Au Sénégal, les opposants Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye libérés de prison à quelques jours de l’élection présidentielle
L’annonce de leur libération a provoqué des scènes de liesse et fait résonner le son des klaxons partout dans les rues de Dakar, la capitale sénégalaise. Ousmane Sonko, le principal opposant du pays, et Bassirou Diomaye Faye, son bras droit et candidat désigné pour le remplacer dans la course à la présidentielle prévue le 24 mars, ont quitté ensemble, jeudi 14 mars dans la soirée, la prison dakaroise du Cap Manuel. Les deux hommes étaient incarcérés pour plusieurs chefs d’inculpation, dont « appel à l’insurrection », respectivement depuis sept et onze mois. Les deux hommes sont les principaux bénéficiaires de la loi d’amnistie sur les faits se rapportant aux manifestations politiques qui ont secoué le Sénégal entre 2021 et 2024, au cours desquelles une soixantaine de personnes ont été tuées, selon Amnesty International. Votée le 6 mars par l’Assemblée nationale, elle a été ratifiée jeudi par le chef de l’Etat, Macky Sall, qui l’avait farouchement défendue malgré la controverse qu’elle suscitait, au sein même de son camp…Condamné pour diffamation et corruption de la jeunesse, avant d’être emprisonné en juillet 2023 pour appel à l’insurrection, Ousmane Sonko a été exclu des listes électorales et déclaré inéligible. Il a désigné son dauphin, Bassirou Diomaye Faye, à sa place. Le Monde
Plusieurs pays africains privés d’Internet en raison de câbles sous-marins défectueux
D’importantes et inédites coupures d’Internet affectent depuis jeudi 14 mars au petit matin plusieurs pays africains en raison d’anomalies concernant plusieurs câbles sous-marins. En tout, c’est une douzaine de pays situés le long de l’Atlantique, de l’Afrique du Sud au Libéria, en passant par le Bénin, le Ghana ou le Nigéria, qui ont été touchés, selon l’entreprise Cloudflare, spécialisée dans les infrastructures de réseau, et Netblocks, une organisation qui documente les coupures d’Internet dans le monde. Les incidents ont débuté jeudi à 5 heures, heure locale (6 heures, heure de Paris), dans le sud du Sénégal, avant de se propager en début de matinée vers le sud, atteignant le Nigéria peu après 10 heures, selon Cloudflare. La gravité des coupures varie, certains pays ayant souffert de perturbations pendant seulement quelques minutes tandis que d’autres continuaient à être fortement affectés ce vendredi matin. Le pays le plus touché est la Côte d’Ivoire, où les deux plus grands opérateurs, Orange et MTN, sont très perturbés. Seul l’un des trois opérateurs du pays, Moov, fonctionne normalement. Les données de Cloudflare montraient que seulement 15 % à 20 % du trafic Internet habituel avaient été enregistrés jeudi dans le pays. La raison de la panne n’est pas connue. Le Monde avec AP et AFP
En Somalie, les Chabab qui ont attaqué un hôtel de Mogadiscio ont tous été tués
Des explosions et des coups de feu sporadiques ont retenti vendredi 15 mars au matin dans l’hôtel SYL, à Mogadiscio, la capitale de la Somalie, plusieurs heures après une attaque de combattants chabab contre l’établissement situé près du palais présidentiel, a constaté un correspondant de l’Agence France-Presse (AFP). La police a annoncé la fin de l’attaque, en précisant que « tous les terroristes armés ont été tués et la situation est revenue à la normale, les forces de sécurité procèdent à des contrôles et à des enquêtes ». Abdirahim Yusuf, un officier de police, s’est exprimé près de treize heures après le début de l’attaque de l’hôtel. Il est situé à proximité de l’enceinte ultrasécurisée de la Villa Somalia, un complexe fortifié abritant la présidence somalienne et les bureaux du premier ministre. Le bilan de cet assaut n’est pas connu dans l’immédiat. Des témoins avaient dit avoir entendu des tirs nourris. Le Monde avec AFP
La République démocratique du Congo lève le moratoire sur la peine de mort
Le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a décidé de reprendre les exécutions capitales, notamment contre les militaires coupables de trahison et les auteurs de « banditisme urbain entraînant mort d’homme ». Cette décision, notifiée dans une circulaire signée mercredi 13 mars par la ministre de la justice, Rose Mutombo, et authentifiée vendredi par l’Agence France-Presse (AFP), lève le moratoire sur l’exécution de la peine de mort daté de 2003, précise le texte. Elle a lieu peu après de nouvelles offensives des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), appuyés par des unités de l’armée rwandaise, dans la région de Goma (Est). Régulièrement prononcée, notamment dans des affaires impliquant des militaires ou des membres de groupes armés, la peine de mort n’était plus appliquée depuis la signature du moratoire décidé sous le régime du président Joseph Kabila (2001-2019). Les condamnations à mort étaient depuis lors systématiquement commuées en prison à perpétuité. Le mouvement citoyen congolais prodémocratie Lucha (Lutte pour le changement) a condamné vendredi cette décision, estimant qu’elle « ouvre un couloir à des exécutions sommaires dans ce pays où le fonctionnement défectueux de la justice est reconnu par tous, y compris le magistrat suprême lui-même », faisant référence aux critiques récentes du président Félix Tshisekedi envers le système judiciaire congolais. Le Monde avec AFP
En Tunisie, un Parlement largement soumis au président Kaïs Saïed
Il y a un an, lors de l’instauration de la nouvelle Assemblée des représentants du peuple (ARP) en Tunisie, l’opposition avait fait part de ses inquiétudes : au lieu d’un contre-pouvoir, cet organe législatif avait tout l’air d’une chambre d’enregistrement à la solde du président Kaïs Saïed. Un premier bilan lui donne raison, alors que les députés se sont illustrés par leur absence de poids face à un exécutif tout-puissant. Le pouvoir législatif, considérablement affaibli par rapport aux mandatures précédentes, présente peu de marge de manœuvre et apparaît soumis en grande partie au président et au gouvernement. Réunis pour la première fois en séance plénière le 13 mars 2023, les députés ont été élus à l’issue d’un scrutin à deux tours qui avait été massivement boycotté par l’opposition. Ces élections ont enregistré un taux de participation historiquement bas, à peine au-dessus de 11 %. Les représentants du peuple sont les premiers à siéger conformément à la nouvelle Constitution, adoptée un an plus tôt. Le texte limite leur pouvoir et augmente celui du président de la République. Il prévoit que le chef de l’Etat peut dissoudre l’ARP et lui octroie le droit de gouverner par décret et de s’arroger les pleins pouvoirs sans limite dans le temps. Dans ce cadre limité, peu de travail a été effectué en amont par les députés. Sur une centaine de textes de loi déposés, seuls 34 ont été adoptés, tous émanant de l’exécutif. Parmi ces projets, une grande partie concerne la validation formelle d’accords de prêts ou de conventions déjà conclus par l’exécutif. Le Monde
Fort du soutien de Paris, le Tchad résiste aux appels du pied de Moscou
Au Tchad, auquel la France vient de réitérer son soutien et sa volonté de maintenir ses soldats, la visite en janvier à Moscou du chef de la junte est désormais considérée comme un bluff plutôt qu’une menace de rapprochement avec la Russie. D’autant que le général Mahamat Idriss Déby Itno, candidat à la présidentielle dans moins de deux mois après avoir durement réprimé toute opposition, n’a que peu d’intérêt à se passer du soutien militaire occidental pour l’heure, selon des experts. Car, dans un Sahel ex-sphère d’influence de Paris mais dont l’armée s’est fait expulser au profit de la Russie, le Tchad, encerclé par des pays faisant la part belle à Wagner (Centrafrique, Soudan, Libye, Niger), reste le dernier à abriter des soldats français. Environ un millier, même si la France a annoncé une baisse de l’effectif, comme partout où elle entretient encore des troupes en Afrique…A N’Djamena, contrairement à Bangui, Bamako, Ouagadougou et Niamey, le drapeau russe ne fait pas florès et les posts anti-français des usines à trolls liées à Wagner sont quasi-absents des réseaux sociaux. Seul un minibus arpente la capitale, un elliptique « Wagneur Putine Afrique » (sic) collé à la lunette arrière…Le Tchad « est aussi l’un des derniers régimes brutaux avec lequel la France a maintenu un partenariat militaire fort, sans doute le dernier avec lequel Paris maintient le vieux contrat post-colonial de protection de régime », assène Elie Tenenbaum, directeur du Centre des études de sécurité de l’Institut français des relations internationales (Ifri). AFP
Présidentielle au Tchad: vers un choc historique entre un président et son Premier ministre
Pour la première fois au Tchad et même en Afrique, un président en exercice, Mahamat Idriss Déby, et son Premier ministre, Succès Masra, ont tous deux été investis par leurs formations politiques comme candidats à la présidentielle du 6 mai 2024, sans que cela ait de conséquences visibles sur leur cohabitation à la tête du pouvoir de transition au Tchad. Alors qu’on s’approche du début de la campagne électorale prévue dans un mois, on se veut rassurant dans les deux camps.« Cela ne gêne personne au sein du gouvernement », assure un proche du président de transition, qui explique, « chacun connaît sa place. Celle de « pilote » pour le président de transition, et de « co-pilote » pour son Premier ministre ». Pas donc de risque de paralysie du pouvoir de transition, car « ça va être une opposition idée contre idée, entre gens civilisés », tente de rassurer la même source, qui a ajouté dans un rire : « après tout, qu’est-ce que Succès Masra va nous reprocher qu’on n’a pas fait ensemble depuis plus de trois mois ». Du côté des Transformateurs, on va dans le même sens. « Je peux comprendre que le peuple ait peur de l’inconnu », a reconnu son secrétaire général Tog-Yeum Nagorngar mais « il n’y aura pas de problème de cohabitation entre les deux hommes » a-t-il promis, car chacun « a son domaine de compétence et s’y tient »…Mais ce manque de tension apparente entre les deux têtes de l’exécutif, ou encore le fait que tout le processus électoral ait été « verrouillé » par le parti MPS en faveur de son candidat Mahamat Idriss Déby, fait dire aux gens, pointe avec ironie le politologue Evariste Ngarlem Toldé, que « les accords de Kinshasa n’ont pas fini de livrer tous leurs secrets ». RFI
Mali: la ville de Gao totalement privée d’électricité depuis une semaine
Au Mali, les coupures d’électricité atteignent un niveau qui n’a d’égal que l’exaspération des habitants, dans tout le pays. À Bamako, un « programme de rationnement » a même été instauré, prévoyant 12 heures de coupures quotidiennes, en alternance selon les quartiers, pendant toute la période du ramadan. À Gao, la plus grande ville du nord du Mali, la population est quant à elle totalement privée d’électricité depuis tout juste une semaine. Et ce, en plein mois de jeûne des musulmans…Comme tous les Maliens, les habitants de Gao ont l’habitude des délestages. Ces derniers mois ont d’ailleurs été particulièrement rudes. Mais cette fois, les habitants ne se plaignent pas de n’avoir que trois ou quatre heures de courant par jour : ils n’en ont plus du tout depuis huit jours…La direction de [la compagnie nationale d’électricité EDM (Énergie du Mali) à Gao a d’ailleurs indiqué à des journalistes locaux que le problème était lié à une panne sur le générateur principal et que des pièces de remplacement devaient être acheminées de Bamako. Mais elles seraient extrêmement lourdes – leur poids se compte en tonnes – et la question de leur transport n’est à ce jour pas résolue. « Avant, ce genre de pièces étaient acheminées par les avions-cargo de la Minusma », se souvient une source locale. D’autant que les jihadistes du Jnim et de l’État islamique imposent depuis plusieurs mois un blocus à la ville, rendant la route reliant Gao à la capitale particulièrement dangereuse. La situation est d’ailleurs identique pour les axes reliant Gao au Niger ou à l’Algérie, ce qui suscite des difficultés d’approvisionnement et une hausse des prix. RFI
Burkina Faso: 500 000 personnes vivant sous blocus n’ont pas eu accès à l’aide humanitaire en 2023
Au Burkina Faso, près de 500 000 personnes vivant dans des zones sous blocus n’ont pu bénéficier ni de l’aide, ni de l’assistance humanitaire des ONG internationales présentes dans le pays en 2023, selon le Forum des Organisations non gouvernementales internationales humanitaires (Fongih). Selon ce groupement d’ONG, le manque de financement et les difficultés d’accès liées à l’insécurité ont empêché une soixantaine d’organisations d’opérer…Ce manque de financements réduit considérablement l’assistance apportée aux populations. Et pour les habitants de la quarantaine de localités sous blocus, c’est la double peine. Du fait de la présence de groupes terroristes, ils n’ont déjà plus accès à leurs terres agricoles et donc à leurs moyens de subsistance habituels. Le pont aérien effectué par un seul hélicoptère cargo n’est pas en mesure d’atteindre toutes les localités dans le besoin. De plus, le transport par avion coûte douze fois plus cher que par la route. Depuis fin 2022, le secrétariat aux affaires humanitaires des Nations unies milite pour la réouverture de corridors afin « que les humanitaires puissent transporter des marchandises par voie terrestre sans escorte militaire ». Cette option est pour l’heure rejetée par les autorités du pays, car elle induirait de facto des discussions avec les groupes terroristes présents dans ces zones. RFI
Bénin: le nouveau code électoral approuvé par la Cour constitutionnelle
La Cour constitutionnelle du Bénin a validé ce jeudi 14 mars le code électoral modifié le 5 mars 2024 par les députés du camp Talon. Ce code avait été aussitôt attaqué devant la plus haute juridiction de l’État. Plus d’une dizaine de recours ont été adressés au juge de la constitutionnalité de la loi par l’opposition et un collectif de cinq juristes. « Le code voté est conforme à la Constitution dans toutes ses dispositions » ont tranché jeudi les sages de la Cour constitutionnelle du Bénin. Ce à quoi Eric Houndété du parti Les Démocrates a immédiatement réagi. « La décision est frauduleuse, ce n’est pas digne, c’est dommage. Ils n’ont pas lu le texte. Ils se sont empressés de donner raison à leur commanditaire […] C’est le code de la honte »…La Cour constitutionnelle dans un arrêt d’une vingtaine de pages argumente ses rejets. Les sages estiment que la liberté des parrainages n’est pas supprimée et que le seuil d’éligibilité ne viole aucune disposition. Pareil pour la création de nouveaux postes de vote par la Cena et les accords de gouvernance entre partis…Patrice Talon peut maintenant promulguer le code, les décisions de la cour sont revêtues de la force exécutoire. RFI
Le président angolais João Lourenço en visite en Chine pour quatre jours
Le président angolais est arrivé jeudi 14 mars en Chine pour une visite officielle de quatre jours. Journée protocolaire et officielle ce vendredi dans la capitale chinoise pour João Lourenço, avant un déplacement dans l’est du pays pour parler affaires…L’Angola reste en effet l’eldorado pétrolier pour la Chine qui représente près de 53% des exportations angolaises de pétrole brut. C’est aussi un partenaire commercial vital pour Luanda. Le commerce bilatéral entre les deux pays a dépassé 27 milliards de dollars en 2022, selon l’agence Chine Nouvelle. « L’accord sur la promotion et la protection mutuelle des investissements », signé en décembre 2023 pour les 40 ans des relations sino-angolaises, devrait permettre de relancer les investissements chinois en Angola et notamment dans la zone économique spéciale de Luanda-Bengo ou 10% des entreprises sont déjà chinoises. Les représentants de 10 compagnies publiques angolaises font partie de la délégation. Au moins deux évènements sont prévus à Pékin pour les milieux d’affaires. Le président Lourenço doit aussi se rendre dans la province orientale du Shandong qui voit défiler les hommes d’affaires russes et dont certains panneaux routiers sont traduits en cyrillique. Une province côtière réputée pour son agriculture, mais aussi pour ses industries textiles et pharmaceutiques. Le président angolais doit aussi rencontrer son homologue chinois Xi Jinping et signer une série d’accords de coopérations, selon les médias d’État chinois. RFI