Revue de presse du 16 juin 2025

Est de la RDC : pour le Rwanda, un accord de paix ne sera pas signé à ce stade
Un possible accord de paix entre le Rwanda et la RDC, envisagé pour la mi-juin, ne sera pas signé à ce stade, a assuré, samedi 14 juin, le ministre rwandais des Affaires étrangères, Olivier Nduhungirehe…Le chef de la diplomatie rwandaise a affirmé que les négociations étaient toujours en cours et qu’une signature n’interviendrait qu’une fois atteint un « accord de paix gagnant-gagnant ». En avril, lors de discussions avec les États-Unis, Rwanda et RDC avaient convenu de rédiger un accord de paix visant à mettre fin à la crise dans l’est de la RDC, accord dont la signature était initialement prévue pour la mi-juin. M. Nduhungirehe a en outre mis en garde les parties concernées contre toute « divulgation malveillante d’informations unilatérales » à la presse, soulignant sur X que cela « pourrait compromettre le succès » du processus de négociation. Ces propos interviennent quelques jours après le retrait du Rwanda du principal bloc économique d’Afrique centrale, au motif que l’organisation prendrait le parti de la RDC dans le conflit en cours. Jeune Afrique avec AFP

RDC : Violents combats entre le M23 et le CMC dans le territoire de Rutshuru
De violents affrontements ont opposé, dans la matinée de ce lundi 16 juin, les rebelles du M23 aux combattants du Collectif des mouvements pour le changement (CMC) sur les collines de Bumbasha et Bunkuba, situées à environ 10 kilomètres de Mwesso, dans le groupement Bukombo, chefferie de Bwito, territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu. Selon des sources locales, des détonations d’armes lourdes et légères, ont retenti aux environs de 6 heures pour se poursuivre jusqu’à 9 heures locales. Ces affrontements ont provoqué un déplacement massif des populations des villages environnants. Les habitants ont fui en direction de Buhambira et Mwesso, dans le territoire voisin de Masisi. Depuis plusieurs jours, des affrontements opposent les rebelles du M23 à plusieurs groupes armés locaux, notamment les combattants Wazalendo. La semaine dernière, des combats avaient éclaté à Katsiru, où un centre de santé avait été touché par un engin explosif, blessant plusieurs personnes et occasionnant d’importants dégâts matériels notamment sur le réservoir d’eau qui alimente l’hôpital local. Radio Okapi

Au Nigeria, tensions dans le centre du pays au lendemain d’une attaque meurtrière
Dimanche 15 juin, la police a dispersé une manifestation à Makurdi, capitale de l’Etat de Benue, au lendemain d’une attaque qui a fait plusieurs dizaines de morts dans cet Etat du centre du Nigeria où les affrontements entre communautés sont récurrents et intenses. Plusieurs milliers de personnes sont descendues dans les rues de la ville, selon des témoins locaux et des vidéos postées sur les réseaux sociaux, pour demander aux autorités des mesures urgentes contre les violences dans la région. Selon des témoins, la police a lancé des gaz lacrymogènes pour disperser la foule…Dans la nuit de vendredi à samedi, des hommes armés ont tué plusieurs dizaines de personnes à Yelewata, dans le centre du pays, région qui connaît une recrudescence de violences depuis plusieurs mois, entre éleveurs peuls musulmans et agriculteurs sédentaires, principalement chrétiens, pour le contrôle des terres et des ressources. Le gouverneur de Benue, Hyacinth Alia, a déclaré dimanche soir, lors d’une conférence de presse dans son bureau, que le bilan officiel de la communauté de Yelewata s’élevait à 59 personnes tuées. La veille, plusieurs habitants de Yelewata mentionnaient « au moins 100 morts »…Le président nigérian, Bola Tinubu, a annoncé dans un communiqué dimanche soir que « les chefs des services de renseignements, la police et l’armée sont arrivés dans l’Etat pour diriger les opérations de sécurité et rétablir l’ordre public ». Le Monde avec AFP

Mali: nouvelles initiatives pour obtenir la libération de civils pris en otages depuis avril 2024
Depuis dimanche, de nouvelles initiatives locales sont en cours pour obtenir la libération de plusieurs dizaines de civils pris en otage depuis avril 2024. La nouvelle initiative pour obtenir la libération des dizaines de personnes prises en otage depuis avril 2024 dans la région de Mopti est pilotée par un haut fonctionnaire de l’administration malienne, dont les services sont basés dans la région de Bandiagara. Au moins deux chefs de villages de la même région sont associés aux négociations…Les jihadistes contrôlent des localités dans cette région. Les autochtones qui y vivent se soumettent à leurs lois. Il n’est pas exclu que cette clause puisse figurer parmi les points d’un éventuel accord pour la libération des otages. Dans le groupe des civils enlevés, certains sont accusés d’informer l’armée des positions des jihadistes. Sur ce point, les négociateurs devraient aussi rassurer les auteurs des enlèvements. Les civils ont été enlevés en avril 2024. Ils étaient à bord de trois bus de transport circulant dans la région Centre du Mali. Dans un premier temps, des hommes armés, de présumés jihadistes, ont arrêté les autocars. Quelques passagers ont été libérés, selon différentes sources, puis le convoi a pris la direction d’une forêt située entre les localités de Bandiagara et de Bankass. RFI

Des milliers de Maliens recrépissent l’iconique mosquée de Djenné
Des milliers de Maliens ont recrépi l’iconique mosquée de Djenné, une ville historique du centre du Mali classée au patrimoine mondial, à l’occasion de la cérémonie annuelle permettant de protéger ce joyaux architectural en terre. Musique dansante et rythmes de tambours en toile de fond, les hommes de cette ville ont recouvert jeudi d’enduit de terre les murs de l’immense édifice religieux aux trois minarets emblématiques, ont constaté des journalistes de l’AFP. La cérémonie du crépissage annuel avec du banco, enduit composé de terre et d’eau, permet de protéger la mosquée des intempéries avant la saison des pluies, parfois violentes dans la région du Sahel…Mélangeant de l’eau et de la terre, mais aussi du son de riz, du beurre de karité et de la poudre de baobab, les habitants ont confectionné eux-mêmes cet enduit caractéristique des constructions de style sahélo-soudanais…Construite pour la première fois au XIIIè siècle avant d’être détruite, la mosquée a été entièrement reconstruite à l’identique en 1907 et constitue le plus grand monument en terre au monde selon l’Unesco…Elle a aussi été placée en 2016 sur la liste du patrimoine en péril, en raison de sa situation dans une région gangrénée par l’insécurité, le Mali étant en proie depuis 2012 aux violences de groupes jihadistes, et à celles de groupes communautaires et crapuleux. AFP

En Guinée, Mamadi Doumbouya annonce la création d’une direction générale des élections
Lors de sa participation à l’Africa CEO Forum (ACF, organisé par Jeune Afrique Media Group) en mai, le chef du gouvernement guinéen Bah Oury avait annoncé que les élections présidentielle et législatives auraient lieu en décembre 2025. Le référendum constitutionnel devrait quant à lui se tenir le 21 septembre. Pour l’organiser, les autorités ont annoncé samedi 14 juin la mise en place d’une direction générale des élections. Le décret, signé par le général Mamadi Doumbouya, a été lu samedi soir à la télévision nationale. La nouvelle entité sera notamment chargée d’« organiser les élections politiques et les référendums en République de Guinée » et d’« établir et réviser le fichier électoral biométrique ». Elle doit aussi « participer à la création et à l’opérationnalisation d’une force spéciale de sécurisation des élections », précise le texte. La direction générale des élections sera placée sous l’autorité du ministre en charge de l’Administration du territoire et de la décentralisation et dotée d’une autonomie financière. Elle sera dirigée par un directeur général « nommé par décret du président ». Après cette annonce, plusieurs partis et figures politiques ont manifesté leurs doutes. « De la base au sommet, une administration publique totalement politisée et partisane, des administrateurs qui organisent ou participent aux manifestations de soutien à la candidature du président de la transition et se comportent comme des militants d’un parti politique, a ainsi fustigé dans un post Facebook Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier en Guinée. Cela pose déjà un véritable problème en termes de sincérité et de crédibilité des prochaines élections. » Jeune Afrique avec AFP

Au Tchad, la justice menace de poursuites les journalistes enquêtant sur un massacre d’éleveurs
Le procureur de la République de N’Djamena a menacé de poursuites judiciaires, samedi 14 juin, les journalistes ou acteurs de la société civile qui se rendent à Mandakao (sud-ouest du Tchad), sur les lieux d’un massacre commis en mai et visant des éleveurs locaux. Selon les autorités, 42 personnes ont péri dans cette tuerie. Les victimes sont des éleveurs peuls dont majoritairement des femmes et des enfants, selon des sources locales. « Certains journalistes et membres des sociétés civiles se permettent de se rendre, de leur propre initiative, à Mandakao (…) pour interroger certains habitants de ce village », a écrit le procureur Oumar Mahamat Kedelaye dans un communiqué parvenu à l’Agence France-Presse (AFP) dans la nuit de samedi à dimanche. Le 21 mai, l’opposant tchadien et ancien premier ministre, Succès Masra, avait été placé en détention provisoire sur des accusations « d’incitation à la haine » à la suite du massacre de Mandakao. Le chef du parti Les Transformateurs, candidat malheureux à la présidentielle de 2024, avait été arrêté cinq jours plus tôt à N’Djamena. « Compte tenu de la sensibilité de l’affaire, toute autre démarche parallèle [à la justice] est susceptible de constituer un empiétement sur les fonctions judiciaires », écrit le procureur dans son communiqué, ce qui selon lui pourrait entraîner des « poursuites judiciaires ». En mars, trois journalistes tchadiens avaient été arrêtés et placés sous mandat de dépôt à N’Djamena. Ils sont accusés d’avoir collaboré avec le groupe paramilitaire russe Wagner. Parmi eux figure notamment Olivier Monodji Mbaindiguim, directeur de publication de l’hebdomadaire Le Pays et correspondant de Radio France Internationale (RFI). Les organisations de défense des droits humains s’inquiètent de ce qu’elles qualifient de « vague de répression ». La Fédération internationale des journalistes (FIJ) et Reporters sans frontières (RSF) ont appelé à la libération des journalistes et à un procès équitable. Le Monde avec AFP

Bénin: la détention d’un militant pour ses publications en ligne relance le débat sur le code du numérique
Au Bénin, nouvelle polémique sur le code du numérique de 2017 jugé trop restrictif par certains. Le 12 juin 2025, un militant du parti d’opposition Les Démocrates a été placé en détention provisoire par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) pour « harcèlement par le biais d’une communication électronique et publication de fausses nouvelles ». Cette infraction et ce code sont régulièrement décriés par les avocats et les demandes de modifications sont nombreuses. Julien Kandé sera jugé le 1er juillet prochain au Bénin. Dès sa mise en examen et son placement en détention préventive, l’un de ses avocats, Maître Renaud Agbodjo, s’est exprimé pour protester : « Les personnes poursuivies sont des web activistes ou des journalistes. Lorsqu’elles font l’objet d’interpellation systématique sans convocation, elles finissent toujours par subir un mandat de dépôt, c’est-à-dire une détention préventive. Ce qui confirme ce que l’opinion générale publique pense : le harcèlement par le biais d’une communication électronique est une infraction politique. » Julien Kandé, écrivain âgé de 34 ans, est poursuivi pour certains de ses contenus publiés sur les réseaux sociaux. Avant lui, Steve Amoussou et d’autres ont été poursuivis ou condamnés pour la même infraction. Plusieurs acteurs demandent que le code soit revu : la société civile, l’opposition et les associations de presse. RFI

Kenya: une vidéo met à mal la version de la police dans la mort du militant Albert Ojwang
Au Kenya, nouvelles révélations dans l’affaire de la mort d’Albert Ojwang. Cet enseignant et blogueur est décédé en détention il y a une semaine. Il avait été arrêté après avoir accusé de corruption, sur les réseaux sociaux, le chef adjoint de la police nationale, Eliud Kipchoe Lagat, qui a annoncé ce 16 juin 2025 se « mettre en retrait », le temps de l’enquête. D’après la police, Albert Ojwang s’est suicidé dans sa cellule, ce que l’autopsie conteste. Les officiers assurent avoir immédiatement porté secours à l’intéressé. Une version contredite par la vidéosurveillance d’un hôpital. La vidéo montre l’entrée et le parking de l’hôpital de référence Mbagathi, à Nairobi, capitale du Kenya. On y voit la voiture de police dans laquelle se trouve Albert Ojwang se garer vers 1h35 du matin, le 8 juin. Ce n’est qu’à 2h, qu’Albert Ojwang, est admis au service des urgences. Il souffre pourtant de graves blessures à la tête…La vidéo montre les policiers descendre de la voiture, parler longtemps sur le parking, recevoir un coup de fil avant de finalement sortir Albert Ojwang du véhicule. Son corps est déjà inerte. Le rapport de l’hôpital ne laisse aucun doute : « Le patient est arrivé mort. » Les deux infirmières qui l’ont rédigé, stipulent que « sa tête et son visage étaient enflés. Du sang sortait par l’arrière du crâne, les yeux et la bouche ». Ces images contredisent donc les explications de la police. Devant le Sénat, la semaine précédente, son inspecteur général, assurait encore qu’Albert Ojwang avait été transporté en urgence à l’hôpital par ses officiers. Dans son rapport, la police avait affirmé que la victime s’était suicidée en se frappant la tête contre les murs, ce qu’a démenti l’autopsie pratiquée le 10 juin, assurant que ces blessures provenaient d’un tiers. RFI

Présidentielle ivoirienne: manifestation de l’opposition contre l’exclusion de candidats
Plusieurs milliers de militants du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), la principale formation d’opposition du pays, ont manifesté pacifiquement samedi à Abidjan pour réclamer la réinscription sur la liste électorale de candidats exclus de la course à la présidentielle d’octobre, dont leur président Tidjane Thiam. Radié de la liste par la justice pour des problèmes de nationalité, M. Thiam ne peut pas se présenter au scrutin du 25 octobre, comme d’autres figures de l’opposition ce qui nourrit des tensions dans la classe politique. Samedi matin, les militants du PDCI, habillés aux couleurs vertes et blanches du parti, ont bravé la pluie pour défiler jusqu’à la Commission électorale indépendante (CEI), l’organe chargé d’organiser le scrutin…Régulièrement épinglée par l’opposition, la CEI réfute toute collusion avec le parti au pouvoir et affirme appliquer la loi. Le pouvoir assure pour sa part n’avoir aucune influence sur les décisions de justice. Le président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, ne s’est pas encore prononcé sur son intention de briguer un quatrième mandat, mais devrait être investi par son parti les 21 et 22 juin, lors d’un congrès. AFP

Présidentielle en Côte d’Ivoire : le RHDP en meeting pour soutenir Alassane Ouattara
À quelques jours du deuxième congrès ordinaire du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), les meetings se multiplient en Côte d’Ivoire, en attendant une éventuelle candidature de l’actuel président Alassane Ouattara à la présidentielle d’octobre prochain. Dimanche 15 juin, plusieurs milliers de membres du parti se sont réunis à Yopougon, au lendemain d’une manifestation du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) contre l’exclusion de Tidjane Thiam des listes électorales…Le meeting de Yopougon survient au lendemain d’une manifestation de l’opposition à Abidjan pour demander la réintégration sur les listes électorales de plusieurs figures politiques candidates au scrutin. Parmi les militants, des membres du PDCI qui ont défilé jusqu’à la Commission électorale indépendante. L’ancien financier a été exclu de la liste électorale définitive publiée le 4 juin en raison de questions liées à sa nationalité (article 48 du code de la nationalité). L’ex-président Laurent Gbagbo, son ancien bras droit Charles Blé Goudé et l’ancien Premier ministre en exil Guillaume Soro sont eux aussi exclus de la course à la présidentielle, ayant été condamnés par la justice. Jeune Afrique avec AFP