Revue de Presse du 17 août 2022

Mali : des forces de sécurité russes signalées à Gao, après le retrait de l’armée française
La nature ayant horreur du vide, la Russie semble ne pas avoir attendu très longtemps pour avancer ses pions au Mali, où opère déjà le groupe paramilitaire russe Wagner. Des casques bleus allemands ont en effet observé, lundi 15 août, la présence de dizaines de membres des forces de sécurité russes à l’aéroport de Gao, dans le nord du pays, alors même que la France annonçait avoir achevé le retrait des derniers soldats français de Barkhane, une opération militaire visant à lutter dans le Sahel contre les mouvements jihadistes. … Un récent rapport d’experts missionnés par l’ONU, dévoilé par l’AFP le 5 août, a évoqué la présence de « soldats blancs » accompagnant les soldats maliens sur la scène de tueries, notamment à Robinet El Ataye, où 33 civils ont été tués en mars. « Ce sont des sociétés qui ne respectent aucune règle, comme on a pu le revoir dans l’affaire du charnier de Gossi, qu’ils ont monté à des fins de désinformation contre les forces françaises. Ils ne seront pas un point de stabilité dans la région », a confié, mardi, le colonel Yves Gastine, commandant de la Force Barkhane à Gao. France24 avec AFP et Reuters

Mali: Alioune Tine dénonce les violences de l’armée et la restriction des libertés
L’expert indépendant sur les droits humains mandaté par les Nations unies, le Sénégalais Alioune Tine, a présenté mardi 16 août ses conclusions, à l’issue d’une visite d’une dizaine de jours au Mali. Durant son séjour, il a rencontré plusieurs ministres du gouvernement malien de transition, ainsi que des représentants de la société civile et des diplomates. Alioune Tine a encore une fois déploré l’augmentation des violences faites aux civils et la restriction des libertés civiques. … Alioune Tine souhaite que la Minusma puisse enquêter sur ces allégations d’exactions de l’armée et demande à la justice malienne de rendre publiques les conclusions de ses propres enquêtes. Par ailleurs, l’expert sénégalais des droits de l’Homme se dit « consterné » par le « rétrécissement continu » des libertés civiques. Il a ciblé « notamment la censure qui s’exerce sur des médias, et l’autocensure que les journalistes avouent exercer par peur de représailles ». RFI

Comment, en Afrique, Paris a perdu la « guerre informationnelle » face à Moscou
L’avenir de l’Europe se joue en partie en Afrique, continent à la croissance démographique vigoureuse et aux perspectives économiques dynamiques. C’est bien pour cette raison que la compétition géopolitique entre Russes et Occidentaux ne cesse de s’y aiguiser. Elle a été encore illustrée cet été par les tournées du président Emmanuel Macron et des chefs des diplomaties américaine et russe, Antony Blinken et Sergueï Lavrov. Depuis son annexion de la Crimée, en 2014, Moscou a conclu plus de 20 accords de coopération militaire avec des pays africains. Parallèlement, en déployant ces dernières années des troupes de la compagnie de mercenaires Wagner (Centrafrique, Mali, Libye, Soudan notamment) et en pratiquant une activité intense sur les réseaux sociaux et dans les médias africains, la Russie cherche à déstabiliser les intérêts européens à moindre coût – et plus elle s’enlise en Ukraine, plus elle est tentée de le faire. … La force Barkhane a dû plier bagage non pas sous les coups de ses ennemis, les djihadistes, mais en raison de son incapacité à conquérir les cœurs et les esprits. La France a mis du temps avant de comprendre l’importance de la « guerre informationnelle », et donc la nécessité de se montrer plus convaincante. Le Point

Afrique de l’Ouest : une poussée jihadiste continue du Sahel vers les Etats côtiers
Il y a d’abord eu le nord du Mali. Puis le Niger et le Burkina. Et désormais, les pays côtiers ? En Afrique de l’Ouest, la menace jihadiste qui déchire le coeur du Sahel progresse vers le sud, du Bénin à la Côte d’Ivoire. Face à la récente multiplication des incursions – et parfois des attaques meurtrières – dans leurs régions les plus septentrionales, ces Etats du Golfe de Guinée affinent leur réponse sécuritaire et politique. Mais comment ne pas reproduire les mêmes erreurs que leurs voisins sahéliens ? C’est la question qui plane au moment où la France, poussée dehors par la junte de Bamako, a achevé lundi le retrait de ses troupes du Mali, où la situation sécuritaire continue de se dégrader, comme au Niger et au Burkina Faso. AFRIMAG avec AFP

Présidentielle au Kenya: prudence des observateurs d’Elog qui qualifient de «cohérents» les résultats annoncés
Au Kenya, Raila Odinga a rejeté hier, mardi, sa défaite à la présidentielle et promet d’user de « tous les moyens légaux à sa disposition » pour la contester. Dans ce contexte, Elog, le groupe d’observateurs de la société civile kenyane s’est exprimé hier sur le déroulement du processus. Il qualifie les résultats annoncés de « cohérents » avec ses estimations. ELOG, Electoral Observation Group, avait déployé des observateurs dans 990 bureaux de vote considérés comme représentatifs, sur les 46 000 du pays : sur cette base, ses équipes ont ensuite réalisé une projection des résultats au niveau national, comme l’explique Ann Ireri, présidente du groupe d’observation. « Grâce à ce décompte, Elog est en mesure de confirmer qu’aussi le taux de participation que les résultats officiels annoncés par la commission sont cohérents avec nos estimations ». La marge d’erreur annoncée par Elog – autour de 2% – impose tout de même la prudence car l’écart est mince entre les deux principaux candidats (233 211 voix). Les observateurs d’Elog notent que le système de transmission des résultats a fonctionné beaucoup mieux que prévu. Ils se réjouissent que la Commission électorale ait rendu disponible en ligne 99% des procès-verbaux, mais les dissensions au sein de la Commission électorale qui s’est manifesté lundi, les inquiète. RFI

Percée historique des femmes lors des élections kenyanes du 9 août
Les Kényanes ont réalisé une percée historique lors des élections du 9 août, décrochant notamment 26 sièges de députées synonymes d’un pas supplémentaire vers la parité. La campagne avait déjà été atypique avec un nombre record de candidates, dont trois figurant comme colistières des quatre prétendants à la présidence. Mardi dernier, 22,1 millions d’électeurs devaient choisir leur nouveau président, ainsi que 290 députés, 47 sénateurs, 47 gouverneurs de comté et 1.450 membres des assemblées de comtés. Parmi les 16.100 candidats, les Kényans ont élu 26 députées, contre 23 en 2017, sept gouverneures, contre trois en 2017, et trois sénatrices. AFP

Les Guinéens anxieux à la veille d’une manifestation contre la junte
Une semaine après sa dissolution, les responsables du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) maintiennent leur marche sur toute l’étendue du territoire national. Déjà, certains responsables du FNDC sont en prison, dont le coordinateur national, Oumar Sylla, alias Foniké Mangue. L’Alliance nationale pour l’alternance démocratique (ANAD), dirigée par Cellou Dalein Diallo apporte son soutien au mouvement en demandant à ses militants de se mobiliser. Diabati Doré, président du Rassemblement pour la République, est l’un des vice-présidents de l’ANAD : « Le CNRD doit être à l’écoute, non seulement des structures, les politiques, etc. Mais, voyez-vous nous sommes à quelques semaines d’un an de cette transition et on ne connait même pas le chronogramme. » Depuis l’annonce de cette manifestation, les actions de ratissage s’intensifient dans les zones sensibles de Conakry dénommées les temples. Ce sont des marchés considérés par les autorités comme des foyers de contestation. DW

RDC : le 42eme Sommet de la SADC s’ouvre ce mercredi à Kinshasa
La ville de Kinshasa accueille, du 17 au 18 aout, le 42è Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC). Au cours de ces assises, le chef de l’Etat congolais sera consacré président de cette organisation sous-régionale pour l’exercice 2022-2023. C’est dans cette optique que Lazarus Chakwera, chef de l’Etat du Malawi et président sortant de cette organisation sous-régionale a échangé en tête-à-tête avec Felix Tshisekedi ce mardi dans la journée à la Cite de l’Union africaine (UA). Lazarus Chakwera a fait part à la presse de la mise sur pied dans les tous prochains jours d’une commission mixte en charge d’analyse pour la faisabilité d’un ambitieux projet entre le Malawi et la RDC. Il s’agit de la construction des voies routières et ferroviaires dans le but d’établir des échanges commerciaux entre la RDC et l’Afrique Australe, particulièrement son pays. Radio Okapi

Tunisie : la Constitution controversée de Kais Saied adoptée
La nouvelle loi fondamentale, qui renforcera nettement les prérogatives du chef de l’Etat, a été approuvée par un peu plus de 2,6 millions de personnes, a annoncé le président de l’Isie. Le taux de participation a été considéré comme très faible à 30,5%. L’opposition qui dénonce depuis un an le coup de force du 25 juillet 2021 de Kais Saied par lequel il s’est arrogé tous les pouvoirs, et les défenseurs des droits humains ont mis en garde contre un danger de retour de la dictature avec la nouvelle Constitution. « La Constitution entre en vigueur à partir de l’annonce des résultats définitifs, de sa promulgation par le président et sa publication au journal officiel », a dit Farouk Bouasker. Le rejet par le tribunal administratif de tous les recours contre le processus référendaire a « confirmé l’intégrité et la transparence de l’Isie », a ajouté Farouk Bouasker, estimant que son institution a « subi une vague sans précédent d’accusations de certains partis politiques et d’organisations de la société civile ». Belga

ONU : la Libye s’oppose à la nomination d’Abdoulaye Bathily
Abdoulaye Bathily ne devrait donc pas devenir le premier Africain à occuper le poste très sensible de représentant spécial de l’ONU en Libye. Candidat d’António Guterres, comme Jeune Afrique l’annonçait ce dimanche 14 août, l’ex-ministre sénégalais n’a finalement pas été nommé. La session du Conseil de sécurité des Nations unies qui s’est tenue sur cette question, lundi 15 août à New York, a donné lieu à un véritable tir de barrage de la part du gouvernement d’unité nationale basé à Tripoli. Les autorités libyennes ont fait part de leurs « réserves » et de leurs « objections ». Tout en affirmant souhaiter qu’un Africain soit désigné, elles ont affirmé, en substance, que le diplomate sénégalais manquait d’expérience. « Nous pensons que nous méritons un représentant qui soit mieux sélectionné », a notamment déclaré Taher El Sonni, le représentant libyen. Le revers est sérieux pour le secrétaire général de l’ONU. « Il existe un processus par lequel les personnes sont nommées à la tête des missions de maintien de la paix ou des missions politiques qui sont mandatées par le Conseil de sécurité », a précisé son porte-parole, Stéphane Dujarric. « Nous trouverons un candidat qui soit acceptable pour toutes les parties », a-t-il encore ajouté. Jeune Afrique

Un bateau de céréales pour l’Afrique: «la Corne de l’Afrique a un besoin urgent d’aide alimentaire»
Le premier navire humanitaire affrété par l’ONU pour transporter des céréales ukrainiennes a quitté mardi le port de Pivdenny, dans le sud de l’Ukraine, avec quelque 23 000 tonnes pour l’Afrique, selon le ministère ukrainien de l’Infrastructure. Ce ravitaillement est très attendu en Éthiopie où la sécheresse sévit et où le conflit a déplacé des centaines de milliers de personnes. Le PAM, le Programme alimentaire mondial, estime que 20 millions de personnes souffrent de la faim. « Ces 23 000 tonnes vont répondre aux besoins d’environ 1,5 million de personnes pendant un mois. Ce n’est donc qu’une goutte d’eau dans l’océan quand on voit que plus de 20 millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire. Nous devrons donc continuer à apporter du blé et continuer à répondre aux besoins alimentaires urgents de la population en Éthiopie », explique Claire Nevill, porte-parole du Programme alimentaire mondial en Éthiopie, jointe par Charlotte Cosset du service Économie. RFI

Trois pompiers marocains meurent dans un feu de forêt présumé criminel
Trois pompiers ont trouvé la mort et deux autres ont été grièvement blessés lundi lors d’un incendie dans une forêt du nord du Maroc qui, selon une enquête préliminaire, est d’origine humaine, ont indiqué mardi à l’AFP les autorités locales. Les cinq pompiers se trouvaient à bord de leur véhicule qui a chuté dans un ravin alors qu’ils luttaient contre les flammes, ont-elles ajouté. Les blessés ont été hospitalisés à Tanger. Quatre hommes soupçonnés d’avoir déclenché cet incendie ont été interpellés et remis à la police judiciaire avant d’être déférés devant la justice, ont précisé les autorités de la province de M’diq-Fnideq, près des villes de Tanger et Tétouan. « Le ministère public (…) agira avec fermeté contre toute personne présumée impliquée dans cette affaire, ainsi que dans tout autre acte similaire visant à détruire l’espace forestier dans notre pays et affecter par conséquent l’équilibre écologique, en plus des graves dommages subis par les personnes et des biens », a averti le procureur général de Tétouan dans un communiqué mardi soir. AFP

Tchad: Ndjamena vit dans la crainte de nouvelles fortes pluies
La saison des pluies a commencé depuis plusieurs semaines au Tchad. Des averses torrentielles et des inondations ont touché le pays. Aucun bilan officiel pour déterminer le nombre de sinistrés n’a été dressé pour le moment. Une réunion interministérielle s’est tenue, la semaine dernière, pour tenter de trouver des solutions. En attendant, à Ndjamena, les habitants vivent dans la crainte de nouvelles fortes pluies. Au quartier el-Gazas, les habitants vivent les pieds dans l’eau. Tongs en main et pantalon retroussé, Haroune arpente les rues inondées. « On n’arrive pas à rouler ! C’est impossible, l’eau dépasse les genoux », commente-t-il. Sa maison aussi est dans l’eau. Il a dû évacuer sa famille. « S’il y a d’autres pluies, la maison va tomber. On est dans le risque », lâche Haroune. Dans la quartier, les habitants s’organisent, craignant de nouvelles pluies. Ibrahim Souleymane scrute le ciel, inquiet : « Il y a des nuages, c’est sûr qu’il va pleuvoir d’ici au soir. L’eau va encore augmenter et détruire tous les quartiers. Là, on est en train de faire sortir l’eau avec la pompe… » RFI