Revue de presse du 16 décembre 2022

Sommet États-Unis/Afrique: Joe Biden acte le retour diplomatique des États-Unis sur le continent
Pendant ces trois jours de sommet, le président américain s’est posé en porte-voix de l’Afrique, où il a d’ailleurs promis de se rendre. Ce serait ainsi la première visite d’un président des États-Unis sur le continent depuis Barack Obama qui était allé au Kenya et en Éthiopie en 2015. Plusieurs dirigeants africains l’ont remercié pour son invitation à Washington et lui ont d’ailleurs proposé de lui rendre cette invitation. Joe Biden n’a pas précisé ni où, ni quand, il irait sur le continent. Et financièrement, les États-Unis n’ont pas mégoté pour convaincre leurs partenaires de leur engagement pour l’Afrique : 55 milliards de dollars de coopération publique sur 3 ans et 15 milliards d’accords privés ont été conclus lors du sommet. Et un ambassadeur spécialiste du continent a même été nommé pour s’assurer que tous les engagements seront bien respectés. Enfin, M. Biden a aussi annoncé le soutien américain à une présence permanente de l’Union africaine lors des réunions du G20, car l’Afrique « doit pouvoir faire entendre sa voix dans tous les cercles qui comptent ». À l’Assemblée générale de l’ONU en septembre, Joe Biden s’était déjà dit favorable à une réforme du Conseil de sécurité qui garantirait une place permanente à l’Afrique. RFI

Les mercenaires Wagner présents au Burkina Faso, affirme le président ghanéen
Le président ghanéen Nana Akufo-Addo a affirmé mercredi 14 décembre que son voisin, le Burkina Faso, avait « conclu un arrangement pour, comme le Mali, employer des forces de Wagner ». « Je crois qu’une mine dans le sud du Burkina leur a été allouée comme une forme de paiement pour leurs services », a-t-il ajouté lors d’une entrevue aux Etats-Unis avec le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken. Selon le chef de l’Etat ghanéen, « les mercenaires russes sont à la frontière nord » du Ghana, ce qui est « particulièrement inquiétant ». … Dans plusieurs pays d’Afrique francophone, Moscou mène une campagne d’influence active, notamment sur les réseaux sociaux, et jouit d’un soutien populaire grandissant quand la France, ancienne puissance coloniale, y est de plus en plus vilipendée. Le Monde avec AFP

Centrafrique : l’un des patrons du groupe Wagner visé par un attentat à Bangui
Ce 16 décembre, Dmitri Sytyi a reçu un colis piégé dont l’explosion dans les bureaux de la Maison russe à Bangui l’aurait gravement blessé. L’information a été rapportée par Aleksandr Ivanov, chef de la Communauté des officiers pour la sécurité internationale (COSI), paravent des mercenaires du groupe Wagner en Centrafrique. Dmitri Sytyi a été transféré à l’hôpital où il se trouve actuellement en soins intensifs. Il a perdu beaucoup de sang et « son état est grave » mais « ses jours ne sont pas en danger », a affirmé dans un communiqué l’ambassade de Russie, qui dit avoir renforcé son protocole de sécurité. Jeune homme aux cheveux bruns ondulés, le Russe vit à Bangui depuis plus de quatre années et y a tissé un solide réseau parmi les proches du président Faustin-Archange Touadéra. Il s’y est peu à peu imposé comme le maître propagandiste, et la tête de pont politique du groupe de mercenariat d’Evgueni Prigojine. … Dmitri Sytyi est aujourd’hui considéré comme le numéro un « civil » de Wagner en Centrafrique. Le polyglotte en pilote les activités commerciales dans le bois et l’or notamment, les manœuvres militaires du groupe restant cependant aux mains de Vitali Perfilev, l’autre co-dirigeant des mercenaires en Centrafrique. Jeune Afrique

Le retrait des forces allemandes du Mali, discuté à Bamako
Christine Lambrecht, la ministre Allemande de la défense, séjourne dans le pays pour une visite aux allures de clarification. Au menu de sa visite : une rencontre avec les troupes Allemandes engagées au sein de la Minusma, dont le retrait progressif devrait débuter à partir de juin 2023. Christine Lambrecht a eu également des échanges avec les autorités de transition. … Pour Christine Lambrecht, la ministre allemande de la Défense, l’organisation des prochaines élections et le retour à l’ordre constitutionnel au Mali restent des critères essentiels pour Berlin pour renforcer sa coopération avec Bamako. « Nous avons échangé longuement sur le processus de transition et mon homologue malien est revenu effectivement sur cette date de 2024 en nous assurant que la volonté était bien là de faire en sorte que ces élections puissent se tenir et que tout était fait pour respecter ce calendrier. Nous avons également échangé sur la question des drones avec la possibilité de faciliter et de simplifier les démarches administratives et les processus d’autorisation. Il est toutefois très important de noter que nous respectons et reconnaissons entièrement la pleine souveraineté du Mali. Cela n’est pas du tout remis en question par nous. Evidemment, nous allons suivre de près cette question et notre capacité à remplir notre mission si les conditions sont remplies », a précisé la ministre allemande. DW

A Washington, Antony Blinken interpelle le Rwanda au sujet du M23
A l’issue du sommet Etats-Unis/Afrique, le secrétaire d’Etat américain a demandé jeudi à Kigali d’agir pour permettre l’application de l’accord de Luanda et donc le retrait du groupe rebelle M23. Antony Blinken a été très clair, jeudi 15 décembre, dernier jour du sommet Etats-Unis/Afrique. Le chef de la diplomatie américaine a demandé que cesse tout soutien externe à des groupes armés non-étatiques en République démocratique du Congo. Dans ce contexte, il a appelé le Rwanda à « user de son influence » sur le M23 pour convaincre les rebelles de déposer les armes. Cette requête s’adresse donc directement au président Kagame, avec qui le secrétaire d’Etat s’était entretenu au téléphone avant ce sommet. Cela fait également suite à une rencontre mardi à Washington avec le chef de l’Etat congolais, Félix Tshisekedi. RFI

Dans l’est de la RDC, le risque du retour des guerres communautaires
Ceux qui ont conquis une large partie du territoire de Rutshuru depuis la résurgence de leur mouvement, fin 2021, sont aujourd’hui accusés d’avoir commis meurtres, viols et pillages contre des civils le 29 novembre à Kishishe : 131 personnes ont été tuées par balle ou à l’arme blanche, selon une enquête préliminaire du Bureau conjoint des Nations unies aux droits de l’homme (BCNUDH) et de la mission de l’ONU ; 272 selon le gouvernement congolais ; 120 selon une liste diffusée par les autorités locales ; seulement 8 selon le M23. Au moins une vingtaine de femmes ont été violées, précisent les Nations unies. Plus de deux semaines après les événements, personne ne s’accorde encore sur le bilan définitif. Aucun enquêteur indépendant n’a pu se rendre sur place et la parole des témoins directs est difficile à recueillir. Tous ont quitté la zone en rangs dispersés, en direction de plusieurs localités de la province du Nord-Kivu, fuyant les territoires contrôlés par le M23. Le Monde

Les profiteurs de l' »économie de guérilla » dans l’est de la RDC
Le conflit dans les trois provinces de l’est de la République démocratique du Congo est de plus en plus inextricable. En dépit des rapports des Nations unies, les différents acteurs n’assument pas leurs responsabilités. Les différents groupes armés sont pourtant accusés d’exactions. Ils sont plus d’une centaine toujours actifs en Ituri, dans le Sud-Kivu et le Nord-Kivu. Les derniers massacres en date, perpétrés à Kishishe et Bambo fin novembre, ont fait au moins 131 victimes civiles, selon un rapport préliminaire de l’Onu. Les rapporteurs onusiens les imputent au M23. DW

En Tunisie, des élections législatives sans débat ni passion
Morne, sans réel débat de fond, la campagne a suscité peu d’engouement au sein d’une population plus préoccupée par le coût de la vie que par le scrutin à venir. 1 058 candidats sont en lice, mais rares sont les affiches placardées sur les murs de la capitale et des grandes villes du pays. Beaucoup de futurs élus sont des nouveaux venus sur la scène politique. Retraités, femmes au foyer, travailleurs journaliers ou chômeurs : environ un candidat sur six n’a pas d’activité déclarée. Les autres sont, pour une large moitié, issus de la fonction publique et de l’enseignement. Une centaine vient du secteur libéral ou agricole. Les quelques figures à pouvoir faire valoir une expérience politique sont des députés du précédent Parlement, des militants de gauche et des personnalités qui se sont fait connaître dans les campagnes de soutien au président Kaïs Saïed. Parmi eux, peu de femmes. Sur l’ensemble des candidats, elles sont seulement 122, contre 936 hommes, la parité n’étant plus exigée. « C’est la première fois que nos acquis en tant que femmes reculent autant », pointe la militante féministe et ancienne députée Bochra Belhaj Hmida. Le Monde

Cameroun, mieux protéger les femmes dans les conflits
Florence Raes, la directrice régionale par intérim d’Onu-femmes pour l’Afrique de l’Ouest et du centre a rencontré les autorités gouvernementales et la société civile pour parler de la promotion des femmes au sein de la société et de l’égalité des sexes. Un autre grand sujet est de mieux protéger les femmes qui sont souvent les premières victimes, notamment de violences sexuelles, dans le conflit qui se poursuit dans les zones anglophones du pays. Et pour cela, l’Etat du Cameroun doit faire plus. DW

Le Liberia fête le bicentenaire de sa fondation par des esclaves affranchis
De nombreux Afro-Américains sont fascinés par le Liberia, ce petit pays d’Afrique de l’Ouest fondé par des esclaves affranchis venus des États-Unis. Certains y voyagent, d’autres s’y installent. Mais 200 ans après sa fondation, le pays reste marqué par les blessures des guerres civiles des années 1980 et 1990. Un reportage signé Sophie Lamotte et Sadia Mandjo. En 1822, c’est une association américaine, l’American Colonization Society, qui est à l’origine du pays. Celle-ci finance alors l’achat de terres pour permettre l’installation de quelque 30 000 anciens esclaves affranchis sur la côte ouest-africaine. La ville qu’ils ont fondée, devenue la capitale du pays, est baptisée Monrovia en hommage au président américain James Monroe. En 1847, le Liberia devient officiellement une république indépendante. Les anciens esclaves affranchis sont devenus les maîtres du pays et relèguent les populations autochtones au rang de citoyens de seconde classe. Ces derniers n’obtiendront le droit de vote qu’un siècle plus tard. France24