Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a mis en garde le Mali mercredi contre des conséquences financières et une déstabilisation du pays, déjà en proie aux violences, si le gouvernement recrutait le groupe russe de mercenaires Wagner. La junte au pouvoir à Bamako menace de recourir aux services de cette société privée russe soupçonnée d’être proche du président russe Vladimir Poutine pour l’aider dans la lutte contre les jihadistes. Les Etats-Unis, suivis par l’Union européenne lundi, ont imposé des sanctions contre le groupe Wagner, et M. Blinken a regretté mercredi le refus malien d’un déploiement de forces supplémentaires de l’ONU, « qui auraient contribué à la protection des civils ». « Les forces de Wagner, connues pour leurs activités déstabilisatrices et leurs violations des droits humains, n’apporteront pas la paix au Mali, mais déstabiliseront davantage le pays », a affirmé le secrétaire d’Etat dans un communiqué. « Nous exhortons le gouvernement de transition du Mali à ne pas détourner les maigres ressources budgétaires de la lutte contre le terrorisme menée par les forces armées maliennes », a-t-il ajouté. « Les richesses du pays, y compris les concessions minières, devraient revenir au peuple malien et ne pas être hypothéquées au profit de forces étrangères qui n’ont aucun compte à rendre et qui ont l’habitude d’abuser des populations locales et de compromettre le contrôle que les pays hôtes exercent sur leur propre territoire », a-t-il affirmé. M. Blinken suggère que le partenariat avec Wagner pourrait coûter 10 millions de dollars par mois au Mali. AFP
Les services de sécurité maliens auraient torturé six hommes accusés d’avoir préparé un coup d’Etat contre le pouvoir, dominé par les militaires, en leur infligeant des chocs électriques et des simulations de noyade, dit Human Rights Watch (HRW). Outre les impulsions électriques sur les extrémités du corps, le torse et les parties génitales, les détenus ont été roués de coups à des degrés divers dans des lieux de détention secrets en septembre et octobre, dit HRW dans un communiqué où elle cite pour sources des avocats et des proches, d’autres défenseurs des droits humains et des diplomates étrangers. Les services de sécurité leur ont injecté des substances inconnues, les ont maintenus dans des positions douloureuses, se sont livrés à des simulacres d’exécution, les ont privés de sommeil et maintenu à l’isolement, dit l’organisation de défense des droits humains. HRW réclame l’ouverture immédiate d’une enquête impartiale. « Les membres des forces de sécurité maliennes considérés comme responsables de torture, quel que soit leur rang, doivent être dûment poursuivis et mis à pied », dit Corinne Dufka, directrice pour le Sahel à Human Rights Watch, cité dans le communiqué. AfricaNews avec AFP
Au Mali, l’ancien ministre Soumeylou Boubèye Maïga est hospitalisé depuis ce mercredi 15 décembre 2021 au soir. « Rien de très grave » selon ses proches, mais son état de santé a justifié qu’il soit transféré dans une clinique de Bamako. L’ancien ministre de la Défense et Premier ministre est en détention à la Maison centrale d’arrêt de la capitale malienne depuis fin août. Il est inculpé pour des affaires de corruption liées notamment à l’achat de l’avion présidentiel en 2014. … Depuis son incarcération le 25 août dernier, les avocats de Soumeylou Boubèye Maïga n’ont de cesse de dénoncer ses conditions de détention, dans une cellule surpeuplée et dans des conditions d’hygiène sommaires. Une situation jugée humiliante par ses proches, et qui aurait contribué à la dégradation de son état de santé. Ses différentes demandes de mise en liberté surveillée ont toutes été rejetées. RFI
L’Union européenne a annoncé, mercredi 15 décembre, suspendre sa mission de formation de l’armée nationale en raison « du contrôle exercé par les mercenaires de la société Wagner sur les Forces armées centrafricaines » (FACA). La décision été prise il y a deux semaines, en prélude aux sanctions ciblant l’organisation et plusieurs de ses membres, dont le conseiller du président centrafricain, Valery Sakharov, pour des exactions commises à travers le monde. La mission de formation de l’UE avait été lancée en 2016 après le départ de l’opération militaire française Sangaris. « Les mercenaires de la société Wagner commettent régulièrement des exactions contre la population civile. Il fallait donc s’assurer qu’ils n’emploient pas les soldats centrafricains que nous avons formés », indique le général Langlade de Montgros, commandant de la mission de formation de l’Union européenne (EUTM) en Centrafrique. Un récent rapport européen dénonce en effet la prise de contrôle par le groupe Wagner d’un bataillon de l’armée centrafricaine, préalablement entraîné par l’EUTM. RFI
Au Burkina Faso, la nouvelle équipe gouvernementale du Premier ministre Lassina Zerbo a tenu son premier conseil des ministres, mercredi 15 décembre, autour du président Roch Marc Christian Kaboré. Pour le Premier ministre, son équipe a trente jours pour apporter des solutions concrètes contre l’insécurité et faire face à une crise alimentaire qui se profile à l’horizon. Trois ministres de premier plan de l’ancienne équipe sont restés à leurs postes : Zéphirin Diabré à la Réconciliation nationale, Barthélémy Simporé à la Défense, Maxime Koné à la Sécurité. La situation intérieure et notamment la sécurité sont des priorités affichées. « La question essentielle, c’est la question sécuritaire, a martelé Lassina Zerbo. Il ne s’agit pas de présenter les problèmes, mais d’apporter les solutions. Qu’est qu’on peut faire pour faire face à cette question de sécurité ? Nous allons discuter immédiatement avec les deux ministres pour voir les propositions concrètes qui sont sur la table, pour répondre aussi aux besoins de nos militaires, et gendarmes et paramilitaires qui sont sur le terrain. C’est ça la priorité sur dans ces premiers trente jours. On va certainement aller vers une pénurie alimentaire à laquelle il faut faire face, et tout cela c’est des priorités. Quand on rentre dans la période de soudure, il faut pouvoir faire face à ça et répondre de façon sereine et de façon aussi flexible et dynamique. » RFI
Les États-Unis pressent les dirigeants somaliens de boucler le processus électoral en cours et de s’assurer qu’il soit crédible. L’élection du Sénat est terminée, mais celle du Parlement n’en finit plus d’accuser des retards. Quant à l’opposition, qui dénonce des fraudes, elle a décidé de boycotter le processus. Or, ce sont ces deux chambres qui doivent se réunir pour l’élection du nouveau président, attendue depuis près d’un an. « Une élection organisée à temps et acceptée par tous est cruciale pour le futur de la Somalie » : le message, diffusé mercredi 15 décembre, émane de l’ambassade des États-Unis à Mogadiscio et est adressé aux présidents régionaux du pays. C’est à eux que revient la tâche d’organiser l’élection des futurs députés. Or, pour le moment, deux régions seulement ont réellement débuté le processus : le Galmudug et le Sud-Ouest. Lundi, l’instance fédérale de mise en œuvre de l’élection a haussé le ton et donné 48 heures aux retardataires pour se lancer. Dans la foulée, les autorités du Jubaland ont promis de s’exécuter. RFI
L’année 2021 aura été marquée par une décrispation politique palpable en Côte d’Ivoire. Les législatives de mars se sont déroulées dans un climat apaisé et ont vu la participation de toutes les grandes forces politiques. Une réussite rendue possible grâce à une rencontre entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié en novembre 2020, puis au dialogue politique relancé en décembre suivant par le Premier ministre d’alors, Hamed Bakayoko. Ce à quoi il faut ajouter le retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire et sa rencontre avec Alassane Ouattara en juillet dernier, ainsi que certains actes posés par le gouvernement et présentés comme des gestes de réconciliation. Alors, cette apparente courtoisie politique subsistera-t-elle une fois que les participants au dialogue seront entrés dans le vif des débats, ce jeudi 16 décembre ? Comment faire pour maintenir le climat apaisé et inclusif qui a prévalu lors des dernières législatives ? La Commission électorale indépendante (CEI) devra-t-elle encore être recomposée, maintenant que les pro-Gbagbo sont de retour dans le jeu électoral ? Tout le monde a en ligne de mire les élections locales de 2023, mais chacun viendra avec ses préoccupations. RFI
L’Afrique du Sud a enregistré mercredi un nombre record de 26.976 infections au Covid-19 en 24 heures, quelques semaines après avoir annoncé la découverte du variant Omicron, qui a semé la panique dans le monde entier. Le précédent record de 26.485 infections remontait au 3 juillet, au plus fort de la troisième vague causée par le variant Delta du nouveau coronavirus. Mercredi, 54 décès ont par ailleurs été recensés. Le variant Omicron, qui présente de multiples mutations, a été détecté fin novembre pour la première fois en Afrique du Sud. La chef de l’Etat sud-africain Cyril Ramaphosa a lui-même été testé positif au virus, bien qu’il soit complètement vacciné, selon la présidence lundi. … De nombreuses incertitudes planent encore sur la nature de cette nouvelle forme du Covid-19. … Le variant Omicron se propage « à un rythme que nous n’avons jamais vu avec aucun autre variant », avait averti mardi l’Organisation mondiale de la santé (OMS), appelant à utiliser tous les outils anti-Covid pour éviter que les systèmes de santé ne soient rapidement submergés à l’approche des fêtes de fin d’année. Face à cette nouvelle vague, le gouvernement sud-africain a appelé la population à se faire vacciner massivement. La semaine dernière, l’Afrique du Sud a approuvé les doses de rappel pour tous les citoyens de plus de 18 ans. Jusqu’à présent, 17 millions de personnes ont été vaccinées en Afrique du Sud, soit environ un tiers de la population du pays. Belga
La campagne électorale de l’élection présidentielle en Libye n’a toujours pas débuté, alors que 2,5 millions d’électeurs sont censés se rendre aux urnes dans neuf jours, le 24 décembre. Pis, la liste définitive et officielle des candidats n’a toujours pas été dévoilée par la Haute commission nationale électorale (HNEC), alors qu’elle devait être annoncée au plus tard quinze jours avant la date du scrutin. Sa publication a même été reportée sine die, le 11 décembre, par la HNEC, qui est sous le feu des critiques. Un scrutin censé être l’aboutissement d’un interminable processus politique parrainé par l’ONU, après la décennie de chaos qui avait suivi la chute du régime du colonel Kadhafi en 2011, et de luttes fratricides entre deux camps rivaux, l’un dans l’Ouest et l’autre dans l’Est. Ce n’est pas tout, puisqu’à quelques jours du scrutin, la loi électorale ne fait toujours pas l’unanimité dans le pays. Un texte qui n’a pas été voté par le Parlement, mais directement ratifié par son chef, Aguila Saleh, un allié de l’un des principaux candidats, le maréchal Khalifa Haftar qui contrôle de facto l’est et une partie du sud de la Libye. France24
La stratégique capitale du sud est le théâtre d’une nouvelle lutte de pouvoir entre les groupes armés du Gouvernement d’union nationale (GUN) et ceux de Khalifa Haftar. Le tout sur fond de recomposition des alliances tribales impliquant les forces kadhafistes. La situation reste extrêmement tendue à Sebha, capitale du Fezzan, après les affrontements qui se sont produits dans la nuit du 13 décembre entre la brigade 116, affiliée au Gouvernement d’union nationale (GUN), et la force madkhaliste Tariq Ben Ziyad (TBZ) du maréchal Khalifa Haftar. Selon des observateurs du conflit, les accrochages entre les deux groupes ont éclaté après que le second a dérobé des véhicules tout terrain destinés aux forces de police de Sebha. La 116 a alors attaqué le quartier général des forces de Haftar à al-Qarada. Sebha s’est depuis quelques jours transformée en poudrière. L’évolution des événements est surveillée comme le lait sur le feu : l’éclatement d’un nouveau conflit sur place pourrait faire voler en éclat l’accord de cessez-le-feu signé en octobre 2020 par les deux camps ennemis de l’ouest et de l’est de la Libye. Jeune Afrique
Un vidéo-journaliste indépendant travaillant pour Associated Press (AP) a été arrêté en Ethiopie, pays en guerre depuis plus d’un an, ont annoncé, mercredi 15 décembre, l’agence de presse américaine et des médias d’Etat. AP a demandé la libération immédiate d’Amir Aman Kiyaro, qui a été arrêté dans la capitale, Addis-Abeba, le 28 novembre, au retour d’un reportage. Les journalistes travaillant en Ethiopie sont soumis à de sévères restrictions dans le cadre de l’état d’urgence national décrété en novembre par le gouvernement, enlisé dans une guerre qui dure depuis treize mois avec les rebelles de la région du Tigré, dans le nord du pays. Deux autres journalistes locaux, identifiés par les médias d’Etat comme Thomas Engida et Addisu Mulneh, ont également été arrêtés. Des images des trois hommes, ainsi que leur carte d’identité, ont été diffusées par les médias d’Etat dans un reportage vidéo sur leur arrestation. « Associated Press est extrêmement préoccupée par le fait qu’un de nos pigistes, Amir Aman Kiyaro, ait été détenu par le gouvernement éthiopien et accusé de promouvoir le terrorisme », a déclaré Julie Pace, vice-présidente et rédactrice en chef d’AP, dans un communiqué. « Ces allégations sont sans fondement. Kiyaro est un journaliste indépendant qui a fait un travail important en Ethiopie sur toutes les parties du conflit. Nous appelons le gouvernement éthiopien à libérer Kiyaro immédiatement. » Le Monde avec AFP
Le Conseil de sécurité de l’ONU vient d’approuver à l’unanimité une résolution prolongeant de 5 mois sa mission de paix à Abyei, une région frontalière et pétrolière disputée entre le Soudan et le Soudan du Sud, en réduisant ses effectifs. La résolution, rédigée par les Etats-Unis, prévoit une extension jusqu’au 15 mai 2022 et une réduction du nombre de Casques bleus à 3.250 contre les quelque 4.000 autorisés jusqu’à présent dans la mission Fisnua dont le mandat expirait mercredi soir. Le secrétaire général de l’ONU avait proposé dans un récent rapport deux réductions possibles, une à 3.250, l’autre à 2.900. Il y a un mois, les Etats-Unis n’avaient pas réussi à faire accepter à leurs partenaires un projet de résolution étendant de 6 mois la mission de l’ONU et avaient dû se contenter d’une prolongation technique d’un mois pour donner davantage de temps aux négociations. Dans sa résolution, le Conseil de sécurité « prie instamment les deux gouvernements (du Soudan et du Soudan du Sud) de prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir qu’Abyei soit effectivement démilitarisée, notamment par le biais de programmes de désarmement si nécessaire ». Belga
A la Saint-Louisienne, à Dakar, le plat du jour est le thiéboudiène. Ce mercredi 15 décembre est une journée a priori ordinaire, et la propriétaire ignorait avant de commencer à préparer ce mets que l’Unesco venait d’en consacrer la tradition en l’inscrivant au Patrimoine de l’humanité. Thiané Ngom, 53 ans, la patronne de ce petit restaurant situé dans un quartier populaire de la capitale du Sénégal s’est levée tôt pour se ravitailler au marché du coin. L’horloge affiche 10 heures et déjà, dans sa cuisine défraîchie par le temps, carottes, aubergines, choux blancs, oignons, aulx, poissons, patates douces, navets et poivrons sont nettoyés et apprêtés dans divers ustensiles. La liste des composants du thiéboudiène – Ceebu Jën, selon l’orthographe wolof, un nom qui signifie littéralement « riz au poisson » – est aussi longue que le temps de cuisson : trois heures. Thiané Ngom, qui a appris les secrets du plat dans les jupons de sa défunte mère, a la patience d’une cuisinière rompue à la tâche. Depuis vingt-cinq ans que son restaurant est ouvert, le thiéboudiène n’a jamais disparu de la carte. Parfois, un autre plat lui dispute les faveurs des clients, pour beaucoup des travailleurs du quartier. Ce matin, sa fille Naboussarr, 10 ans, et son amie Aguette, 13 ans, jouent les assistantes quand elles ne font pas défiler des vidéos musicales sur TikTok. Le son du mbalax se mélange au crépitement des oignons dans l’huile. Le Monde avec AFP