait tenter d’obtenir le soutien des États-Unis, des membres de l’Union africaine et de l’Union européenne à une proposition prévoyant un nouveau financement des opérations de sécurité, ont déclaré à Reuters deux diplomates préférant conserver l’anonymat. Les dirigeants des pays de l’UA devraient également être informés de l’évolution des combats dans l’est de la République démocratique du Congo et de la situation sécuritaire au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et au Soudan, où des coups d’État se sont déroulés en 2021 et 2022, ont ajouté les diplomates. France24